L’APPEL DU 18 JUIN ET SON IMPACT JUSQU’EN 1945
Compte rendu de la conférence du 3 février 2010 au
Mémorial de la Résistance et de la déportation de la Loire
INTRODUCTION
La défaite de 1940 provoque la surprise et le désarroi. Au soir du 16 juin, mis en minorité par
son gouvernement sur le sujet de la continuation de la guerre en Afrique du Nord, Paul Reynaud
démissionne. Le même jour, nommé chef du gouvernement, le maréchal Pétain, favorable à un
Armistice, engage des pourparlers avec l’ennemi. Le 17 juin, il prononce un discours à la radio
dans lequel il annonce cet état de fait. Le 22 juin, à 18h15, est signée la convention d’armistice
entre la France et l’Allemagne dans le wagon de Rethondes avait été enregistrée en 1918 la
reddition de l’Allemagne.
En une semaine, du 18 au 24 juin 1940, la Loire est totalement occupée. Son invasion est à l’image de la
défaite rapide de toute la France.
Le 18 juin, l’aviation allemande a bombardé ou mitraillé le centre du département à Bonson et le sud à
Firminy. Le 19 juin, les Allemands s’emparent de Roanne. Le 20juin, ils sont à l’entrée de Feurs.
Le 21 juin, l’ennemi est signalé à Boën, Noirétable, Mornand. Le 24 juin, l’armée allemande investit
Saint-Etienne. Le plan d’occupation est promptement mis en application: envahissement de la préfecture,
de la gendarmerie rue d’Arcole, du commissariat central, des casernes Grouchy, Rullière et Desnoëttes. A
la mairie, le drapeau tricolore est enlevé et remplacé par le drapeau à croix gammée. Le 25 juin,
l’armistice avec les Allemands et les Italiens entre en vigueur. 92 000 militaires français ont perdu la vie,
250 000 sont blessés. Plus d’un million et demi sont prisonniers de guerre (environ 15.000 pour le
département de la Loire dont 3.500 pour la seule ville de Saint-Etienne). Regroupés par centaines à la
caserne Werlé à Roanne, à la caserne Rullière à Saint-Etienne, ils partiront bientôt soit par train, soit
entassés dans des autobus réquisitionnés, pour des centres de regroupement puis pour un long exil en
Allemagne.
A Saint-Etienne, à Montbrison, à Roanne, des offices religieux et des cérémonies aux monuments aux
morts sont organisés pour le service du deuil national. Dix jours après, c’est la fin de la première
occupation; les Allemands évacuent Saint-Etienne le 4juillet et Roanne le 6.
Malgré cette situation, la défaite est perçue comme un soulagement et elle ne suscite le refus que chez
quelques dizaines d’hommes et de femmes de la Loire.
Chacun sait que la Résistance du général De Gaulle a commencé par « ses fameux discours
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du 18 juin
1940 », mais peu nombreux furent ceux qui les entendirent effectivement. Le thème de cette année doit
donc nous permettre de nous interroger sur l’impact de cet appel dans la France Libre et dans la France
Combattante. li doit nous conduire à répondre à deux questions essentielles :
1
Plusieurs fois le discours du 18 juin fut relayé par la BBC. Le Général de Gaulle fit plusieurs discours adressés aux
chefs militaires des colonies
- L’appel du 18 Juin est-il un « appel perdu »? Nous essayerons de comprendre pourquoi De
Gaulle se trouve à Londres, quel est le contenu de ce discours et quelle est la portée de celui-ci
notamment dans la Loire.
- Comment la France combattante s’est-elle constituée? De juillet 1940 à novembre 1944, les
ralliements sont d’autant plus limités qu’ils sont rendus difficiles par les rancoeurs (Mers el-
Kébir, Dakar) et peu encouragés par les Alliés. L’action de Jean Moulin a beaucoup contribué
à rapprocher la Résistance intérieure et De Gaulle qui finit par s’imposer comme le chef
incontesté en 1943. À partir de ce moment, les ralliements en France et dans l’empire se
multiplient.
Première partie « Un appel perdu »?
Pourquoi à Londres?
Quel est le contenu?
Qui l’a entendu?
Deuxième partie L’engagement: France Libre et France Combattante.
Les Forces Françaises Libres
Les Résistants de l’intérieur
Organisation et difficultés: le CNR.
