L’appel du 18 Juin, suivi par d’autres entre le 19 et 26, ne met pas en doute la réalité du désastre: La
France a bien « perdu une bataille ». Mais la défaite n’est que militaire: « Foudroyés aujourd’hui par la
force mécanique, nous pourrons vaincre dans l’avenir par une force mécanique supérieure ». Par
ailleurs la guerre est mondiale, la lutte ne fait que commencer, la France n’est pas seule. Cet appel est
l’expression patriotique d’un refus de l’Armistice. Il est aussi une réflexion sur la défaite par le refus
implicite de l’idée d’une décadence morale du pays, en opposition avec les termes du message
radiodiffusé de Pétain le 17 juin. Si l’appel est sans exclusive, il est évident que de Gaulle recherche le
ralliement des responsables civils et militaires: « Quant à moi qui prétendais gravir une pareille pente,
je n’étais rien au départ. A mes côtés, pas l’ombre d’une force, ni d’une organisation. En France, aucun
répondant et aucune notoriété. A l’étranger ni crédit, ni justification
». Ce discours correspond
d’avantage à la vision guerrière du militaire qu’à celle de l’homme politique en devenir.
C- Qui l’a entendu?
L’appel historique fut sans doute moins entendu que celui du 21 mai, diffusé par l’ensemble des
quelque cinq millions de récepteurs radio existant en France (peut-être 5.000
dans le département de
la Loire), au contraire du texte du 18 juin, capté par les rares auditeurs de la BBC ! Mais ce qu’on sait
encore moins, c’est qu’à côté des milliers de témoins qui prétendirent à tort avoir entendu le discours
du 18 juin (beaucoup le confondant avec les appels à la résistance lancés les 19, 22 et 24 juin suivants
par le Général, à l’intention des chefs militaires de l’Empire ou, plus souvent encore, se souvenant de
la fameuse affiche placardée à Londres), des dizaines de milliers de Français en eurent connaissance...
par la presse. Dès le 19 juin, de nombreux quotidiens régionaux paraissant en zone non occupée y font
curieusement allusion. C’est le cas, par exemple, du Petit Provençal (115 000 exemplaires tirés ce jour-
là) qui reproduit, en première page, l’appel lancé la veille par le général de Gaulle. Même chose dans
Marseille-Matin qui, en page 3, publie les extraits les plus significatifs de l’appel. Tout comme, le
même jour, Le Petit-Marseillais. Le Progrès de Lyon donne, lui, cette dépêche en deuxième page
« Londres, 18 juin. Le général de Gaulle, auteur de nombreuses études sur le rôle des chars d’assaut, a
prononcé ce soir une allocution à la radio de Londres ». Mais ni le Mémorial, ni la Dépêche
républicaine, ni la Tribune républicaine
ne publient d’article concernant cet évènement. En revanche
les Ligériens ont pu lire le 28 juin un entrefilet annonçant le projet du général de former un
gouvernement à Londres et de continuer la lutte. L’arrivée des Allemands, la question des réfugiés, le
problème du ravitaillement, telles sont les préoccupations des habitants du département en cette fin de
mois de juin.
Daniel Cordier, secrétaire de Jean Moulin, explique qu’il n’a pas entendu cet appel: « [...] en feuilletant
la collection des quotidiens palois, j’ai constaté que « l’appel » était résumé. Pourquoi ne l’ai-je pas
remarqué puisque je me souviens du discours de Churchill publié le même jour ? Pourtant, sur le
bateau, j’ignore encore l’appel. [...] Je n’ai appris la présence du général à Londres que le 25 juin, jour de
mon débarquement en Angleterre, à Falmouth. [...] En réalité, le discours qui a provoqué mon départ
Extrait des mémoires du Général
Chiffre délicat à trouver et à confirmer
Titres des trois principaux journaux de la Loire