« Toute culture scientifique doit commencer par une catharsis
intellectuelle et affective » par une
libération des intuitions premières, des préjugés empiriques, des erreurs (ibid. p. 21). Au niveau des
sciences humaines, la prégnance du langage (qui est le même que celui de l’opinion), et même un
langage élaboré, rend plus difficile cette rupture. C’est peut-être la malédiction des sciences de
l’homme d’avoir affaire à un objet qui parle et comment organiser la rupture en ayant comme arme le
langage que parle l’opinion (BCP).
1.3.2. Deuxième temps : Construction du modèle d’analyse
Cf. Quivy R. Van Campenhoudt L. Manuel en sciences sociales. Paris. Dunod. 1995. P. 107
Comment s’opère ce basculement de la rupture à la construction ? La construction du modèle
d’analyse est un processus avec des boucles de rétroaction qui va de la rupture par rapport aux
obstacles épistémologiques à la construction de la connaissance.
La construction est quelque chose qui avance et qui doit se finaliser et se formaliser dans la
problématique qui a transformé la question initiale de la recherche en la lestant de théorie. La
problématique, c’est le point où, étant lesté de théorie, on interroge un objet avec un point de vue
organisé à partir d’une ou plusieurs perspectives théoriques ; c’est plus un cheminement qu’un
ensemble de questions. L’ensemble de questions, c’est l’aboutissement de la démarche problématique ;
laquelle démarche problématique est en relation avec la rupture d’une part et la construction d’autre
part.
L’auteur de la recherche en sachant formuler sa problématique connaît l’objet et la portée de sa
recherche.
La problématique commande le protocole, la procédure d’expérimentation puisque dans cette
épistémologie classique il est montré que c’est le sujet rationnel qui force l’objet (en science physique,
la nature) à répondre à ses questions. Et s’il en est ainsi, c’est la problématique qui commande les
hypothèses, puis les outils méthodologiques qui vont être mis en œuvre. L’initiative revient au
chercheur, en tant que sujet rationnel.
La problématique va permettre un processus de construction des faits scientifiques : « Rien ne va de
soit, rien n’est donné tout est construit » (Bachelard, 2004, nouvelle édition).
Tout est construit à la condition que la problématique soit pertinente et ait avoir une valeur heuristique.
La problématique va commander le type d’enquête que l’on va mener, le type d’outil méthodologique
auquel on va recourir. « Les faits sont faits » (ibid. 2004). Ils sont, ainsi, construits par le chercheur.
Fin doc 1 : « S’il n’y a pas eu de question … »
NB : Les historiens, fin 19ème et début 20ème, ont pensé que les faits parlaient d’eux-mêmes puis les
historiens des Annales ont montré que l’histoire scientifique, telle qu’ils l’entendaient et telle qu’elle
procédait à une rupture par rapport à une ancienne conception de l’histoire, était une histoire
problématique, problématisée qui interroge la réalité historique, la réalité fournie par les sources, d’un
certain point de vue, et qui fait parler les faits en fonction de cette problématique.
Purification, purgation (Rey, 1998). En psychanalyse, méthode cathartique qui cherche une décharge adéquate des affects
pathogènes (période 1880-1895 où la thérapeutique psychanalytique qui se dégage progressivement à partir de traitements
opérés sous hypnose (Laplanche et Pontalis, 2004)