Le Baroque Art et Littérature
Généralités
Définition
Le baroque est un style artistique et littéraire en Italie, et qui s’est répandu dans toute l’Europe
et en Amérique latine, au XVIIème et au XVIIIème siècle. Il a d’abord été défini négativement,
comme l’envers du classicisme. Il se caractérise par l’utilisation d’images saisissantes et de
procédés symétriques en littérature. En art, il peut être défini comme cherchant à éblouir, à
surprendre, et à émouvoir, grâce à l’utilisation de formes dynamiques, d’effets amplifiés et
contrastés.
Quand le baroque est-il né ?
Le mot « baroque » peut s'appliquer à une esthétique et à une vision du monde qui se répandent
à partir de l'Italie dans toute l'Europe à partir de la fin du XVIème siècle. En France, on a défini
un âge baroque qui couvrirait la première moitié du XVIIème siècle.
Le roman picaresque, par exemple, caractéristique du baroque, est né dans l'Espagne du XVIème
siècle et il est passé en France et en Allemagne au début du XVIIème siècle. Un écrivain comme
Shakespeare, né en 1564 et mort en 1616 devient un auteur réputé sur tout le continent
européen bien après sa mort, à la fin du XVIIIème siècle.
On peut donc considérer que l'âge de la littérature baroque européenne constitue ainsi une
mosaïque qui couvre donc les années 1580 à 1790.
La notion de « baroque » ne sera introduite que plus tard dans l'histoire littéraire française ; elle
permettra de nommer et de redécouvrir la période historique située entre la Renaissance et le
classicisme, période placée sous le signe de l'irrégularité, du spectaculaire, de la
métamorphose, de l'éphémère et de l'illusion.
Les différents sens du mot « baroque »
Le mot « baroque » est à l’origine un terme technique de joaillerie, d'origine portugaise. Il
désigne l'irrégularité d'une perle ou d’une pierre précieuse.
En Angleterre ou en Espagne, le terme a simplement défini une période, sans jugement positif ou
négatif. Son sens a évolué en France dans le sens de l'irrégularité, de l'insolite.
Le terme a donc été utilisé soit pour désigner, de façon négative, une œuvre mal bâtie, bizarre,
soit, de façon positive, l’originalité des écrivains et des artistes du début du XVIIème siècle.
Le Baroque Art et Littérature
L’art baroque
L’artiste baroque
Le baroque aime les architectures complexes, mais soigneusement calculées, qui montrent
les capacités d’invention et l’habileté de leur auteur. Il pense que l'esprit peut maîtriser ses
oeuvres : son goût de l'exubérance n'est en aucun cas d'une valorisation de la spontanéité et de
l'improvisation. Le baroque refuse l'unité de point de vue, mais exige l'articulation entre plusieurs
points de vue. C'est un art savant qui met la raison au service du mouvement et de la
couleur.
L’opposition « baroque classique » dans les arts
Le baroque est souvent défini comme le contraire du classicisme : l'esthétique classique est
stricte ; elle enferme les formes dans des lignes droites, harmonieuses certes, mais figées. Le
baroque privilégie la matière colorée et les formes en mouvement, les courbes, les
métamorphoses. Il ne fait qu'indiquer des directions et vit dans la diversité. Si le classique
éprouve une fascination pour la clarté, le baroque privilégie les contrastes en faisant ressortir
la lumière de l'ombre. Le classique veut être stable, profond et universel, comme le monde tel
qu'on le rêve à l'époque de Richelieu et sous le roi Louis XIV. Le baroque, lui, souligne le fait que
le monde est inconstant, et que le temps s'écoule, en transformant les êtres et les choses.
A la fin du XIXème siècle, Heinrich Wölfflin publia un livre sur l'art italien du XVIème et du XVIIème
siècle, l'Art classique, dans lequel il opposait classicisme et baroque en peinture : d'un côté la
ligne droite, la noblesse et l'équilibre, de l'autre la courbe, le mouvement et le foisonnement.
D'un côRaphaël et Poussin (peintres classiques), de l'autre Michel-Ange et Bernin (baroques).
