DEV1

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Développement des territoires :
Nouvelle approche du développement
régional?
Louis Favreau
Note sur l'auteur :
Louis Favreau est sociologue et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en
développement des collectivités (CRDC) de l’Université du Québec en Outaouais (UQO).
Il est également chercheur au Centre de recherche sur les innovations sociales dans
l’économie, les entreprises et les syndicats (CRISES) et dans une Alliance de recherche
Universités-Communautés (ARUC) en économie sociale.
Chaire de recherche du Canada en développement des
collectivités (CRDC)
Série Développement régional no. 1
ISBN : 2-89251-1445
Mars 2003
UNIVERSITE DU QUEBEC EN OUTAOUAIS
F
ace à la montée de la mondialisation néo-libérale, face à la crise de
l'emploi et à celle des services publics qui lui sont concomitants à
l’échelle des sociétés, à l’échelle du Québec tout entier, les régions
voient leur rôle redéfini: de quel avenir disposent-elles dans ce nouveau
paysage économique et social mondial? Et sur quoi peuvent-elles
compter? Il y a des régions qui gagnent et des régions qui perdent. Et il y
a la polarisation spatiale croissante au profit des grandes métropoles en
particulier. Les coordonnées du développement local et régional ont donc
beaucoup changé. L’approche dite de “développement des territoires”
apporte-t-elle du nouveau pour comprendre le développement de
communautés locales et des régions?
Nous pensons que de nouvelles coordonnées, jusqu’ici peu prises en
compte dans la tradition québécoise de recherche en développement
régional, peuvent être introduites à partir de la notion de “territoire”. En
effet, la notion de “territoire” est moins marquée d’un sens précis que
celui de “région” (qu’on oppose facilement à “centre” par exemple) de
telle sorte que les vieux clivages “périphérie-centre” ou “rural-urbain”
perdent de leur densité au bénéfice d’un examen des inégalités
socioéconomiques et des manières de les résoudre aussi bien dans un
quartier de grand centre urbain, dans une enclave de pauvreté d'une
région dite gagnante, dans une région rurale en déclin, ou dans un pays
du Sud délaissé par le développement économique dominant. Nous nous
inspirons dans le présent cahier de l’expérience québécoise de
développement local en milieu urbain, l’expérience dite de
“développement économique communautaire”, pour appuyer nos dires.
1
TABLE DES MATIÈRES
1. LES TRAVAUX DE RECHERCHE EN DEVELOPPEMENT SOCIAL AU CÉRIS ET EN
DEVELOPPEMENT SOCIO-ECONOMIQUE A LA CRDC : MISE EN PERSPECTIVE 3
1.1. LE DEVELOPPEMENT DES TERRITOIRES : TROIS QUESTIONS-CLES
5
LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET LA GOUVERNANCE
6
L’IDENTITÉ RÉGIONALE
6
L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ET LE CADRE DE VIE (DÉVELOPPEMENT SOCIAL SPATIALISÉ)
6
1.2. MONDIALISATION NEO-LIBERALE, MODELE NATIONAL DE DEVELOPPEMENT ET
DEVELOPPEMENT DES TERRITOIRES
7
1.3. TROIS AXES DE RECHERCHE
8
2.UN EXEMPLE DE RENOUVELLEMENT DU “DEVELOPPEMENT REGIONAL” PAR
L’APPROCHE DES TERRITOIRES : LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE
COMMUNAUTAIRE
9
2.1. AMENAGEMENT DU TERRITOIRE ET CADRE DE VIE : LA SPECIALISATION SOCIALE DE
L'ESPACE URBAIN
9
2.2. DEVELOPPEMENT SOCIO-ECONOMIQUE ET GOUVERNANCE TERRITORIALE : DEUX
APPROCHES DU DEVELOPPEMENT LOCAL EN MILIEU URBAIN
12
2.3. IDENTITE REGIONALE ET IDENTITES LOCALES : L’APPORT DES MOUVEMENTS
SOCIAUX DANS LE DEVELOPPEMENT LOCAL
14
L’APPORT DES MOUVEMENTS SOCIAUX AU DÉVELOPPEMENT DES TERRITOIRES
16
LES MOUVEMENTS SOCIAUX LOCAUX ET LEUR IMPLICATION DANS LE DÉVELOPPEMENT LOCAL
ET L’ÉCONOMIE SOCIALE
17
UNE NOUVELLE GÉNÉRATION D'ASSOCIATIONS ET DES COOPÉRATIVES ENGAGÉES DANS LA
NOUVELLE ÉCONOMIE SOCIALE ET LE DÉVELOPPEMENT LOCAL.
19
TERRITOIRES, NOUVELLE APPROCHE POUR L’ETUDE DU
DEVELOPPEMENT DES REGIONS
20
REPERES BIBLIOGRAPHIQUES
25
3. DEVELOPPEMENT DES
2
TABLE DES ANNEXES ET TABLEAU
Les Annexes
SITES DE RECHERCHE POUR SUIVRE L'EVOLUTION DE L'ECONOMIE SOCIALE ET DU
DEVELOPPEMENT LOCAL AU QUEBEC
29
LA CHAIRE DE RECHERCHE DU CANADA EN DEVELOPPEMENT DES COLLECTIVITES (CRDC) DE
L’UNIVERSITE DU QUEBEC EN OUTAOUAIS
30
MAÎTRISE EN DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL À L'UQO
32
Les tableaux
Tableau I :
Typologie de la transformation des quartiers de centres-villes par génération
12
Tableau II :
Syndicats, organisations communautaires et groupes de femmes au Québec
(1960-2000)
17
3
1. LES TRAVAUX DE RECHERCHE EN DÉVELOPPEMENT SOCIAL AU CÉRIS
ET EN DÉVELOPPEMENT SOCIO-ÉCONOMIQUE À LA CRDC : MISE EN
PERSPECTIVE
l’UQO, plusieurs de nos travaux de recherche antérieurs ont beaucoup porté sur le
développement social et le développement socio-économique de communautés locales
par l’économie sociale, le tout souvent articulé à une problématique de l’emploi
territorialisée (développement local) : les organisations et entreprises d’insertion par le
travail (Assogba, 2000; Beaudoin et Favreau, 2000); le financement du développement
local en milieu rural (Beaudoin et Favreau, 1998); les services de proximité tels les centres
communautaires de loisirs, les cuisines collectives et le logement social comme dispositifs
de socialisation et d’entraide (Fréchette, 2000; Boucher 2001); le développement
économique communautaire et ses dispositifs d’intervention sur les bassins locaux et
régionaux d’emploi (Favreau et Lévesque, 1996 et Comeau, Favreau, Lévesque et Mendell,
2001); les politiques publiques afférentes (Favreau, 1998; Tremblay, 2000).
À
Les intervenants tant publics qu’associatifs de la région étaient en demande de comprendre
tout à la fois la pauvreté et le chômage massif d’une part, et d’autre part, des pistes
nouvelles de sortie de crise, d’où les travaux en cours de la CRDC en développement socioéconomique des territoires. Ils étaient aussi en demande de comprendre la crise des
dispositifs traditionnels de socialisation (famille, réseau de voisinage, quartier…) et les
pistes de sortie de crise par le développement de services de proximité. D’où les travaux en
cours du CÉRIS sur le développement social des territoires.
Approfondir la connaissance de ces pratiques et des politiques afférentes qui émergent, en
tant que réponses de l'acteur public, de l’acteur privé et de l'acteur associatif (syndicats,
groupes de femmes, organisations communautaires de jeunes…), pour faire face aux
nouveaux défis économiques et sociaux de collectivités locales et régionales, constitue un
axe majeur de recherche en matière d’intervention territorialisée de développement,
notamment en développement régional.
Une idée importante a surgi derrière tous ces travaux : celle de contrer la thèse
traditionnelle du développement économique et social qui est sensé dépendre soit de
politiques macro-économiques de l’État, soit de l’internationalisation dérégulée des marchés
(niveau macro) ou encore du seul dynamisme des entrepreneurs et des entreprises (registre
micro). Cependant, entre les deux registres de développement, s’est imposé progressivement
à nos yeux un autre registre, celui des territoires et de leur développement, dans un contexte
où le “social” et l’“économique” sont de moins en moins séparés comme c’était le cas dans la
période antérieure, celle des Trente Glorieuses, période pendant laquelle l’État s’occupait du
4
social et les entreprises de l’économique. Comme on le sait ce dernier modèle est tombé en
désuétude avec la crise de l’emploi et celle de l’État-providence (Favreau et Lévesque, 1996).
Ce qui signifie que le développement régional fait partie du développement des territoires
mais ne lui est pas exclusif, les territoires pouvant être de taille relativement variable et
surtout ne pas recouvrir les découpages administratifs de politiques publiques.
La plus faible taille des unités de production aujourd’hui (niveau micro) et les
retournements de conjoncture économique internationale avec les zones et les périodes
d’incertitudes qui lui sont liées (niveau macro) appellent encore plus aujourd’hui la logique
territoriale, registre à partir duquel la dimension spatiale est et devient plus significative
(stratégie de mise en réseaux, stratégie des districts industriels, stratégie du développement
économique communautaire…). En relation avec cela, des espaces publics de négociation
ou de dialogue social sont devenus nécessaires. Bref de nouvelles formes de
développement naissent et ne sont plus unipolaires (le développement par le seul marché
ou le seul État), ni bipolaires (État et marché) mais multipolaires (État, marché et tiers
secteur d’économie sociale). Ce qui a aussi introduit de nouvelles formes de gouvernance
locales c’est-à-dire de nouveaux modes de régulation politique qui ne relèvent ni
uniquement du marché, ni non plus de l'État national et donc pas du développement
régional comme on l’a connu traditionnellement. Il s’agit plutôt de l'action conjuguée de
plusieurs acteurs locaux (privés, publics, associatifs) qui se caractérise de la façon suivante:
1) un ensemble d'institutions et d'acteurs (plutôt que la seule entreprise privée et/ou
l'État), en occurrence des gouvernements locaux, des institutions publiques
scolaires, de santé et de services sociaux (CLSC), d’emploi (CLE) et de
développement local (CLD) et des associations diverses (CDÉC, CDR, CDC,
fonds de développement…) de même que des entreprises locales, de caractère
privé ou collectif;
2) une interdépendance entre les pouvoirs, institutions et réseaux d'acteurs
autonomes investis conjointement dans une action collective de développement
et de gestion locale (Stocker, 1998).
