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Euler Hermes Le Bulletin Économique N°1232 | Conjoncture et risques économiques
©image courtesy of JD Hancock, flickr.com under CC2, creativecommons.org/licenses/by/2.0
Sources: IHS, prévisions Euler Hermes
L’indestructible croissance
se heurte à un plafond de
verre
Une succession d’événements inattendus a pesé
sur la croissance mondiale en 2016: tout d’abord,
l’effondrement du marché d’actions chinois en
janvier, puis la chute des cours du pétrole jusqu’à
27 USD le baril au T1, le vote pro-Brexit en juin,
l’effervescence politique dans les pays émergents,
et enfin l’élection présidentielle américaine en
novembre. Tous ces évènements ont défié les
prévisions des experts les plus éminents. Parallè-
lement à l’essor du vote populiste et protection-
niste, la croissance du commerce mondial est
tombée à +1,9 % en volume en 2016, son niveau
le plus faible depuis 2009.
Différentes formes de résistance, tant au niveau
mondial que local, sont pourtant apparues et
ont permis d’absorber les à-coups et les turbu-
lences. La croissance du PIB mondial ne s’est
pas effondrée et, selon nos prévisions, elle de-
vrait terminer l’année autour de +2,5 %. Avec
une croissance du PIB de +6,7 % en Chine, de
+2 % au Royaume-Uni, des cours du pétrole re-
venus au-dessus de la barre des 50 USD le baril
et des marchés d’actions qui atteignent des
sommets après l’élection de Donald Trump, le
panorama n’est pas totalement sombre.
En 2017, les prévisions indiquent une augmenta-
tion du PIB de +2,8 %. Cette légère reprise peut
s’expliquer dans une large mesure par l’accéléra-
tion de la croissance aux États-Unis, la sortie de
récession de la Russie et du Brésil et la résistance
de l’Europe et de l’Asie. Cependant, les différences
de sort entre les Quatre Mousquetaires (États-Unis,
Europe, Chine et marchés émergents) et les duels
auxquels ils pourraient se livrer – car la mondiali-
sation est accusée de tous les maux – devraient
empêcher la croissance mondiale de dépasser la
barre des +3 % pour la septième année consécu-
tive, une barrière invisible qu’il devient de plus en
plus difficile de franchir année après année.
En effet, les États-Unis et la Chine adopteront cer-
tainement une posture plus agressive en matière
de commerce et d’investissement, tandis que
l’Europe cherchera davantage à trouver un équi-
libre entre la croissance et les intérêts politiques.
Les décideurs veulent être certains que les me-
sures palliatives et les stratégies européennes, qui
vont de la politique monétaire accommodante
de la Banque Centrale Européenne (BCE) jusqu’à
la relance budgétaire préconisée par la Commis-
sion Européenne, seront capables d’amortir suf-
fisamment les chocs attendus en 2017. Ceux-ci
sont particulièrement nombreux et ils continue-
ront de faire les gros titres: les élections en France,
en Allemagne et aux Pays-Bas, l’interminable che-
min de croix du Royaume-Uni vers le Brexit ou
encore la vulnérabilité du secteur bancaire italien.
C’est pourquoi les marchés émergents ne feront
qu’un retour timide car les investisseurs devien-
dront de plus en plus sélectifs et la préférence
nationale prévaudra.
Une telle chape de plomb sur l’expansion éco-
nomique pourrait avoir comme conséquence une
augmentation des défaillances d’entreprises pour
la première fois depuis 2009 (+1 % en 2017). En
2016, les défaillances ont diminué de -2 %, c’est-
à-dire beaucoup plus lentement qu’au cours des
deux années précédentes. En 2017, de fortes
hausses des défaillances d’entreprises sont atten-
dues au Brésil (+15 %), en Chine (+10 %), en
Afrique du Sud (+5 %), en Turquie (+5 %), et au
Royaume-Uni (+5 %).
Graphique 1 Croissance du PIB réel, % a/a
2015 2016 2017p 2018p
CROISSANCE DU PIB MONDIAL 2,7 2,5 2,8 2,8
États-Unis 2,6 1,6 2,4 2,2
Brésil -3,8 -3,5 0,6 1,8
Royaume-Uni 2,2 2,0 0,9 0,6
Membres de la zone euro 1,9 1,7 1,6 1,5
Allemagne 1,5 1,8 1,7 1,7
France 1,2 1,3 1,4 1,3
Italie 0,6 0,9 0,6 0,8
Espagne 3,2 3,3 2,3 2,0
Russie -3,7 - 0,6 1,0 1,2
Turquie 6,1 1,3 1,0 2,0
Asie-Pacifique 4,9 4,8 4,7 4,5
Chine 6,9 6,7 6,2 5,8
Japon 0,6 0,8 1,0 0,9
Inde 7,6 7,2 7,5 7,5
Moyen-Orient 2,1 2,1 2,2 2,6
Arabie Saoudite 3,4 1,2 2,0 2,5
Afrique 3,1 1,6 2,6 3,3
Afrique du Sud 1,3 0,5 1,5 1,5
*Poids du PIB mondial au prix du marché, 2016