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La littérature baroque
Définition du baroque dans la littérature
Le baroque efface volontiers les frontières entre la vie et la mort, le rêve et la réalité, le vrai et
le faux. Il imagine le monde comme un théâtre et la vie comme une comédie. Il aime la
surprise, l'héroïsme, l'amour et la mort. Il insiste aussi sur les différences entre les êtres, les
sentiments et les situations. C'est un style plein de diversité et de contradictions.
Il manifeste le goût des antithèses, des décalages, des hyperboles, et surtout des métaphores
qui permettent de relier des univers différents. Préciosi et burlesque, deux autres
mouvements esthétiques du XVIIème siècle, dérivent de cette sensibilité baroque.
Auteurs baroques européens classés par période
Le XVIIe siècle baroque
Une première vague baroque se constitue en deux temps : 1610 et 1630.
Dans un premier temps, en 1610, on assiste à lpanouissement de quatre genres : la
poésie, sous forme épique ou lyrique (Le Tasse, D'Aubigné, Malherbe, Régnier, Gongora) ; le
roman sous sa forme d'itinéraire sentimental compliqué (l'Astrée, d'Honoré D'Urfé),
d'aventures hasardeuses (les aventures du Picaro Guzman d'Alfarache de Mateo Aleman ou
celles de Don Quichotte, de Cervantès) ; le théâtre, avec les auteurs élisabéthains Marlowe,
Chapman, Tourneur et surtout l’œuvre de Shakespeare ; enfin les écrits moraux ou
spirituels (Charron, saint François de Sales).
La seconde période voit son apogée autour des années 1630 : on assistait une extension
considérable du genre dramatique, particulièrement en Espagne (Lope de Véga) mais aussi
en France (Corneille, Rotrou), en Hollande (Vondel) et en Angleterre (John Ford). Le genre
romanesque se distribue en " roman précieux " à la française dans le sillage de l'Astrée, ou en
roman picaresque ou burlesque (Sorel, Scarron) ; l'essai philosophique ou scientifique
connaît un essor lié au développement de la méthode et de la science (Descartes, Galilée,
Francis Bacon, Pascal); la poésie lyrique a pour représentants les « baroques » français
(Théophile de Viau, Saint-Amant, Tristan L'Hermite) ou italiens (Marino).
Le XVIIIe siècle baroque
Une deuxième vague baroque recouvre la première moitié du 18e siècle. Elle se
manifeste plus particulièrement dans le domaine musical et dans les arts plastiques. On lui
donne quelquefois le nom de rococo, encore que cette appellation s'appliquent surtout, en
France, aux arts ornementaux (architecture, décoration…).
On peut la définir, littérairement, par le retour de l'imaginaire et de l'affectivité, alors qu'à
l'inverse se développe la raison (du Siècle des Lumières). Cet imaginaire se manifeste par
l'emploi de la fiction, dans le conte (Perrault, Mme D'Olnoy) ou le voyage imaginaire ayant
parfois un caractère symbolique (Swift, Voltaire).
L'affectivité s'exprime à travers le « roman de compassion », dont le héros principal est une
victime (Richardson, AbPrévost). Le théâtre de Marivaux illustre bien ce rococo littéraire
français, dans lequel on retrouve un mélange de subtilité dans l'étude des sentiments et de
fantaisie légère.
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La musique baroque
La deuxième vague baroque, qui recouvre la première moitié du 18e siècle, se manifeste
particulièrement dans le domaine musical : Vivaldi, Rameau, Jean-Sébastien Bach, Haendel.
Baroque, musique,
période de la musique européenne comprise entre 1600 et 1750 environ. La musique de cette
période possède des traits communs avec celle des périodes qui l'entourent, mais son début fut
marqué par des innovations techniques et stylistiques à l'origine de la création d'un nouveau
genre, l'opéra, tandis que la fin de cette période se caractérisa par l'émergence d'éléments du
classicisme, tant pour la musique instrumentale que pour l'opéra. Le terme "baroque",
probablement dérivé d'un mot signant une perle irrégulière, ne fut employé qu'a posteriori et
avait au départ une connotation péjorative. Vue à travers l'idéal classique de symétrie et
d'équilibre, la musique de la période précédente paraissait exubérante et quelque peu
grotesque. Paradoxalement, les œuvres de l'architecte italien du XVIe siècle, Palladio, prises
pour modèle intellectuel par l'ère classique en raison de leur clarté et de leur mesure, étaient
précisément le produit du mouvement humaniste italien qui était à l'origine de l'opéra.
