SEISME : ALERTE ET AMENAGEMENT DES COTES INDISPENSABLES
La communauté internationale doit aider les pays asiatiques frappés par le tsunami à créer un
réseau d'alerte aux raz-de-marée et à repenser l'aménagement du territoire dans les régions
côtières dévastées, estiment des experts d'organisations écologistes. Les régions côtières
touchées sont "extrêmement peuplées" et font partie des régions les plus pauvres, observe Farah
Sofa, de la section indonésienne des Amis de la Terre. Elles ont des infrastructures extrêmement
déficientes.
La reconstruction devrait être axée sur la sécurité des populations et non pas sur de nouvelles
infrastructures touristiques, juge-t-elle.
La priorité, ce sont les routes, l'électricité, les services publics, l'eau potable et l'assainissement,
insiste cette écologiste.
La priorité, explique-t-elle, c'est à la fois de constituer un système d'alerte régional aux raz-de-
marée et d'établir un plan d'aménagement du territoire à long terme pour diminuer la
vulnérabilité des régions côtières aux catastrophes naturelles.
Ces deux tâches devront être menées de front, non seulement par les pays concernés mais aussi
par la communauté internationale, estime Mme Sofa.
"Nous avons besoin de l'aide des pays industriels, tous les gouvernements doivent coopérer",
poursuit-elle. Le tsunami du week-end dernier "est une catastrophe naturelle mais nous aurons
des conséquences similaires" avec la montée du niveau de la mer consécutive au changement
climatique, observe-t-elle. "L'assistance et la prévention sont donc aussi de la responsabilité des
pays du Nord" qui sont actuellement les principaux émetteurs de gaz à effet de serre à l'origine
du changement climatique.
Des experts de Greenpeace International tiennent le même langage. Dans tous les pays victimes
du raz-de-marée comme aux Philippines, où le séisme a été ressenti dans une province du Nord
avec une magnitude de 4,5 sur l'échelle de Richter, les régions côtières sont fortement peuplées,
observe Athena Ronquillo, qui travaille depuis Manille pour le bureau régional asiatique de
Greenpeace à Bangkok. "Les habitations sont si proches du rivage qu'elles ne résistent même pas
à un typhon".
Prévention des catastrophes, gestion de crises et aménagement du territoire ne sont que
diverses facettes d'un seul et même problème, le développement et la lutte contre la pauvreté,
souligne Mme Ronquillo.
Et de relever que le tsunami qui a frappé huit Etats de l'Océan indien va conférer une nouvelle
actualité à une conférence internationale sur les catastrophes naturelles, organisée du 18 au 22
janvier à Kobé à l'occasion du neuvième anniversaire du tremblement de terre qui a dévasté
cette ville japonaise.
Il faut aider ces pays à constituer un réseau d'alerte aux séismes et aux raz-de-marée comme
celui qui existe déjà dans le Pacifique, note le directeur climat de Greenpeace International
Steve Sawyer. Mais il faut aussi "réglementer le bâti dans les régions côtières" où alternent
souvent aujourd'hui "baraquements des villageois locaux et hôtels" pour le tourisme.
"Des centaines de millions d'euros vont être investis pour reconstruire du tourisme de masse",
observait mercredi dans une interview radiophonique un porte-parole des Verts français, Yves
Contassot. Sur cette somme on peut se demander "quelle partie va être strictement réservée à
la prévention, aux systèmes d'alerte et systèmes d'information de la population".
AFP - 29 décembre 2004