Structuration des acteurs économiques en milieu urbain

publicité
Structuration des acteurs pour un développement urbain local.
Programme Prioritaire de Développement Urbain.
Source : Mélanie Combat (CCFD), Composante "Villes et Economie Solidaire",
Capitalisation de l'axe 2 "Structuration des acteurs économiques en milieu urbain.
Comment, d'une activité génératrice de revenus (AGR), aboutir à un groupement d'acteurs urbains qui
ait un poids économique, politique et social ? C'est l'une des questions auxquelles cherche à répondre
le Programme Prioritaire de Développement Urbain (PPDU) initié suite à la Conférence d'Istanbul et
lancé en 1999. Ce programme, cofinancé par le Ministère des Affaires Etrangères, est coordonné par
le CCFD, le GRET et Léo Lagrange Solidarité internationale et mené par dix-neuf associations.
Depuis de nombreuses années, les villes de l'Afrique subsaharienne connaissent une croissance
exponentielle (+ 24 % par an dans certains pays entre les années 50 et 80) qui, combinée à un contexte
d'explosion urbaine, de crise économique et de désengagement de l'Etat, a conduit à l'exclusion de
nombreux acteurs urbains issus de l'exode rural. Quelles stratégies adopter quand la ville n'arrive plus à
proposer suffisamment d'emplois ? Comment inscrire les différentes initiatives prises dans la perspective
d'un développement urbain local ?
En effet, les actions menées par les habitants pour répondre à cette crise relèvent généralement de
l'économie dite informelle ou secteur informel. Ce secteur informel regroupe des activités économiques
qui se réalisent pour certaines en dehors de la législation (pénale, sociale et fiscale) ou qui échappent à la
comptabilité nationale. Les personnes concernées sont dans une stratégie de survie face à un secteur
formel pour lequel l'accroissement des emplois offerts n'est que de 2 % alors même que celui de la
population urbaine atteint les 6 % (voire les 10 % en périphérie) 1. Les pouvoirs publics n'arrivant plus à
faire face à une demande croissante en équipement et en service urbain de base, des inégalités se
creusent entre quartiers. Face à l'incapacité de l'Etat de répondre aux besoins fondamentaux de la
population (dans les domaines de l'emploi, de la santé, du logement et de l'éducation), le secteur informel
est venu "en complément" du secteur formel. Il a atteint une telle importance que la Banque Mondiale et
le FMI ont pris la résolution de l'encourager et de l'insérer dans les stratégies de développement du
continent.
Cependant, il s'agit là du point de vue de ces deux institutions. Pour le Comité Catholique contre la Faim
et pour le Développement (CCFD), il est nécessaire de prendre en compte les différentes attentes des
habitants, qui sont bien loin d'être seulement économiques.
Ainsi, on peut distinguer trois niveaux dans l'attente des habitants :
- l'amélioration des conditions de vie : dimension économique et sociale
- le développement des réseaux d'entraide et d'appui : dimension lien social
- la constitution de lieux et d'instances pour être entendus et faire valoir leurs droits et leurs
propositions : dimension participation citoyenne.
Ces trois dimensions sont inclues dans la perspective d'un développement social urbain promue par les
associations de développement et de promotion humaine. Ainsi depuis les années 80-85, des initiatives
nouvelles menées par ces associations tentent de réunir des individus isolés vivant d'activités informelles
et de les organiser en groupements économiques, politiques ou sociaux. Les habitants s'organisent ainsi
pour revendiquer sous la forme d'un mouvement d'auto-organisation qui s'est peu à peu répandu2.
L'un des objectifs du PPDU est de favoriser cette auto-promotion des exclus en privilégiant l'insertion
sociale par l'intermédiaire d'activités économiques et en misant sur la structuration et l'auto-organisation
des acteurs. La structuration des acteurs est en effet apparue comme une nécessité afin de mieux faire
face collectivement aux problèmes rencontrés par tous. Ces nouvelles formes d'organisation collective,
basées sur la solidarité, se présentent comme une alternative au système traditionnel. La structuration
des acteurs est donc un des axes de la réflexion menée au sein de la composante 3 intitulée "Villes et
1
BIT, 15ème Conférence internationale des statisticiens du travail, Genève, 19-28 janvier 1993, Bulletin officiel, vol.LXXVI, 1993,
série A, n°3, p.p.185-195.
2
cf. Rapport du PNUD de 1993
Développement économique solidaire" 3 du PPDU. Les deux autres axes de réflexion sont d'une part
l'impact de l'activité économique sur l'acteur économique, d'autre part l'impact et les liens entre les
dynamiques économiques et le développement local.
