- qui est capable d’avoir est donc capable de ne pas avoir.
La stabilité et la certitude ne se trouvent pas dans le verbe avoir :
- j’ai la gloire, demain je ne l’aurai plus,
- j’ai la science, demain je serai un ignorant vis-à-vis d’un plus savant que
moi,
- j’ai la puissance, demain je serai dominé,
- j’ai la fortune, demain je serai ruiné,
- j’ai l’éducation, demain je serai vicié...
Nous ne pouvons pas construire sur le verbe “avoir”. Il n’est pas une pierre
angulaire assez solide; le poids des acquisitions qu’elle supporte la brise ou
l’effrite et il n’est pas jusqu’à la vie qui n’en connaisse la fragilité, puisque
avoir la vie, c’est la recevoir, et la recevoir, c’est pouvoir la perdre.
Si fort que je serre la main pour conserver ce que j’ai, je n’arriverai jamais à
l’identifier avec moi. Il y aura toujours juxtaposition, car nous ne sommes et
nous ne pouvons pas être propriétaires au sens absolu du mot. Cela
supposerait que nous n’avons rien à recevoir des autres parce que nous nous
suffirions à nous-mêmes.
Lorsqu’un homme dit : “J’ai la vie”, il n’a pas encore épuisé sa définition, car
la possession de la vie connaît elle-même des instabilités de santé et de
faiblesse qui compromettent sa valeur, d’où la peur inhérente à la possession :
voir disparaître l’être des choses possédées.
Le Christ nous donne la vraie réponse sur la valeur de la vie :
«Avant qu’Abraham fût, Je Suis»
Plus de variante possible, plus de possession d’emprunt, rien qui Lui soit
prêté, mais quelque chose d’immanent à Lui-même et d’identique à Lui-
même, à tel point que Le nommer, c’est nommer l’ETRE et nommer l’Etre,
c’est nommer le Christ.
Sa perfection est un problème d’Etre avant d’être un problème d’acquisition
et si, sur le plan humain, l’âme du Christ a acquis des mérites, il faut
l’entendre dans le sens d’une vertu déjà existante qui se développait comme
les hauteurs d’un splendide jet d’eau se développe parce que le jaillissement
de l’eau est déjà existant.
Jésus ne possédait pas, IL ETAIT ce qu’Il avait.