Catholiques et Protestants : une longue histoire…
Qu’est-ce qu’un Protestant ? Pour beaucoup de personnes la réponse est : « Ce sont
des chrétiens qui ne croient ni à Marie, ni au Pape, ni aux indulgences ». Les plus
informés diront qu'ils ont un slogan « Sola scriptura, sola gratia »
Au cours des siècles un certain nombre d'abus s'étaient introduits dans la vie de
l'Eglise. La plupart étaient dus au fait que les princes influaient beaucoup sur les
nominations d'évêques. Beaucoup d’entre eux étaient des fils de grandes familles qui
n'avaient pas toujours une grande Foi et souvent une vie peu évangélique. De
nombreuses réactions se produisirent, avec des essais de réforme des moeurs
ecclésiastiques. Mais ce fut surtout au XVIe siècle, sous l'impulsion de Martin Luther,
moine augustin allemand, que vinrent la véritable protestation et l'impérieux besoin
d'une Réforme. Calvin en France, HenriVIII en Angleterre, furent d'autres figures de
la Réforme.
L’Église catholique, par l'enseignement de ses responsables était maîtresse de vérité
: comme ceux-ci ne montraient pas l'exemple d'une vie évangélique, les réformateurs
ont pensé qu'ils pouvaient s'en passer. Mais alors, qui va enseigner ? La parole de
Dieu, pensaient-ils, où se trouve elle ? Dans la Bible, bien entendu. Mais celle-ci
comporte des passages difficiles : qui va les expliquer ? L’Esprit de Dieu pensaient-
ils encore ; il suffira de l'invoquer et il nous éclairera pour l'interprétation. Mais s'il y a
divergence d'interprétation ? Il faudra demander l'aide des frères et aussi l'histoire
antérieure de l'Eglise. Mais ce qui est important, c'est de se référer toujours à la
Bible, à la Parole de Dieu, sans rien y ajouter d'essentiel, d'où la formule : « Sola
scriptura, l'Écriture seule »
Deuxième point important : on est sauvé par la grâce, c'est-à-dire par l'Amour gratuit
que Dieu a pour nous, par son fils, Jésus-Christ, et son sacrifice. Or à ce moment la
construction de la basilique Saint-Pierre à Rome coûtait beaucoup d'argent. Des
prédicateurs maladroits disaient : « donnez de l'argent et vous sauverez vos âmes ».
Dès les débuts du christianisme, saint Paul, ancien pharisien, qui croyait au salut par
l'accomplissement de la loi de Dieu, écrivait : « Bien sûr, il faut obéir à la loi de Dieu,
mais c'est très difficile : il faut surtout croire que c'est Dieu qui nous sauve et non pas
nos bonnes oeuvres » (Epître aux Romains). Ce à quoi saint Jacques répondait déjà
: « Oui, il faut croire au salut par Jésus, mais ne pas négliger pour autant les oeuvres
de charité à l'égard de nos frères » (Epître de Jacques 2/14-17).
Devant les exagérations des prédicateurs qui insistaient sur l'argent donné pour
favoriser le salut (indulgences tarifées : tant d'argent, tant de jours de Purgatoire en
moins), les Réformés ont insisté à leur tour sur le salut gratuit donné par Jésus (d'où
la formule «Sola gratia" , par la grâce seule). Mais comment est donnée cette grâce
? Par les sacrements, c'est-à-dire par les signes (gestes et paroles) institués par
Jésus pour nous donner cette vie divine. Or dans l'Évangile on ne trouve guère que
deux sacrements très nets : le Baptême et l'Eucharistie. Sans doute on peut faire un
lien entre Pentecôte et Confirmation, entre des phrases de Jésus sur le pardon, sur
la mission des apôtres, sur le mariage et sur l'assistance aux malades ; mais c'est
moins net que pour les deux autres sacrements cités. Aussi les Réformateusr,
craignant que les fidèles ne s'attachent trop au ritualisme, aux signes extérieurs
(l'huile par exemple) ont pensé qu'il valait mieux ne garder qu'un petit nombre de