Atelier d'écriture<a
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redi-23-septembre"> 1ère séance : "Variations autour du Je"</a>, avec deux titres déclencheurs de Régis
Jauffret : « Je n’entends jamais sonner », « Je ne pourrai jamais rembourser Grand-mère »
In memoriam
- Ah Gilles, te voilà enfin mon salaud ! Je me trompe ou je ne t’ai pas vu beaucoup ces derniers temps ?
Je te sens hésitant sur le pas de la porte… Elle ne te plait pas ma chambre ? Elle n’est pas belle, ma chambre ?
Toute blanche. C’est beau le blanc, c’est virginal. L’aube de la vie…
L’aube de notre 1ère communion, tu te rappelles ? Tu refusais de la mettre car tu ne voulais pas « ressembler à
un cureton » disais-tu…
Décide toi à avancer, courage que diable !
C’est mon lit qui t’effraie ? Les bat-flancs, peut-être ?
Je suis un vieux gros bébé qui risque de tomber de son lit, qui porte une couche-culotte, tu sais, comme celle de
la publicité, avec un élastique qui fait pling quand on te le lâche sur le haut de la cuisse. Une petite décharge
électrique sur ma peau d’ancien bébé.
A moins que tu n’aies peur de tous ces tuyaux qui me sortent de partout.
Et ne me dis pas : pour une fois que tu as l’air branché !...
Ou plutôt, si…dis-le moi. Gilles… fais-moi rire…comme avant quand nous faisions des concours avec les
copains des blagues les plus nulles. Reconnais qu’aujourd’hui celle que je te joue est grandiose. Du pathétique
dérisoire et ultime.
Tu t’es enfin décidé à approcher, Marika t’y a sans doute aidé.
Je la sais près de toi, je la sens. Elle se parfume trop ou bien mon odorat fait des heures sup’, il compense car
pour les autres sens…ils doivent être en RTT !
Marika vient vérifier que ma copine Morphine fait bien son boulot, qu’elle me maintient dans la bienheureuse
douceur de l’inconscience.
Mon nez reste l’unique et fragile sentinelle de ma conscience, le parfum de Marika, et je la vois, la belle
Marika.
Qu’en dis-tu toi, le bourreau des cœurs ? Elle est belle comme toutes ces petites infirmières qui nous faisaient
bander quand nous passions devant leur école en allant au lycée.
Tu m’avais dit un jour que tu t’en étais fait une le soir de la St Sylvestre.
Ah la vache ! Qu’est-ce que je t’avais envié ce jour-là !
Tu as toujours eu plus d’assurance que moi.
Quoique là… tu en manques sérieusement…d’assurance !
Pour une fois que je t’impressionne, je ne vais pas me priver, je vais la laisser rôder la camarde, tu sais, celle
que tu n’entends pas sonner et crac ! elle est là dressée devant toi et toi, pauvre con , étalé telle une pièce de
boeuf à l’étal d’un boucher.
Ma chère sœur trouverait l’image triviale et pour le moins peu chrétienne, elle, la grenouille de bénitier de la
famille.
Je parie qu’elle va me concocter une cérémonie avec le ptit jésus par ci, le ptit jésus par là.
Enfin…je me suis toujours demandé comment elle pouvait faire confiance à un mec qui n’a même pas été foutu
de s’éviter le martyre avec un père aussi bien placé…
Tu me connais, quand c’est qu’on me mettra dans le trou, j’veux qu’on rie, j’veux qu’on danse, j’veux qu’on
s’amuse comme des fous.
- Allez, mon poteau, sois pas triste.
A la revoyure.