santé & bien-être P A G E 3 1 I L’ E X P R E S S D U S A M E D I 1 4 M A I 2 0 1 6 INTERVIEW - DR REUBEN VEERAPEN Chef de service de chirurgie thoracique et vasculaire à la Clinique Sainte-Clotilde à la Réunion «La chirurgie vasculaire est une chirurgie de restauration» Le Dr Reuben Veerapen a réalisé une première cette semaine à la clinique Fortis Darné. Il nous explique les avancées en matière de chirurgie thoracique et vasculaire et fait également un constat de la situation locale. Propos recueillis par Michel ALPHONSE n Vous avez pratiqué cette semaine une première dans le domaine médical à Maurice. Pouvez-vous nous en dire plus ? Il s’agit d’une intervention sur l’aorte abdominale. C’est un traitement moderne des anévrismes de l’aorte. Quand le patient est malade, il y a une dilatation des artères et le risque est que ses artères explosent et que le malade meurt. Avec cette nouvelle technique à Maurice, on ouvre uniquement au niveau des artères fémorales, des petites incisions qui font quatre à cinq centimètres et on monte une prothèse qu’on déploie ensuite à l’intérieur de l’aorte de sorte qu’on traite l’anévrisme sans avoir à ouvrir le ventre. Au bout de deux/trois jours, il pourra repartir à la maison contre une dizaine de jours d’hospitalisation pour une opération classique lourde. Et il aura des complications nettement moindres. Le risque opératoire est divisé de 10 à 20. n Y a-t-il un besoin pour la chirurgie thoracique et vasculaire à Maurice ? A Maur ice, il n’y a pas de chir urgien vasculaire et endovasculaire. C’est pour cela que je viens à la clinique Fortis Darné et je viens au sein d’une équipe. Il y a une volonté d’avoir cette technique à Maurice. Il y a un vrai besoin pour ce type de chirurgie. Pour preuve aujourd’hui (NdlR : mardi), j’ai vu deux patients qui pourront bénéficier d’une endoprothèse aortique. Si on sait que cette technique existe localement, plus de patients se feront traiter ici au lieu d’aller à l’étranger. n Sans ce genre de chirurgie, qu’arrive-t-il aux patients ? Si on ne les traite pas c h i r u r g i c a l e m e n t , i l s vo n t inéluctablement mourir par rupture d’anévrisme dans les mois qui vont suivre. Il y aura une hémorragie interne. Il faut savoir que même dans des centres vasculaires très performants, le taux de décès est de 90 % quand on a une rupture d’anévrisme de l’aorte abdominale. n Nous avons donc des raisons de nous inquiéter de ce manque d’expertise à Maurice… Il y a deux volets à voir à Maurice. Il y a le problème du diagnostic et de l’expertise et ensuite du coût que représente cette médecine high-tech. L’endoprothèse a un coût non négligeable. Mais elle permet de sauver des vies avec une chirurgie moins lourde. n La chirurgie thoracique et vasculaire s’adresse à quel type de patients ? La chir urg ie thoracique s’adresse à tous les patients qui ont un problème au niveau du poumon. Il peut y avoir plusieurs types de maladies telles que les cancers, les pneumothorax ou encore les malformations au niveau Airport of Rodrigues Ltd Vacancy - Enlistment as Trainee Engineer, Planning and Maintenance (on contract) Visit the Career page on www.airportofrodrigues.com or contact our office on 832 7888 for further information Deadline for applications: 20th May 2016, at 14.00 hrs. de la région thoracique. Pour le cancer, la première étape est le diagnostic quand on n’a pu faire un diagnostic par des méthodes simples, on peut, par des méthodes mini-invasives, avoir un typage de la masse tumorale. Il peut y avoir également une chirurgie curative, c’est-à-dire enlever le cancer. Il faut encore que le patient soit pris à un stade relativement précoce. Quand la maladie est très évoluée, il faudra avoir recours à la chimiothérapie ou la radiothérapie. Il faut savoir que c’est uniquement la chirurgie qui permet de guérir d’un cancer du poumon. Dans