Ainsi, il est important pour nous d’étudier le développement des territoires en tenant
compte des trois dimensions suivantes :
1) La capacité des acteurs locaux et régionaux : la mobilisation des mouvements
sociaux locaux, urbains et ruraux, les initiatives mises en œuvre par ces
mouvements, la constitution de réseaux locaux d’échange et de coopération… au
plan économique ou social. Des régions ou collectivités gagnent ou perdent selon
que la mobilisation sociale des acteurs locaux entrent en scène ou non avec ses
5
mouvements sociaux et les instances de développement qu’ils font émerger,
animent ou influencent (CLSC, CLD, CDÉC, CJE, CRD, RRSSS…).
2) Les gouvernances territoriales (locales et régionales) : autrement dit les modes
de fonctionnement des institutions et des mouvements locaux et régionaux qui
donnent ou non, en bout de ligne, des modes de coopération autour d’enjeux
socio-économiques jugés vitaux par les parties en cause (planification stratégique,
organisation des transports, équipements collectifs, services publics, privés et
d’économie sociale, formation de la main d’œuvre, etc.). Cela constitue une autre
pierre d’achoppement pour le développement. Les institutions locales (institutions
scolaires, municipalités, services publics locaux de type CLSC ou CLD par
exemple) soutiennent-elles des démarches partenariales ou non? Favorisent-elles
une formation adéquate de la main d’œuvre, et le développement de nouveaux
services de proximité? Sont-elles porteuses, dans leur interaction avec les
mouvements sociaux locaux, d’innovation, de coopération et d’adaptation ou à
l’inverse se crispent-elles sur les acquis?
3) Les politiques publiques en matière de développement local et régional et en
matière d’économie sociale et publique : les initiatives d’acteurs locaux ontelles la capacité de remonter pour influencer les politiques publiques? À l’inverse,
les politiques publiques reconnaissent-elles la pertinence de ces initiatives locales
et les soutiennent-elles? Y a-t-il des processus d’institutionnalisation ou de
marginalisation de ces initiatives?
Notre programme de recherche, à la CRDC et au CÉRIS, s'est donc bâti sur ce qui précède
mais peu à peu tout cela s’est inscrit dans le cadre d’une compréhension nouvelle liée aux
enjeux spatiaux : 1) mise en réseaux ou non des entreprises, municipalités, syndicats et
associations diverses ; stabilité ou non de ces réseaux ; loyauté ou non à moyen terme de
ces différents acteurs..; 2) le tout dans le cadre d’une dynamique/dialectique du local et du
global qui permet d’examiner la capacité propre des régions à se développer, la capacité
d’accueil que font ou ne font pas les pouvoirs publics centraux à la “loi de la proximité” et
la capacité du “local” de tenir compte ou non des contraintes internationales en cours.
1.1.
LE DÉVELOPPEMENT DES TERRITOIRES : TROIS QUESTIONS-CLÉS
Dans la foulée du colloque que nous avons tenu à l’automne 2001 sur l’avenir des régions au
Québec (Favreau, Robitaille et Tremblay, 2002), les choses ont commencé à se préciser
davantage. Le développement des territoires repose, à notre avis, sur les réponses –
autrement dit la capacité d’agir- que les mouvements et les institutions fournissent et
6
fourniront aux trois questions majeures suivantes. La première question est celle du
développement économique : comment affrontons-nous la dépendance économique vis-àvis de l’extérieur? La seconde est d’ordre socio-culturel et a trait à l’identité régionale : sur
quoi avons-nous bâti et sur quoi bâtissons-nous le partage d’un lieu, d’un même territoire,
bref d’un “vivre ensemble”? La troisième nous renvoie à l’aménagement du territoire et
au cadre de vie (dit autrement le développement social) : comment faisons-nous face au
défi de la spécialisation sociale de l’espace urbain et de l’espace rural? Ces trois questions
ne peuvent par ailleurs trouver réponse concurremment ou séparément car, aujourd’hui,
encore plus qu’hier, les réponses doivent s’emboîter les unes dans les autres.
Le développement économique et la gouvernance
La première question est celle d’économies régionales dépendantes. Cette dépendance peut
se traduire par exemple par des économies locales faibles où des pôles en plein
développement côtoient des zones en déclin délaissées par le développement économique
dominant (DED); puis, par l’absence de diversification économique, et donc l’existence de
secteurs hyper-développés et d’autres absents ou marginaux; ensuite par la faiblesse de
systèmes locaux de production innovateurs; et, finalement par la faiblesse du réseautage
entre petites et moyennes entreprises sur l’ensemble du territoire (Demazière, 2000).
L’identité régionale
La seconde a trait au sentiment d’appartenance. La mobilisation sociale par des forces du
milieu –mouvements sociaux locaux urbains et ruraux- pour se donner un développement
propre, tant sur le plan social que sur le plan économique, est une clé pour passer d’une
simple identité-résistance à une identité-projet (Castells, 1999) . Il faut donc ici traduire le
degré d’engagement des associations de toute sorte (syndicats, organisations
communautaires, groupes écologiques, groupes de femmes, groupes de jeunes, associations
culturelles et sportives…) dans le renouvellement du “vivre ensemble” en permettant à des
communautés de transformer leurs problèmes en projets collectifs.
L’aménagement du territoire et le cadre de vie (développement social spatialisé)
L’autre question majeure est celle de la ségrégation socio-spatiale (Sénécal et Bouvier,
2001; Jacquier, 1991 et 1992) : en milieu urbain d’abord où les anciens quartiers ouvriers
en déclin –avec leur cortège de gens sur le bien-être, en chômage ou d’immigrants venus du
Sud- côtoient la concentration des services de la nouvelle économie, des grands services
7
publics et la gentrification des logements; en milieu rural aussi où des communautés
stagnent par défaut de pouvoir d’attraction et par l’exode de leurs jeunes (Carrier, Jean et
Leblanc, 2000). Les inégalités sociales et territoriales sont donc une dimension importante
de l’avenir des régions. On est “in” ou “out” par rapport au développement actuel et futur.
Ce qui pose par exemple toute la question du cadre de vie et de la production de services
collectifs de proximité que ce soit le petit commerce (pharmacie, boulangerie, quincaillerie,
station d’essence…) ou des services de caractère public ou d’économie sociale (santé,
services sociaux, éducation des adultes, loisirs communautaires…).
1.2.
MONDIALISATION
NÉO-LIBÉRALE, MODÈLE NATIONAL DE DÉVELOPPEMENT ET
DÉVELOPPEMENT DES TERRITOIRES
Face à la montée de la mondialisation néo-libérale, face à la crise de l'emploi et à celle des
services publics qui lui sont concomitants à l’échelle des sociétés, à l’échelle du Québec
tout entier, les régions voient leur rôle redéfini: de quel avenir disposent-elles dans ce
nouveau paysage économique et social mondial? Et sur quoi peuvent-elles compter? Il y a
des régions qui gagnent (Benko et Lipietz, 1992) et des régions qui perdent (Côté, Klein et
Proulx, 1995). Et il y a la polarisation spatiale croissante au profit des grandes métropoles
en particulier (Veltz, 1996).
Ainsi, avec l’arrivée d’une nouvelle réforme, celle des agglomérations urbaines (la nouvelle
ville de Gatineau, de Montréal, de Saguenay, de Longueuil...), avec la venue des CLD
(réforme Chevrette) et des CLE (réforme Harel), avec la poussée de l’économie sociale (le
Chantier) et du développement économique communautaire (les CDÉC, CDC…), avec la
poussée des fonds de développement (le Fonds de solidarité et les SOLIDE, le Fondaction,
des fonds locaux et communautaires…), les coordonnées du développement local et
régional ont beaucoup changé, celles du modèle québécois de développement aussi.
Notre hypothèse, du moins à la CRDC, est à l’effet 1) qu’il y a, depuis une décennie, une
cohabitation active des initiatives locales et du service public qui a donné naissance à de
véritables filières de développement; 2) que ces filières, tout à la fois associatives et
publiques, représentent un potentiel important dans le développement des régions; 3)
qu’une bonne partie de ce potentiel peut être canalisée vers la démocratisation du
développement et donc vers un renouvellement du modèle québécois de développement
(Bourque, 2000; Comeau, Favreau, Lévesque et Mendell, 2001). Prendre la mesure de ce
potentiel -et l’écart existant entre le potentiel et l’intervention qui capitalise réellement sur
ce potentiel- permet à chaque région de maximiser les retombées pour leur avenir. Quelles
régions vont gagner et pourquoi? Quelles régions risquent de perdre et pourquoi?
8
1.3.
TROIS AXES DE RECHERCHE
Notre programme de recherche doit impérativement aborder ces nouvelles coordonnées
québécoises du développement local et régional: 1) les nouvelles filières de développement
local et régional et ses principaux dispositifs dans la foulée d’un renouvellement des
approches, et en premier lieu, celle du développement économique communautaire; 2) la
gestion des tensions et l'institutionnalisation des nouvelles initiatives locales et régionales
de développement; 3) la participation de ces nouvelles initiatives à la démocratisation de
l'économie québécoise. D’où l’articulation nécessaire de notre travail de recherche en
“développement régional” redéfini autour des trois axes suivants :
a) Développement socio-économique et gouvernance territoriale : a) systèmes locaux de
production innovateurs, mise en réseaux des entreprises, situation des économies locales
(rurales et urbaines), rôle des PME, rôle des dispositifs de financement et
d’accompagnement du développement (fonds régional de la FTQ, des caisses populaires
et d’économie, Fondaction de la CSN, SOLIDE, CLD…; b) rôle des municipalités et des
MRC, rôle des CRD, des RRSSS, des CDR, de la SDEO…; c) rôle des institutions
scolaires, d’Emploi-Québec (les CLE) et des entreprises dans la formation de la main
d’œuvre…
b) Identité régionale et mouvements sociaux: les mouvements sociaux locaux (ruraux et
urbains) doivent être examinés de près : les organisations sociales et culturelles (nombre,
secteurs d’intervention, budgets, participation aux instances de concertation et de
développement, collaboration intersectorielle, participation à la vie économique…); les
organisations de développement (type CDÉC et CDC) et les initiatives de la nouvelle
économie sociale (nombre, secteurs d’intervention, budgets, participation aux instances
de concertation et de développement, collaboration intersectorielle, participation à la vie
économique…); les entreprises culturelles, les médias d’information régionaux…
c) Aménagement du territoire et cadre de vie : services collectifs de proximité, publics ou
associatifs, sur les territoires (santé et services sociaux, loisirs, logement, sécurité
alimentaire, insertion socio-professionnelle de jeunes en difficulté…) et municipalités;
revitalisation des quartiers et relance de communautés rurales; organisation locale et
régionale du tourisme, aménagement intégré des forêts…
9
2. UN EXEMPLE DE RENOUVELLEMENT DU “DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL”
PAR L’APPROCHE DES TERRITOIRES : LE DÉVELOPPEMENT
ÉCONOMIQUE COMMUNAUTAIRE
L
a bataille de l'emploi et celle du développement des collectivités locales qui
l'accompagne ne peuvent être associées uniquement aux régions rurales. Le problème
se vit massivement au coeur des villes: la crise de l'emploi se couple à une crise des
quartiers. Elles se renforcent mutuellement pour mener à une exclusion sociale dont on
commence à comprendre, l'exemple américain aidant (Jacquier, 1992), qu'il s'agit là d'un
enjeu économique et social remettant profondément en cause la citoyenneté active pour des
pans entiers de la société. D'où l'étude rendue nécessaire des dynamiques suscitées par les
initiatives locales et les nouvelles politiques urbaines, l'étude des dynamiques innovatrices
initiées par l’économie sociale, etc. L’approche traditionnelle du développement régional
au Québec s’est peu arrêtée à ces questions en concentrant ses efforts principalement sur les
régions ressources (ou périphériques) et le développement rural. Or, les quartiers populaires
des centres-villes sont des espaces délaissés par le développement économique dominant
mais où des échanges économiques se redéploient. Les quartiers sont les premiers marchés
de l’activité économique... parce que l'intervention de développement économique
communautaire y travaille d’arrache-pied. Grâce à celle-ci,
la solidarité entre les habitants n'est alors plus cantonnée à la sphère des
transferts sociaux (impôts, aide)... elle joue de manière localisée, par le biais de
circuits courts de financement en étant directement en prise sur la sphère de la
production. C'est là, à notre avis, l'innovation majeure de ce type de stratégie
(Jacquier, 1992 : 136).
