Risque et pauvrete dans un climat changeant

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Lancement d’un nouveau rapport sur l’évaluation des risques de catastrophes ce
dimanche 17 mai au Bahreïn
Risque et pauvreté dans un climat en évolution
Transformer la crise financière mondiale en avantage pour des lendemains plus sûrs
L’instabilité financière mondiale et les risques de catastrophes sont différents sujets avec une seule et
même conséquence : que le point de départ d’une catastrophe soit un système bancaire défaillant ou un
cyclone tropical de catégorie 5, ce sont toujours les pauvres et les communautés les plus démunies
ainsi que leurs habitants qui souffrent le plus.
Les accords obtenus lors du dernier sommet du G20 à Londres semblent indiquer que le seul élément
d’optimisme que l’on puisse retirer de la crise économique mondiale actuelle est qu’il est nécessaire
d’instaurer des réformes financières et institutionnelles et d’établir un système à long terme de manière
à retrouver la prospérité des récentes années.
Les implications au sens large d’une telle réflexion requière de la prudence, en particulier pour les
quelques milliard et demi de personnes qui vivent dans les pays en voie de développement (1 sur 4 de
la population mondiale) et qui subsistent avec moins de 1.25 dollars par jour, selon les chiffres de la
Banque Mondiale.
La croissance fiscale et la stabilité n’impliquent pas forcément un développement sans risques, surtout
dans les pays à bas et moyens revenus. L’économie galopante et le développement urbain comme l’ont
connu les pays d’Amérique latine et d’Asie ces dix dernières années ont conduit à une concentration
massive des populations et des richesses économiques dans les villes à risques, les vallées fertiles près
des rivières ainsi que les zones côtières. L’expansion rapide des installations dans les zones rurales et
côtières à risques ainsi que les habitats urbains informels n’a pas été nécessairement accompagnée par
les mesures adéquates de réduction des risques, ou par de meilleures structures de gouvernance, de
régulation et de planification.
Il est établi que les pays les moins développés ainsi que les communautés les plus pauvres souffrent
plus des catastrophes en termes réels et comparatifs, cependant, les nations les plus riches ne sont pas
épargnées par cette tendance à l’augmentation des risques, nous citerons par exemple les incendies en
Australie ou le tragique tremblement de terre en Italie centrale en ce début d’année.
Les inondations, sécheresse, tempêtes, tremblements de terre, feux de forets et autres aléas peuvent
engendrer une vaste misère humaine ainsi que des pertes économiques majeures lorsqu’ils surviennent
dans des endroits ou prévalent l’urbanisation croissante, l’absence de gouvernance urbaine, la
vulnérabilité des moyens de subsistance en milieu rural et le déclin des écosystèmes Les risques liés au
réchauffement climatique mondial tels que la montée du niveau de la mer, impliquent d’autres
conséquences graves sur notre futur cadre de vie.
Les progrès réalisés pour endiguer les facteurs de risque sont actuellement inadéquats, si nous voulons
parvenir à réduire de façon substantielle les pertes dues aux désastres et renforcer la résilience des
nations et des communautés aux catastrophes comme le stipulent le Cadre d’action de Hyogo et les
Objectifs du Millénaire pour le Développement d’ici 2015. Heureusement, le premier Rapport
mondial d’évaluation sur la réduction des risques de catastrophes qui lancée dimanche 17 mai, au
Bahreïn nous indique ce qu’il faut faire. Cette publication majeure des Nations Unies fournit un bilan
mondial des catastrophes entre 1975-2007 selon leur fréquence, leur géographie ainsi que leur impact.
Nous prévoyons que ce rapport devienne le document de référence pour les professionnels de la
réduction des risques.
L’augmentation des vulnérabilités et l’émergence de nouveaux aléas peuvent seulement être endigués
par des interventions de réduction des risques aux niveaux nationaux et inter régional comme l’ont
démontré en 2007 les chefs d’Etat de la Communauté économique des pays de l’Afrique de l’Ouest.
(CEDEAO), en adoptant une politique régionale pour la réduction des risques de catastrophes. Les
avantages d’une telle collaboration transnationale pour la réduction des risques ont fait leur preuve, de
même que d’autres structures mises en place en Europe, en Asie et en Amériques ces dernières années.
Certains pays renforcent leurs capacités de réduction des risques en créant des structures de
coordination nationale, comme le Royaume du Bahreïn ou un comité national de gestion des
catastrophes a été adopté en 2006 et définit les responsabilités de la gestion des risques à différents
niveaux du gouvernement. En Norvège, 96 pour cent des municipalités ont mené des analyses de
risques et de vulnérabilités locales tandis qu’en Turquie, le gouvernement collabore avec le secteur
privé pour mettre en place un système d’assurance obligatoire pour prévenir les conséquences
potentielles des tremblements de terre.
La Colombie, l’Iran, le Pérou, le Vanuatu, et le Vietnam, pour ne citer que quelques pays, montrent
comment la réduction des risques peut être explicitement inclue dans les budgets nationaux, en plus de
fonds réguliers alloués à la réponse et à la reconstruction. Néanmoins, l’intégration de la réduction des
risques dans les politiques, la planification et les investissements requiert encore bon nombre d’efforts
dans la plupart des pays.
La leçon est claire: il est essentiel de créer des institutions, des structures, des politiques et des
systèmes de planification intégrant la réduction du risque et soutenus par des investissements
croissants afin de réduire les risques liés au développement et s’adapter aux changements climatiques.
Afin de réduire les facteurs de risque à grande échelle, à savoir, la mauvaise gouvernance des zones
urbaines, les faibles moyens de subsistance dans les zones rurales, le déclin des écosystèmes et le
manque de protection sociale ; il est nécessaire de promouvoir des investissements importants. Plus
qu’un coût, cette politique doit être perçue comme nécessaire pour construire un monde plus sûr,
stable, durable et équitable.
Dans le contexte de la crise économique mondiale, l’augmentation des dépenses publiques pour
stimuler l’économie a un mérite considérable, pourvu que les investissements dans des infrastructures
de réduction de risques, comme les systèmes d’égout par exemple, ou d’autres initiatives de réduction
du risque soient réalisés pour diminuer les facteurs de risques dans son ensemble.
Pour que cette équation fonctionne, il faut s’assurer que des mesures de réduction du risque soient
intégrées dans les politiques de développement.
Cela ne sera complètement efficace que si les structures de gouvernance et les capacités de réduction
des risques sont renforcées de façon adéquate. A ce moment là, de petits investissements produiront
comparativement de grands et rapides bénéfices. Et nous aurons réussi à investir aujourd’hui pour des
lendemains plus sûrs.
En résumé : Investir aujourd’hui pour des lendemains plus sûrs
Margareta Walhstrom est le Secrétaire Général Adjoint pour la Réduction des Risques de Catastrophe
et Représentante Spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies pour la mise en place du Cadre
d’action de Hyogo.
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