auteurs comme Susan Moller Okin- auteur de Justice, Gender and
the family, 1989, décédée peu avant l’été – ou encore Ann
Philipps, auteur de Feminism and politics, ou d’autres que nous
rencontrerons chemin faisant). La catégorie retenue par les libraires
d’Amérique du Nord pour cette question est d’ailleurs
expressément celle de « woman studies » ou « gender studies », où
l’on trouve une série très impressionnante de contributions et de
débats, correspondants à des enseignements spécifiques dispensés
dans les universités, y compris dans les départements les plus
prestigieux. Toutes données sur lesquelles je n’insisterai pas, mais
dont le simple repérage ne peut que nous informer du caractère
éminemment sérieux de la prise en compte, particulièrement dans
ce contexte des universités nord-américaines, des problématiques
relatives à la différence générique.
Je ne vais pas entrer dans le détail des raisons qui font que la
philosophie politique nord-américaine s’exprime ainsi à foison sur
un sujet qui fait universellement problème, là où nous sommes
nous-mêmes ( à quelques exceptions près ) si peu diserts. Ces
raisons peuvent tenir, entre autres, à une difficulté de la
philosophie, en France, à s’arracher à des travaux souvent très
historiens et à s’appliquer à des champs de réalité, y compris en
philosophie politique. Quoiqu’il en soit, et puisque nous sommes
assez conscients, dans notre équipe de recherche et
d’enseignement, de la nécessité d’échapper à cette mise à distance
du réel, il nous est apparu tout à fait souhaitable de réunir la
cinquantaine de doctorants et de docteurs que nous comptons dans
cette équipe autour de ce champ d’interrogation – puisque, c’est ce
que je voudrais faire ressortir maintenant en passant de la référence
faite au genre dans le titre de cette journée et de ma présentation à
la référence qui s’y trouve faite à la question de la démocratie,
nous pouvons aisément nous convaincre qu’il y a là, précisément,
un ensemble de questions dont la démocratie ne saurait plus
aucunement faire aujourd’hui l’économie.
Comme en effet nous le savons tous, les sociétés
démocratiques contemporaines, telles qu’elles sont nées de la prise
en compte des droits fondamentaux de l’individu et de la
promotion des valeurs véhiculées par l’affirmation de ces droits (