Pour plus de commodité, l'évolution musicale de l'ère baroque peut être divisée en trois phases,
parfois appelées baroque ancien, baroque moyen et baroque tardif, et qui correspondent
chacune à une période d'environ cinquante ans.
Le baroque ancien
C'est à Florence, dans les années 1590, qu'une communauté littéraire et musicale (la
"Camerata") mit au point l'opéra, drame musical chanté. La Camerata avait l'intention de
retrouver la faculté du théâtre classique grec à susciter des émotions en utilisant la musique pour
renforcer les pouvoirs expressifs de la voix humaine. Euridice (1600) de Jacopo Peri et Giulio
Caccini, premier opéra complet qui nous soit parvenu, alliait à la déclamation de style élevé des
solistes des danses pastorales de nymphes et de bergers, mêlant ainsi consciemment le pouvoir
de la tragédie et les idéaux de l'époque (la convention de l'idylle pastorale). Pour créer un style
vocal permettant des solos souples et puissants, on développa de nouvelles formes et de
nouvelles techniques, en particulier un style noble de chanson accompagnée, la chanson
monodique. Il fallut alors découvrir des techniques d'accompagnement aussi souples: ce fut le
rôle de la basse continue. La "basse chiffrée" est un accompagnement fondé sur la réalisation
improvie d'une structure harmonique. Cette technique devint non seulement une pratique de
jeu utilitaire, mais aussi un procédé qui détermina pendant un siècle et demi les pratiques de
composition, et encouragea la création de mélodies fondées sur des structures avant tout
harmoniques. Compte tenu également du désir de rehausser le pouvoir expressif de la voix
soliste, cela conduisit à abandonner les formes musicales fondées sur le contrepoint et
l'imitation. Certaines de ces formes survécurent cependant et prospérèrent dans d'autres genres
musicaux, comme dans la musique sacrée liturgique et dans le pertoire pour clavier.
L'opéra aurait pu n'être qu'une expérience isolée : il fut inventé dans une période où les
divertissements de cour étaient coûteux et occasionnels et requérait une mise en scène
recherchée, des décors en perspective et des effets scéniques nécessitant une main-d'œuvre
importante ainsi que l'engagement de nombreux musiciens. Mais le facteur déterminant dans le
développement de ce genre fut ltablissement, à Venise, dans les années 1630, de théâtres
lyriques permanents, placés sous le patronage des plus riches familles de la cité des doges,
mais accessibles à un public plus large. Tout aussi déterminant fut le rôle de Claudio
Monteverdi, qui donna à l'opéra sa cohérence artistique d'abord dans l'Orfeo (1607) et dans
Arianna (1608, dont la partition instrumentale est en grande partie perdue), puis surtout dans
ses opéras vénitiens ultérieurs: Il Ritorno d'Ulisse in Patria (le Retour d'Ulysse, 1640) et
l'Incoronazione di Poppea (le Couronnement de Poppée, 1642). Une puissante déclamation
théâtrale et des effets d'orchestre marquants se combinaient pour obtenir ce que Monteverdi
appelait son style "agité" (stile concitato), que l'on retrouve dans sa longue cantate dramatique
Il Combattimento di Tancredi e Clorinda (le Combat de Tancrède et de Clorinde, 1624), publié
dans un recueil de madrigaux. Le style du baroque ancien tendait à éviter l'imitation sonore
et la description anecdotique, courantes dans les madrigaux antérieurs. La musique servait
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surtout à rehausser la "passion" exprimée par le chanteur.
Outre les débuts de l'opéra, les années 1590 virent la publication à Venise des Sacrae
Symphoniae pour instruments de Giovanni Gabrieli (1597): le compositeur y disposait de
grands ensembles en groupes qu'il combinait ou contrastait. Cette technique d'écriture, qui
suivait un modèle choral connu sous le nom de cori spezzati, était directement inspirée de la
configuration de la basilique Saint-Marc de Venise. Son utilisation dans la musique
instrumentale acquit de l'importance quand les compositeurs baroques eurent de grands
ensembles à leur disposition. L'une des pièces du recueil de Gabrieli, la Sonata pian' e forte,
marqua le début de la notation formelle des nuances dans la musique européenne et
l'établissement de contrastes en paliers.
