4
traditions historiques de notre diplomatie" (cf. pp. 308-309), alors
que la Russie diplomatique Gortschacov, de Jomini ne vou-
lait pas de guerre. Quant a l'ambassadeur du Tzar a Vienne,
M. Novicov 6tait entierement domine par le comte Andrássy,
dispose a prendre la part des chrétiens révoltés... pour empe-
cher l' éclat d'une revolution sérieuse qui aboutirait a l'annexion a la
Serbie" (p. 305). Et, il faut ajouter, ii lui fallait une autre an-
nexion: aux propres provinces de l'Empereur et roi.
Ignatiev, revenu en septembre, aurait été pour une interven-
tion franche, allant jusqu'a la guerre, ou pour un desintéres-
sment absolu (ibid.). II était pour la premiere solution, mais
n'avait pas de confiance dans l'appui qui lui serait venu de
Pétersbourg. De son côté, le Sultan Abdoul-Aziz, consulte, voulait
bien des réformes, mais d'apres les seuls conseils de la Russie et
sans direction collective" de l'Europe. Ignatiev ne voulait guere
de l'action commune avec l'Autriche du comte Andrássy (p.
306). 11 désirait avoir la victoire et la domination: la Russie,
c'est-a-dire lui-même dominant A Constantinople; ce qui en re-
sulterait, ii s'en preoccupait moMs" (p. 307). Quant a M. Nélidov
lui-mCme, ii redigeait pour Gortschacov un memoire proposant
l'occupation des Détroits, a la premiere provocation possible, la
constitution de Constantinople en ville libre sous la protection
russe et la formation en Europe d'Etats chrétiens inddpendants
a la place de l'Empire ottoman, qui serait réduit a l'Asie seule",
en detachant encore l'Egypte pour l'Angleterre, le Syrie pour
la France, l'Archipel, la Thessalie, l'Epire pour la Gréce et créant
une Bulgarie et une Macedoine" (ibid.). Ii faut un grand Etat",
objecta l'ambassadeur; jamais de Macedoine". Gortschacov, plus
commode, se borna A ne pas lire cet expose.
Lorsque, en décembre 1875, M. Nélidov partait pour l'Alle-
magne, Andrassy avait completement vaincu. On annoncait de Li-
vadia: Le centre reste a Vienne; Berlin s'y rallie" (ibid). Le Tzar
voulait rester fidele" a ses engagements envers les deux autres
Empereurs, auxquels Bismarck l'avait réuni. M. Serge Tatistschev,
secrétaire de Novicov, considérait la celebre note Andrássy comme
un triomphe, un grand succes" de la politique russe (p. 308).
Gortschacov lui-même la regardait comme un panacée" (p. 309).
Jomini, enfin, lui aussi, traitant la révolte de simple feu de paille",
était d'avis que la note Andrássy parviendra facilement a l'éteindre.
.