Série : Conférences complémentaires.
Conférence : 60 - Les Droits de Dieu dans l'existence de l'homme.
Le besoin d'absolu.
Le fait : dès que l'intelligence d'un homme est éveillée, elle a le souci d'aboutir.
A quoi ? A un résultat aussi complet que possible : une vie de conscience, une vie de
science, une vie d'économie, une vie sociale, une vie matérielle.
L'intelligence cherche à se procurer du complet en tout : jouissance ou travail, plaisir ou
effort, pensée ou action.
«Il est toujours une rose plus rose que cette rose
Il est toujours un cœur plus aimant que ce cœur…»
Nos légèretés, nos inconstances, nos haines, nos brutalités, viennent d'un besoin de nature
impérieux de nous parfaire et de parfaire la vie sociale.
Absolu de justice, de fraternité, de bonheur, de paix.
Ceci explique le travail, le parti, l'effort, le progrès.
Nous sommes poussés par l'absolu qui est en nous; nous sommes attirés par l'absolu que
nous cherchons hors de nous.
Nous avons conscience que ce monde est rempli de relatif, c'est-à-dire de choses qui sont
et qui ne devraient pas être : les taudis, la guerre; de choses qui sont et qui pourraient
mieux être : les santés; de choses qui sont, et qui devraient être générales : le bonheur.
Nous sommes mal à l'aise dans ces états sociaux relatifs, avec notre sens du vrai total.
D'où ce besoin incessant d'organiser, ce besoin maladif de critiquer, ce besoin néfaste de
douter. Le monde ne nous plaît pas, et nous ne nous plaisons pas à nous-mêmes.
Notre relativité (j'entends : notre santé déficiente, notre intelligence limitée, notre cœur
incertain) passe son temps à essayer de devenir l'absolu auquel elle rêve. "Je suis bien,
mais je pourrais être mieux. J'ai commencé à exister et si jamais j'arrivais à exister
davantage par une santé florissante et un âge aussi avancé que possible".
Symptômes intelligents, qui nous révèlent capables d'envisager :
- ou un être qui commencerait et qui serait sans fin
- ou un être sans début et qui finirait
- ou un être sans début et sans fin.
Le maçon qui s'applique à construire cherche à assurer la durée de la maison. Le médecin
qui s'applique à guérir cherche à assurer la durée de la santé. Nous cherchons toutes les
occasions d'acquérir une chance supplémentaire de vie.
Comment et qui peut y parvenir ?
Il y a deux solutions :
1 L'homme se juge capable d'organiser la terre absolument, immédiatement sans
référence aucune à un monde futur.
2 L'homme va développer au maximum son attrait d'absolu, en se reliant au maximum à
l'Absolu de Dieu, afin de ramener sur terre l'Absolu du Bien auquel nous rêvons tous.
Première solution :
L'homme fait une confusion essentielle : il prend ses désirs pour ses moyens. Il désire
l'absolu de la justice, de la vertu, de la vérité, et par-là, il se révèle marqué de l'Empreinte
de Dieu, c'est-à-dire disposant de tous les moyens auxquels il rêve et qu'il désire pour être
absolument heureux.
Or, ces moyens lui manquent, et je le prouve : pour organiser un monde absolument juste,
il faudrait que l'homme sache tout des hommes, de leurs besoins matériels, qui varient
avec chacun, de leurs besoins intellectuels, qui varient à l'infini, de leurs besoins moraux,
qui changent chaque jour. Mieux que cela : l'homme refuse de reconnaître les besoins
spirituels et religieux qui torturent l'homme : besoin d'Amour de Dieu, besoin d'éternité.
Mieux que cela : tout renseigné qu'il soit par la science, la police, la médecine, les
surveillances, il y a quantité de choses auxquelles l'homme le mieux intentionné ne peut
pas répondre et ce sont en général les choses les plus capitales. La maladie, la souffrance,
la mort, l'épreuve, le sacrifice, l'origine du monde, l'avenir, le mal, la vertu, jamais il n'est
question de cela sur vos affiches électorales de réforme sociale. Vous n'aborderez l'homme
que de l'extérieur : sa bouche, son porte-monnaie, son plaisir; c'est-à-dire tout ce dont les
véritables hommes se sont privés : les héros, les saints, les bienfaiteurs de l'humanité.