Attention :
Il faut partir d’exemple précis et local. Il faut comprendre pourquoi des jeunes gens ont décidé de « rentrer en
résistance ».
Nous pouvons intégré l’Afrique et les colonies.
Il ne faut pas prendre prétexte de ce discours pour faire une biographie du Général, ni un topo trop général sur la
France Libre et Combattante.
Première partie « Un appel perdu ? »
A- Pourquoi à Londres?
Le 6 juin 1940, le général de Gaulle est convoqué d’urgence à Paris par Paul Reynaud, président du
Conseil, pour occuper un poste ministériel dans son gouvernement, celui de sous-secrétaire d’État à la
Guerre et à la Défense nationale. Charles de Gaulle sort à ce moment-là de la hiérarchie militaire. Il a
pour mission de coordonner l’action avec le Royaume-Uni pour la poursuite du combat. Le 9, il
rencontre Churchill qu’il tente en vain de convaincre d’engager davantage de forces, y compris
aériennes, dans la bataille. Le 10 juin, de Gaulle quitte Paris, déclarée ville ouverte, pour Orléans,
Briare et Tours. C’est le moment des ultimes réunions du Comité suprême interallié Churchill lors
de la conférence de Briare laquelle de Gaulle participe) tente de convaincre le gouvernement
français de continuer la guerre. En mission à Londres, le 16 juin, il rencontre à nouveau Chruchill et lui
expose le projet d’union des deux peuples. Ce même jour, il dicte au téléphone la note Ang!o-French
Unity
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de Jean Monnet à Paul Reynaud. De retour de mission, le même jour, à Bordeaux, il apprend la
démission du président du Conseil, Paul Reynaud, son remplacement par le maréchal Pétain et la
demande d’armistice. Le général de Gaulle est donc évincé de ce gouvernement. li repart pour Londres
le 17juin au matin. Dès l’après-midi, il expose ses intentions à Chruchill. Il est conscient que sans cet
appui il ne peut rien faire. Churchill lui offre comme tribune d’expression la Radio de Londres.
B- Quel est le contenu
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?
Dès le 21 mai 1940, l’appel du 18 Juin était écrit dans l’esprit du général de Gaulle. Un document le
prouve : l’intervention radiophonique du futur chef de la France Libre, interro ce jour-là par un
reporter des actualités françaises qui le rencontre à son PC de Savigny-sur-Ardres, après la bataille
victorieuse qu’il vient de remporter à la tête de ses chars, dans la région de Montcornet
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. Diffusée le 2
juin suivant dans l’indifférence hébétée de l’exode, l’interview est une répétition de l’appel historique
lancé deux semaines plus tard à la BBC. « L’ennemi a remporté sur nous un avantage initial... Ses
succès du début lui viennent de ses divisions blindées et de son aviation de bombardement)) dit
« l’appel » du 21 mai. « Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des
Allemands qui nous font reculer » répète de Gaulle vingt-huit jours plus tard à la BBC. Et encore: «
Nos succès de demain et notre victoire, oui, notre victoire, nous viendront, un jour, de nos divisions
blindées et de notre aviation d’attaque » (21 mai) ; « Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent
faire venir la victoire » (18 juin). [En janvier 1940, il envoie à quatre-vingts personnalités, dont Léon
Blum et Paul Reynaud, ainsi qu’aux généraux Maurice Gamelin et Maxime Weygand, un
mémorandum fondé sur les opérations de Pologne. Intitulé L’Avènement de la force mécanique, le
texte insiste sur la nécessité d’allier le char et l’aviation].
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La Paternité de l’expression est revendiquée par le Général dans Ses mémoires. Il semblerait que Churchill ait
eu cette idée avant le général.
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S’agit-il d’un discours d’un homme politique ou bien d’un homme militaire ?
4
La seule victoire française de chars durant la campagne de France.
