
 
Défenses allemandes 
Par Marie-France Montel  
Au printemps 1940, l’Allemagne domine tout le littoral de l’Europe occidentale. Après son échec de l’invasion de la Grande-
Bretagne, elle organise la défense des terres occidentales conquises et décide, en 1941, de construire ce qui sera baptisé le 
« mur de l’Atlantique ». C’est ensemble de fortifications  côtières dont la fonction est d’empêcher un débarquement. La 
stratégie globale de la guerre, et notamment le poids du front de l’Est, contraint les Allemands à trancher sur la répartition 
de leurs divisions blindées (panzerdivisionen). Ces deux éléments sont majeurs dans les défenses allemandes. Cependant, 
celles-ci  pâtissent  d’un  manque  de  cohésion  dans  le  commandement  des  armées :  le  maréchal  Gerd  von  Rundstedt, 
commandant  en  chef  des  armées  occidentales,  voit  son  autorité  concurrencée.  Il  doit  composer  avec  Rommel,  revenu 
d’Afrique en novembre 1943, et le commandement de la marine et de l’aviation lui échappe ; ces deux corps d’armes étant 
par ailleurs affaiblis. 
La constitution du mur de l’Atlantique commence au début de l’année 1942. Ce n’est pas une ligne de défense continue 
mais un chapelet de fortifications (blockhaus, batteries d’artillerie, casernements d’infanterie, stations radars) construites 
par l’organisation Todt (organisme allemand de génie civil). Rommel inspecte cette ligne de défense en novembre 1943, et 
la renforce considérablement (en quelques mois, 4 000 ouvrages supplémentaires sont construits). En effet, après le raid 
de Dieppe, les Allemands sont convaincus que le débarquement allié aura bien lieu sur le littoral de la Manche. L’accès aux 
plages est rendu difficile par une série d’obstacles divers (plus de 500 000) et de mines (30 000), les terrains pouvant servir 
de lieux d’atterrissage sont inondés et érigés de pieux (les « asperges de Rommel »). La section du Pas-de-Calais reste la 
partie du littoral la mieux défendue. 
La répartition des panzerdivisionen est surtout concentrée autour du Pas-de-Calais. Le lieu de leur cantonnement est aussi 
discuté  (très  près  des  côtes  selon  Rommel,  ou  plutôt  à  l’abri  de  l’attaque,  en  retrait  des  côtes,  ce  qui  sera  choisi).  En 
juin 1944, von Rundstedt  dispose  de 59  divisions : chaque unité  est  responsable d’un secteur long de  80 km, ce qui  est 
beaucoup. 
La capacité de défense allemande s’est donc considérablement améliorée dans les derniers mois précédant le D-Day, mais 
elle n’aura pas les moyens suffisants pour empêcher les Alliés de gagner la bataille des plages.