2.1. AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ET CADRE DE VIE : LA SPÉCIALISATION SOCIALE DE
L'ESPACE URBAIN
La pauvreté urbaine provient en partie de la délocalisation de certaines activités
économiques et de la migration des couches moyennes vers les banlieues. D’où la tendance
des villes à la spécialisation sociale de l'espace. D'un côté, on assiste à la concentration de
la nouvelle économie et des services publics dans le centre-ville. Par ailleurs, cette nouvelle
économie côtoie la pauvreté. En effet, l'ancienne pauvreté (faite de gens sur le bien-être -la
pauvreté héritée-) coexiste avec la nouvelle pauvreté (faite de jeunes chômeurs et de
nouveaux immigrants, -une pauvreté de crise-). Dit autrement, on peut parler d’emplois
hautement qualifiés et de logements qui leur correspondent d’un côté (phénomène connu
sous le nom de “gentrification”) cohabitant dans un même espace donné avec les emplois
d'un marché secondaire sans qualification (le tertiaire privé avec par exemple des services
10
de restauration minute) et des parcs de logements en voie de taudification. D’où l’idée
d’une reterritorialisation de la “question sociale”.
Bref, l'espace vécu des gens n'est pas fait que de travail. Il est également fait d'un espace
qu'on habite. Dans ce sens, des auteurs comme Dubet et Lapeyronnie (1992) nous
permettent de franchir quelques pas à ce propos. Et si on ne considère les gens qui vivent la
pauvreté non pas comme des “ victimes ” d'un système ni uniquement comme acteurs
individuels mais bien comme des acteurs collectifs porteurs d'aspirations, de
revendications, de stratégies, de projets à l'intérieur d'un ensemble de rapports sociaux, on
portera surtout attention aux conduites collectives anciennes et nouvelles.
D'entrée de jeu, avançons avec Dubet et Lapeyronnie la proposition suivante :
Jusqu'au milieu des années 70, les grèves ouvrières et l'action syndicale ont
dessiné les contours de la question sociale. Puis, brutalement les banlieues et les
émeutes urbaines les ont remplacées. Avec elles sont apparus, sur le devant de
la scène, les problèmes de l'immigration, de la délinquance juvénile et de
l'insécurité. Les conflits de travail et l'entreprise ont laissé la place à l'exclusion
et à la question de la ville... (Dubet et Lapeyronnie, 1992 : 7).
Proposition certes provocante et un tantinet exagérée, mais dont l'avantage est d'attirer notre
attention sur le fait que les rapports sociaux ne se réduisent pas à ceux qui existent entre le
capital et le travail. Car, nous sommes aujourd'hui aux prises avec un problème majeur,
celui de la précarité et de l'exclusion sociale, c'est-à-dire que par delà les inégalités sociales,
s'installe une déchirure au sein de notre société entre ceux qui, d'un côté, sont intégrés, les
classes moyennes salariées, celles qui sont organisées et qui disposent d'un travail
relativement stable et de l'autre, ceux qui sont des précaires ou des exclus, l'un et l'autre
groupe disposant chacun de ses stratifications et de ses cultures (Lipietz, 1996). Or les
rapports sociaux sont aussi faits, en milieu urbain, de coopération et de conflits autour
d’enjeux liés à l’aménagement de l’espace. Quelles sont les tendances spatiales qui sont
effectivement à l'œuvre ?
1. En premier lieu, plusieurs quartiers des centres-villes des années 1940, 50 et 60
sont des quartiers ouvriers où se sont souvent constituées de véritables
communautés sociales au sens fort de ce terme: une proximité des entreprises
(ces quartiers sont industriels et résidentiels) et une organisation de la
communauté construite autour d'une certaine culture populaire accompagnée
d'un sentiment d'appartenance de classe et d'une certaine implication sociale
(dans les loisirs et les sports du quartier par exemple), ce qui permet à plusieurs
jeunes leaders locaux de canaliser leur révolte dans le militantisme social avec la
11
JOC, des centres communautaires de loisirs surtout sportifs (hockey, boxe...), les
syndicats, etc.
Ceux qui ont vécu l'expérience de développement local et communautaire des
années 1960 dans les vieux quartiers ouvriers du Québec auront reconnu des
quartiers comme le quartier Hochelaga-Maisonneuve à Montréal ou ceux des
centres-villes de Hull, de Sherbrooke, de Québec, de Trois-Rivières, de SorelTracy… où les ouvriers des grandes entreprises du papier, de la métallurgie, de
la construction inspirent des actions collectives et un mode de vie. Pendant cette
période, les politiques sociales des municipalités et les politiques de pastorale
sociale des Églises en direction de ces populations (par les paroisses), sont
généralement de laisser à ces associations et mouvements la prise en charge des
problèmes vécus.
2. Mais, ces quartiers vont transiter, avec le déclin industriel et l'éclatement
professionnel du monde ouvrier, vers une certaine coupure entre l'appartenance
à un quartier et l'appartenance à l'entreprise; vers un mode de vie par sousgroupes sociaux (les jeunes, les gens sur l’aide sociale, les salariés); vers un
remplacement des intervenants issus du milieu par des intervenants
professionnels du travail social, de l'éducation spécialisée, de l'animation sociale
et de l'organisation communautaire. Dans les années d'après-guerre, ces
communautés réglaient elles-mêmes leurs problèmes (avec l'aide de la
municipalité). Avec le temps, cette auto-organisation et l’aide municipale et
paroissiale là où elle existait est remplacée par l'État providence, ses institutions
centralisées, ses programmes standardisés, ses services professionnalisés.
3. Aujourd'hui, avec le déclin de l'organisation traditionnelle de ces communautés
couplé à l'affaiblissement du mouvement ouvrier (de ses syndicats et des
associations ou organisations politiques inscrites dans sa mouvance), on retrouve
de plus en plus fréquemment de l’itinérance et des violences urbaines
(délinquance de bandes de jeunes, échauffourées... voire parfois des émeutes),
des révoltes sans espoir, sans projet. Crise du travail combinée à une crise
urbaine : les organisations de ces milieux, les politiques sociales et le service
public dans ces quartiers évoluent davantage sur fond d'anomie, d'insécurité,
d'appauvrissement, de stigmatisation et de différenciation (arrivée de nouveaux
immigrants...) avec des ressorts culturels et sociaux affaiblis sinon brisés. C’est
dans ce paysage social transformé qu’émergent de nouvelles stratégies de
revitalisation économique et sociale comme le DÉC. Cette évolution sur 50 ans
peut s'illustrer par le tableau suivant :
12
TABLEAU I :
TYPOLOGIE DE LA TRANSFORMATION DES QUARTIERS DE CENTRES-VILLES PAR
GÉNÉRATION
DIMENSIONS
GÉNÉRATION 50-70 GÉNÉRATION 70-85 GÉNÉRATION 85-00
1) population
Quasi plein emploi et
classe ouvrière, noyau
social de base
classe ouvrière,
chômeurs et assistés
sociaux
assistance sociale,
noyau social de base,
groupes d'ouvriers et
d'employés
entraide
communautaire et
culture populaire
d'action collective
déclin de l'associatif
traditionnel et montée
du service public
professionnel;
émergence
d'organisations
communautaires
relance des
mouvements sociaux et
renouvellement des
politiques publiques
(soutien à l'économie
sociale et au DÉC)
déclin de l'industrie
locale et migration des
classes moyennes
addition de couches
sociales en difficulté
(assistés sociaux,
jeunes chômeurs,
nouveaux immigrants,
salariés à faible
revenu)
différentiation
culturelle
spécialisation sociale
de l'espace urbain:
dualisation sociale et
spatiale
2) participation (à la
résolution
de
problèmes)
3) quartier
espace
comme résidentiel et industriel
4) la ville
quartiers
et
ses homogénéité culturelle
et lien entre le progrès
économique et le
progrès social
Face à la crise urbaine, une stratégie a ainsi émergé, celle d’un développement local qui
permet l'entrée négociée dans le système politique des espaces délaissés par le
développement économique dominant (DED) et ce grâce à l'organisation communautaire de
quartier qui sait combiner défense de droits, développement économique communautaire et
entreprises d'économie sociale. C’est d’ailleurs la seule stratégie capable de s’attaquer
simultanément au problème du chômage et au renouvellement du cadre de vie.
2.2.
DÉVELOPPEMENT
SOCIO-ÉCONOMIQUE ET GOUVERNANCE TERRITORIALE
APPROCHES DU DÉVELOPPEMENT LOCAL EN MILIEU URBAIN
:
DEUX
Dans la plupart de nos travaux antérieurs, notre point de départ a été l’espace urbain
délaissé par le développement économique dominant (DED). En d’autres termes, la plupart
13
du temps, des quartiers ouvriers. Pourquoi ce point de départ? Parce que ces quartiers
sont le véritable miroir des enjeux de développement des villes. Voilà pourquoi ils
constituent un point d’ancrage de toute problématique de développement des territoires en
milieu urbain.
