Université Louis Pasteur - Strasbourg 1-
Département des Sciences de l’Education
Dossier d’actualité pédagogique
LA PHILOSOPHIE DES L’ECOLE PRIMAIRE
par
ALLENDER Noémie
thème validé par Mme RAFFIN
UE L2
Année universitaire 2000-01
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SOMMAIRE
LA PHILOSOPHIE DES L’ECOLE PRIMAIRE
Introduction
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A) Les fondements théoriques de la philosophie pour enfants
1) Présupposés
4 2) De quelle philosophie parlons-nous ?
5 3) Les objectifs de cette pratique pédagogique
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B) Mises en application de la philosophie pour enfants
1) La méthode Lipman
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2) Les pratiques pédagogiques françaises
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C) Résultats, limites et nouvelles questions sur la philosophie
pour enfants
1) Résultats qualitatifs et quantitatifs en France et dans le monde
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2) Les limites de la méthode lipmanienne
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3) Des controverses qui bloquent la diffusion de la philosophie pour enfants en
France
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Conclusion
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Bibliographie
- Références contemporaines sur la philosophie pour enfants
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- Références philosophiques qui ont appuyé cette réflexion et ces théories 17
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Annexe :
Document de base
LALANNE,A.(2000).La philosophie à l’école élémentaire : mission impossible ?.Cahiers Pédagogiques , 386,
27-29
LA PHILOSOPHIE DES L’ECOLE PRIMAIRE
Introduction
Le thème abordé ici pourra sembler surprenant pour l’opinion commune, mais c’est
justement que réside tout son intérêt : dépasser les clichés pour révéler quelque chose de
peu banal et de pourtant loin d’être aussi novateur et farfelu qu’il y paraît.
Comment est considérée aujourd’hui la philosophie par la plupart des gens en
France, sinon comme une discipline inutile, hermétique et beaucoup trop ardue pour être
abordée en une brève année de Terminale qui cause déjà bien assez de soucis aux futurs
bacheliers? On justifie son application ( tardive pour les uns, prématurée pour les autres) par
la nécessité d’être déjà pourvu d’un capital de connaissances assez large ainsi que d’une
certaine maîtrise du langage pour mener une argumentation solide(GUILLAUMIE ,F. 2000 :
p.22-23). On souhaite qu’elle soit absolument obligatoire dans tous les baccalauréats généraux
et techniques afin de s’assurer que les étudiants auront tous, au moins une fois dans leur vie,
touché ou effleuré cette discipline « noble ».
Mais de quelle discipline parle-t-on exactement? A quels contenus fait-on allusion, à
quelles méthodes pédagogiques se rapporte-t-on? Si la philosophie en tant qu’enseignement se
résume en une histoire des doctrines communiquée par un cours magistral, on peut aisément
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comprendre l’attitude désabusée de nombreux élèves qui ne se sentent en rien concernés par
les paroles qu’on leur profère. Alors, oui, l’intérêt que l’on portera à la philosophie dépendra
fortement du charisme du professeur, oui, il sera question d’être plus ou moins doué pour
cela ( comme on a ou pas la « bosse des maths » ), et oui, c’est le « bidouillage rhétorique »
qui fera la différence. Par conséquent, il serait effectivement absurde de vouloir infliger cela à
des enfants dès l’école primaire, vues les difficultés que rencontrent déjà les lycéens.
Cependant, un renversement copernicien pourrait bouleverser ces idées reçues. Tout
comme on a pu penser à propos du bilinguisme au primaire qu’il était bien assez compliqué
d’apprendre une seconde langue au collège, alors qu’en fait la plasticité du cerveau à l’enfance
est un terrain tout à fait propice à l’apprentissage de phonèmes et de structures linguistiques
les plus diverses, essayons de considérer l’enfance et ses caractéristiques comme un terreau
fertile à la PRATIQUE DU ‘PHILOSOPHER’.
En effet, tout le problème, comme de coutume en philosophie, est de définir l’objet
dont nous parlons. La philosophie telle que l’on propose de la pratiquer depuis déjà trente ans
au primaire ( et pourquoi pas ailleurs !) est avant tout un art de vivre comme elle se voulait à
ses origines. La philosophie, « amour de la sagesse » n’était qu’exercice, pratique en vue du
Souverain Bien : le Bonheur (ARISTOTE , Ethique à Nicomaque). De même, c’est une
philosophie non plus seulement évoquée mais vécue, pratiquée, que l’on essaie de faire
germer chez les enfants en profitant du fait qu’ils ne sont pas encore totalement vernis de leur
culture, et grâce à quoi ils font preuve d’un étonnement fondamental pour la quête de sens
que représente la philosophie. Par conséquent, il s’agira avant tout d’apprendre à ces bambins
un comportement cognitif, intellectuel et social et non pas des connaissances qui leur sont
étrangères et vides de sens.
C’est ainsi que nous allons explorer ce nouveau champ pédagogique mis à l’essai un
peu partout dans le monde en examinant ses présupposés, ses buts, sa mise en pratique et ses
résultats, afin d’en dégager la pertinence et les limites. Nous essaierons, par ce biais, de
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répondre à la question d’ Anne Lalanne : « la philosophie à l’école primaire : mission
impossible ? » .Ou, pour le formuler en termes plus problématiques :
En quoi l’apprentissage du « philosopher » dès l’école primaire, loin d’être une utopie
intellectuelle, a une place plus que légitime au sein d’une institution qui se veut
démocratique ?
A) Les fondements théoriques de la philosophie pour enfants
1) Présupposés
L’idée de faire pratiquer la philosophie à de très jeunes enfants n’est aucunement le fruit
d’un fantasme collectif d’une communauté d’intellectuels aux ambitions démesurées et
surréalistes. Si Anne Lalanne, professeur des écoles à Montpellier, a su se faire convaincre des
vertus de cette pratique, c ‘est qu’elle reposait sur de solides présupposées philosophiques et
pédagogiques.
Tout d’abord, pour considérer l’enfant comme capable de philosopher, il faut partir de la
définition anthropologique générale de l’homme comme un être éducable(WEIL,E. La
philosophie morale ), c’est-à-dire capable de tout, indéterminé, susceptible de faire le pire
comme le meilleur. L’Homme « n’a point d’instinct et doit se fixer lui même sa conduite »
disait Kant dans ses Réflexions sur l’éducation. C’est un être qui, contrairement à l’animal, ne
sait pas immédiatement ce qui est bon ou mauvais pour lui et qui doit par conséquent « user
de sa propre raison ». C’est justement cette raison que l’on veut, très tôt, apprendre à utiliser à
l’enfant avant que son esprit ne soit formé, pour ne pas dire fermé (DANIEL,M.-F. 1997 :
p.23). Partant de là, l’enfant est considéré comme une sorte de pâte informe qu’il s’agirait de
modeler.
On conçoit immédiatement le danger d’un tel statut, puisque l’enfant est susceptible de
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