Perceptron [premier réseau
neuronalartificiel ,mis au point en
1957],une machine qui apprend.
J' ai étéfasciné mais personne ne
travaillait là-dessus. »De fait , le
jeune étudiant netrouve personne
non plus pour encadrer sathèse
de doctorat sur le sujet . «
Finalement
,un directeur de thèsetrès
sympa m' adit: "Tu n' aspas l'air
bête,je veux biensigner lespapiers
administratifs nécessairesmaisje ne
vais paspouvoir t' aider" ! »
Une mésaventure que Léon
Bottou , qui adepuis rejoint
Yann LeCun chez Facebook ,
connaîtra également à
Polytechnique
en 1986 J' avais lu lestra-
BIO EXPRESS
1960 Naissanceà Paris.
1983 Diplômé de
ESIEE
,àParis.
1988-1996 Chercheur
chez AT&T Bell
Laboratories puischez
AT&T Labs-Research
(États-Unis) .
2003 Professeur à la
New York University
(NYU,États-Unis).
2012-2014 Directeur
du Centre des sciences
des données à la NYU.
Depuis 2013 Directeur
de la recherche en
intelligence artificielle
chez Facebook.
2016 Professeur au
Collège de France.
vaux novateurs de Yann,qui était
un peu considérécomme unfou à
l'époque,etje voulaisfaire mathèse
sur ledeep learning . Mais on m' a
demandépourquoi je m' intéressais
à undomaine qui n' existait pas ! »,
raconte-t-il aujourd 'hui.
Ses études àpeine finies ,le
«fou » est recruté par l'institut
de recherches AT&T Bell Labs,
aux États-Unis .« Sij' avais étéun
garçonbienrangéje n' yseraisresté
qu' un an, notamment parcequema
femme,pharmacienne ,nepouvait
pas exercer aux États-Unis .Puis
je seraisrentré en France,j' aurais
essayéd'obtenir un poste à l'
université
,au CNRS ou à l'Inria , et
aurais ensuite vécudesrevenus de
monépouseparcequeleschercheurs
du public,en France,sont très mal
payés.» MaisYann LeCun préfère,
deloin ,le modèle américain dela
recherche privée.Cequi nel'
empêchepasde refuser un poste de
directeur dela recherche chez ce
qui était encore un petit acteur
d'Internet nommé ... Google.
Avec Léon Bottou ,le Français
met aupoint dès1995pour AT&T
Bell Labs un réseau de neurones
informatiques capable de
reconnaîtreles caractères
manuscrits.Celui-ci est encore utilisé
aujourd 'hui par les banques
américaines pour « lire » les
chèques . « Mais cela n'
intéressait
pas lesscientifiques », se
souvient-il
.L'avènement d'Internet
achève de reléguer l'IA au rang
des curiosités « vintage ». Yann
LeCun lui-même se rabat sur un
projet de format de compression
d'image, DjVu . Il ne reviendra au
deeplearning qu' en 2002.
Pour se sortir la tête du
virtuel ,il fabrique des objets
Celadit,l'intéressé reconnaît
aspirer
parfois à sortir la tête du
virtuelet de l'algorithmique .«C' est
mon côtéingénieur je fabrique des
enginsvolants,jejoue avecdes
imprimantes3D.»Quand il ne pousse
pas la porte d'un club dejazz de
Manhattan ,où il réside.«C' estun
vrai scientifique,dont les
contributions
pionnièresn' ont pasété
reconnuestoutdesuitemaisc' estaussiun
pragmatiquequiréfléchit aux
applicationsconcrètes»,estime François
Sillion ,directeur généraldéléguéà
la sciencede l'Inria ,qui finalise un
partenariat avec Facebook. Pour
l'heure ,Yann LeCun fronce un
peu lessourcils ledeeplearningest
en passede virer au phénomène
de mode , au risque d'engendrer
quelques déceptions . Un comble
pour un domaine qui n' intéressait
personne ilyaencoreune poignée
d'années. On appelle cela la
rançon
du succès. Arnaud Devillard
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PAYS : France
PAGE(S) : 96-97
SURFACE : 168 %
PERIODICITE : Mensuel
RUBRIQUE : Portrait
DIFFUSION : 256938
JOURNALISTE : Arnaud Devillard
1 novembre 2015 - N°825