
%  du  PIB  français  et  750  milliards  d’euros  de  dérivés  de  crédits  en  déconnexion  avec 
l’économie réelle. 
Les dirigeants  des  banques  menacent  aujourd’hui  les  États  en  disant  :  «  Si  nous  mourons, 
vous mourrez avec nous. » 
C’est une  menace  malheureusement  crédible. Nous y voyons une raison supplémentaire de 
scinder d’urgence les banques, et c’est l’une des principales et des plus graves divergences 
d’appréciation que nous ayons avec vous, monsieur le ministre, et nous aurions aimé pouvoir 
vous convaincre. Mais manifestement mieux aurait valu, entre le sécateur et le coupe-ongles, 
une paire de ciseaux mieux aiguisés. 
L’autre point de désaccord porte sur le mécanisme de résolution des crises bancaires. Le texte 
prévoit en effet la fusion du fonds de garantie  des dépôts avec le fonds de résolution des 
défaillances bancaires. Cela veut dire qu’en cas de problème, la nouvelle autorité de contrôle 
prudentiel pourra puiser dans ce panier pour redonner de la solvabilité à une banque ou à un 
fonds spéculatifs, mais qu’au coup d’après, il ne restera rien dans les caisses pour garantir les 
dépôts en deçà de 100 000 euros. En d’autres termes, avec cette fusion, l’épargne des Français 
modestes sera moins sécurisée. Cette situation est d’autant plus choquante que nous savons 
que  les  banques  bénéficient  de  la  garantie  de  l’État  destinée  à  préserver  les  dépôts  des 
épargnants et que, grâce à cette garantie, elles peuvent emprunter sur les marchés à des taux 
très faibles et financer l’économie réelle à des taux plus élevés. Elles disposent  ainsi d’une 
rente  de  quelque  48  milliards  d’euros,  une  forme  de  subvention  qui  représente  6  milliards 
d’euros pour BNP Paribas, 12 milliards pour le Crédit Agricole, 5 milliards pour la Société 
Générale et 24 milliards pour le groupe BPCE Natixis ; ces montants sont à mettre en regard 
des  18  milliards  d’euros  de  profits  réalisés  en  moyenne  chaque  année  par  ces  mêmes 
établissements  et  des  11  milliards  d’euros  d’impôts  acquittés  au  total  par  les  banques 
françaises. Pourquoi les profits de cette rente devraient être distribués aux actionnaires et les 
pertes assumées par les contribuables ? Une telle situation est inacceptable. 
Les députés  du  Front  de  gauche  auraient  apprécié  que  le Gouvernement  et  l’ensemble des 
forces de gauche fassent preuve de la même volonté en matière de séparation des activités 
bancaires  qu’en  matière  de  lutte  contre  les  paradis  fiscaux.  Nous  saluons  le  changement 
concret en ce domaine, un changement qui fait honneur à la gauche, mais surtout qui fait 
honneur à la France. Les avancées obtenues en matière de lutte contre les paradis fiscaux sont 
majeures, et cette deuxième lecture devrait nous offrir l’occasion d’aller plus loin encore en 
obligeant notamment les grandes multinationales – pas seulement les banques – à publier, 
pays par pays, y compris dans les paradis fiscaux, leur chiffre d’affaires, leurs effectifs et le 
montant des impôts versés, et en mettant en place un échange automatique de données sur les 
contribuables,  les  banques  françaises  devant  ainsi  transmettre  à  l’administration  fiscale 
française des informations sur les revenus et les actifs des contribuables étrangers en France. 
Ce sont là des progrès décisifs. 
Nous savons tous en effet combien la lutte contre les paradis fiscaux et l’évasion fiscale sont 
des objectifs prioritaires : le manque à gagner pour les finances publiques se chiffre entre 60 
milliards  et  70  milliards  d’euros.  Près  de  la  moitié  de  cette  évasion  est  organisée  par  les 
banques : en 2009, les banques françaises disposaient de 460 filiales dans les paradis fiscaux, 
La BNP en possède 189 à elle seule ; la moitié des profits de la Société Générale dans le 
monde est localisée au Luxembourg. 
Mais  au-delà  des  recettes  supplémentaires,  c’est  une  question  de  respect  de  nos  principes 
républicains,  ceux  qui  fondent  le  consentement  à  l’impôt  et  donc  le  patrimoine  commun. 
Contrairement  à  ce  qu’ont  affirmé  les  dirigeants  des  principales  banques,  en  avril  2012, 
devant la commission d’enquête sénatoriale sur l’évasion fiscale, les banques françaises sont