La structuration de ces nouveaux acteurs économiques se présente donc comme un processus d'émergence
d'organisations de l'économie populaire, portées par des groupes dépassant le cadre d'une même famille,
porteurs de projets économiques, sociaux, culturels ou politiques et qui peuvent être vues comme proches
parents de l'économie sociale au Nord. Les partenaires de la composante 3 appuient la création d'activités
génératrices de revenus (AGR) comme approche au développement local et à l'insertion sociale. Il s'agit
d'expérimenter et de capitaliser différentes formes d'appui aux acteurs économiques dans la perspective
de leur intégration à une dynamique plus globale de développement urbain. La composante 3 concerne
donc trois types d'acteurs: les exclus du champ économique (femmes et jeunes en particulier), les
micro-entrepreneurs, les petits entrepreneurs.
L'objectif de la capitalisation de ces différentes expériences menées sur le terrain est de présenter les
dispositifs envisagés pour accompagner la structuration des acteurs économiques en milieu urbain. Ces
expériences de structuration rencontrent des succès différents mais sont souvent confrontées à des
obstacles semblables liés aux caractéristiques du milieu urbain. Il s'agit de confronter ces approches afin
d'offrir à chacun la possibilité de s'enrichir des expériences des autres et de voir quels sont les facteurs de
succès ou d'échec des projets menés. La capitalisation passe par l'étude de la mise en place de dispositifs
de services (gestion, crédit), de l'organisation de catégories professionnelles et de l'aide à l'insertion de
ces acteurs économiques dans le développement local
Le CCFD travaille sur cette capitalisation en collaboration avec quatre partenaires d'Afrique de l'Ouest :
Echoppe (Bénin), CDD Maroua (Cameroun), Asacase (Sénégal) et Mali-Enjeu (Mali).
Au Cameroun, le Comité Diocésain de Développement (CDD) de Maroua cherche à sensibiliser les
populations aux problèmes et à leur capacité à apporter des solutions, il les invite à former des groupes.
L'objectif global est l'émergence de groupes d'auto-promotion capables de programmer leurs activités et
de défendre les intérêts de leurs membres. Le CDD s'adresse à trois catégories de groupements: les petites
activités artisanales, les petites activités de services (débrouillards), les groupements d'épargne et de
crédit.
Au Bénin, Echoppe - Artisans du Soleil appuient deux formes de structuration : le réseau des Artisans du
soleil pour la distribution, au Nord, des produits artisanaux selon les principes du commerce équitable et
la CAMUFE, caisse de mutuelle qui s'adresse aux femmes en difficulté. L'objectif de la mise en réseau est
que les artisans gèrent eux-mêmes les commandes internationales.
Au Mali, Mali – Enjeu soutient une organisation d'artisans et une organisation en unités économiques des
jeunes filles et garçons issus des formations du centre mis en place par l'association (appui à la micro- et à
la petite entreprise). Le groupement d'artisans s'organise afin d'améliorer ses prestations et ses relations
clientèle. Il a permis de constituer un tissu relationnel qui n'existait pas auparavant, d'étendre les
partenaires potentiels et d'élargir la capacité productive des artisans.
Au Sénégal, Asacase apporte un appui aux exclus du champ économique et à la petite entreprise.
L'association a pour objectif l'insertion des défavorisés dans le tissu socio-économique et la création de
micro-entreprises. Elle s'adresse aux jeunes et aux femmes de la commune de Ziguinchor et à des
groupements de promotion féminine.
Le suivi des projets nous enseigne qu'une condition essentielle à leur réussite est l'appartenance à un
groupe social soudé par une identité collective. D'autres facteurs déterminent l'émergence et le succès de
groupements et des initiatives de l'économie solidaire comme l'importance d'un leadership, l'éducation…
3
Ce programme PPDU comporte quatre composantes:
composante 1: “Activités transversales” de capitalisation, suivi/évaluation et information/mise en réseau
composante 2: “Maîtriser la ville” en améliorant la capacité des organisations de base à négocier production et gestion de la ville
sous les angles du foncier, de l'habitat et des services urbains, en ouvrant un espace durable de négociation entre organisations de
base et autorités municipales, en mettant en réseau les organisations de base…
composante 3: “Ville et développement économique solidaire”
composante 4: “Citoyenneté pour le développement local” dont l'objectif est de renforcer les capacités des populations en
associations pour promouvoir le développement local, renforcer et promouvoir des espaces de concertation et de dialogue entre les
acteurs associatifs et les pouvoirs publics…
Pour de plus amples informations : www.ppdu.org
Téléchargement