Le baroque moyen
Au milieu du XVIIe siècle, le centre des innovations se déplaça vers la cour de France,
Jean-Baptiste Lully, venu d'Italie, élabora un nouveau genre d'opéra. Alors que l'opéra
italien donnait de plus en plus d'importance aux solistes, l'opéra à la française en donna quant à
lui à la danse (qui restait de la tradition du ballet de cour), au chœur et à de spectaculaires
effets scéniques. Le style musical mélodique, clair et pourtant élégant des solistes, adapté
aux textes français, contrastait avec la recherche toujours plus grande de lignes mélodiques
qui accompagnait le développement de la virtuosité musicale en Italie. Dans les deux styles
d'opéra, cependant, on peut remarquer une distinction croissante entre les récitatifs (épisodes
dialogués ayant pour but de faire avancer l'intrigue) et les airs, ou arias (exprimant en musique
les émotions des personnages): c'est au cours du XVIIesiècle que l'expression des émotions
passa du récitatif à l'aria, surtout en Italie.
En transformant les musiciens de la cour de France en ensembles bien entraînés pour
accompagner les opéras, Lully posa les fondations de l'orchestre moderne. Dans la
deuxième moitié du siècle, le hautbois devint un instrument d'orchestre accepté en France,
tandis qu'en Italie les meilleurs trompettistes parvenaient à interpréter des sonates avec
accompagnement de cordes. Par la suite, les hautbois et les trompettes (ainsi que les bassons)
affirmèrent leur rôle artistique dans les ensembles orchestraux tout en continuant à jouer leur
rôle premier d'instruments de plein air et militaires. C'est l'Italie qui, dans la dernière partie du
siècle, joua le rôle clé dans le développement de la musique à cordes. L'âge d'or de la facture
d'instruments de la famille du violon, illustré par des luthiers comme Amati, Stradivarius et la
famille des Guarneri, s'accompagna du développement d'un style d'écriture propre à ces
instruments, avec des compositeurs comme Torelli et Vitali, qui firent du concerto pour
orchestre à cordes et de la sonate en trio deux genres instrumentaux majeurs. De même que les
airs des opéras italiens devenaient de plus en plus longs et recherchés, les sonates et les
concertos se dotèrent de mouvements de plus en plus amples qui vinrent remplacer la
succession de passages brefs et contrastés caractéristiques des sonates précédentes. La diffusion
du nouveau style instrumental italien fut rapide et considérable. Elle fut en partie due à
l'émigration de musiciens italiens et en partie au développement de l'édition musicale: Venise,
Amsterdam, puis Londres devinrent à cette époque de grands centres d'édition musicale, et la
popularité des œuvres italiennes firent de la terminologie musicale du pays pour les tempos et les
nuances la lingua franca des musiciens de l'Europe entière.
À la fin du baroque moyen, la musique européenne était dans une certaine mesure devenue
cosmopolite. On différenciait le style "italien" du style "français" et on les utilisait au mieux. Des
compositeurs actifs en Allemagne et en Autriche, comme Georg Muffat et Johann Kusser,
témoignaient d'un certain enthousiasme pour le style orchestral français, le lyrisme italien
influençant de son côté la cantate religieuse allemande. Il est difficile à cette époque de discerner
un style musical typiquement allemand, malgré les ressources offertes par la langue allemande
aux compositeurs allemands de culture réformée, qu'il s'agisse de cantates religieuses ou de
pièces pour orgue. Heinrich Schütz fut le principal compositeur allemand de la première moitié
du XVIIe siècle, mais il souffrit terriblement de la guerre de Trente Ans, qui ralentit
inévitablement le développement culturel du pays. Plus tard, dans la dernière partie du siècle, les
cours et les villes allemandes fondèrent leurs propres opéras, dont les idéaux italianisants
s'alliaient souvent à des interprétations musicales de tradition locale: il arrivait que dans le même
opéra, certains personnages chantent en allemand et d'autres en italien!; de même, les
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