ce cas précis, la chimiothérapie ou la radiothérapie ne sont que des traitements palliatifs. On a pris en charge depuis octobre à Fortis Darné des patients en utilisant de nouvelles techniques – la vidéothoracoscopie – avec de très bons résultats par la suite. La chirurgie vasculaire, à contrario, est une chirurgie de restauration. On va réparer les artères dans différentes parties du corps. Ces artères peuvent soit se boucher, soit se dilater. Elle touche à toutes les artères sauf au cœur. Quand les artères sont bouchées, il n’y a pas assez de sang et cela mène à la gangrène. Il y a plusieurs façons de ramener du sang dans les artères. On peut faire des pontages mais de plus en plus, on est amené avec des ballons et des stents, à dilater les artères et restaurer le flux à l’intérieur. Le chirurgien vasculaire et endovasculaire, qui a à sa disposition toute la palette de techniques, sera à même de choisir la meilleure technique pour tel ou tel patient en fonction des images qu’il a ou de la symptomatologie du patient. n Qu’en est-il pour les varices ? Il existe de nouvelles techniques. On passe une sonde en bas de la jambe, par une seule incision et on brûle la veine sous contrôle échographique et le sang ne circulera plus au niveau de cette veine. On peut utiliser plusieurs techniques de destruction thermique telles que la radio fréquence, le laser et la vapeur d’eau. On privilégiera à Fortis Darné la radiofréquence car c’est la technique pour laquelle nous avons un recul de plus de 15 ans. n Quelles sont les avancées dans ce domaine ? Au niveau de la chirurgie thoracique, on utilise de plus en plus la vidéothoracoscopie pour voir ce qui ne va pas et enlever ce qu’il faut avec trois à quatre petites cicatrices de 1 cm. C’est de la chirurgie mini-invasive avec une récupération spectaculaire en post-opératoire. Pour la chirurgie vasculaire, on n’a pas nécessairement à ouvrir et on passe à l’intérieur des artères pour dilater et mettre un stent soit dans de très gros vaisseaux comme l’aorte ou encore des toutes petites artères de 1 à 1.5 mm. Au niveau du pied diabétique par exemple cela permet de réduire de manière importante les amputations majeures. n Quel est votre constat de la situation à Maurice ? La pathologie cardiovasculaire est prépondérante. C’est la même maladie au niveau des coronaires que l’on retrouve dans toutes les artères du corps. Quand on a des artères malades au niveau du cœur, c’est la partie qui a été parlante mais d’autres artères peuvent être malades silencieusement ou inversement. La pathologie vasculaire périphérique est encore sous-diagnostiquée et traitée à Maurice. Le diabète, le tabac, l’hypercholestérolémie, l’hyper tension ar térielle, la sédentarité… amènent le rétrécissement des artères. Par ailleurs, la prévalence et l’incidence du cancer sont également en nette progression. n Quelles sont les mesures préventives à adopter ? La chirurgie, il ne faut surtout pas la proposer à tout le monde. Le but est que les gens n’aient pas à se faire opérer. On préconise au préalable aux patients des mesures hygiéno diététiques. On peut, par exemple, conseiller aux patients qui ont des artères bouchées dans la cuisse, de marcher pendant quelques mois pour voir si leur état s’améliore avant de leur proposer une intervention par dilatation ou pontage si leur état ne s’améliore pas. Tout ce que fait la nature est toujours mieux que ce que fait l’homme. Quand nous, on intervient, on fait toujours moins bien. Quand ça devient plus compliqué, il faut opérer. Si on peut un jour ne pas opérer de patients, ça serait l’idéal. Je serai sans emploi mais bon… Pour les artères, il faut contrôler les facteurs de risques : arrêter le tabac, contrôler le diabète, l’hypertension etc… A mon sens c’est ce qui est primordial dans toute prise en charge chez nos patients vasculaires.