philosophique la plus constante : “ L’homme et le monde ” (l’homme est-il plutôt dans le
monde ou face au monde ?), “ La connaissance et la raison ” (la connaissance est-elle tout
entière d’ordre rationnel et la raison d’ordre scientifique ?) et “ La pratique et les fins ” (toute
action est-elle ordonnée à des fins et, si oui, lesquelles et sont-elles visées consciemment et
volontairement ou non ?). Aucune considération tactique (comme celle de changer quelque
chose d’ordre sémantique pour agréer à la demande de réforme) ne nous paraît devoir nous
faire renoncer à la double exigence de complétude et de cohérence en cause ici, ce pourquoi
nous demandons au G.E. Fichant de se pencher à nouveau sur cette première colonne.
La deuxième colonne ne présente aucune difficulté dans son principe, pourvu que
l’on veille bien à l’articulation de ses notions-objets aux notions-problèmes de la
première colonne, et que la liberté du professeur soit effectivement non seulement
reconnue mais aussi sollicitée pour ce qui est de cette articulation dans son cours
(comme cela est bien précisé dans la présentation). Des questions demeurent cependant
quant au choix de certaines notions : pourquoi “ La perception ” et “ La responsabilité ”,
aisément subsumables sous certaines des autres notions retenues, et pourquoi pas “ L’idée ” et
“ Le jugement ” (alors que ces notions semblent être essentielles à la réflexivité exigible du
discours philosophique ou, en tout cas, de son enseignement) ? La question se pose aussi de la
subsomption de certaines notions-objets sous les notions-problèmes qu’on leur fait
correspondre : pourquoi “ Le vivant ” et “ La matière et l’esprit ” sont-ils rangés sous “ La
connaissance et la raison ” alors que leurs objets sont d’évidence d’ordre ontologique et non
pas épistémologique ? Ces questions n’étant pas réductibles aux inévitables conflits que
soulève le choix ou l’éviction de telle ou telle notion, mais relevant bien de l’exigence d’une
certaine cohérence interne du programme qui sera finalement retenu, nous demandons aux
collègues du G.E. de se repencher un peu sur cette deuxième colonne aussi. Reste la demande
assez souvent exprimée d’un véritable allégement quantitatif des notions, essentiellement dans
les séries E.S. et S., qui semblent être ici trop chargées comparativement à la série L., pour
laquelle le nombre de notions paraît acceptable.
Pour ce qui est de la troisième colonne, l’acceptation quasi unanime de son
principe (et même de sa lettre, à quelques exceptions près que chaque professeur pourra
rectifier s’il le juge utile), repose sur la thèse selon laquelle, pour permettre à ses élèves
d’accéder à la rigueur exigible du discours philosophique, le professeur doit lui-même, dans
son cours, non seulement dire ce qu’il dit en faisant ce qu’il fait mais aussi dire ce qu’il fait,
en thématisant et problématisant les distinctions opératoires qu’il emploie (sans aller jusqu’à
les traiter en et pour elles-mêmes, en dehors de toute référence à un contenu autre
qu’elles-mêmes) et, bien entendu, faire ce qu’il dit, en les mettant effectivement en œuvre
dans la préparation et l’effectuation de son cours. Les éventuelles objections à l’encontre de
cette troisième colonne (comme les risques du traitement séparé de ces “ repères ” et du choix
de sujets de baccalauréat qui en feraient leur seul objet) nous semblent être expressément
désamorcées par la lettre même de la présentation de ce programme (contrairement à l’actuel
programme Renaut qui fait de l’apprentissage de la démarche philosophique une partie à part
entière, de dignité égale aux autres parties de ce programme, ce qui est propice à l’apparition
de nouveaux sujets d’examen d’ordre purement méthodologique, éventualité particulièrement
dommageable en ce qu’elle conduirait inévitablement à la fragmentation du cours du
professeur et des travaux de ses élèves en “ séquences ” d’apprentissage et de restitution de
telle ou telle procédure d’argumentation dont la séparation d’avec tout contenu effectivement
traité ne pourrait mener qu’à une pratique discursive de type rhétorique).