La crise financière récente a permis de sensibiliser une grande

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La crise financière récente a permis de sensibiliser une grande quantité de
personnes à une problématique nouvelle, largement reprise par les médias, à
savoir: A-t-on raison de donner un statut architectonique au capitalisme dans notre
quotidien? En effet que ce soit pour le travail, pour le loisir ou même pour ce qui
ressort de l'hygiène et des besoins élémentaires, toutes ces activités sont
pratiquées sur un mode capitaliste de consommation.
Qu'ont à dire les philosophes, et en particulier les philosophes réalistes,
quant à cette problématique? Traditionnellement les philosophes ont eu tendance à
rejeter le capitalisme en raison d'une opposition Nature/Convention, c'est ce qu'a
fait entre autre Platon et c'est une tendance que possède aussi Aristote comme on
peut le voir dans La politique. Cependant nous savons que l'art imite la nature, et
donc qu'une convention peut s'appuyer sur l'ordre naturel des choses. En
philosophie morale et politique cet ordre naturel est énoncée dans une loi non
écrite que l'on appelle la Loi Morale Naturelle, cette dernière se trouve dans la
raison humaine et est structurelle pour l'homme. Dés lors le philosophe se doit de
se demander si le capitalisme est conforme à cette Loi Morale Naturelle, ou
autrement dit, dans des termes profanes, si le capitalisme est légitime.
Répondre à cette question sera impossible tant que nous n'aurons pas établi
si l'homme procède à des échanges de marchandise de façon naturelle ou non.
C'est seulement après avoir déterminé ce point que nous pourrons dire si le
capitalisme est conforme ou non à cette manière naturelle de faire du commerce et
la mesure dans laquelle le capitalisme peut être considéré comme bon suite (ou
non) à cette conformité.
L'économie est une science relative à la production, à l'échange ou à la
distribution de biens ou de services. Afin de déterminer si le capitalisme peut se
baser sur une forme naturelle d'économie il nous faut d'abord prouver qu'une telle
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économie existe. Il s'agit alors de démontrer que l'homme naturellement produit et
échange des biens marchands.
Par nature l'homme est un animal social, Aristote dans La politique
parle d'animal politique (

En effet, l'homme est par nature orienté vers
autrui de par sa sexualité, c'est pourquoi la première cellule sociale est la famille.
Toute autre organisation politique ou sociale n'est qu'une amélioration de la
famille de telle sorte que même la cité ou l'état sont fondés en nature dans la
mesure ils sont basés sur le modèle familiale: "C'est pourquoi toute cité est un
fait de nature, s'il est vrai que les premières communautés le sont elles-mêmes."
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.
S'il est possible de rétorquer que les animaux eux aussi procréent et que certains
même s'organisent en communautés organisées, on voit cependant bien que
l'homme en vertu du fait qu'il possède une raison et donc la parole, d'une part
fonde des communautés bien plus parfaite et d'autre part est naturellement orienté
vers la société puisque si "la nature ne fait rien en vain."
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Il faut bien considérer
que la parole nous oriente naturellement vers autrui.Cette idée rejoint le mythe de
Prométhée selon lequel l'homme, ayant été crée animal, nu n'a d'autres recours
pour sa survie que la société et l'art.
Le fait de montrer que l'homme est naturellement social prouve qu'il
est porté à effectuer des échanges de par son humanité même, cependant cela n'est
pas suffisant afin de prouver qu'il est naturel pour l'homme de procéder à des
échanges commerciaux. Pour cela il faut aussi montrer que l'homme accède
nécessairement à la propriété privée. A ce propos on trouve au détour d'une page
de La politique d'Aristote une citation d'Euripide disant: "Il est normal que les
grecs commandent aux barbares". Cette citation vient illustrer l'idée qu'il existe
des esclaves par nature ainsi que des maitres par nature. Or, si l'esclave est
considéré comme une propriété du maitre c'est donc que le citoyen accède
naturellement à la propriété. Cependant si l'idée de l'esclavage était aisément
acceptée à l'époque Aristote a dévellopé ses théories, elle a été depuis
largement critiquée. En effet l'idée d'esclave par nature vient bafouer l'idée de
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ARISTOTE, La politique. Paris, Librairie philosophique J.Vrin, 2005. 595p
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idem
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dignité humaine, et par même notre preuve de la naturalité de la propriété est
rendue caduque. Mais est-il nécessaire que le concept d'esclave renvoie à un être
humain asservi? L'esclave par définition est celui qui n'est pas à la source de ses
actes, et donc qui ne fait pas usage de sa volonté, puisqu'au contraire cette
dernière est sous la domination de celle du maitre. Cela correspond à l'idée de
Chose que développe Hegel dans ses Principes de la philosophie du droit il est
dit qu'est chose ce qui: "est immédiatement différent de l'esprit libre [...] quelque
chose qui n'a ni liberté, ni personnalité, ni droit"
3
. Ainsi aucun homme n'est
esclave mais seulement ce qui est extérieur à l'humanité. Puisque la chose n'a pas
d'esprit, la personne humaine est: "en droit de placer sa volonté dans n'importe
quelle chose". C'est la seule manière pour l'homme de concrétiser sa liberté en
l'objectivant. Ainsi, non seulement la propriété privée apparait naturellement
mais elle est en plus un progrès pour l'humanité.
