Vous-même et votre gouvernement ne comprenez pas le fonctionnement des marchés
financiers, leurs produits dérivés, leurs montages financiers complexes ou l’informatisation
croissante des échanges.
Si vous comprenez, monsieur Chartier, vous êtes alors coupable, et vous aurez à répondre
devant le peuple français de vos politiques.
Vous êtes plus démunis, mesdames, messieurs, que le commun des mortels qui bénéficie de
son expérience de la vie quotidienne et subit les dramatiques conséquences de votre crise.
Vous faites confiance aux marchés, aux banquiers, aux spéculateurs.
Bien sûr ! Vous ne faites confiance qu’à ceux-là, qui profitent de la crise provoquée par
l’appétit insatiable du capital pour sa propre accumulation et la garantie de son taux de profit.
Quant à la mise en œuvre, c’est encore plus délicat, parce que, pour cela, il vaut mieux
comprendre la vie réelle et l’avoir vécue soi-même, pour savoir de quoi l’on parle. Et,
monsieur le ministre, ce n’est pas au bord des Grands Lacs qu’on apprend cela !
Je reviens à mon propos. Passons aux citations, monsieur Chartier ! Je commencerai par citer
quelqu’un qui, peut-être, est plus proche de Mme Lagarde que de M. Baroin. Saint Luc
remarquait déjà, dans l’Évangile : « Si un aveugle guide un aveugle, tous les deux tomberont
dans un trou ». Quant à moi, je dirais plutôt que ce sont les autres, c’est-à-dire la grande
majorité de nos concitoyens français et européens, que vous êtes en train de pousser dans le
trou !
En ce sens, William Shakespeare avait vu plus juste, en disant : « C’est un malheur du temps
que les fous guident les aveugles. » Les fous, ce sont les spéculateurs ; les aveugles, ce sont
vos collègues du Gouvernement et vous, monsieur le ministre.
La finance est devenue folle et vous, votre gouvernement, votre majorité, la suivez avec
l’aveuglement des vieux-croyants ou – nous avons vu, récemment, le pèlerinage à Fatima – de
ces croyants qui suivent à genoux leur chemin de croix ; vous êtes un peu dans cette situation,
à cette différence près qu’à l’arrivée ce n’est pas vous qui êtes crucifiés, mais le peuple
français, qui souffre pendant que vous n’êtes que spectateurs, après avoir été acteurs de ces
politiques.
Aveuglés par votre idéologie, vous capitulez devant les exigences du marché, et votre
servitude, votre servilité, votre zèle empressé à l’égard des intérêts des banques est volontaire,
consenti. Vous avez perdu tout sens critique. Prenons-en pour exemple, une fois de plus, ce
projet de loi de finances rectificatives. Détaillant le contexte qui a, selon vous, « présidé à
l’adoption du mécanisme européen de stabilisation pour préserver la stabilité financière »,
vous nous expliquez que « les tensions sur les marchés financiers se sont très fortement
accentuées dans les jours suivant la demande d’activation par la Grèce du plan d’aide, le
23 avril dernier ». Jusque-là, nous sommes bien évidemment d’accord, dans la mesure où
nous avions dès le départ dénoncé non seulement l’injustice sociale de ce plan mais également
son inefficacité économique. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous avions voté contre
ce plan d’aide aux créanciers, aux banquiers et aux marchands d’armes.
Mais comme il ne sert à rien d’insister sur le fait qu’alors que vous étiez encore aveugles,
nous avions vu juste il y a un mois, comme nous avions vu juste à l’automne 2008, c’est la