partie importante de l’héritage culturel humain, qu’on retrouve dans l’art et dans les religions de
tous les peuples, pour initier un courant philosophique, qui ne porte culte et rituel qu’à la déesse
raison. Cette opposition constitua une diathèse philosophique, par laquelle, la même discipline se
donne deux façons opposées d’expliquer la réalité : une approche artistique et une approche
scientifique. Nous verrons aussi que Héraclite constitue un cas à part, qui, par sa dialectique,
récupère cette opposition mythe/raison. Je reviendrai aussi sur la relation mythe/métaphore, une
relation réversible me semble-t-il : le mythe est source de métaphores, mais à son tour, la
métaphore est source de mythes. Enfin, je dessinerai des liens possibles entre le mythe d’Orphée
et la philosophie pour enfants, qui toutes deux veulent ressuciter l’enfance.
4.1 Légende d’Orphée et mythe orphique
Reynal Sorel, dans son Orphée et l’Orphisme, définit ainsi la légende :
Une légende s’amarre au temps et s’étale sur un espace pour recouvrir le merveilleux qu’elle
véhicule d’une pellicule de vraisemblance. Transmise de génération en génération, elle livre un
modèle inacessible car fabuleux, un exemple dont l’intensité ne peut-être revécue par le commun des
mortels. Contrairement au mythe, une légende n’a pas la prétention d’instaurer un certain type de
conduite. Née d’une tradition tacitement reconnue à la fois comme douteuse mais non dépourvue de
valeur historique, la légende flatte l’imaginaire collectif qui se prend à rêver sur son patrimoine
spirituel...Cependant, précise-t-il elle ne traduit pas quelque chose d’essentiel à la nature ou à la
condition humaine.
,
La légende veut donc qu’Orphée soit le fils de la muse Calliope et d'Oeagre, dieu d'un
fleuve de Thrace. A ce titre, on doit le considérer comme un héros, c'est-à-dire “ comme
quelqu'un qui peut se targuer d'une proche parenté avec les dieux, qui grâce à cela, possède
certains dons surnaturels, mais qui cependant, doit vivre et mourir en mortel ordinaire.”
Cependant, il n'est pas un héros du type des Titans : sa qualité dominante n'est pas la force, mais
la douceur. Il cherche à plaire et à convaincre par sa poésie et ses chants, plutôt que par les armes
et la guerre :
Les chants d’Orphée avait un pouvoir magique; ils étaient si beaux que toute la Nature y était
sensible; les fauves le suivaient, les arbres et les plantes s’inclinaient vers lui, et, surtout, les âmes des
hommes les plus sauvages s’adoucissaient à sa musique.
SOREL, Reynal, Orphée et l’Orphisme, Que sais-je? no 3018, P.U.F. Paris, 1995, pp. 17-18
GUTHRIE, W.K.C. Orphée et la religion grecque. étude sur la pensée orphique, trad. de l'anglais par S.M. Guillemin,
Payot, Paris, 1956, pp. 52-3
GRIMAL, P. Mythologies classiques, Librairie Larousse, Paris, 1963, p. 185