dans la ville nouvelle du 6 octobre au Caire). Certains rapprochements entre gouvernance
privée et gouvernance publique sont troublants : après tout, les habitants d’une copropriété
élisent des représentants et les décisions sont prises sous forme de vote. Les membres de
l’assistance s’accordent cependant pour souligner les limites de ce discours. Comme le note
Renaud Le Goix, les analystes relèvent souvent que, dans la copropriété, la “ démocratie
locale ” repose sur une participation des shareholders (ceux qui possèdent des parts) et non
sur une participation de l’ensemble des stakeholders (ceux qui sont concernés par le mode de
gestion locale, propriétaires, locataires ou simples usagers…). Ainsi, le suffrage est censitaire
et le poids du vote est proportionnel aux millièmes possédés. En même temps, sur ce plan, la
démocratie communale n’est pas exempte de tous reproches : les étrangers, qui peuvent
parfois représenter plusieurs dizaines de pourcents de la population, n’ont pas le droit de vote.
De même, Eric Charmes note qu’au dix-neuvième siècle, seuls les propriétaires avaient le
droit de voter dans les communes françaises et qu’aujourd’hui, les habitants de certaines
communes périurbaines considèrent leur municipalité comme un syndic de copropriété.
Renaud Le Goix estime que ce qui distingue le mieux la copropriété de la municipalité est
l’horizon temporel de gestion. Dans un cas, on gère à court terme, dans un autre on se projette
dans un avenir plus lointain. Dans ses enquêtes récentes auprès de maires de petites
communes, Eric Charmes dit avoir fait un constat similaire et note que l’école est un élément
clé de cette projection dans un horizon temporel à moyen ou long terme (il faut gérer le
peuplement pour éviter les fermetures de classes ou, pire, la fermeture de l’école).
4. A PROPOS DES DROITS DE PASSAGE ET DE LA CONTINUITE DES
ESPACES PUBLICS
Les trois intervenants montrent, à partir de divers exemples, la complexité des rapports entre
le public et le privé quant à la question de la libre circulation dans les rues pavillonnaires.
Renaud Le Goix évoque ainsi le cas de Magny le Hongre près d’Eurodisney. Cette
municipalité a en effet accordé dans un premier temps des permis de construire pour des
lotissements fermés avant de se rétracter (l’équipe municipal n’a pas changé entre temps). La
municipalité a ainsi négocié avec les propriétaires pour obtenir la suppression des portails à
l’entrée des ensembles pavillonnaires. Elle semble avoir été préoccupée par une excessive
fragmentation de son territoire et par la mauvaise image des ensembles pavillonnaires fermés.
Des recherches restent toutefois à mener sur ce point.
Eric Charmes souligne une logique inverse dans le cas du Grand Lyon. En effet, dans le
secteur du Grand Large (à la périphérie du Grand Lyon) de nombreux riverains demandent le
reversement de leur rue pavillonnaire dans le domaine public, principalement pour faire
supporter le coût de leur réfection par la collectivité. Seulement, l’acception du classement
dans le domaine public est soumise à d’importantes restrictions : la communauté urbaine du