Dans le cadre de ces travaux, notamment sur le DÉC, il ressort que les municipalités ont été
amenées à jouer un nouveau rôle dans le développement de leurs quartiers que se soit au
plan socio-économique tels la revitalisation du centre-ville, le soutien au développement
d’initiatives d’insertion socio-professionnelle de jeunes… ou au plan social comme le
soutien au développement de nouveaux services de proximité ou à leur renouvellement
(loisirs communautaires) à côté du travail plus strictement de développement économique
(accueil d’entreprises) qu’elles faisaient traditionnellement.
Elles ont été ainsi appelées à évoluer autour de deux stratégies de développement local :
1) soit qu’elles se déploient pour attirer des activités économiques nouvelles dans la
municipalité; 2) soit qu’elles partent des besoins d’emploi, de logement, de formation de la
main d’œuvre locale. Dans le premier cas, on mise sur une approche à deux partenaires :
l’engagement du secteur privé stimulé par des dispositifs publics d’aménagement. Dans le
second cas, on mise sur l’association d’acteurs locaux privés, publics et associatifs pour
relancer les quartiers en déclin.
La première approche a trois limites : celle de concevoir le développement local de façon
unidimensionnelle en ne misant que sur l’arrivée d’activités économiques motrices; celle de
postuler des retombées automatiques de la croissance sur les secteurs les plus en mal de
développement et, la troisième, celle de miser surtout sur le secteur marchand tout en
considérant a priori que les citoyens résidents n’ont pas à être partie prenante de ce genre
d’opérations qui ne concernerait que le “monde des affaires”. On risque donc un
développement à deux vitesses.
La seconde approche a certains atouts comme celui de la diversité des acteurs mais, dans
certains cas, ce peut être paralysant, les partenaires s’annulant mutuellement dans leur
tentative de ne faire valoir que leur intérêt spécifique sans prendre suffisamment en compte
l’intérêt commun qui surplombe l’ensemble des acteurs. D’autre part, cette seconde
approche a souvent limité son impact en travaillant trop “par le bas” autour d’initiatives à
petite échelle. Autrement dit, si son échelle d’intervention est trop réduite (quelques
milliers d’habitants par exemple) et si l’organisation qui accompagne le développement est
de trop petite taille, le suivi durable des projets et l’efficacité structurante à une plus grande
échelle vont demeurer limités. Enfin, en troisième lieu, le financement externe étant
souvent peu élevé et peu diversifié, l’obtention de ces financements devient un objectif en
14
soi au détriment d’un effort de développement économique combiné à la réalisation d’une
certaine équité territoriale.
Mais l’apport de cette stratégie dite de développement économique communautaire est
d’être multi-activités et d’épouser une démarche par le bas mais ascendante en se
préoccupant de relais possibles à un niveau plus large :
1) le développement de services de proximité avec une préférence marquée pour
les initiatives d’économie sociale (restauration populaire, groupes d’achat,
traiteurs, logement social communautaire et coopératives d’habitation, cuisines
collectives, services de garde, coopératives d’aide à domicile…);
2) le repérage et le soutien au développement de nouveaux gisements d’emploi
dans des secteurs économiques en montés tels le tourisme, la récupération et le
recyclage des déchets (du vêtement en passant par les appareils ménagers
jusqu’aux ordinateurs), le sport et le loisir, les activités culturelles…
3) le soutien à des activités d’insertion socio-professionnelle (entreprises
d’insertion) et le soutien à des travailleurs autonomes et à la TPE (petit
commerce).
4) La mise en place de nouvelles structures de financement (fonds local de
développement…) pour faciliter le crédit à ces initiatives économiques.
Ce qu’il faut retenir de ce développement économique communautaire, véritable
innovation par rapport au développement économique local traditionnel, c’est la nécessité
d’une analyse multidimensionnelle du développement à savoir la prise en compte de trois
choses : le système local de production c’est-à-dire les entreprises et leur réseautage (ou
leur absence de réseautage), le marché du travail (emplois à maintenir, emplois à créer,
formation de la main d’œuvre…) et le marché du logement (parc de logements sociaux,
soutien à la rénovation urbaine, proximité des services de base…).
2.3. IDENTITÉ
RÉGIONALE ET IDENTITÉS LOCALES
SOCIAUX DANS LE DÉVELOPPEMENT LOCAL
:
L’APPORT DES MOUVEMENTS
À partir de l'école, de la paroisse, du CLSC, de la CDÉC, d’associations diverses et même
du poste de police communautaire, toute une organisation communautaire de quartier est à
l'oeuvre depuis une trentaine d'années (Doucet et Favreau, 1991 et 1997). Diffère-t-elle
aujourd'hui de celle des années 60-70 ? Nous avons connu au Québec une société
industrielle intégrée (celle des “ Trente Glorieuses ”, soit les années 1945-1975). Les
transferts sociaux s'opéraient vers les communautés par l'intermédiaire d'accords
15
institutionnalisés et médiatisés par l'État entre les travailleurs et les entreprises, entre l'État
et les municipalités responsables de leurs quartiers, surtout à partir des années 1960-70. Les
politiques sociales servaient à réintégrer les pauvres et les chômeurs par le travail. Le
travail fournissait un statut, un revenu, une identité et le vote, c’est-à-dire une citoyenneté
valorisée. Dans cette société industrielle, progrès social et progrès économique étaient
étroitement associés.
Mais voilà qu'avec les années 1980, les deux se séparent. L'État-providence ne corrige plus
les anciens dispositifs à la source des inégalités sociales. La pauvreté, non seulement ne
disparaît pas, mais elle change de nature, devient exclusion en évacuant du marché du
travail des groupes (jeunes) et des adultes plus âgés (les travailleurs de 45 ans et plus). Les
politiques de certains gouvernements à l'égard des centres-villes accentuent le processus
conduisant des quartiers entiers à la dérive (expropriations/gentrification). Bref, la
“question sociale” se reterritorialise à nouveau.
Sous la poussée de mouvements sociaux locaux et nationaux, des politiques sociales
nouvelles ont donc commencé à apparaître : 1) d'abord par un effort de décentralisation du
service public de santé et de services sociaux à l'échelle du Québec pour avoir un service
public de proximité, les CLSC dans les années 70 et 80 (Favreau et Hurtubise, 1993) ;
2) ensuite, il y a depuis peu, un service public de l'emploi, les CLE, à la fin des années 90,
pour soutenir les parcours et les initiatives d'insertion de jeunes, de femmes, des immigrants
en difficulté (Favreau, 1999) ; 3) et, un soutien public au développement local débouchant
sur des emplois d'économie locale fondés entre autres, sur des entreprises et des services de
proximité dont les bases sont à la fois économiques et sociales, l'arrivée des CLD (Comeau
et alii, 2001).
Tout cela demeure encore bien fragile et relativement mouvant. Tout cela permet, jusqu'à
maintenant, d'enrayer la dégradation. Mais, cela permet aussi de réintroduire le principe de
la décision politique au niveau local dans le cadre d'une démarche partenariale: une
nouvelle gouvernance locale comme mode de régulation qui n'est plus celle du seul
marché et/ou du seul État central mais qui met à contribution tous les acteurs locaux
(associatif, syndical, municipal...).
Cela n'est évidemment pas sans risque pour les mouvements sociaux locaux car il pourrait
se produire ce qui se produit ailleurs que les leaders soient largement absorbés par les
nouveaux dispositifs où ils ont finalement trouvé à s'employer comme intervenants
professionnels. Mais de façon plus générale comment les mouvements sociaux sont-ils
engagés dans le développement des territoires?
16
L’apport des mouvements sociaux au développement des territoires
La démocratie est tout à la fois affaire de mouvements sociaux et affaire d'institutions. Les
institutions sont des “ biens publics ”, c'est-à-dire des organisations que la société - à
travers de multiples compromis - se donnent, organisations conçues pour produire des biens
pour la société dans son ensemble. Les mouvements sociaux de leur côté, par leurs
pratiques, font émerger des identités collectives et une conscience commune de ce qui doit
être considéré à terme comme étant des “ biens publics ” dans le cadre d'un dialogue
permanent (fait de coopération et de conflit) entre la société civile dont les mouvements
sociaux sont le fer de lance et l'État porteur principal de l'intérêt général.
Le premier mouvement dont il faut parler est celui qui a opéré ses mobilisations dans le
monde du travail. Le syndicalisme au Québec s’est distingué plus rapidement que d’autres
par ses nouvelles orientations stratégiques faites de concertation et de partenariat (Boucher
et Favreau 1994). La mondialisation combinée au nationalisme économique a favorisé de
toute évidence ce partenariat et cette concertation à l'échelle de l'entreprise comme à
l'échelle de toute la société québécoise.
Au cours des années 1980, le mouvement communautaire québécois, de son côté, a
enrichi ses stratégies en combinant revendication de droits sociaux, organisation de services
communautaires et investissement plus direct sur le terrain économique, notamment par
l'approche du développement économique communautaire et de l'économie sociale
(Favreau et Lévesque, 1996). L'État providence a ainsi été remis en cause non seulement en
raison de son fonctionnement bureaucratique et uniformisant, mais également en raison de
son incapacité à alimenter de nouvelles solidarités/identités au moment où le cercle
vertueux de la redistribution (où progrès économique et progrès sociaux vont de pair) est
apparu brisé par l'ouverture des marchés sur le monde. Cette période a aussi été marquée au
Québec par la reconnaissance du mouvement des femmes sur les questions socioéconomiques, notamment celles qui sont reliées à l'emploi et à la lutte contre la pauvreté
(Fréchette, 2000; Fournier et alii, 1998).
Pendant les 20 dernières années, dans une certaine mesure, il s'est effectué un
rapprochement entre mouvements sociaux autour d’enjeux moins centrés directement sur
l’État et davantage sur le développement des territoires, même si des débats importants
persistent sur les conditions à mettre en place. Le tableau suivant illustre ce que les années
1960-2000 représentaient en termes de type d’action collective des mouvements sociaux et
le saut qualitatif opéré au tournant des années 80.
17
Tableau II : Syndicats, organisations communautaires et groupes de femmes au
Québec (1960-2000)
DÉCENNIE
ORGANISATIONS
SYNDICALES
-
Années
1960-1980
Reconnaissance
syndicats:
ORGANISATIONS
COMMUNAUTAIRES
des
revendication de services
publics dans le domaine
de
la
santé,
de
l'éducation…
-
Années
1980-2000
Syndicalisme
d'affrontement
Autogestion et lutte
des classes.
