
Moustiques et insecticides 
 
 
Nicole Pasteur, Généticienne 
« Vers la fin des années 1960, la région a décidé de construire les complexes touristiques de La Grande 
Motte,  Palavas  etc.  Et  comme  il  y  avait  énormément  de  moustiques  dans  ces  régions,  une  action  de 
démoustication  a  été  entreprise.  On  s’est  rendu  compte  qu’avec  les  années,  les  doses  d’insecticides  qui 
tuaient la totalité des moustiques avant d’entreprendre cette démoustication, devaient être augmentées pour 
avoir le même effet. C’est parce qu’un phénomène de résistance s’était développé chez ces insectes. » 
 
 
Voix-off 
« Les chercheurs vont régulièrement collecter des pontes de moustiques dans les points d’eau de la région 
afin d’étudier comment ces insectes se sont adaptés aux insecticides. » 
 
 
Nicole Pasteur, Généticienne 
« Nous préparons la plaque pour mettre les pontes. Un petit peu d’eau parce que les pontes sont déposées 
à la surface de l’eau. Ca correspond à un petit radeau qui comprend environ 300 œufs chacun. C’est un peu 
variable, ils n’ont pas tous la même taille.  
La  résistance  aux  insecticides  est  un  phénomène  d’adaptation  des  populations  de  moustiques  à  une 
modification de leur environnement. C’est à dire, à la présence d’insecticides dans cet environnement. Cette 
adaptation  se  fait  par  la  sélection  d’individus  qui  sont  plus  résistants  et  qui  peu  à  peu  remplacent  des 
individus sensibles. 
Dès  1974,  nous  avions  identifié  les  gènes  responsables  de  cette  résistance.  Et  dans  la  région  de 
Montpellier, nous avons pu suivre les différents gènes qui sont apparus au cours du temps, depuis cette 
époque. » 
 
 
 
Laboratoire Génétique et Environnement, Montpellier 
 
 
Voix-off 
« Au laboratoire, les biologistes élèvent des milliers de moustiques à partir des œufs et des larves récoltés. 
A l’œil nu, rien ne permet de distinguer un individu sensible d’un individu résistant. Il a donc fallu comparer 
les constituants de leurs cellules. C’est au niveau des gènes que les biologistes ont découvert l’origine de la 
résistance.  
Un des gènes du moustique est responsable de la production d’une molécule anti-insecticide. On ne sait pas 
quel est son rôle en temps normal, mais en présence d’insecticide, elle se fixe dessus et l’empêche d’agir. 
Chez  les  moustiques  sensibles,  la  production  d’anti-insecticides  est  insuffisante.  Chez  les  moustiques 
résistants,  il  s’est  produit  une  mutation. C’est  à  dire  qu’un  gène  a  été  modifié.  La  production  d’anti-
insecticides est beaucoup plus forte. Les moustiques mutants, ceux qui portent ces mutations de résistance 
sont  pratiquement  les  seuls  à  pouvoir  survivre  dans  les  zones  traitées  aux  insecticides.  Comme  les 
mutations  sont  héréditaires,  leurs  descendants  sont  également  résistants.  C’est  ainsi  qu’une  population 
sensible est rapidement remplacée par une population résistante.  
Dans la région de Montpellier, la majorité des larves de moustiques sont résistantes. Mais, comment ces 
mutations sont-elles apparues ? » 
 
 
Nicole Pasteur, Généticienne 
« Donc, l’origine de la résistance est génétique. Elle se transmet de génération en génération, et elle est due 
à des mutations que, en fait, étaient dans les populations naturelles avant l’utilisation des insecticides. Elles 
existaient dans ces populations à des taux, à des fréquences extrêmement faibles. Par exemple, de l’ordre 
chez un individu sur, à peu près, un million d’individus. » 
 
 
Voix-off 
« C’est cela qui peut paraître étonnant. Ceux ne sont pas les insecticides qui ont provoqué l’apparition des 
mutations,  contrairement  à  ce  que  l’on  pourrait  croire.  Ces  mutations  étaient  des  erreurs  qui  s’étaient