Ces deux choses, à savoir que l'homme est naturellement social et qu'il
accède naturellement à la propriété privée, ayant été posées il est aisé de
démontrer que l'homme est un animal marchand. En effet puisque l'acte de
s'approprier est un acte de la volonté, il est par essence téléologique. Hegel dit
que: "je m'approprie quelque chose sous l'impulsion de mes besoins naturels". Dés
lors puisque ce qui m'appartient est un certain bien utile, il est limité. En effet mes
besoins naturels ne sont pas illimités et ma puissance à m'approprier les choses est
donc limitée par ces besoins. C’est pourquoi Aristote dit:
"Un droit de propriété de ce genre suffisant par lui même, à assurer
une existence heureuse n'est pas illimité [...] puisque aucun instrument n'est
illimité, ni en nombre, ni en grandeur"
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Dés lors qu'il existe une limite il y a possibilité d'un surplus, il faut
donc trouver quoi faire de ce surplus de biens. Ce problème est aisément résolu
puisque ce surplus n'est pas l'apanage de tout le monde, en effet: "certains
hommes ont certaines choses en trop grande quantité et d'autres en quantité
insuffisante". C'est que le troc intervient comme solution. On pourrait croire
que cette preuve ne marche qu'avec une anthropologie l'homme est bon par
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HEGEL, G. W. F., principes de la philosophie du droit ou droit naturel et science de l'etat en
abrégé. Paris, Librairie philosophique J.Vrin, 1998. 370p
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ARISTOTE, La politique. Paris, librairie philosophique J.Vrin, 2005. 596p
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nature, Cependant cela se démontre aussi, voire même plus facilement, avec le
point de vue contraire: Adam Smith dans ses Recherches sur la nature et les
causes de la richesse des nations se base sur une vision de l'homme hobbesienne
afin de démontrer que l'homme pratique les échanges commerciaux par nature. En
effet puisque l'homme évolue dans un état de nature qui lui est hostile, il "a besoin
a tout moment de l'assistance, et du concours d'une multitude d'hommes"
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. Or
l'homme qui n'est pas bon par nature ne peut pas se résoudre à compter sur la
charité de ses prochains, Adam Smith à ce propos pense même qu'"il n'y a qu'un
mendiant qui puisse se résoudre à dépendre de la bienveillance d'autrui."
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. Ainsi le
troc se met en place quand l'homme fait appel à l'égoïsme des autres hommes afin
de s'attirer leur assistance.
Puisqu'il a maintenant été montré que l'homme s'adonne naturellement
au commerce, en raison de sa sociabilité naturelle ainsi que de son aptitude à
s'approprier les choses, il va être possible de voir si cette technique naturelle de
commerce est capitaliste, ou plutôt, si le capitalisme repose ou non sur cette
manière naturelle de commercer.
D'après l'article wikipédia qui lui est consacré, le capitalisme est
caractérisé par:
"La propriété privée des moyens de production ; la recherche du profit
et sa justification (ou l'absence de); la liberté des échanges économiques et la
concurrence économique ; l'importance du capital, les possibilités de l'échanger
(spécialement en bourse), de l'accumuler et de spéculer ; la rémunération du
travail par un salaire."
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Pour savoir si cette doctrine économique et sociale particulière se
fonde en nature ou non, il ne sera pas nécessaire de vérifier que toutes ses
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SMITH, Adam, La richesse des nations.Paris, GF Flammarion, 1991. 531p
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SMITH, Adam, La richesse des nations. Paris, GF Flammarion, 1991. 531p
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http://fr.wikipedia.org/wiki/Capitalisme
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caractéristiques soient conformes à la forme naturelle de l'économie mais
seulement celles qui ont un statut architectonique, à savoir: la recherche du profit
qui en tant qu'Idée s'incarne dans la division du travail, et l'importance du capital
c'est à dire celle de la monnaie.
Or il semble que cela ne soit pas le cas de prime abord, et ce en raison
de ce que nous avons dit précédemment: la propriété s'applique à des biens utiles
qui n'existent qu'en nombre limité. En effet, les biens utiles à l'homme s'adresse à
lui en tant que vivant et en tant qu'intelligent, de ce point de vue toute nourriture
qu'elle soit physique ou spirituelle nous est donnée par la nature, ce qui permet à
Aristote de dire: "La race humaine vit surtout de la terre et de la culture de ses
produits"
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. On rejoint ici la doctrine physiocratique du docteur Quesnay pour qui
toute richesse se résout en terre et en agriculture. On introduit ici l'idée importante
que la richesse provient du travail, l'agriculture étant le travail de la terre, et ceci
réclame explication: De toutes les catégories de l'être définies par Aristote dans
son
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seule celle de l'avoir est propre à l'homme. Elle désigne tout ce qui a
été fait par l'homme en vu de répondre à ses besoins. Si cette catégorie est
spécifiquement humaine c'est parce que seul l'homme est capable de produire par
art. Pour Hegel aussi c'est bien le travail qui est la plus parfaite forme
d'appropriation, et même s'il n'est pas le sens premier de l'appropriation il est le
plus pérenne et donc le plus apte à créer la richesse. Dans le texte cela se présente
ainsi: " La prise de possession peut être soit l'acte purement corporel de se saisir
immédiatement d'un objet, soit son façonnage, soit enfin le simple marquage"
mais:
"La détermination par laquelle une chose est ma propriété, acquiert
par le façonnage une extériorité subsistant pour soi et cesse ainsi d'être limitée à
ma présence dans ce lieu ou dans ce temps."
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Cette théorie physiocratique s'oppose à la théorie mercantiliste qui
veut que la richesse des nations ne s'augmente que par le commerce extérieur. En
effet, si seul le fruit de la terre est richesse, le métal précieux et donc la monnaie
est sans valeur. De même si seule l'agriculture est un travail apte à enrichir
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ARISTOTE, La politique. Paris, librairie philosophique J.Vrin, 2005. 596p
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