Recherche
partenariats
de
-
Participation
à
l'organisation du travail
et aux instances locales
de développement local
et régional
Fonds
de
développement
de
travailleurs et stratégie
de développement de
PME en région
Démocratie industrielle et
coopération conflictuelle
Défense de droits
sociaux:
revendication de services
collectifs publics au plan
local
(centres
communautaires, habitat
social...)
-
-
-
-
-
Services alternatifs
et autogérés
GROUPES DE
FEMMES
Revendication
de
l'égalité
de
droits
sociaux des femmes:
revendication
de
services
collectifs
financés
par
les
pouvoirs
publics
(garde d'enfants...)
-
Services alternatifs
et autogérés
-
Critique de l'État
-
Recherche
partenariats
-
Engagement dans
l'économie sociale
-
Fonds
communautaires de
développement
local
pour
les
initiatives
d’entrepreneures
Critique de l'État
Recherche
de
partenariats locaux
de
quartier
ou
d’arrondissement
-
Engagement
dans
l'économie sociale
-
Fonds
communautaires de
développement local
Démocratie sociale et
délibérative au plan local
de
Démocratie sociale et
délibérative
Les mouvements sociaux locaux et leur implication dans le développement local et
l’économie sociale
Le secteur associatif québécois (organisations communautaires, groupes de femmes et
associations diverses) est formé de plus de 90 000 associations. À partir des données
publiques, il est possible d'obtenir des informations sur un peu plus de 24 500 de ces
associations (Lévesque et Malo, 1992). Parmi celles-ci, la répartition par champs
d'intervention s'établit comme suit : 56,6 % des associations sont dans trois secteurs du
“ social ” (les liens sociaux et communautaires, les loisirs sociaux et culturels, l'action
sociale). L'autre grand secteur d'intervention est le sport (21,6 %). Toutefois, ces données
ne nous donnent aucune information sur les activités économiques de ces associations. On
18
peut cependant estimer qu'au Québec près de 20 000 associations auraient des activités
économiques1.
Mais, ce sont les organisations communautaires et les groupes de femmes qui servent
généralement de révélateurs parce qu'ils constituent le noyau le plus actif de ce secteur
(Favreau et Lévesque, 1996 ; Boucher, Bélanger et Lévesque, 1994). Ces groupes ont
majoritairement des employés et une activité de production de biens ou de services. C'est
ainsi que dans le seul domaine de la santé et des services sociaux, une étude chiffrait à près
de 2 500 organisations communautaires financées par le gouvernement du Québec. Cellesci disposaient d'une capacité globale de plus de 10 000 employés réguliers, de près de
15 000 occasionnels et de 340 000 bénévoles (Bélanger, 1995). En fait, ces 2 500
organisations s'inscrivent dans un ensemble plus large : elles font partie des 8 000
organisations dûment reconnues par le Secrétariat à l'action communautaire autonome
(SACA) qui œuvrent au Québec dans différents secteurs: éducation populaire, garderies,
groupes d'entraide communautaire de type cuisines collectives par exemple, médias
communautaires, logement social, centres communautaires de loisirs, organismes
communautaires de formation de la main d’œuvre, etc.
Ce “ communautaire ” reconnu par le Secrétariat à l'Action communautaire autonome
(SACA) a reçu, pour 1998-1999, en financement public de Québec, plus de 300 millions de
dollars (30 millions de plus en 98-99 que l'année précédente dont 14 millions $ provenant
des casinos du Québec)2 .
Ces organisations couvrent surtout deux générations. La première, qui apparaît au milieu
des années 1960, s'apparentait davantage au syndicalisme du cadre de vie. Il s'agissait de
regroupements de citoyens qui revendiquaient auprès des pouvoirs publics des équipements
et services collectifs pour répondre aux besoins des communautés locales. La deuxième
génération qui apparaît au milieu des années 1970 réunit des citoyens et des professionnels
qui offrent des services alternatifs locaux à ceux proposés par le service public.
Le Québec compte en outre un important secteur coopératif dont plusieurs de ces
composantes sont sensibles aux questions sociales soulevées par le chômage, la pauvreté et
le déclin des économies locales: des études révèlent que plus de 300 caisses populaires
locales s'investissent dans le développement de leur communauté (Malo et Moreau, 1998 ;
Lebossé, 1998), plus de 1 000 coopératives d'habitation sont inscrites dans l'action
1 Des 71 500 associations enregistrées au Canada comme organismes dits de charité, 85 % ont des employés
(dont les 2/3 ont cinq employés et moins) soit 60 775 (Leduc Browne, 1996). Une autre étude des Réseaux
canadiens de recherche en politiques publiques (RCRPP, 1999) estime à près de 100 000 le nombre
d'organismes (site CRISES, janvier 1999 : Devlin, Rose et Segal). Proportionnellement, le Québec en
compterait ainsi 20 000.
2 L. Harel, ministre de l'Emploi et de la Solidarité, colloque national de la FQCCL, novembre 1998.
19
communautaire de leur quartier (Bouchard, 1998), plus de 180 coopératives de travailleurs,
392 coopératives de consommateurs, 130 coopératives de producteurs agricoles et 60
coopératives diverses de producteurs participent au soutien de leur économie locale et
régionale. Ces coopératives procurent de l'emploi à près de 70 000 personnes (Direction
des coopératives, 1998). Dans une société comme le Québec, qui compte un peu plus de 3
millions de personnes en emploi, l’économie sociale prend ainsi une certaine importance
puisque l'emploi coopératif et l'emploi associatif cumulés comptent pour au moins 120 000
emplois.
Une nouvelle génération d'associations et des coopératives engagées dans la nouvelle
économie sociale et le développement local.
À partir du milieu des années 1980, une autre génération émerge et cette fois-ci va
s’engager plus directement et plus explicitement dans une stratégie de développement local,
le développement économique communautaire. Les organisations communautaires de cette
dernière génération inscrivent plus directement leur action vers le marché du travail
(formation à l'emploi, aide à l'emploi, développement d'entreprises, etc.) et de l'économie
sociale (production de biens et de services dans une perspective d'utilité sociale) en mettant
sur pied des dispositifs territoriaux de développement. Les principaux réseaux de cet ordre
qui se sont formés dans la dernière décennie sont : 1) un réseau d'une cinquantaine de
corporations de développement communautaire (CDC) ; 2) un réseau de corporations de
développement économique communautaire (17 CDÉC) ; 5) plusieurs centaines
d'entreprises communautaires, coopératives ou d'insertion orientées vers différentes
catégories de services à leur communauté (aide domestique, entretien ménager,
restauration, recyclage du papier, rénovation de résidences, etc.).
Les générations associatives nées dans les années 1960 et 1970 ont contribué et contribuent
encore aujourd'hui comme hier à accréditer des services collectifs locaux et des emplois de
proximité. La dernière génération, plus directement investie dans le DÉC et l'économie
sociale, contribue pour sa part, à solvabiliser ce type d'emplois et d'entreprises faiblement
organisés jusqu'à récemment et peu attractifs. Elle contribue également à rendre accessible
la prise de risque dans le démarrage d'entreprises collectives. En ce sens, un saut qualitatif
s'est opéré à travers un engagement social qui trouve son expression dans le militantisme
économique, celui de la construction ou de la reconstruction d'économies locales par le
DÉC3. Avec les organisations syndicales régionales et avec les municipalités, ces
associations (organisations communautaires, groupes de femmes, groupes écologiques,
groupes de jeunes) construisent de nouvelles régulations sociales et prennent la place qui
3
Pour une typologie plus fine des différentes générations d’organisations communautaires, voir Favreau et
Lévesque, 1996 p.25 et 26
20
hier n'était dévolue qu'au service public des gouvernements centraux (ministères). En effet,
des centaines de militants syndicaux sont impliqués dans des structures locales et régionales
de développement local telles les CDÉC, les CLD et les SADC sans compter les sommes
importantes engagées dans le développement local et régional à partir de fonds locaux et
régionaux de développement que leur centrale syndicale a mis sur pied.
En ce sens le DÉC et l’économie sociale constituent un ensemble de pratiques associatives
initiées par différentes organisations (syndicats, organisations communautaires, groupes
écologiques, groupes de femmes, groupes de jeunes, associations culturelles et sportives…)
lesquelles favorisent, à leur manière, le renouvellement du “vivre ensemble” en permettant
à des communautés de transformer leurs problèmes en projets collectifs et forger ainsi de
nouvelles identités.
3. DÉVELOPPEMENT DES TERRITOIRES, NOUVELLE APPROCHE POUR
L’ÉTUDE DU DÉVELOPPEMENT DES RÉGIONS
omme on a pu le voir avec l’exemple du développement économique communautaire
en milieu urbain, le développement des territoires à partir du DÉC introduit de
nouvelles coordonnées jusqu’ici peu étudiées dans l’approche traditionnelle de
développement régional. Par ailleurs, les travaux de recherche en développement régional
issus des régions dites périphériques et des milieux plus ruraux, se renouvellent eux aussi à
partir de l’approche de développement des territoires. En effet, si on examine les débats
plus récents liés au Mouvement Territoire et Développement (MTD, 2002), on voit se
dessiner des lignes de force qui recoupent les nôtres. La “région” est une notion très
connotée (“région” au Québec s’oppose par exemple à “centre”), nous dit Guy Massicotte
(2002), ce qui n’est pas le cas de la notion de “territoire” moins marqué d’un sens précis.
Celui-ci se définit tout à la fois comme un lieu d’ancrage et d’identité (le “vivre
ensemble”), un lieu de développement (mise en valeur des ressources locales) et un lieu
d’exercice de la démocratie de proximité (la citoyenneté active). De telle sorte que les
vieux clivages “périphérie-centre”, “rural-urbain” perdent de leur densité au bénéfice d’un
examen aussi bien d’un quartier de grand centre urbain, d’une enclave de pauvreté dans une
région dite gagnante, d’une région en déclin, ou d’un pays du Sud délaissé par le
développement économique dominant dans un contexte où la mondialisation vient
repositionner autrement ces questions. De plus cette notion a l’avantage d’introduire la
logique transversale par rapport à la logique de ciblage (ou sectorielle).
C
Dans la foulée de cette approche qui renouvelle les sciences régionales, nous comptons
avoir une contribution particulière. Notre région, l’Outaouais, n’est pas une région
“périphérique”. Elle est une région de capitale nationale comme la région de Québec. Elle
21
n’est pas en déclin démocratique, elle a un très haut pourcentage de sa main d’œuvre dans
le tertiaire, elle est majoritairement urbaine, etc. Elle est aussi une région frontalière, une
région du Québec collée sur l’Ontario avec tout ce que cela comporte de dépendances et
d’interdépendances au plan économique, social, culturel et politique.