Et vous dites avoir les moyens ! Vous avez les désirs mais moins que personne vous
n'avez les moyens. La preuve : ces doctrines sont si peu totales, donc si peu humaines,
qu'elles remédient à leur absence d'humanité, donc de perfection, par l'usage de la force et
de la violence qui imposent à l'homme ce vers quoi l'homme ne se sent pas attiré dès qu'il
a su faire la distinction entre apparence d'absolu et l'absolu lui-même.
Une doctrine individuelle ou sociale peut être parfaite ou vraie sur plusieurs points, mais
si, dans son ensemble, elle s'impose par la dictature de la force, de la police, de
l'assemblée, elle avoue par-là son immense faiblesse, car elle avoue qu'il y a quantité de
solutions qui lui échappent par ignorance ou méconnaissance volontaire de l'homme tel
qu'il est : chair, sang et âme, et qu'elle n'y peut remédier que par la contrainte (nazisme,
marxisme).
La caractéristique de la matière : sa tendance à la destruction dès qu'une idée n'est pas
pour la soutenir (la maison en ruine dès que l'idée de conservation est absente).
Les hommes passent leur temps à conjurer la destruction (architecture, santé, commerce)
ou à l'accélérer par la destruction volontaire (la guerre, le pillage). Dans les deux cas, l'idée
domine la matière.
«Mais l'idée est elle-même matérielle» force électrique, atomique, énergie inconnue
mais matérielle.
- Si elle est inconnue, pourquoi la classez-vous parmi la matière, qui, elle, est connue ?
C'est une affirmation anti-scientifique.
- Si elle est connue comme matérielle, sont vos preuves et vos démonstrations de sa
matérialité ?
- Si elle est matérielle : développer la matière serait développer l'idée et la vertu. La luxure
et la sensualité engendrerait l'intelligence et la pureté.
- Si elle est matérielle, elle se révèle dans les cas les plus dignes de l'homme, comme
l'ennemie de la matière à laquelle l'idée demande le sacrifice dans l'effort vertueux, la
souffrance dans l'expiation, la mort dans l'roïsme.
- Si l'idée, enfin, est matérielle, pourquoi ce désaccord de l'idée matérielle produisant des
fruits qu'elle renie et qui forment l'arsenal le plus noble de l'homme : religion, pureté,
vertu, sainteté, considérés comme les ennemis du matérialisme qui précisément les
produirait ?
il y a identité, il y a accord. Si pensée, lumière et esprit sont identiques à cellule,
atome et réactions, pourquoi ne sont-ils pas d'accord ?
Mais si l'esprit est si certain, pourquoi Dieu, l'Esprit par Excellence, est-Il si contesté ?
Précisément, parce qu'Il est Esprit par Excellence et que nous ne sommes qu'esprit par
raccroc, noyé dans l'animalité.
C'est l'anthropomorphisme moderne : nous voulons ramener Dieu à nos procédés humains
scientifiques, qui sont pétris de conditions matérielles.
Dieu est l'ABSOLU et à cause de cela Il ne peut pas Se voir. Dieu est Incompréhensible,
heureusement, comme une formule mathématique l'est pour un enfant. Dieu ne Se
rencontre pas, heureusement, sans quoi Il serait accessible à mon humanité.
Deuxième solution :
L'homme se relie au Seul Absolu qui soit : Dieu, afin, en Le ramenant sur terre, d'organiser
absolument la terre.
A l'encontre de la première solution, une doctrine ne vaut que par le libre consentement
qu'elle propose comme sa ligne de conduite principale.
Or, d'instinct, l'homme suit le complément absolu que lui apporte le Christ en se proposant
librement à Lui et en cédant librement à Sa Proposition.
Cette Libre proposition du Christ, sans armée, sans police, sans parti, sans pays, est le
signe même de la Certitude qu'Il a de Sa Valeur Divine et de la Sécurité qu'Il apporte au
monde. Il sait qu'il suffit de Le choisir pour résoudre le problème. Car Sa Puissance s'est
exercée sur tout le créé :
- sur l'eau des vagues et sur le vin de Cana,
- sur les végétaux, les pains et le figuier maudit,
- sur les minéraux : la pièce d'argent trouvée dans la bouche du poisson,
- sur les animaux : la pêche miraculeuse,
- sur le corps humain : les guérisons,
- sur le cœur humain : les pardons,
- sur l'âme humaine : les résurrections,
- la question sociale : les Béatitudes,
- l'autorité : «Rendez à César…».
