Comme le pécheur il vit la tentation ; comme tout homme il connaît la peur
devant la mort. Par là il vit la relation au Père comme celle du serviteur à son
maître : “ non pas ma volonté mais la tienne ”. Il sera sans cesse en butte avec les
pécheurs, avec ceux qui veulent l’ignorer ou le tuer, en butte avec le mensonge
qui tue. C’est le combat, mais au terme de ce combat apparaît le Royaume de
Dieu. Lui, il est le serviteur du salut, il guérit, il enseigne, il descend chez tout le
monde.
2c Les récits de la passion (p. 186 à 236).
Les commentateurs de ces récits sont étonnés par leur longueur et par les détails
que les premiers chrétiens ont retenus comme s’ils représentaient le
commencement de l’histoire du salut. En effet, nous sommes arrivés au temps le
plus fort des récits du salut, au moment où celui-ci noue dans l’unité tous les
récits antérieurs comme tous les récits postérieurs. C’est dans sa passion, plus que
partout ailleurs, que Jésus est le sacrement du salut. C’est dans le signe que
constitue sa manière de vivre, de mourir et de ressusciter que Jésus accomplit
effectivement notre salut et exerce la médiation causale de réconciliation entre
Dieu et l’humanité, qui est l’objet de sa mission. Le mot de passion est à entendre
dans son double sens ; souffrance, sans doute et bien évidemment, mais aussi
passion amoureuse ou amour passionné de Jésus. Ce n’est pas la souffrance mais
l’amour qui donne à la passion sa force de séduction. Plusieurs lectures des récits
de la passion sont possibles. B. Sesboüé en propose trois : Jésus comme martyr,
ensuite la conversion des témoins, enfin la contemplation du crucifié. Le martyre
est une victoire de la faiblesse sur la force, une semence, une fécondité. De là naît
la conversion des témoins. En effet, Jésus nous sauve dans et par le don qu’il fait
de lui-même, le don de son corps et de son sang, réalisé dans le repas de la
nouvelle alliance et sur la croix. Dans sa passion son don aux hommes devient
explicitement pardon et son don au Père devient abandon. Cette conversion totale
de Jésus vers les hommes est alors médiatrice de la conversion des hommes à
Dieu. La passion révèle aussi le fils de l’homme glorifié. Le Jésus arrêté, jugé,
souffrant et mourant est déjà le Seigneur glorieux. Le drame est transfiguré en la
manifestation progressive du mystère et de la puissance de Dieu. Ainsi dans la
passion Jésus parle. Il révèle qui est Dieu, ce qu’est l’homme au regard de Dieu
et jusqu’où Dieu est capable d’aller pour chercher l’homme. C’est pourquoi la
mort de Jésus au lieu d’être une horreur attire tout à elle ; elle rassemble dans
l’unité les enfants de Dieu dispersés. C’est le sens de la croix, passion, certes,
mais passion d’amour.
2d Les récits du ressuscité ( p. 236 à 250).
La résurrection achève ce que la croix accomplissait en transformant le Christ lui-
même. Jésus ressuscité , “ fait Seigneur et Christ ” (Ac. 2, 36), “ établi Fils de