D’abord produire un portrait d’ensemble de la région de l’Outaouais
Dans l’Outaouais, bon nombre de recherches ont été réalisé par des services
gouvernementaux. Elles les reflètent bien par leur segmentation : ici une recherche sur le
marché local et régional du travail; là, une recherche sur le niveau de pauvreté de tel ou tel
secteur, etc. Généralement, ces études sont de l’ordre des statistiques sociales avec des
analyses plutôt implicites et des descriptions servant surtout à justifier ou conforter telle ou
telle mesure publique immédiate. Il manque pour l’Outaouais un portrait d’ensemble avec
ses différentes dimensions (démographie, économie, aménagement du territoire…) chiffré,
cartographié et comparé avec les autres régions du Québec.
L’étude du développement local et régional en Outaouais, région unique à plusieurs égards
notamment aux plans de sa localisation géographique, de sa population et de son économie,
mérite donc une attention toute particulière. D’autant que l’Outaouais a pris, selon nous, un
nouveau virage et s’est engagé au cours de la dernière décennie vers une plus grande
autonomie régionale par rapport à la capitale nationale canadienne.
Quelle est l’évolution de l’Outaouais ? Quelle est sa situation actuelle et où s’en va-t-elle ?
Quels sont les principaux enjeux et les défis auxquels elle aura à faire face dans un avenir
prochain? Compte tenu du double rôle de l’Université, celui d’être une source majeure de
production de savoirs neufs et d’autre part de répondre aux nouveaux besoins qui se
manifestent dans son milieu, il devenait donc urgent pour l’UQO de se doter d’un véritable
programme de recherche en la matière. D’autant plus que le développement régional est
devenu, sous notre poussée, une priorité de formation et de recherche à l’université4.
Plusieurs innovations récentes le prouvent bien. Des nouveaux programmes sont nés :
nouvelle maîtrise en développement régional et nouveau baccalauréat en sciences sociales
avec ouverture d’une mineure en développement local et régional5. L’université compte
également aujourd’hui une nouvelle équipe professorale multidisciplinaire composée de
sociologues, de politologues, d’historiens et de géographes. De plus l’université adoptait à
l’automne 2002 un nouveau nom qui démontre bien toute l’importance de la dimension
régionale6.
4
Voir annexe II pour les principaux axes de recherche de la Chaire de recherche en développement des
collectivités (CRDC).
5
Pour plus d’information, consultez l’annexe III et le site de l’UQO : http://www.uqo.ca
6
L’Université du Québec à Hull (UQAH) est devenue l’Université du Québec en Outaouais.
22
Pour ce qui est du portrait d’ensemble de l’Outaouais, nous voulons donner la possibilité,
aux étudiants tout comme aux professeurs, aux organismes du milieu ou au public en
général, d’acquérir des connaissances nouvelles sur la région 7. Ensuite, en réalisant le
portrait général de la région selon les différentes dimensions (économique, social…), nous
voulons répertorier l’ensemble des informations démographiques, économiques, politiques,
sociales et culturelles disponibles. Nous espérons également qu’à la lecture de ces études,
des questionnements, des hypothèses ou des solutions se manifesteront à l’esprit de la
communauté et des chercheurs (étudiants ou professeurs) qui orienteront, par la suite, leur
projet de recherche vers une problématique liée étroitement à la dynamique régionale qui
est la nôtre. En somme, les différents portraits sont un tremplin pour créer d’autres projets
et innover en matière de développement local et régional.
Ceci dit, à l’heure actuelle, la série comptera six portraits qui étudient la région de
l’Outaouais selon les thématiques suivantes8 :


Portrait démographique
Portrait économique


Portrait social
Portrait culturel


Portrait du territoire
Portrait de l’économie sociale
Mais le développement d’une région a aussi une structure et une dynamique. L’Outaouais a
ceci de particulier qu’elle réalise son développement sous une double impulsion : d’une
part, la poussée d’un mouvement d’affirmation régionale dans le cadre d’une
“décentralisation tranquille ” du service public québécois, impulsion accompagnée de la
création de nouvelles instances partenariales à quatre acteurs sociaux soit l’État et ses
services publics, les syndicats, le secteur privé et le communautaire et, d’autre part, la force
d’attraction d’une capitale nationale canadienne mieux équipée en ressources de toute sorte
notamment en parcs technologiques, en emplois publics mieux rémunérés (ceux de la
fonction publique fédérale), en services de santé de deuxième ligne, en distribution de
produits de haute qualité… Tout indispensables que soient ces portraits, nos recherches
n’en resteront donc pas là. Nous voulons examiner la structure et la dynamique du
développement des territoires couverts par la région 07, ainsi nommé par les services
publics québécois.
Parce qu’il manque de repères analytiques permettant d’aborder des questions de société
qui sont centrales : place des régions dans le modèle québécois de développement
(politiques de décentralisation…) ; nouvelles formes de gouvernance territoriale; place de
l’économie sociale et des associations dans le modèle régional de développement (à côté du
À noter néanmoins que les programmes en développement régional n’ont pas pour objet d’étude la région de
l’Outaouais à proprement parler mais portent plutôt sur le développement des régions que ce soit ici dans
l’Outaouais, ailleurs au Québec ou ailleurs dans le monde, dans les pays du Nord ou dans les pays du Sud.
8
Certains portraits sont déjà publiés, notamment le portrait démographique et le portrait de l’économie
sociale. D’autres sont en chantier et seront publiés prochainement.
7
23
marché et des services publics); liens régions et mondialisation (comment une région
comme la nôtre affronte-t-elle la mondialisation?); rapports entre les territoires sous gestion
des MRC et territoires sous gestion d’une grande ville comme Gatineau qui regroupe à elle
seule les deux tiers de la population de la région; pratiques de démocratie locale en milieu
urbain de grand centre (200 000 habitants); formes que prend l’interdépendance d’une
région québécoise avec une capitale nationale canadienne, etc… D’où l’esquisse suivante :
PORTRAIT
STRUCTURE
DYNAMIQUE
RÉGION FRONTALIÈRE DU
QUÉBEC
DÉPENDANCE RÉGIONALE
IDENTITÉ RÉGIONALE :
a) Évolution démographique
b) Indicateurs sociaux: groupes
sociaux (familles nucléaires et
monoparentales,
jeunes,
femmes, immigrants…)
c) Indicateurs socioéconomiques:
- Taux de chômage et
d'activité;
- Type de main-d'œuvre;
- Type d'emplois disponibles
- Type d’entreprises
d) indicateurs culturels : médias,
musées, théâtres et cinémas…
a) Structuration de l’économie Processus
d’autonomisation
régionale et de ses entreprises progressive
(dépendance économique)
a) des services publics de santé
et des services sociaux
b) dépendance
sociale
et
(rapatriement
des
culturelle :
présence
et
clientèles…).
influence de la Commission b) de l'Éducation supérieure à
de la Capitale Nationale
l'UQO par le développement
(CCN) dans l'Outaouais; U.
de nouveaux programmes,…
d’Ottawa…
c) Commerce (depuis 10 ans):
accroissement du nombre et
MAIS
de la qualité des commerces
c) Structure des services publics
de grandes surfaces
québécois: Santé et services d) Démarche
régionale
de
sociaux,
emploi,
développement renforcée:
développement régional
- Renforcement du CRDO
- CRDO et CLD
- Mise en place des CLD
- RRSSSO
- Mise sur pied des CLE
- CLSC… CLE
- Renforcement de la SDÉO
e) Présence des mouvements
Base d’appui : les trois dernières
sociaux (syndicats, femmes,
grandes réformes de Québec:
groupes
écologiques
et
Côté (SSS, 1991), Harel (Emploi,
groupes communautaires) se
1997), Chevrette (Développement
définissant surtout par rapport
régional,1998).
à la dynamique québécoise
d) Structure infra-régionale: les
MRC
e) La nouvelle ville de Gatineau
Ce manque de repères analytiques nous a conduit dans un premier temps à tenir un premier
grand colloque en 2001 sur l’avenir des régions au Québec pour avoir en quelque sorte l’air
du temps en ouvrant le débat sur toutes ces questions. Ce colloque a donné lieu à la
production d’un ouvrage substantiel (Favreau, Robitaille et Tremblay, 2002). Partant de là
nous sommes présentement conduits à mener dans le champ du développement
24
socioéconomique les recherches suivantes: l’histoire du développement de la région à
partir de pionniers (Filion, 2002-2003), l’examen des espaces délaissés par le
développement économique dominant (Gagnon, 2002-2003), la décentralisation régionale
au Québec et les nouvelles formes qu’elle peut prendre (Robitaille et Chiasson, 2003), les
CLD dans l’Outaouais (Favreau et Lévesque 2001-2003), les nouvelles professions du
développement local et régional (Robitaille et Chiasson), la gouvernance municipale
aujourd’hui (Chiasson, 2002-2003). Et, en collaboration avec le CÉRIS, dans le champ du
développement social les recherches suivantes: les nouveaux services de proximité pour
les jeunes et les familles (Fréchette et Assogba, 2001-2003; Boucher 2001-2003), les
pratiques innovatrices de développement communautaire (Fréchette et Favreau, 20012003). Sans compter les comparaisons internationales Nord-Nord (avec l’Europe) et NordSud (avec l’Afrique et l’Amérique latine) que nous ouvrons (Fall et Favreau, 2002) ou
l’étude de la place du développement local et de l’économie sociale dans certaines
institutions internationales comme le Bureau international du travail (Favreau et Tremblay,
2003-2004), l’UNESCO (Favreau, 2003) ou le PNUD (Tremblay et Favreau, 2003-2004).
25
REPÈRES BIBLIOGRAPHIQUES
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VELTZ, P. (1996 et 2000), Mondialisation, villes et territoires. L’économie d’archipel.
PUF, Paris.
29
ANNEXE I
SITES DE RECHERCHE POUR SUIVRE L’ÉVOLUTION DE L’ÉCONOMIE SOCIALE
ET DU DÉVELOPPEMENT LOCAL AU QUÉBEC
http://www.uqo.ca/crdc-geris/
Site de la Chaire de recherche en développement des collectivités et du Centre d'études et de
recherches en intervention sociale (CÉRIS) de l'Université du Québec en Outaouais (UQO).
