repérer dans un monde complexe et réticulaire ? Selon les tâches attendus par les logiciels d’analyse textuelle
qu’ils ont abordés dans leurs travaux, ils nous invitent à réfléchir à leurs usages en sociologie et en philosophie
morale.
Marc Glady (Université Paris Dauphine, comité de pilotage ARCATI), Jacques Jenny :
Paradigme des registres de sens pour l’analyse (psycho)sociologique du discours.
Dans la continuité de l’inventaire critique des différents logiciels d’analyse textuelle informatisée (Jenny, 1997), il
s’agira de dégager ici les implicites de ces logiciels quant à une théorie du langage et à l’analyse de la
construction de sens. On sera amenés à revenir sur des questions de sociologie générale pour proposer quelques
« dimensions constitutives fondamentales », quasiment incontournables lorsque l’on veut pratiquer une analyse
sociologique ou psycho-sociologique de toute énonciation par traitement automatisé de matériaux discursifs. La
mise en œuvre de ces dimensions d’analyse et leur traduction sous forme de programme de repérage (marqueurs)
peut faire l’objet d’un nouveau cahier des charges à finaliser éventuellement avec des concepteurs de logiciels et
avec des socio-linguistes.
Mathieu Brugidou, Karl Van Meter (LASMAS-CNRS, comité de pilotage ARCATI) :
Questions d’épistémologie et de méthodes posées par le recours à l’analyse textuelle
informatisée dans la recherche sociologique.
Au cours des cinq années de séminaires, le paysage méthodologique d’ARCATI s’est révélé plus contrasté que
prévu, tant les paradigmes, les champs disciplinaires et les cadres théoriques – d’ailleurs inégalement explicités -
soutenant ces méthodes sont divers. Renonçant à optimiser des parcours méthodologiques si variés, on a tout au
plus repéré quelques concentrations remarquables. Ainsi celle qui oppose des logiciels marqués par une
épistémologie nomologique, « explicative », s’attachant à décrire les textes indirectement ou directement à travers
des variables et cherchant derrière les « données textuelles » , le format des « données numériques », aux logiciels
inspirés par une épistémologie herméneutique, « compréhensive », décrivant plus volontiers à partir des textes des
compétences indigènes – qu’elles soient argumentatives ou narratives – et mettant en évidence des « grammaires »,
des schèmes. En prenant deux exemples, les CAQDAS (Computer-Asssited Qualitative Data Analysis Software) et
les systèmes d’analyse tels qu’Alceste et Trideux, on constatera combien ces deux formes polaires affectent les
logiciels eux-mêmes ainsi que le travail du chercheur, qui détourne souvent les fonctionnalités de leurs objectifs
initiaux. Que des évolutions, trajectoires de méthodes et projets de recherche soient possibles montrent assez
l’existence, par delà la pluralité des langages de la sociologie, d’un domaine de cohérence ou comme dirait Jean-
Michel Berthelot de « communauté de langage » qui favorise des « interlangages ».
Débat avec la salle
12h00 Déjeuner
13h30 Pratiques de la sociologie et analyses textuelles informatisées
Après-midi sous la présidence de Claude Dubar (Printemps, Université de Saint-Quentin en
Yvelines)
13h30-14H20 Construire un objet sociologique avec l’analyse de discours
Mathilde de Saint-Léger, Bill Turner (LIMSI-CNRS) : Du concept de « traduction » à la
technique des mots-associés.
La sociologie des contenus scientifiques et techniques a eu beaucoup de mal à s’imposer au début des années 70.
M. Calon et B. Latour ont forgé le concept de « traduction » en vue de décrire un monde social composé d’entités
qui s’entre-définissent mutuellement et en permanence. Dans cet univers où seules comptent associations et
dissociations, la traduction rassemble tous les mécanismes par lesquels un acteur, quel qu’il soit, identifie d’autres
acteurs ou éléments et les met en relation les uns avec les autres. Le problème méthodologique que pose une
sociologie des contenus scientifiques et techniques se résume dans cette vision de la traduction : comment donner à
voir la fluctuation des entités (ou forces) qui participent à l’élaboration des connaissances et des savoir-faire ? Ou
plus simplement, comment décrire l'état d'un système productif et suivre son évolution dans le temps ? La technique
des mots-associés (co-word analysis) est née de cette interrogation et du choix que nous avons fait d'explorer les
mécanismes de traduction moyennant l'étude des écrits scientifiques.