Il a merveilleusement touché à tout d'une façon si Absolue qu'on n'a jamais rien dit de
mieux que Lui par la suite, ayant Lui-même annoncé l'avenir en avertissant qu'Il aurait ses
pastiches (pseudo-prophètes) et que les hommes Lui préféreraient ces doctrines d'erreur à
l'Absolu de Sa Vérité.
Pourquoi ? Parce que les autres doctrines, en servantes de nos points de vue, nous
apparaissent comme absolument merveilleuses sur ce point de vue, peut-être, mais un
point de vue n'est pas l'absolu de tout humain : exigences passionnées, mais pas l'absolu.
Il faut avoir le courage de mettre en cause le tout de son être pour y comprendre quelque
chose. Tout est confusion dans la vie moderne, parce que le tout de l'homme a été atteint
par les philosophies et les doctrines exaltantes pour certains aspects matérialistes de
l'homme. Mais, précisément, servir la cause de certains aspects, même légitimes, de
l'homme, c'est aller directement contre le besoin de chacun d'entre nous de prendre et
d'organiser l'homme dans son entier.
Au cours d'une conversation avec un communiste, je commence à soupçonner le
quiproquo : des mots justes, que nous avons tous au service de sectarismes secrets qui
commencent à montrer le bout de l'oreille. Païen, il disait : "Ce qu'il nous faudra, ce sont
des saints et nous n'avons pas le moyen d'en faire, mais vous " Quelle responsabilité !
donnant son paquet de nourriture à une pauvre femme nous, les embourgeoisés Il
est tout près de Dieu.
Nous sommes tous très près les uns des autres et nos divisions sont plus le fait de nos
ressemblances éternelles, de nature, que de nos divergences, ressemblances que nos
passions interprètent différemment.
Nous les croyants, nous sommes des arrivés au but qui n'en faisons pas bénéficier les
autres et les autres attribuent à tort à Dieu toutes les déficiences qu'ils remarquent chez
ceux qui Le Servent, ce qui est pour eux une manière de se dispenser de Le servir et de
L'aimer.
Or, qui refuse Dieu n'échappe pas pour autant à la fringale d'absolu que Dieu a mise en lui
pour qu'il Le connaisse. Et cette fringale, il l'utilisera, sans Dieu, au profit des choses très
relatives qui sont en lui :
- absolu au service de l'instinct : brutalité
- absolu au service de l'intérêt : le mensonge
- absolu au service de la passion : la bestialité
- absolu au service de la société : le marxisme, qui utilise l'homme à détruire sa
personnalité, car il la lui développe sous certains aspects pour le servir et, une fois servi, il
la lui reprend en la noyant dans la collectivité d'un kolkhoze : maintenant que tu m'as servi
à aboutir à mes fins, tu n'as qu'à disparaître.
Qui refuse l'Absolu Libérateur de Dieu sera un jour ou l'autre victime de l'absolu de
l'erreur qu'il aura servie, lui, sa famille, ses amis, et la société.
Conclusion :
Nous avons tous en nous des tendances supérieures identiques. Les uns n'ont pas encore
trouvé le but adapté à ces tendances Dieu leur demande la loyauté dans la recherche de
ce but. D'autres ont donné à ces tendances magnifiques un but inadapté, parce que ne
répondant pas à la totalité ou à la vérité de ces tendances. Dieu leur demande de repenser
le problème sans a priori.
«En vérité, Je vous le dis, à qui demande, on donne, à qui frappe, on ouvrira…»
D'autres ont trouvé la solution, mais Dieu leur rappelle la parabole des talents : ne pas
enfouir dans le bourgeoisisme, l'inaction, le mépris du prochain.
Tous, nous sommes frères en tendances humaines honorables et belles. Nous devons nous
unir dans la vérité. Nous avons tous des mises au point à faire, tous nous avons quelque
chose à renoncer, quelque chose à reconnaître.
Nous avons tous à nous reposer le problème de Dieu au bénéfice du monde.
Situer le problème du Christ
Pour le pire comme pour le meilleur.
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