Regroupement d'une quinzaine de chercheurs de l'UQO dans différentes disciplines, dont les
sciences sociales, le travail social et les relations industrielles. Des professeurs d'autres universités
(au Québec, en Europe, en Afrique et en Amérique latine) y sont associés.
http://www.uqo.ca/ries2001
Site d’information sur l’économie sociale et solidaire et le développement local à l’échelle
internationale, tant dans les pays du Sud que du Nord. Coproduit par la CRDC de l’UQO et le
GESQ (Groupe d’économie solidaire du Québec), ce site est né à l’occasion de la 2 e rencontre
internationale d’économie sociale et solidaire tenue à Québec en octobre 2001. Cette rencontre avait
réuni plus de 400 personnes en provenance de 37 pays dont 25 pays du Sud.
http://www.uqo.ca/observer
Site d’un observatoire en économie sociale et en développement régional. Il est interactif avec tous
ceux et celles qui dans la région sont engagés de près ou de loin dans des projets d’économie
sociale, de développement local et de développement régional.
http://www.unites.uqam.ca/crises
Site du Centre universitaire de recherche sur les innovations sociales dans l’économie sociale, les
entreprises et les syndicats (CRISES), foyer de recherches et d'analyses en économie sociale depuis
près de 10 ans. Regroupe une vingtaine de chercheurs et une centaine d'étudiants de 2e et 3e cycle
de sept universités du Québec. Trois grands volets : 1) innovations dans le domaine du travail ; 2)
économie sociale et conditions de vie ; 3) innovations et territoires. La CRDC est affiliée au
CRISES.
http://www.aruc-es.uqam.ca/
Site de l’Alliance de recherche universités-communautés en économie sociale. Cette alliance est
une infrastructure de partenariat pour la recherche, la formation, la diffusion et l’échange de
connaissances en économie sociale. Elle est constituée de membres provenant tant du milieu
universitaire que de différents milieux d’intervention. Ses activités portent sur les pratiques issues
de la nouvelle économie sociale, celle qui connaît un essor important depuis les années 80 au
Québec et ailleurs dans le monde.
30
ANNEXE II
LA CHAIRE DE RECHERCHE DU CANADA EN DÉVELOPPEMENT DES COLLECTIVITÉS
(CRDC) DE L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC EN OUTAOUAIS
ORIGINE, OBJECTIFS ET ACTIVITÉS
La Chaire de recherche en développement des collectivités (CRDC) a démarré ses activités en 1995.
Elle a été reconnue comme Chaire de recherche du Canada en 2002. Son titulaire est le professeur
Louis Favreau, sociologue. Elle a comme finalité de contribuer à l'avancement de la théorie et des
pratiques de développement des collectivités (développement local et régional, organisation
communautaire, nouvelle économie sociale et politiques publiques) à partir d'un ensemble
d'activités:
–
–
–
–
de recherche;
de formation et de conception de matériel pédagogique;
de diffusion des connaissances;
de services à la communauté.
SON ÉQUIPE DE CHERCHEURS
La CRDC est composée d'une équipe multidisciplinaire (sociologie, science politique, géographie,
histoire, travail social, relations industrielles…) comptant une dizaine de chercheurs de l'UQO.
Louis Favreau assure la direction de cette équipe. Outre les chercheurs de l'UQO, on compte
également des chercheurs d'autres universités du Québec et d'ailleurs dans le monde (Europe,
Afrique et Amérique latine). De plus, annuellement, une dizaine d'étudiants de deuxième et
troisième cycle y sont associés comme professionnels ou assistants de recherche.
LA SPÉCIFICITÉ DE LA CHAIRE DE RECHERCHE
Les travaux de recherche de la Chaire se font à l'échelle du Québec, du Canada et des Amériques de
même qu'à l'échelle internationale dans une perspective Nord-Sud. Ils portent sur la place qu'occupe
le territoire et les collectivités locales dans le développement économique et social, particulièrement
sur le registre des pratiques innovantes de création de richesses (en économie sociale, en
organisation communautaire, en développement local et en développement régional) et sur celui des
nouvelles politiques publiques de développement.
31
LA CRDC ORGANISE SON PROGRAMME DE TRAVAIL AUTOUR DES QUATRE CHANTIERS SUIVANTS :
1. Le développement local et régional: les systèmes locaux de production, les gouvernances
territoriales, les économies locales, l'apport des TPE, la diversification socio-économique
régionale…etc.;
2. L'organisation communautaire: les associations de défense de droits au sein des collectivités
locales, la capacité des services collectifs de proximité à satisfaire de nouveaux besoins, les
difficultés et les conditions d'une participation citoyenne locale…;
3. La nouvelle économie sociale: les entreprises et services de cette économie sociale dans des
secteurs comme la petite enfance, la récupération et du recyclage, la gestion intégrée des forêts,
l'écotourisme…; les conditions d'émergence de ces initiatives; la dynamique au sein de ces
entreprises sociales; les conditions de leur développement et de leur expansion…;
4. Les politiques publiques: en matière de développement local et régional, d'économie sociale,
d'action communautaire…
COORDONNÉES DE LA CRDC
Louis Favreau
Titulaire de la CRDC
Tél. : (819) 595-3900 poste 2233
Courriel : [email protected]
Joanie Rollin
Adjointe à la coordination et professionnelle de recherche (études urbaines)
Tél. : (819) 595-3900 poste 2307
Courriel : [email protected]
Chantale Doucet
Professionnelle de recherche (études régionales)
Tél. : (819) 595-3900 poste: 2296
Courriel :[email protected]
32
ANNEXE III
MAÎTRISE EN DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL
À L’UQO
UNE FORMATION À LA HAUTEUR DES DÉFIS DU DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL
Cette maîtrise, offerte en collaboration avec l’Université du Québec à Rimouski, est un programme
interdisciplinaire en développement régional mettant à contribution plusieurs domaines des sciences
sociales et humaines. Cette formation couvre les dimensions économiques, politiques, sociales, de
même que culturelles, historiques et géographiques liées au développement des régions et cela tant
dans les pays industrialisés que ceux en développement. Cependant, une attention est accordée aux
réalités du développement de la région de l’Outaouais (ex. : les liens entre l’urbain et le rural et le
développement d’une région en situation frontalière).
Ce programme vise donc à habiliter, les étudiantes et étudiants, à l'analyse scientifique des diverses
dimensions du développement régional et à dispenser les connaissances théoriques et pratiques
nécessaires à la compréhension des problèmes liés à ce champ disciplinaire. La formation de
chercheur-intervenant en développement régional ainsi que des analystes capables de soutenir des
processus de changement et de développement est une préoccupation centrale de ce programme.
UNE APPROCHE QUI CONTRIBUE À L’ESSOR D’UNE RÉGION
Les étudiantes et étudiants peuvent choisir entre deux cheminements conduisant à la rédaction d'un
mémoire. Le premier fait appel aux techniques classiques de recherche en sciences humaines, tandis
que le deuxième permet de réaliser une recherche-action dans le cadre d'un stage. D’ailleurs, les
cours du programme sont donnés selon une formule semi-intensive s’échelonnant du mercredi soir
au samedi, une fois par mois. Cette formule permet aux personnes en emploi de poursuivre des
études tout en demeurant actives professionnellement.
UN BESOIN DE MAIN-D’ŒUVRE IMPORTANT
Depuis quelques années les gouvernements sont beaucoup plus sensibles aux questions touchant le
développement régional et plusieurs politiques, tant fédérales que provinciales, ont favorisé le
déploiement d’organisations vouées à cette mission (Conseils régionaux de développement, Centres
locaux de développement, Services d’aide au développement des collectivités, Corporations de
développement économique communautaire, Centres locaux d’emploi, etc.). Ces organisations ont
donc besoin de personnes qualifiées pouvant contribuer au développement des régions et des
collectivités locales.
Coordonnées du responsable
Martin Robitaille, Ph.D. en Sociologie,
Département de travail social et des sciences sociales
Tél. : (819) 595-3900 2232
courriel: [email protected]
33
BACCALAURÉAT EN SCIENCES SOCIALES À L’UQO
(AVEC MAJEURE ET MINEURE)
UNE FORMATION SOUPLE QUI RÉPOND AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL
La formation offerte à l'étudiant, dans le cadre de ce nouveau programme, lui permet d'acquérir des
connaissances à caractère théorique et méthodologique dans la discipline de son choix tout en
diversifiant le champ de ses compétences spécifiques par l’ajout d’une mineure. À travers les choix
qu'il effectue, tant sur le plan de la majeure que de la mineure, il peut ajuster l'acquisition de ces
connaissances et de ces compétences à ses propres besoins et projets, sans pour autant restreindre de
manière étroite la gamme des possibilités que lui offriront le marché de l'emploi et les programmes
de formation de cycles supérieurs.

Majeures
 sociologie
science politique
Mineures

sociologie (si la majeure est en

développement local et régional


développement international

science politique)
science politique (si la majeure est en
sociologie)
histoire


communication publique

technologies de l'information et des
communications
politiques publiques du travail
Cette formation lui offre également la possibilité de suivre des cours d'enrichissement dans une
langue seconde (l'anglais ou l'espagnol) ainsi que l'opportunité d'effectuer un stage en milieu de
travail (crédité mais non rémunéré). En plus des connaissances théoriques et méthodologiques,
l'étudiant qui complète ce programme acquiert des compétences qui l'aident à comprendre, analyser
et agir efficacement dans divers contextes professionnels et à divers niveaux d'activités
(institutionnel, communautaire, public, privé, local, international, etc.).
UN BESOIN DE MAIN-D’ŒUVRE QUALIFIÉE
Un diplômé du baccalauréat en sciences sociales avec majeure en science politique ou majeure en
sociologie peut oeuvrer dans divers champs d'activités professionnelles au sein des institutions
gouvernementales et dans les secteurs parapublic, privé ou communautaire. Dans la région de
l'Outaouais, selon des études récemment effectuées par Emploi-Québec, les perspectives d'emploi
pour les professionnels des sciences sociales sont considérées comme très favorables.
Coordonnées du responsable
Daniel Tremblay
Programme des sciences sociales et
communication
34
Tél. : 595-3900, poste 2503
ou sans frais au 1 800 567-1283, poste 2503
[email protected]
Nouveaux cahiers
de la Chaire de recherche du Canada en développement des collectivités
Université du Québec en Outaouais (UQO)
2001-2002
SÉRIE RECHERCHES
R.28
Fall, Abdou, Favreau, Louis (2002), Création de richesses en contexte de
précarité : une comparaison Sud-Sud (Afrique et Amérique latine) et Nord-Sud
(Canada, Afrique et Amérique latine)
R.27
Gagnon, Serge (2002), Développement touristique et organisation des territoires : un
bilan des études classiques, 29 p., 3,25 $.
