Les degrés de la conscience transcendante dans le bouddhisme

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APPENDICE 3
Les degrés de la conscience transcendante dans le bouddhisme
tibétain
Nirmanakaya – Dieu dans le ciel
Il a été développé dans les traditions spiritualistes du bouddhisme tibétain
une terminologie servant à caractériser les différents corps subtils afin de
faciliter la compréhension des degrés de conscience. Qu’il me soit permis d’y
associer l’approche « occidentale » du divin.
Le corps le plus bas et le plus grossier que l’homme incarne sur terre
s’appelle le Nirmanakaya. Dans les civilisations occidentales, le Dieu du
niveau de conscience de l’avoir est désigné par le « Dieu dans le ciel », c’est
une séparation radicale entre l’homme et Dieu. C’est ce Dieu que prient les
croyants dans les églises. Il a été longtemps normal de prêter serment en
ajoutant « avec l’aide de Dieu » - et les hommes d’Etat ont fait la guerre au
nom de ce Dieu. Un Dieu qui arrange tout le monde parce qu’il est lointain et
peut être rendu responsable de tout le bien et de tout le mal qui advient.
Nombreux sont ceux qui argumentent dans ce sens en disant que Jésus luimême aurait prié « Notre Père qui es aux cieux ». On pourrait même croire
que ces chrétiens pourraient avoir raison si l’on n’y réfléchit pas trop
longtemps. Mais Jésus a dit « l’un et l’autre » : Dieu n’est pas accessible aux
sens, Il est au ciel ET il est au-dedans de chacun de nous.
Le pouvoir des rois (« par la grâce de Dieu ») repose sur ce « Dieu dans le
ciel » et le pouvoir de l’Église aussi puisque le Pape est considéré comme le
représentant du Christ sur terre. Une religion monothéiste reconnaît une
puissance suprême avec laquelle il est possible d’entrer en contact par la
Révélation et l’extase prophétique, qui donne son sens aux destins
individuels. Mais Dieu dans le ciel est et reste un Créateur séparé de sa
Création, un Dieu séparé du monde et de l’âme humaine.
Sambhogakaya – à la recherche de Dieu en moi
Le corps de l’expérience, du plaisir et de la vie a pour nom Sambhogakaya.
Ce corps est doté de capacités de perception extrasensorielles comme la
voyance ou l’intuition. On lit dans les textes chrétiens de la gnose
l’enseignement suivant : « Abandonne la recherche de Dieu, de la Création et
des autres choses. Cherche-Le en te prenant comme point de départ. Sache
qui tu es au plus profond de toi… En te connaissant, tu connaîtras Dieu. »
L’histoire a connu de ces mystiques qui ont décrit leur rencontre avec Dieu :
« Mon être est Dieu non par simple participation mais par une vraie
transformation de mon être. » « Mon moi est Dieu » (Catherine de Sienne)
« Voyez ! Je suis Dieu ; voyez ! Je suis dans toutes choses ; voyez ! J’agis
dans toutes choses ! » (Juliana of Norwich) « Le fondement originel de Dieu
et le fondement originel de l’âme sont une seule et même chose » (Maître
Eckhart).
Dharmakaya – Christ en moi
Le dharmakaya est de nature spirituelle, il est relié à la connaissance et au
souffle. Il est le corps du dharma ou de la Vérité, nature absolue du Bouddha.
Dharmakaya est aussi désigné par « soi » ou atman. La conscience du Christ
s’obtient par une mutation de conscience, une discontinuité dans la qualité de
conscience, c’est une « évolution discontinue ». Dieu prend possession de
l’homme. Ce n’est donc pas l’homme qui devient Dieu mais Dieu qui devient
homme. Et cela, c’est un peu comme la discontinuité de Dirac au niveau de la
Conscience : une évolution continue ne peut se poursuivre par un
développement linéaire.
La seconde naissance, la re-naissance en l’esprit, c’est laisser consciemment
le Christ prendre possession de son corps et de son esprit.
François d’Assise a reçu à La Verna (Italie) les stigmates christiques : une
prise de possession visible du corps par le Christ de la Passion. Grand
mystique, François d’Assise était prêt à un contact direct avec le Christ en
croix, à partager ses souffrances. Il avait pleinement reconnu son ISHAH
(anima) et était devenu « JE SUIS ». On peut s’interroger sur la possibilité de
devenir aussi un avec le Christ ressuscité, ou d’avoir part au corps de Christ
transfiguré. La voie mystique est une voie souterraine, un tunnel (*) vers « JE
SUIS » tandis que la voie de la seconde naissance est une quête au-dedans et
au-dehors de soi, dans la vie de tous les jours, au contact des autres et non
dans la retraite et l’isolement.
Au puits de Jacob, Jésus prédit à la Samaritaine la venue d’un nouveau genre
d’hommes qui se nourriront de l’eau spirituelle et prieront Dieu partout où ils
se trouvent.
Svabhavikakaya – moi et le Père sont un
Maintenant la signification du « notre Père » dans la bouche de Jésus devient
claire : Christ, fils de Dieu, parle à son Père-conscience parce que comme son
Père il est conscience cosmique ; à nous qui n’avons pas atteint le niveau de
la conscience transcendantale, il enseigne d’appeler Dieu Père, Père en la
conscience spirituelle. « Nul ne vient au Père sinon par moi » : l’homme ne
peut venir à Dieu que par la conscience en Christ.
Au niveau de la conscience cosmique, « Moi et le Père sont un ». Le Père est l’expression de
la puissance divine, le Christ incarne l’amour divin et l’Esprit Saint est le Créateur divin.
Trois notions pour un Dieu, ainsi l’enseigne l’Église catholique. Trois symboles, la puissance,
l’esprit et l’amour sont unis dans la conscience cosmique
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