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Le terme consacré est celui d'" objecteur de croissance ". Certains parlent de " simplicité
volontaire ", ou de " sobriété ". Leur engagement mêle souvent choix de vie personnel,
convictions écologistes et militantisme politique. Quand le reste de la société ne songe qu'à
augmenter son pouvoir d'achat, ils préfèrent travailler moins, gagner moins, et dépenser moins.
La majorité des gens a un régime alimentaire moyen de plus en plus industriel et calorique, passe
des heures devant la télévision, " s'évade " quelques jours au Maroc ou aux Maldives, utilise des
objets toujours plus vite remplacés. Les objecteurs mangent bio, végétarien, et local, ignorent la
télévision et préfèrent lire, se déplacent à pied, à vélo, ou en train et ne prennent l'avion qu'en
dernier recours, réparent les objets, les réutilisent, les échangent, et partagent ce qui peut l'être :
machines à laver, ordinateurs, voire logements.
Cela ne signifie pas renoncer à tout. " Je ne suis pas un homme des cavernes, sourit Armand, 30
ans, installé dans une petite maison de pierre bretonne. J'ai l'électricité - tout en surveillant ma
consommation. J'adore le téléphone. Et la voiture, quand on vit dans le centre de la Bretagne, ce
n'est pas négociable. " " La simplicité volontaire, c'est un concept en chantier, on ne signe pas
de charte ", relève-t-il. En revanche, malgré un revenu de quelques centaines d'euros par mois,
Armand ne mange que bio. " La décroissance est un objectif vers lequel on tend, chacun a ses
limites ", affirme également Christophe, rédacteur sur infogm.org, un site internet consacré aux
OGM.
Si le mensuel La Décroissance est parcouru chaque mois avec reconnaissance par des lecteurs
très méfiants vis-à-vis des médias grand public, il n'est donc pas pris au pied de la lettre. " Si tu
les écoutes, de toute façon, tout le monde a tort ", dit Armand.
Pour certains, le changement se fait par petites touches. Cela commence par l'alimentation ou les
déplacements. " Quand on est cycliste, on prend conscience de ce qu'est l'énergie parce qu'on
doit la produire soi-même, dit Pierre, un Parisien membre de l'association Vélorution. On réalise
l'extraordinaire gâchis autour de nous. "
Béatrice, elle, a tout lâché d'un coup. " J'avais un commerce à Brest, ça marchait bien, il ne
restait qu'à le faire grossir, raconte la jeune femme, aujourd'hui installée à Carhaix. On veut
gagner plus, avoir plus, mais à un moment on n'est pas satisfait de la vie qu'on a. On risque de
tomber dans l'engrenage boulot, stress, médicaments, passivité. " Béatrice travaille aujourd'hui
au développement du commerce équitable local. Elle est hébergée chez un ami et ne possède
rien. " Je sais que ça paraît difficile de vivre cette vie, mais très vite on se rend compte que c'est
très facile, et même très agréable ", dit-elle.
" Pratiquer la décroissance apporte une richesse incroyable, car quand tu consommes moins, tu
travailles beaucoup plus ton imaginaire ", confirme Helena, une Suédoise de 37 ans qui a élevé
trois enfants en Bretagne, tout en vivant dans des conditions sommaires. La petite roulotte
familiale est aujourd'hui délaissée en faveur d'un gîte. Et Helena s'avoue un peu lasse de cuisiner
toute la journée pour sa famille. " La décroissance, ça prend du temps, il faut le savoir ",
sourit-elle. Elle aimerait " s'ouvrir davantage vers l'extérieur ". Si l'objectif ultime des objecteurs
de croissance est l'autonomie complète sur le plan matériel, la plupart n'apprécient pas la
solitude. " Moins de biens, plus de liens " est un de leurs slogans.
Ils constatent pourtant qu'une certaine agressivité les entoure. " 80 % des gens condamnent mon