R.26
Salam Fall, Abdou et Guèye, Cheikh (2002), Derem ak ngerem Le franc, la grâce
et la reconnaissance, Les ressorts d’une économie sociale et solidaire en Afrique
de l’Ouest, 26 p., 3,25$
R.25
Assogba, Yao (2002), Et si les Africains de la diaspora étaient des acteurs du
développement de l’Afrique, 17 p., 3,00 $
R.24
Robitaille, Martin (2002), L'apport de l'éducation et la formation de la maind'œuvre au développement régional, ou comment devenir une région
d'apprentissage? 18 p., $ 3,00.
R. 23
Favreau, Louis (2002), Configuration et défis de l'économie sociale québécoise
dans la solidarité internationale, 31 p., 3,50$
R.22
Boucher L., Jacques (2001), Changements sociaux, mouvements sociaux et
modèle de développement, 39 p., 5,00 $
R.21
Favreau, Louis et Daniel Tremblay (2001), Conjoncture internationale, société
civile, économie sociale et solidaire dans une perspective Nord-Sud, 37 p., 5,00 $
SÉRIE Pratiques économiques et sociales
35
PES.21 Favreau, Louis et Lucie Fréchette (2002), Développement local et économie
solidaire en Amérique latine : des expériences innovatrices, 26 p., 3,25 $
PES.20 Boucher, Jacques L. et A. Inkel (2001), Santé mentale, hébergement
communautaire et logement social : les cas Maison Réalité et Habitations Nouveau
Départ, 27 p., 4,00 $
PES.19 Boucher, Jacques L. et A. Inkel (2001), Mouvement communautaire et logement
social : les cas de Logemen’occupe et de Mon Chez Nous, 29 p., 4,00 $
SÉRIE Conférences
C.6
Favreau, Louis (2002), La lutte contre la pauvreté aujourd’hui : quelle(s)
stratégie(s)?, 47 p., 3,50 $
C.5
Lachapelle, René (2001), Compte rendu du Colloque : "Économie sociale,
coopération internationale et développement: enjeux et perspectives", tenue à
l'Université du Québec à Hull en novembre 2000, 27 p., 3,50 $
C.4
Lachapelle, René (2001), CLSC et développement des communautés aujourd’hui,
24 p., 4,00 $
SÉRIE Mémoires de maîtrise en travail social
MM.2
Inkel, André (2001), L'insertion sociale des personnes marginalisées et proches de
la grande pauvreté : analyse d'une intervention auprès des sans-abri dans
l'Outaouais, 156 p., 10,00 $
MM.3
Guindon, Geneviève (2001), L’éducation à la citoyenneté pour contrer l’exclusion.
L’expérience et la vision du milieu communautaire, 118 p., 10,00 $
SÉRIE Rapports de recherche
RR.1
Favreau, L., Fréchette, L., Boulianne, M. et S. Van Kemenade (2002),
Développement local et économie populaire en Amérique Latine : l'expérience de
Villa el Salvador, 140 p., 7,00 $
36
RR.2
Favreau, Louis (2002), L’économie sociale au Nord et au Sud : Pistes de réflexion
pour une politique de recherche en développement des collectivités, 98 p., 5,75 $
RR.3
Salam Fall, Abdou (2002), Enjeux et défis de la migration internationale de travail
ouest-africaine, 52 p. 4,00 $
R.R.4
Favreau, Louis (2002), Pauvreté urbaine dans l’Outaouais métropolitain :Relancer
l’emploi et l’économie des quartiers en difficulté de Buckingham, Gatineau et de
Hull par le développement économique communautaire, 113 p., 6,00 $.
SÉRIE Développement régional
DÉV.2 Doucet, Chantale sous la direction de Favreau, Louis et Martin Robitaille (2002),
Portrait démographique de l’Outaouais et de ses sous-régions, 49 p. 4,00 $.
SECCION en español
ES.3
Favreau, L., Fréchette, L., Boulianne, M. et van Kemenade S. (2001), Desarrollo
local, economía popular y economia solidaria en América Latina : un itinerario de
30 años en Villa el Salvador, Perú, 21 p. $ 3,00 Can.
ES. 2
Van Kemenade, S. et L. Favreau (2001). Nueva Economia Social y Empleo en
Quebec : hacia una democratización de las relaciones laborales. 24 p., $ 5,00 Can.
ES. 1
Bouchard, Marie J. (2001). La Gestión de las Organizaciones Sociales para el
Desarrollo : Características y Desafíos, 30 p. $ 5,00 Can
Pour vous procurer les publications de la CRDC :
Chaire de recherche du Canada en développement des collectivités (CRDC)
Université du Québec en Outaouais
C.P. 1250, succursale B
Hull, Québec
J8X 3X7
Tél: (819) 595-3900, poste 2291
Téléc: (819) 595-2227 ou 2384
Courriel : [email protected]
Sites Internet :
http://www.uqo.ca/crdc-geris/
http://www.uqo.ca/ries2001/
37
http://www.uqo.ca/observer/
Revue Économie et Solidarités
Économie et Solidarités est la revue du Centre interdisciplinaire de recherche et
d'information sur les entreprises collectives (CIRIEC Canada). Son contenu porte sur les
caractéristiques de l'économie sociale, sur son rôle comme agent de développement socioéconomique, sur sa gestion, sur les secteurs d'activités où elle est engagée et sur l'analyse
comparative internationale de son émergence et de son développement. Revue scientifique
destinée aux chercheurs (professeurs et étudiants), son mandat est de s'intéresser aux
organisations de l'économie sociale (coopératives et associations) et au développement
local et régional. Revue destinée aux praticiens, son but est de promouvoir le
développement de ces organisations et entreprises dans les situations qui apparaissent les
plus appropriées.
Instrument de diffusion des connaissances dans le domaine, cette revue scientifique est le
seul périodique nord-américain voué principalement à l'économie sociale et au
développement des collectivités. Sa publication est rendue possible grâce à l'engagement
social de l'ensemble des collaborateurs, aux revenus d'abonnements et de ventes au
numéro et aux subventions de nos généreux donateurs.
À tous ceux et celles qui sont intéressés à poursuivre leur réflexion et à obtenir de plus
amples informations sur l'évolution de l'économie sociale et du développement local au
Québec et dans le monde, nous vous suggérons de consulter ou de vous abonner à la revue
Économie et Solidarités. Cette revue fondée en 1968 est aujourd'hui abritée par la Chaire
de recherche en développement communautaire de l'UQAH.
Co-rédacteurs de la revue : Jacques L. Boucher, Guy Chiasson et Daniel Tremblay.
Secrétaire de rédaction : Célinie Rusell
Pour renseignements:
Économie et Solidarités
a/s Célinie Rusell
Chaire de recherche en développement communautaire
Université du Québec à Hull
C.P. 1250, succursale B
Hull, Québec
J8X 3X7
Téléphone: (819) 595-3900, poste 2383
Télécopieur: (819) 595-2227 ou 595-2384
Courriel: [email protected]
Site Internet du CIRIEC Canada:
http://www.unites.uqam.ca/ciriec/
NOUVELLE PUBLICATION
QUEL AVENIR POUR LES RÉGIONS?
SOUS LA DIRECTION DE
LOUIS FAVREAU, MARTIN ROBITAILLE
ET DANIEL TREMBLAY
Face à la crise de l'emploi et celle des services publics, face à la montée de la
mondialisation néo-libérale, les régions voient leur rôle redéfini. Mondialisation et montée
du local/régional sont les deux faces d’un même phénomène. Mais quel avenir y a-t-il pour
les régions et les collectivités locales dans ce nouveau paysage économique et social
mondial?
Une myriade d’auteurs, issus autant du milieu académique que du terrain, ont collaboré à
cet ouvrage en posant un regard critique sur les pratiques et les politiques de
développement régional au Québec. La science régionale étant multidisciplinaire, les sujets
explorés sous cet angle sont nombreux et lancent un important débat sur le développement
local et régional. Mais ce livre ne porte pas qu’un regard critique sur les changements qui
ont eu lieu au cours des dernières années dans les régions mais identifie des défis et de
futures pistes. Il s’engage vers l’avenir.
ONT COLLABORÉ À CET OUVRAGE :
Guy Bellemare
Christian Fortin
Lucie Fréchette
Jacques L. Boucher
Serge Gagnon
Guy Chiasson
Michèle Glémaud
Ginette D’Auray
Pierre Gravelle
Chantale Doucet
Patrick Duguay
François Grenier
Jacques Beaudet
Hugues Dupuy
Louis Favreau
Serge Forget
Clément Guimond
Bruno Jean
Martin Lacasse
René Lachapelle
Robert Laliberté
Gérald Larose
Yvon Leclerc
Benoît Lévesque
Andrée Mathieu
Geneviève Moffet
Nancy Neantam
Marc-Urbain Proulx
Marie-Ève Proulx
Martin Robitaille
Daniel Tremblay
Pour commander cette publication :
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queen
s edéveloppement
t politiqudesescollectivités
sociale(CRDC),
s et économiques
du Québec en Outaouais,
Tél. : (819) 595-3900 poste 2291, courriel : [email protected], télécopieur : (819) 595-2227
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Nouvelles parutions
aux Presses de l'Université du Québec
2000-2001
Mondialisation, économie sociale, développement local et solidarité internationale par
Louis Favreau et Lucie Fréchette (2002), 286 pages.
Développement local, économie sociale et démocratie sous la direction de Marielle
Tremblay, Pierre-André Tremblay et Suzanne Tremblay avec la collaboration de
Martin Truchon (2002), 356 pages.
Emploi, économie sociale et développement local : les nouvelles filières. Un ouvrage
collectif par Yvan Comeau, Louis Favreau, BenoÎt Lévesque et Marguerite Mendell
avec la participation de Richard Benoît, Denis Martel, Renaud Paquet, Carol Saucier.
Préface de Nancy Neamtan (2001), 336 pages, ISBN 2-7605-1096-4, D-1096.
Entraide et services de proximité. L'expérience des cuisines collectives par Lucie
Fréchette (2000), 214 pages, ISBN 2-7605-1078-6, D-1078.
Insertion des jeunes, organisation communautaire et société. L'expérience fondatrice des
Carrefours jeunesse-emploi au Québec par Yao Assogba (2000), 168 pages, ISBN 2-76051092-1, D-1092
Le modèle québécois de développement. De l'émergence au renouvellement par Gilles L.
Bourque (2000), 276 pages, ISBN 2-7605-1042-5, D-1042.
La Collection Pratiques et politiques sociales et économiques des Presses de l’Université
du Québec est dirigée par Louis Favreau (CRDC-UQO), Benoît Lévesque (CRISESUQAM)
et
Yves
Vaillancourt
(LAREPPS-UQAM).
Adresse
URL :
http://www.puq.uquebec.ca/puq/collection_f/7.4.2_f.html
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