L’appel du 18 Juin, suivi par d’autres entre le 19 et 26, ne met pas en doute la réalité du désastre: La
France a bien « perdu une bataille ». Mais la défaite n’est que militaire: « Foudroyés aujourd’hui par la
force mécanique, nous pourrons vaincre dans l’avenir par une force mécanique supérieure ». Par
ailleurs la guerre est mondiale, la lutte ne fait que commencer, la France n’est pas seule. Cet appel est
l’expression patriotique d’un refus de l’Armistice. Il est aussi une réflexion sur la défaite par le refus
implicite de l’idée d’une décadence morale du pays, en opposition avec les termes du message
radiodiffusé de Pétain le 17 juin. Si l’appel est sans exclusive, il est évident que de Gaulle recherche le
ralliement des responsables civils et militaires: « Quant à moi qui prétendais gravir une pareille pente,
je n’étais rien au départ. A mes côtés, pas l’ombre d’une force, ni d’une organisation. En France, aucun
répondant et aucune notoriété. A l’étranger ni crédit, ni justification
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». Ce discours correspond
d’avantage à la vision guerrière du militaire qu’à celle de l’homme politique en devenir.
C- Qui l’a entendu?
L’appel historique fut sans doute moins entendu que celui du 21 mai, diffusé par l’ensemble des
quelque cinq millions de récepteurs radio existant en France (peut-être 5.000
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dans le département de
la Loire), au contraire du texte du 18 juin, capté par les rares auditeurs de la BBC ! Mais ce qu’on sait
encore moins, c’est qu’à côté des milliers de témoins qui prétendirent à tort avoir entendu le discours
du 18 juin (beaucoup le confondant avec les appels à la résistance lancés les 19, 22 et 24 juin suivants
par le Général, à l’intention des chefs militaires de l’Empire ou, plus souvent encore, se souvenant de
la fameuse affiche placardée à Londres), des dizaines de milliers de Français en eurent connaissance...
par la presse. Dès le 19 juin, de nombreux quotidiens régionaux paraissant en zone non occupée y font
curieusement allusion. C’est le cas, par exemple, du Petit Provençal (115 000 exemplaires tirés ce jour-
là) qui reproduit, en première page, l’appel lancé la veille par le général de Gaulle. Même chose dans
Marseille-Matin qui, en page 3, publie les extraits les plus significatifs de l’appel. Tout comme, le
même jour, Le Petit-Marseillais. Le Progrès de Lyon donne, lui, cette dépêche en deuxième page
« Londres, 18 juin. Le général de Gaulle, auteur de nombreuses études sur le rôle des chars d’assaut, a
prononcé ce soir une allocution à la radio de Londres ». Mais ni le Mémorial, ni la Dépêche
républicaine, ni la Tribune républicaine
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ne publient d’article concernant cet évènement. En revanche
les Ligériens ont pu lire le 28 juin un entrefilet annonçant le projet du général de former un
gouvernement à Londres et de continuer la lutte. L’arrivée des Allemands, la question des réfugiés, le
problème du ravitaillement, telles sont les préoccupations des habitants du département en cette fin de
mois de juin.
Daniel Cordier, secrétaire de Jean Moulin, explique qu’il n’a pas entendu cet appel: « [...] en feuilletant
la collection des quotidiens palois, j’ai constaté que « l’appel » était résumé. Pourquoi ne l’ai-je pas
remarqué puisque je me souviens du discours de Churchill publié le même jour ? Pourtant, sur le
bateau, j’ignore encore l’appel. [...] Je n’ai appris la présence du général à Londres que le 25 juin, jour de
mon débarquement en Angleterre, à Falmouth. [...] En réalité, le discours qui a provoqué mon départ
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Extrait des mémoires du Général
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Chiffre délicat à trouver et à confirmer
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Titres des trois principaux journaux de la Loire
n’est pas l’appel du 18 juin, mais l’allocution de Pétain, le 17».
Lucien Neuwirth, résistant raconte qu’il a pu entendre le discours et que c’est à partir de ce moment
qu’il fit le choix d’entrer en résistance: « Le lendemain, 18 juin, je bricole ma radio, un poste en ronce
de noyer, comme ceux qu’on trouve maintenant chez les brocanteurs. Je tombe par hasard
L’appel fut entendu par 40 000 Français selon une estimation. La majorité se trouve dans les départements du
Nord car ils savent qu’il existe une radio qui retransmet des programmes en français.
Charles de Gaulle se sentait isolé et il savait que son appel serait peu entendu. Après 1942, il reçoit le ralliement
de certains ministres.
Il est aussi difficile de savoir si les résistants ont réellement entendu l’appel du 18 juin. Tout dépend de leur
milieu social, de leur age et de quand date leur témoignage.
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