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- d’un pouvoir d’initiative : elle est chargée de formuler les propositions de textes législatifs et
réglementaires européens, sauf dans des cas limitativement énumérés. Elle peut suggérer une
révision des traités, des négociations avec des Etats tiers, etc. Le Conseil ne peut décider que
s’il est saisi d’une proposition de la Commission, sauf, notamment, en matière d’Union
économique et monétaire, où la Banque centrale dispose d’un pouvoir d’initiative ;
- d’un pouvoir d’exécution et de gestion des politiques communes, notamment en élaborant
des règlements et des directives ;
- d’un pouvoir de contrôle : elle est la “ gardienne des traités ” et surveille l’application du
droit communautaire. Elle peut déférer à la Cour de justice des Etats qu’elle juge en infraction
par rapport à ce droit communautaire.
Entre 1985 et 1995, Jacques Delors, président de la Commission, s’est appuyé sur François
Mitterrand et le chancelier Helmut Kohl. Sous sa présidence, la Commission est passée, dans
les faits, d’un pouvoir d’expertise et de proposition “ technique ” à un pouvoir de proposition
pleinement politique, sans devenir pour autant assimilable à un exécutif responsable. Elle
s’est ainsi identifiée à l’incarnation d’une sorte d’“ intérêt général européen ”, par opposition
aux intérêts nationaux défendus par les procédures intergouvernementales. Cette évolution de
son rôle est intervenue dans le contexte économique spécifique du néolibéralisme triomphant
des années 1980 : le recours systématique au marché s’est imposé comme médiation exclusive
pour exprimer un “ intérêt général ” communautaire. Dans cette perspective, les pouvoirs
accrus de la Commission au service de la concurrence et de la déréglementation sont
cohérents avec son renoncement à une politique économique interventionniste privilégiant des
priorités sociales.
Ce pouvoir politique de la Commission – entériné par les gouvernements nationaux – s’est
concrétisé notamment avec l’élaboration de l’Acte unique européen, qui reprend le Livre
blanc de la Commission sur l’achèvement du marché intérieur, signé en 1986 et prévoyant un
marché unique au 1er janvier 1993. Il se poursuit avec la préparation des textes du traité de
Maastricht, signé en 1992, qui organise la mise en place d’une monnaie unique, administrée
par une Banque centrale européenne indépendante. Autres exemples : les pouvoirs de la
Commission en matière de fusion ou en matière de concurrence, celle-ci étant invoquée pour
imposer un démantèlement des services publics. En novembre 2001, les négociations qui ont
précédé la conférence ministérielle de l’OMC à Doha se sont réduites, pour l’essentiel, à un
face à face entre Pascal Lamy (commissaire européen chargé du commerce extérieur) et son
homologue américain Robert Zoellick, certes dûment mandatés - l’un par le conseil des
ministres chargés du commerce, et l’autre par le président des Etats-Unis -, mais loin de tout
débat public. De leur côté, les gouvernements des Etats membres ont utilisé cette montée en
puissance de la Commission pour en faire un “ bouc émissaire ” lorsqu’ils transposent en droit
national les directives qu’elle a certes élaborées, mais qu’ils ont votées, cherchant ainsi à se
défausser de leurs responsabilités propres.
On assiste également à une montée en puissance relative du Parlement européen depuis son
élection pour un mandat de 5 ans, à partir de 1979, au suffrage universel direct. Jusqu’au traité
de Maastricht, ce Parlement n’avait essentiellement que des pouvoirs consultatifs et de
contrôle. Ses membres peuvent maintenant contraindre la Commission à démissionner s’ils
adoptent une motion de censure à la majorité des deux tiers. Le Parlement dispose cependant
de pouvoirs budgétaires non négligeables, puisqu’il a été doté, en 1970 et en 1975, d’un
pouvoir d’amendement, d’adoption et de refus en matière budgétaire. L’Acte unique a