Si elle était ouverte, vous verriez bien que ce n’est pas vrai. Peut-être en Allemagne, mais pas
chez nous.
Pour vous répondre, j’aimerais emprunter les mots de Philippe Askenazy, directeur de
recherche au CNRS et enseignant à l’École d’économie de Paris, et coauteur du « Manifeste
des économistes atterrés », dont vous avez entendu parler.
Dans l’édition du 15 septembre dernier du journal Le Monde, en réponse à la question de
savoir si nous allions vers une reprise économique « prolongée et forte », M. Askenazy
affirme : « Il n’y a pas d’élément qui permette de le penser, d’autant que tous les facteurs qui
ont permis la crise sont encore en place. On n’a fait aucune réforme, aucune réflexion
profonde sur une nouvelle politique économique budgétaire ou de régulation. Nous restons
donc dans l’interrogation de la survenue possible d’une nouvelle crise majeure. »
Il continue ainsi : « En réalité, à l’heure actuelle, on ne sait pas quelle politique mener et
pourtant on nous tient un discours qui présente comme évidentes les politiques de rigueur et
des mesures régressives qui se traduisent par un appauvrissement de pans entiers de la
population européenne. Dans un sens, c’est quelque chose de nouveau, car, en 1929, on avait
cherché, par des politiques keynésiennes, à soutenir les populations qui se trouvaient au
chômage. Les politiques des années 1970 étaient des mesures de soutien au revenu.
Aujourd’hui, au contraire, on lève un certain nombre de « filets de sécurité », quitte à
augmenter la précarité de la population, à faire baisser le niveau de vie. On va faire souffrir
des millions de personnes au nom d’une politique dont les fondements économiques se sont
écroulés. »
Les personnes qui nous écoutent ont toutes dans leur environnement des personnes qui sont
victimes de votre politique, des jeunes qui ne trouvent pas de travail bien qu’étant formés, ou
bien des seniors jetés comme des citrons pressés alors que, dans le même temps, vous reculez
l’âge du départ en retraite.
Pourquoi cette longue citation ? Tout simplement parce que j’aimerais rendre hommage aux
auteurs de ce manifeste qui a déjà été signé par plus de 1 100 économistes opposés aux agents
du capital, à ses thuriféraires, aux Nicolas Baverez et autres Alain Minc. Mais vous refusez de
les entendre ! Et pourtant, c’est l’intelligence de notre pays. Mais, suivant en cela l’exemple
du Président de la République, vous préférez les bavards et les porteurs de Rolex plutôt que de
vous intéresser à ceux qui produisent des idées et qui ont des solutions pour sortir de la crise.
Je cite longuement ce manifeste pour inviter mes collègues de l’UMP et tous ceux qui ne l’ont
pas encore fait à le lire. Je vois que vous m’écoutez avec intérêt, madame Grosskost, et non
seulement je vous invite à le lire, mais aussi à le méditer, comme on sait le faire en Alsace,
terre de gens sérieux.
Les autres ont des marges de progression, et vous en particulier, mon cher collègue. Dès le
matin, il faut avoir des ambitions…
Pour la démocratie, si l’UMP commence à donner des exemples, le pire est assuré.
Mais vous ne tenez pas vos fiches à jour ? Que font les services secrets ? Je ne suis plus
membre du parti communiste depuis 1996 ! Mais à la différence de vous, j’ai un idéal et j’y
suis fidèle : celui des gens qui travaillent, qui vivent de leur travail et qui combattent les
exploiteurs dont vous êtes ici le fondé de pouvoir ne vous en déplaise ! Il fallait que cela fût
dit. Puisque vous m’avez cherché, vous m’avez trouvé.
Mais je poursuis, malgré ce collègue de droite qui, faute d’avoir quelque chose de solide à
dire, m’interrompt par d’incessantes interjections.