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COMMUNIQUÉ DE PRESSE I PARIS - MARSEILLE I 19 OCTOBRE 2012
Une équipe internationale d’astronomes dirigée par Mathilde Jauzac, du Laboratoire
d’astrophysique de Marseille – LAM (CNRS / Aix-Marseille Université), a réalisé la première
étude en trois dimensions d’un filament cosmique de matière sombre. En utilisant des
données du télescope spatial Hubble
, elle a pu découvrir que ce filament, inclus dans la
toile cosmique, nourrit l’un des amas de galaxies les plus massifs de l’Univers et s’étend
sur plus de 60 millions d’années-lumière. En extrapolant la très grande masse mesurée de
ce filament à l’ensemble de la « toile cosmique », cette étude permet d’estimer que ces
structures devraient contenir plus de la moitié de la masse totale de notre Univers. Ce
résultat est publié en ligne sur MNRAS.
La théorie du Big Bang prédit que les fluctuations de matière aux premiers instants de notre Univers sont
responsables de la condensation de la majorité de la matière et que celle-ci se concentre en un
enchevêtrement de filaments. Cette hypothèse a été validée par les simulations numériques : elles
suggèrent que notre Univers est structuré en une « toile cosmique » de filaments à l’intersection desquels
se situent des amas de galaxies très massifs. Ces filaments, très étendus et très diffus, sont
principalement constitués de matière sombre
.
Alors qu’un filament a été identifié pour la première fois en juillet 2012
, une équipe internationale dirigée
par Mathilde Jauzac vient à son tour d’analyser un autre filament cosmique, mais cette fois en trois
dimensions : une prouesse d’autant plus remarquable que ces filaments sont extrêmement étendus et très
diffus, ce qui les rend très difficiles à détecter. Cette innovation a permis de déterminer la densité
volumique du filament et de le comparer aux simulations.
Le télescope spatial Hubble est un projet de coopération internationale entre l’ESA et la NASA.
La matière sombre, qui représente à peu près les trois quarts du contenu en matière de notre Univers, ne peut être
observée directement car elle n’émet pas ni ne réfléchit la lumière. De plus elle peut passer au travers d’autres types
de matière, sans friction (on dit qu’elle n’est pas collisionnelle). Cette matière interagit uniquement par gravité et sa
présence peut être détectée par ses effets gravitationnels, par exemple ses effets sur la vitesse de rotation des
galaxies, ou encore son effet sur la trajectoire des rayons lumineux, en accord avec la théorie de la Relativité
Générale.
Nature, J. Dietrich et al. « A filament of dark matter between two clusters of galaxies » le 4 Juillet 2012.
Les filaments cosmiques représentent la moitié de la
masse de l’Univers