
choquante pour nous, mais la violence est identique de l’autre côté.
Chemin faisant, les catholiques trouvent aussi des solutions
originales.
Un fait ne trompe pas, comme dans la Réforme protestante, les
textes de l’Écriture sont placés à la base des travaux du concile,
dès la 4e session, le 8 avril 1546, très tôt après l’ouverture, ce qui
est la preuve d’un consensus. Avant de s’occuper des dogmes, le
concile a donc voulu s’occuper de leur fondement, définir les
sources qui permettent de construire la foi. Le légat Marcel Cervini
pose qu’il y a trois sources : les livres saints ; les paroles du Christ
gardées en mémoire dans les communautés, l’action du Saint
Esprit qui interprète les Ecritures en permanence. Les deux
premières questions seront seules traitées par le concile, mais elles
font l’essentiel de l’originalité catholique : l’Evangile est transmis par
écrit et par oral ; il vient de plusieurs sources mais toutes sous
l’inspiration de l’Esprit Saint et conservées par l’Église au moyen
d’une succession continue.
Le concile donne la liste des livres qui sont acceptés, en fait
ceux qui avaient été admis au concile de Florence, en 1439, à la
suite des discussions avec les grecs et lors de la réunion des
Arméniens. Le concile se révèle un bon disciple de la méthode
humaniste : établir une opinion sur les textes eux-mêmes et non
pas sur des constructions logiques. A partir de ce point de départ
scripturaire, liturgique ou patristique, les dogmes en cause dans
l’explosion réformée sont repris par les théologiens. On examine
d’abord la question du péché originel.
Le concile reprend les décisions du concile d’Orange (529),
fondées sur une exégèse parmi d’autres de Rm 5,12, pour dire que
le péché originel s’est transmis à toute la race d’Adam. Pour les
pères de Trente, si les hommes ont perdu en Adam la sainteté
automatique qu’ils étaient sur le point d’acquérir, les forces de la
nature sont amoindries et non perdues. Il suffit de les réveiller avec
l’aide du Christ. Le concile reprend à cet égard, sans le dire, la
position d’Érasme, qui avait rompu justement sur ce point avec
Luther, lors de la querelle du serf et du libre arbitre, en 1523-1524.
Le complément naturel de ces positions du concile est le décret
sur la Justification, voté quelques mois plus tard, le 13 janvier 1547.
Pour les protestants, la foi sauve sans les oeuvres. Mais les
catholiques rechignent à admettre que l’homme est sauvé en
dehors de lui-même. Le concile pourtant est divisé. Le légat