
Enfin, il convient de souligner que le conventionnement et la constitution de réseaux auront
un coût non négligeable, qui poussera à la concentration au détriment de petites mutuelles,
donc du pluralisme mutualiste, ainsi que du service de proximité, que seules les mutuelles de
taille moyenne peuvent assurer.
En permettant aux mutuelles de pratiquer des remboursements différenciés, ce texte tend à
placer assurances et mutuelles sur un pied d’égalité, alors que les mutuelles sont des sociétés
de personnes à but non lucratif. Elles ne versent donc pas de dividendes, contrairement aux
sociétés d’assurances.
À cet égard, nous déplorons que la législation européenne ne distingue pas les mutuelles des
assurances privées. Je rappelle la revendication légitime, portée notamment par la Fédération
nationale indépendante des mutuelles – la FNIM –, de la création d’un statut de mutuelle
européenne.
Telles sont, madame la ministre, madame la rapporteure, mes chers collègues, nos
préoccupations à propos de ce texte qui, il faut bien le reconnaître, entérine une atteinte aux
notions de liberté et d’égalité qui, dans les faits, sont déjà souvent mises à mal.
Notre groupe tient à souligner l’urgente nécessité d’augmenter le niveau de remboursement et
d’élargir le périmètre de prise en charge des soins par la sécurité sociale de base,
particulièrement, bien sûr, pour les soins dentaires, auditifs et d’optique, qui sont très coûteux
; vous ne m’applaudissez pas, chers collègues de l’UMP ? C’est pourtant un point important :
durant les dix années où vous avez été au pouvoir, vous auriez pu faire quelque chose !
Nous craignons vivement que ce texte n’ouvre la voie inverse en transférant toujours plus de
dépenses vers les mutuelles, organisant ainsi un véritable glissement du principe de prise en
charge socialisée et universelle par l’assurance maladie vers une logique contractuelle et
individuelle, sur le modèle assuranciel, marquant un pas de plus vers la privatisation rampante
de la sécurité sociale. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe UMP.)
Notre rapporteure a tenu à souligner le caractère partiel et l’ambition limitée de ce texte, qui
ne saurait remplacer, disait-elle, une politique d’ensemble, notamment une meilleure prise en
charge des soins par la sécurité sociale.
Nous en prenons acte, et nous voulons la croire, même si nous restons très dubitatifs sur ce
point après le PLFSS pour 2013 qui, non seulement n’envisage aucune recette nouvelle
sérieuse, mais ne revient sur aucune des mesures prises par les précédents gouvernements – je
dis cela à l’intention de nos collègues de droite, dont on remarque, ce soir, le dynamisme –
,des mesures qui alourdissent le reste à charge pour les patients.
Nous estimons en effet que, pour diminuer le reste à charge et faciliter ainsi l’accès aux soins
de l’ensemble de la population, la seule vraie réponse réside dans l’augmentation des
remboursements par la sécurité sociale de base et l’élargissement de son périmètre.
Le texte qui nous est proposé ne peut pas apporter de réponse à la situation de plus en plus
préoccupante de l’accès aux soins, dont est privée une part sans cesse croissante de la
population (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes UMP et UDI) faute de moyens
– une situation résultant de la politique que vous avez menée, mesdames et messieurs de la
droite.
Cette proposition de loi se contente de gérer une situation qui existe et qui n’est pas
satisfaisante. Ce faisant, elle soulève de nombreux problèmes que je viens d’évoquer et sur
lesquels je ne reviendrai pas. Nous avons bien noté les précisions qui ont été apportées pour
tenter de les surmonter avec l’adjonction des articles 2 et 3 à l’article unique du texte prévu