Affirmer Dieu
« En fait de preuve de Dieu, l’exposé le plus classique et le plus simple est aussi toujours, en soi, le meilleur. Il constitue
pour ainsi dire le schème permanent qui subsiste à travers toutes les précisions techniques de surface qu’y introduit chaque
école, chaque âge, chaque penseur. Il nourrit encore l’élan de ceux qui s’imaginent s’en passer, - car « la preuve nécessaire à
tout homme pour acquérir une pleine certitude est si facile et si claire, qu’on s’aperçoit à peine du procédé logique qu’elle
implique ». C’est là, comme dit Fénelon, « une philosophie sensible et populaire, dont tout homme sans passion et sans
préjugés est capable ». En droit, et tout aussi bien, pour l’esprit simple et droit, en fait, « le moindre coup d’œil suffit pour
apercevoir la main qui fait tout ». Mouvement, contingence, exemplarité, causalité, finalité, devoir-être : catégories
éternelles, points de départ toujours offerts, aussi présents toujours, aussi résistants à la critique, aussi actuels que
l’homme lui-même et que sa pensée. Voyez le ciel et la terre : ils proclament qu’ils sont faits. Plus simplement encore :
Quelque chose est, donc Dieu est. « Toute l’Ecole est d’accord qu’il n’en faut pas davantage ». » (p. 75)
Reconnaître Dieu
« Partout, à travers le monde, c’est Dieu qui vient à nous, c’est son être qui nous sollicite.Partout nous devrions pouvoir
Le rencontrer, partout nous devrions Le reconnaître. Que nous considérions le « grand monde » ou le « petit monde », le
cosmos qui nous environne ou notre propre esprit, tout le réel qui s’offre à nous est, par tout lui-même, et d’abord par sa
seule existence, le symbole ou le signe de Dieu. Non pas quelque signe artificiel, qui serait choisi après coup, et qui vaudrait
par convention : mais un symbole naturel et pour nous nécessaire. Signe ontologique, dont on ne peut ni se passer, ni jamais
s’affranchir. Jamais Dieu n’est vu directement, sans signe ; mais à travers le monde, quoique obscurément, Dieu
transparaît partout. Toute créature est, par elle-même, une théophanie. Tout est plein de traces, d’empreintes, de vestiges,
d’énigmes. De partout s’échappent les rayons de la Divinité. Tout est ruisselant de l’unique Présence. « Un œil pur et un
regard fixe voient toutes choses devant eux devenir transparentes. » Si la science, en nous, autant que l’ignorance, fait tort à
la contemplation, si le regard de notre esprit s’arrête à l’écorce du monde, s’il n’y perçoit rien de sacré, - ou s’il voit au
contraire le monde « plein de dieux », - la faute en est à quelque maladie de ce regard. En fait, ce n’est que trop vrai, bien
plus qu’il ne nous le montre, le monde nous cache Dieu. Toutes choses nous sont devenues opaques. Il n’en demeure pas