
Institut de veille sanitaire — Estimation quantitative du risque de contamination d’un don de sang par des agents infectieux / p. 3
Résumé
L’existence d’un passage sanguin asymptomatique de certains virus, 
bactéries ou parasites, entraîne un risque de transmission de ces agents 
lors d’une transfusion sanguine. Si ce risque est actuellement bien 
maîtrisé pour certains agents infectieux (VIH, VHC, VHB), il n’est en 
revanche pas documenté et quantifié pour d’autres agents pathogènes, 
responsables d’infections non dépistées ou encore indétectables par 
sérologie au moment du don. Ce risque est généralement faible en 
situation endémique, mais il augmente dans le temps et l’espace 
lors de la survenue de cas groupés ou d’épidémies. Des mesures 
de prévention peuvent alors être mises en place (suspension de la 
collecte, mise en quarantaine des dons…). Ces mesures pouvant 
avoir d’importantes répercussions, notamment en terme de santé 
publique, en limitant l’approvisionnement des établissements de soins 
en produits sanguins labiles, il est important que leur mise en place et 
leur durée d’application soient adaptées au risque de transmission par 
transfusion. Des estimations quantitatives du risque de contamination 
d’un don de sang peuvent ainsi permettre d’orienter ces mesures de 
prévention.
C’est dans ce contexte que l’Institut de veille sanitaire (InVS) a 
initié, début 2005, ce projet visant à disposer 
a priori
 d’estimations 
quantitatives du risque de contamination d’un don de sang par des 
agents infectieux pour différents 
scenarii
 en termes d’incidence et de 
distribution spatio-temporelle.
Ce travail permet d’apprécier le risque de contamination d’un don de 
sang par un agent pathogène donné. En revanche, il ne permet pas 
d’estimer le risque de transmission au receveur, car il ne prend en 
compte ni l’efficacité de la transmission, ni l’efficacité des procédés 
de préparation  des  produits  sanguins  labiles,  ni  l’immunité  du 
receveur.
Réalisé par un groupe de travail associant l’Agence française de 
sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), l’Établissement 
français du sang (EFS), l’Institut national de la transfusion sanguine 
et l’InVS, ce rapport :
propose  une  sélection  d’agents  infectieux  posant  un  risque 
transfusionnel potentiel à étudier de façon prioritaire (virus West 
Nile, virus de l’hépatite A et E, virus de la dengue, Hantavirus, 
Parvovirus B19, virus Chikungunya, 
Yersinia enterocolitica
, 
Coxiella 
burnetii
, 
Leptospira
 
interrogans
, 
Toxoplasma gondii
, 
Leishmania
 
spp.,
 Trypanosoma cruzi
) ;
fait le point sur les différentes méthodes permettant l’estimation de 
risque, ainsi que sur leurs limites et leurs avantages ;
documente, pour chaque agent infectieux jugé prioritaire, les 
paramètres nécessaires à l’estimation de risque et identifie les 
paramètres manquants ;
développe  des 
scenarii
  d’incidence  plausibles  en  situations 
endémique et épidémique ;
présente des estimations de risque de contamination d’un don 
de sang pour des situations endémiques et épidémiques passées 
lorsque les données étaient disponibles.
Ainsi, pour le virus West Nile, lors de l’épisode de cas groupés 
survenu dans le Var en 2003, le risque moyen de contamination d’un 
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don a été estimé à 6 dons pour 100 000. La méthode d’estimation  
majoritairement utilisée dans le cadre de ce projet a été validée pour 
ce virus, aux États-Unis, par confrontation des estimations avec les 
mesures directes de génome viral sur les dons de sang. 
Pour le Parvovirus B19,  le risque a pu être  estimé directement 
à partir du dépistage génomique viral sur le plasma destiné au 
fractionnement. Sur une période de 10 ans, ce risque était de 12 dons 
virémiques pour 100 000 dons. Lors d’une période épidémique de 
février à septembre 2005, ce risque a atteint 23 pour 100 000 dons.
Le risque de contamination d’un don par 
Leptospira
 est faible, aussi 
bien en situation endémique qu’épidémique, estimé respectivement 
entre 0,02 et 0,08 pour 100 000 dons et 0,1 et 0,9 pour 100 000 dons 
selon les épisodes épidémiques étudiés.
En Guyane, le risque de contamination d’un don par 
T. cruzi 
a été 
estimé à 250 pour 100 000 dons. En raison de ce risque, les collectes 
ont été suspendues en Guyane depuis avril 2005. En métropole et 
aux Antilles, ce risque a été estimé en se basant sur la prévalence de 
cette infection estimée chez des personnes nées ou ayant séjourné 
en Amérique latine, ou dont la mère est née en Amérique latine, et 
sur les estimations du nombre de donneurs de sang appartenant à 
ces groupes à risque d’infection. Le risque de contamination d’un don 
par 
T. cruzi 
a été estimé à 0,68 pour 100 000 dons en métropole et à 
3,28 pour 100 000 dons aux Antilles, correspondant respectivement 
à 17 dons et moins d’un don à risque par an. Depuis 2005, les 
personnes ayant séjourné plus de trois mois en Amérique latine sont 
temporairement exclues du don, ce qui a modifié ce risque. Par ailleurs, 
des études sont actuellement en cours pour affiner ces estimations, 
notamment à partir du dépistage sérologique des groupes à risque 
mis en place en mai 2007 pour les collectes en métropole, et en 
novembre 2006 pour les collectes aux Antilles.
Pour la dengue, lors de l’épidémie survenue en Martinique en 2001, 
le risque de contamination d’un don a été multiplié par un facteur 
de 24 par rapport à la période pré-épidémique. Le risque absolu, 
lors de cet épisode épidémique, a été estimé entre 58 et 649 dons 
contaminés pour 100 000 selon les hypothèses sur la proportion 
de formes asymptomatiques. Ces estimations, très élevées, sont à 
confronter avec l’absence de cas de transmission transfusionnelle de 
dengue documentée à ce jour par l’hémovigilance, sous réserve d’un 
biais déclaratif. Ceci souligne l’importance d’étudier l’efficacité de la 
transmission.
La méthode d’estimation de risque a été appliquée en temps réel à 
l’épidémie de Chikungunya survenue à La Réunion en 2005-2006. 
Des estimations du risque de contamination d’un don de sang par le 
Chikungunya ont ainsi été réalisées dès fin janvier 2006, simultanément 
à l’arrêt de la collecte de sang total par l’EFS, au moment où l’épidémie 
atteignait son maximum avec une incidence hebdomadaire estimée 
entre 15 000 et 45 000 cas. Ces estimations ont par la suite pu être 
affinées à l’aide de données d’incidence consolidées et de nouvelles 
connaissances sur les paramètres acquises au cours de l’épidémie. Lors 
du pic épidémique de février 2006, ce risque a été estimé à 1 500 dons 
contaminés sur 100 000. Ainsi, l’arrêt de la collecte a permis d’éviter