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dignité humaine, et par là même notre preuve de la naturalité de la propriété est
rendue caduque. Mais est-il nécessaire que le concept d'esclave renvoie à un être
humain asservi? L'esclave par définition est celui qui n'est pas à la source de ses
actes, et donc qui ne fait pas usage de sa volonté, puisqu'au contraire cette
dernière est sous la domination de celle du maitre. Cela correspond à l'idée de
Chose que développe Hegel dans ses Principes de la philosophie du droit où il est
dit qu'est chose ce qui: "est immédiatement différent de l'esprit libre [...] quelque
chose qui n'a ni liberté, ni personnalité, ni droit"
. Ainsi aucun homme n'est
esclave mais seulement ce qui est extérieur à l'humanité. Puisque la chose n'a pas
d'esprit, la personne humaine est: "en droit de placer sa volonté dans n'importe
quelle chose". C'est là la seule manière pour l'homme de concrétiser sa liberté en
l'objectivant. Ainsi, non seulement la propriété privée apparait naturellement
mais elle est en plus un progrès pour l'humanité.
Ces deux choses, à savoir que l'homme est naturellement social et qu'il
accède naturellement à la propriété privée, ayant été posées il est aisé de
démontrer que l'homme est un animal marchand. En effet puisque l'acte de
s'approprier est un acte de la volonté, il est par essence téléologique. Hegel dit
que: "je m'approprie quelque chose sous l'impulsion de mes besoins naturels". Dés
lors puisque ce qui m'appartient est un certain bien utile, il est limité. En effet mes
besoins naturels ne sont pas illimités et ma puissance à m'approprier les choses est
donc limitée par ces besoins. C’est pourquoi Aristote dit:
"Un droit de propriété de ce genre suffisant par lui même, à assurer
une existence heureuse n'est pas illimité [...] puisque aucun instrument n'est
illimité, ni en nombre, ni en grandeur"
Dés lors qu'il existe une limite il y a possibilité d'un surplus, il faut
donc trouver quoi faire de ce surplus de biens. Ce problème est aisément résolu
puisque ce surplus n'est pas l'apanage de tout le monde, en effet: "certains
hommes ont certaines choses en trop grande quantité et d'autres en quantité
insuffisante". C'est là que le troc intervient comme solution. On pourrait croire
que cette preuve ne marche qu'avec une anthropologie où l'homme est bon par
HEGEL, G. W. F., principes de la philosophie du droit ou droit naturel et science de l'etat en
abrégé. Paris, Librairie philosophique J.Vrin, 1998. 370p
ARISTOTE, La politique. Paris, librairie philosophique J.Vrin, 2005. 596p