lumière le contenu du Mystère tenu caché depuis toujours en Dieu, le Créateur de toutes
choses » (Ep 3, 9). Croire au Christ signifie vouloir l'unité; vouloir l'unité signifie vouloir
l'Eglise; vouloir l'Eglise signifie vouloir la communion de grâce qui correspond au dessein du
Père de toute éternité. Tel est le sens de la prière du Christ: « Ut unum sint ».
10. Dans la situation de division actuelle entre les chrétiens et de recherche confiante de la
pleine communion, les fidèles catholiques se sentent profondément interpellés par le Seigneur
de l'Eglise. Le Concile Vatican II a affermi leur engagement grâce à une ecclésiologie lucide
et ouverte à toutes les valeurs ecclésiales présentes chez les autres chrétiens. Les fidèles
catholiques abordent la question œcuménique en esprit de foi.
Le Concile dit que « l'Eglise du Christ est présente dans l'Eglise catholique, gouvernée par le
successeur de Pierre et par les évêques en communion avec lui » et il reconnaît en même
temps que, « en dehors de l'ensemble organique qu'elle forme, on trouve de nombreux
éléments de sanctification et de vérité, qui, en tant que dons propres à l'Eglise du Christ,
portent à l'unité catholique ».(11) « Par conséquent, ces Eglises et ces Communautés
séparées elles-mêmes, même si nous croyons qu'elles souffrent de déficiences, ne sont
nullement dépourvues de signification et de valeur dans le mystère du salut. En effet, l'Esprit
du Christ ne refuse pas de se servir d'elles comme de moyens de salut, dont la vertu dérive de
la plénitude même de grâce et de vérité qui a été confiée à l'Eglise catholique ».(12)
11. L'Eglise catholique affirme par là que, au cours des deux mille ans de son histoire, elle a
été gardée dans l'unité avec tous les biens dont Dieu veut doter son Eglise, et cela malgré les
crises souvent graves qui l'ont ébranlée, les manques de fidélité de certains de ses ministres et
les fautes auxquelles se heurtent quotidiennement ses membres. L'Eglise catholique sait que,
en vertu du soutien qui lui vient de l'Esprit, les faiblesses, les médiocrités, les péchés et
parfois les trahisons de certains de ses fils ne peuvent pas détruire ce que Dieu a mis en elle
selon son dessein de grâce. Même « les portes de l'enfer ne tiendront pas contre elle » (Mt 16,
18). Cependant, l'Eglise catholique n'oublie pas qu'en son sein beaucoup obscurcissent le
dessein de Dieu. Évoquant la division des chrétiens, le décret sur l'œcuménisme n'ignore pas «
la faute des hommes de l'une et l'autre partie »,(13) en reconnaissant que la responsabilité ne
peut être attribuée uniquement « aux autres ». Par la grâce de Dieu, ce qui appartient à la
structure de l'Eglise du Christ n'a pourtant pas été détruit, ni la communion qui demeure avec
les autres Eglises et Communautés ecclésiales.
En effet, les éléments de sanctification et de vérité présents dans les autres Communautés
chrétiennes, à des degrés différents dans les unes et les autres, constituent la base objective de
la communion qui existe, même imparfaitement, entre elles et l'Eglise catholique.
Dans la mesure où ces éléments se trouvent dans les autres Communautés chrétiennes, il y a
une présence active de l'unique Eglise du Christ en elles. C'est pourquoi le Concile Vatican II
parle d'une communion réelle, même si elle est imparfaite. La constitution Lumen gentium
souligne que l'Eglise catholique « se sait unie pour plusieurs raisons » (14) avec ces
Communautés, par une certaine et réelle union, dans l'Esprit Saint.
12. La même constitution a longuement explicité « les éléments de sanctification et de vérité »
qui, de diverses manières, se trouvent et agissent au-delà des frontières visibles de l'Eglise
catholique: « Nombreux sont en effet ceux qui tiennent en honneur la sainte Ecriture en
tant que règle de foi et de vie, manifestent un zèle religieux sincère, croient avec amour en
Dieu, Père tout-puissant, et dans le Christ, Fils de Dieu et Sauveur, sont marqués du Baptême