Intervention Olivier Bobineau
Auteur de « Dieu change en Paroisse », 2005
Sociologue
Il s’agit de proposer une étude complémentaire à la lecture théologique. Mon point de
vue sera celui d’un sociologue. La sociologie est une discipline scientifique qui a pour
objet d’étudier les relations entre les individus et entre les groupes, en rapport à un
contexte social. En outre, le sociologue n’a pas à porter de jugement de valeur
(bien/mal ; bon/mauvais).
Dans ce cadre, mon travail a été réalisé à partir des motions issues du livre blanc,
matériau fondamental de travail pour un sociologue, matériau de première main produit
par les acteurs de terrain.
Dès lors, je dégagerai dans un premier temps une grille de lecture des 350 motions du
« livre blanc » (« motions blanches ») pour vous permettre de travailler en tant
qu’Assemblée synodale ; dans un second temps, je préciserai quatre angles d’approche
qui sont autant de points de vue, de points d’interrogation quant à l’inscription des
réflexions du synode dans la réalité sociale et économique, l’enjeu étant, selon le canon
460, de réfléchir et de délibérer pour « le bien de la communauté du diocèse tout
entier ».
I - Développement de ce qui a été dit dans les secteurs : « les
motions blanches ».
Liste des termes récurrents dans les motions du Livre Blanc
La grille de lecture que je vous propose est issue de la sociologie des religions. <dans
cette discipline, pour définir les religions, on a 2 grandes tendances, développées par les
sociologie anglo-saxonnes et continentales :
- la 1ère consiste à dire que la religion est une manière de vivre en commun, de
s’intégrer dans un groupe, c’est une façon de réguler les pratiques et les symboles,
c’est une façon de vivre en société, de transmettre des valeurs aux générations
futures. Dans cette optique, on définit alors la religion par ses fonctions : régulation,
vie en communauté, socialisation, intégration, entretien du lien social…
- La 2ème façon de définir la religion est de s’intéresser, non plus à ses fonctions,
mais à son contenu, focaliser l’attention sur sa substance, dirait Aristote. En ce sens,
la religion est une mise en lien avec une expérience « méta-sociale » (Alain
Touraine), « méta-sociale » voulant dire au delà de votre expérience de la société ;
dans cette définition, on souligne le rôle premier du divin, on s’appuie sur la
représentation du sacré dans la société par ses différents membres.
- A partir des années 90, on va mettre en évidence d’autres définitions : Danièle
Hervieu Léger va ainsi insister sur la « lignée de croyance », l’importance de la
mémoire transmise de génération en générations pour caractériser une religion. Pour
ma part, et pour aujourd’hui, je retiens la définition mise en lumière par le sociologue
Jean-Paul Willaime (directeur de l’Institut Européen des Sciences des religions), qui, à
la suite d’anthropologues comme Camille Tarot (théologien, prêtre, sociologue
spécialiste du don chez Marcel Mauss, travaillant à Caen) considère la religion comme
un lien social articulé et articulant 3 types de dons : vertical, horizontal,
longitudinal.
Je vous propose de relire les 350 motions que vous avez écrites à la lumière de ces
trois types de dons.
A ) Le 1er type de don : le don vertical
La religion est un lien social articulé au don vertical (lien avec la transcendance) et
l’articulant aux deux autres types de dons (horizontal, longitudinal). L’idée est de lire les
350 motions et de repérer les morts clefs dans les différentes motions et qui