Le maçon qui s'applique à construire cherche à assurer la durée de la maison. Le médecin
qui s'applique à guérir cherche à assurer la durée de la santé. Nous cherchons toutes les
occasions d'acquérir une chance supplémentaire de vie.
Comment et qui peut y parvenir ?
Il y a deux solutions :
1 – L'homme se juge capable d'organiser la terre absolument, immédiatement sans
référence aucune à un monde futur.
2 – L'homme va développer au maximum son attrait d'absolu, en se reliant au maximum à
l'Absolu de Dieu, afin de ramener sur terre l'Absolu du Bien auquel nous rêvons tous.
Première solution :
L'homme fait une confusion essentielle : il prend ses désirs pour ses moyens. Il désire
l'absolu de la justice, de la vertu, de la vérité, et par-là, il se révèle marqué de l'Empreinte
de Dieu, c'est-à-dire disposant de tous les moyens auxquels il rêve et qu'il désire pour être
absolument heureux.
Or, ces moyens lui manquent, et je le prouve : pour organiser un monde absolument juste,
il faudrait que l'homme sache tout des hommes, de leurs besoins matériels, qui varient
avec chacun, de leurs besoins intellectuels, qui varient à l'infini, de leurs besoins moraux,
qui changent chaque jour. Mieux que cela : l'homme refuse de reconnaître les besoins
spirituels et religieux qui torturent l'homme : besoin d'Amour de Dieu, besoin d'éternité.
Mieux que cela : tout renseigné qu'il soit par la science, la police, la médecine, les
surveillances, il y a quantité de choses auxquelles l'homme le mieux intentionné ne peut
pas répondre et ce sont en général les choses les plus capitales. La maladie, la souffrance,
la mort, l'épreuve, le sacrifice, l'origine du monde, l'avenir, le mal, la vertu, jamais il n'est
question de cela sur vos affiches électorales de réforme sociale. Vous n'aborderez l'homme
que de l'extérieur : sa bouche, son porte-monnaie, son plaisir; c'est-à-dire tout ce dont les
véritables hommes se sont privés : les héros, les saints, les bienfaiteurs de l'humanité.
Et vous dites avoir les moyens … ! Vous avez les désirs … mais moins que personne vous
n'avez les moyens. La preuve : ces doctrines sont si peu totales, donc si peu humaines,
qu'elles remédient à leur absence d'humanité, donc de perfection, par l'usage de la force et
de la violence qui imposent à l'homme ce vers quoi l'homme ne se sent pas attiré dès qu'il
a su faire la distinction entre apparence d'absolu et l'absolu lui-même.
Une doctrine individuelle ou sociale peut être parfaite ou vraie sur plusieurs points, mais
si, dans son ensemble, elle s'impose par la dictature de la force, de la police, de
l'assemblée, elle avoue par-là son immense faiblesse, car elle avoue qu'il y a quantité de
solutions qui lui échappent par ignorance ou méconnaissance volontaire de l'homme tel