des lois, la Clef des cabinets, le Citoyen français, la Gazelle de France, le Journal des
hommes libres, le Journal du soir, par les frères Chaigneau, le Journal des défenseurs
de la patrie, la Décade philosophique, et les journaux s'occupant exclusivement de
sciences, arts, littérature, commerce, annonces et avis."
"Article 2. Le ministre de la police générale fera incessamment un rapport sur tous les
journaux qui s'impriment dans les autres départements."
"Article 3. Le ministre de la police générale veillera à ce qu'il ne s'imprime aucun
nouveau journal, tant dans le département de la Seine que dans les autres
départements de la République."
"Article 4. Les propriétaires et rédacteurs des journaux conservés par le présent arrêté
se présenteront au ministère de la police pour justifier de leur qualité de citoyens
français, de leur domicile et de leur signature et promettront fidélité à la Constitution."
"Article 5. Seront supprimés sur-le-champ tous les journaux qui inséreront des articles
contraires au respect dû au pacte social, à la souveraineté du peuple et à la gloire des
armées, ou qui publieront des invectives contre les gouvernements et les nations amies
ou alliées de la République, lors même que ces articles seraient extraits des feuilles
étrangères
."
Plus de vain déguisement. Le servage est complet; le journalisme indépendant et libre a
vécu. Treize feuilles sont conservées à Paris; les autres, et elles sont nombreuses
encore, sont, du jour au lendemain, sans avis préalable, condamnées à périr. La presse
départementale est livrée, elle aussi, au bon vouloir de la police. Tout article qui déplaît,
entraîne la suppression du journal qui l'insère. Dix ans sont à peine écoulés depuis le
jour glorieux où la tribune de l'Assemblée constituante vit proclamer, dans l'immortelle
Déclaration des droits, comme un dogme sauveur, la liberté de la presse, palladium des
autres libertés, apanage précieux de l'humanité, aussi indispensable au citoyen que l'air
qu'il respire. Voilà où l'ont conduite les excès de la Révolution. Un simple arrêté des
consuls, et tout rentre dans le néant.
Le choix des feuilles autorisées à vivre s'est fait avec discernement. L'antique Gazette
de France, vieille de près de deux siècles, et le Journal de Paris, que l'ancien régime à
vu naître, ont échappé l'un et l'autre au désastre. Le Moniteur universel, que son
caractère officiel préserve de la foudre, et le Journal des débats, qui sous ce régime de
compression, grâce à l'habileté de ses rédacteurs, va croître et prospérer au milieu des
orages, objet perpétuel des défiances du pouvoir, le Publiciste, où brille une phalange
d'économistes, de philosophes et d'écrivains dont le nom a vaincu le temps, Suard,
Dupont de Nemours, Barante, l'abbé Morellet, Guizot, qu'attend une renommée si pure,
et la Clef des cabinets, où Garat, Fontanes et Gérard de Rayneval apportent le tribut de
leur collaboration enviée, occupent bientôt les sommets du journalisme. La hache des
consuls les a tous épargnés. A côté d'eux, l'Ami des lois et le bien Informé, dont les
titres heureux constituent le principal élément de succès, le Journal des hommes libres,
Moniteur du 29 nivôse an VIII.