Créé par Muriel Langbour
Sons et perceptions
Voix off
« Dès notre naissance, les sons et les bruits nous stimulent et c’est le variété qui nous fait découvrir le
monde. Il n’y a pas de différence physique entre un bruit et un son. C’est toujours une vibration de l’air. Mais,
un bruit, c’est un son qui peut devenir désagréable et parfois même dangereux. Layla sait aujourd’hui ce
qu’est un son dangereux. »
Layla Jebabli
« J’ai une hypersensibilité sensorielle. C’est à dire que je perçois les bruits beaucoup trop forts. Le 14 juillet
dernier, je suis sortie avec des amis pour faire la fête et on a été au bal des pompiers et sans le faire exprès,
quelqu’un m’a lancé un pétard juste au niveau des oreilles. Sur le coup, j’ai ressenti un choc très violent et
depuis, j’ai mal aux oreilles. Avant, je faisais énormément de chant mais je ne lisais pas la musique. Et en
fait, je suivais à l’oreille. J’ai complètement perdu sensation auditive que j’avais avant dans le sens où je
chantais sans connaître les partitions et maintenant, ça n’est plus possible pour moi de suivre puisque pour
moi, c’est un mélange, c’est un brouhaha. »
Voix off
« Maintenant, Layla doit porter des protections auditives. »
Layla Jebabli
« Le choc sonore a complètement changé ma vie. Je ne peux plus supporter pas mal de bruits. Donc, je suis
obligée de faire constamment attention et c’est un peu difficile à vivre. »
Voix off
« Mais, finalement, comment ça marche l’oreille ? Là, nous sommes dans le conduit auditif et le son arrive
jusqu’à une membrane de peau, c’est le tympan. De l’autre côté, on entre dans l’oreille moyenne et on arrive
sur la chaine des osselets avec le marteau, l’enclume et l’étrier. Ces trois petits os augmentent l’efficacité de
la transmission sonore vers l’oreille interne. Ici, c’est un son grave qui provoque une vibration lente et ample
de la chaine des osselets. Et là, un son aigu qui provoque une vibration rapide et courte. Mais quand le son
est très fort à partir de 85 décibels, le tympan vibre alors beaucoup et le muscle de l’étrier, ici en rouge, va
se contracter par réflexe pour amortir la transmission du son. Mais, il y a une limite à l’action de ce muscle.
Et lorsqu’il y a une intensité sonore trop brusque, comme dans le cas le Layla, le muscle de l’étrier ne peut
plus jouer son rôle et l’oreille est alors lésée. Et qu’est-ce que l’on ressent à ce moment là ? »
Dr J-François Buche, médecin ORL
« Lorsqu’il y a une exposition à un bruit trop fort, il y a d’abord une souffrance de l’oreille. Cette souffrance
se manifeste par, ce qu’on appelle les acouphènes, qui peuvent être des sifflements, mais aussi par des
surdités qui ne sont que transitoires et qui doivent normalement régresser. Mais, quand l’exposition est ou
trop élevée ou prolongée, en fait, cela évolue vers une surdité qui, elle, est tout à fait irréversible. »
Voix off
« Michel, lui, n’a pas été exposé à un bruit violent et instantané, mais son oreille interne a aussi des
problèmes. »
Michel
« J’ai eu conscience de problèmes auditifs autour de la trentaine que je ne reliais pas spécialement au fait
de jouer de la musique. Depuis l’âge de 13ans, je pratiquais la musique, qu’on appelle maintenant la
musique amplifiée, à l’époque on appelait ça du rock. Et on répétait dans des caves, dans des lieux qui
n’étaient pas du tout adaptés à la musique amplifiée. Mais, ça, on ne l’a su que beaucoup plus tard. On
jouait fort d’abord parce qu’on était jeune, immortel, indestructible. Et puis, les grands le faisaient, tous les
groupes qu’on admirait à l’époque montaient sur scène avec des sonos énormes, des amplis énormes.
Donc, en fait, on cherchait à leur ressembler et à faire la même chose. Mais, à aucun moment on n’a été
inquiété et les seuls moments où on avait des symptômes de surdités temporaires ou des acouphènes, des
bourdonnements, des sifflements, c’était limite une marque de reconnaissance et en tout cas une preuve
qu’on avait passé une soirée bien remplie. En société, par exemple, quand il y a plusieurs discussions,
plusieurs fonds sonores, j’ai du mal à bien capter ce qu’on me dit, je suis obligée de focaliser sur un seul
interlocuteur. Je ne peux pas mener une conversation avec deux personnes en même temps. En voiture, le
fond sonore que procure le moteur ou le bruit extérieur ne me permet pas d’avoir une conversation normale