1. “ le travail n’est pas le bien propre du travailleur, mais celui d’un autre ”
, le capitaliste.
2. le travail n’est pas “ la satisfaction d’un besoin, mais le moyen de satisfaire des besoins
en dehors du travail ”
; l’ouvrier travaille pour acquérir les moyens qui lui permettront de
subsister.
3. “ son travail n’est pas volontaire, mais contraint, travail forcé. (...) Dès qu'il n'existe pas
de contrainte physique ou autre, le travail est fui comme la peste ”
.
4. “ le travail est extérieur au travailleur, il n’appartient pas à son être : dans son travail,
l’ouvrier ne s’affirme pas, mais se nie ; il ne s’y sent pas à l’aise, mais malheureux ; il n’y
déploie pas une libre activité physique, mais mortifie son corps et ruine son esprit ”
.
Marx relie tout cela à la propriété privée des moyens de production
: “ Si le produit du
travail n’appartient pas à l’ouvrier, s’il est une puissance étrangère en face de lui, cela
n’est possible que parce qu’il appartient à un autre homme en dehors de l’ouvrier. Si
l’activité de l’ouvrier lui est un tourment, elle doit être la jouissance et la joie de vivre d’un
autre ”
. Et cet autre homme est le capitaliste, propriétaire des moyens de production.
Dans “ Le Capital ”, Marx attribuera cette aliénation plus particulièrement à la division
manufacturière du travail, c’est-à-dire à la répartition en tâches entre ouvriers dans les
ateliers. La manufacture, écrit-il, transforme de fond en comble la manière de travailler du
salarié individuel. La division manufacturière du travail, forme capitaliste de la division du
travail, “ estropie le travailleur, elle fait de lui quelque chose de monstrueux en activant le
développement factice de sa dextérité de détail, en sacrifiant tout un monde de
dispositions et d’instincts producteurs ”. L’ouvrier devient un rouage parcellisé d’un
gigantesque machine à faire du profit. “ Dans la manufacture, l’enrichissement du
travailleur collectif, et par suite du capital, en forces productives sociales a pour condition
l’appauvrissement du travail en forces productives individuelles ”. En effet, “ ce que les
ouvriers perdent se concentre en face d’eux dans le capital. La division manufacturière
leur oppose les puissances intellectuelles de la propriété comme la propriété d’autrui et
comme pouvoir qui les domine. Cette scission commence à poindre dans la coopération
simple
, où le capitaliste représente vis-à-vis du travailleur isolé l’unité et la volonté du
travailleur collectif ; elle se développe dans la manufacture, qui mutile le travailleur au
point de le réduire à une parcelle de lui-même ; elle s’achève enfin dans la grande
industrie, qui fait de la science une force productive indépendante du travail et l’enrôle au
service du capital ”
.
Retirons trois grandes idées de Marx :
1. Le travail est l’activité fondamentale de l’homme.
Karl Marx, Manuscrits de 1844, in Karl Marx (1972), Critique de l’économie politique, Union générale
d’éditions, Paris, p.155.
Karl Marx, Manuscrits de 1844, op. cit., p.155.
Karl Marx, Manuscrits de 1844, op. cit., p.155.
Karl Marx, Manuscrits de 1844, op. cit., p.155.
Les moyens de production consistent en matériels nécessaires à la production ; mais, en gros, cela
représente la propriété du capital.
Karl Marx, Manuscrits de 1844, op. cit., p.160.
Marx établit une gradation dans l’entreprise capitaliste : il y a d’abord la coopération simple où le patron
réunit sous un même toit des ouvriers ; ensuite vient la manufacture caractérisée par la division en tâches
entre ses travailleurs ; enfin, il y a la fabrique où le machinisme fait son apparition.
Karl Marx (1976), “ Le Capital ”, livre 1, éditions sociales, Paris, p.261-262.