Pourtant, entre Rome et Constantinople, depuis tant de siècles, que de
tensions, de reproches, fondés ou non ! Les Latins n’ont pas su éviter d’infliger
humiliations et offenses, culminant dans ce drame effroyable que nous
commémorons aujourd’hui. Des difficultés demeurent aujourd’hui entre
catholiques et orthodoxes, même après l’heureuse levée des excommunications.
Il y a des orientations théologiques dont l’élucidation doit être reprise ; il reste
sans doute une grande méconnaissance mutuelle, et des méfiances. Tout cela
manifeste un certain dysfonctionnement des deux poumons de l’Eglise. Pour
que le corps du Christ retrouve unité et pleine santé, il nous faut rester
déterminés à nous écouter mutuellement avec humilité ; il nous faut avoir la
simplicité et le courage de nous reprendre ou de nous corriger fraternellement,
quand l’Esprit-Saint nous le suggère.
Même s’il est meurtri, le corps du Christ n’est pas pour autant mutilé et
privé d’un organe essentiel, le cœur qui bat. Le sang d’une même grâce
baptismale, d’une même charité, coule aux artères et irrigue le corps entier.
Notre communion est sans doute plus profonde et plus proche d’éclore que
nous ne l’imaginons.
Pourquoi cela n’apparaît-il pas ? Dieu éprouve-t-il notre patience, pour
venir à bout de nos résistances ? Prend-il le temps de réduire nos inerties ?
Vérifie-t-il notre générosité en même temps que notre entière disponibilité à sa
grâce ? Je le crois : lorsque nous avançons ensemble, le Christ ressuscité marche
avec nous comme sur la route d’Emmaüs, prêt à changer en joie ce qui reste de
notre tristesse.
Sainteté, nous avons bien entendu votre récent avertissement, clair et
vigoureux : « Н αρχη του σχισματος τo κοσμικο φρoνημα εν τη Εκκλησια : la
racine du schisme, c’est une pensée mondaine dans l’Eglise ». Nous savons
l’engagement spirituel pour une vraie conversion que cela implique. Avec et à la
suite de tant de chrétiens, nous désirons profondément vivre un jour