HOSPITALISATION D’OFFICE: Soins et (ou) principe de précaution ? Journée justice et psychiatrie Marseille 19 octobre 2010 Charles Alezrah (CH Thuir) 1 L’hospitalisation d’office Fille « légitime » dans la loi du 27 juin 1990 du Placement d’Office de la loi du 30 juin 1838. Sous la responsabilité du Préfet avec des recours judiciaires possibles Quand: TROUBLES MENTAUX ET - Danger imminent pour la sûreté des personnes (mesure provisoire du maire) -Troubles graves à l’ordre public 2 Rappel de l’esprit de la loi Fiches d’information du 5 septembre 1990 (DGS): - promouvoir les droits des malades hospitalisés librement - Mieux garantir les droits des personnes hospitalisées sans leur consentement - Instaurer un meilleur contrôle des conditions d’hospitalisation au regard des libertés individuelles - Favoriser la réadaptation, la guérison ou la réinsertion sociale des personnes hospitalisées sans leur consentement… 3 1990-2010: autres temps autres mœurs ? Soins dans des pavillons ouverts ou fermés ? Une évolution des soins sur un registre de plus en plus défensif: le poids du principe de précaution. Un déplacement des mesures centrées sur la personne vers des mesures de « sécurité publique » 4 Les années 1990 5 Des ministres de la santé préoccupés du soin… Circulaire N°48 DGS/SP3 du 19 juillet 1993: « si le placement d’un patient au sein d’une unité fermée peut se révéler indispensable dans certaines circonstances, ces circonstances doivent être exactement appréciées et la durée du placement limitée à ce qui est médicalement justifié… » Simone VEIL 6 Des gardes des Sceaux également soucieux du soin A propos des soins aux détenus, courrier du garde des Sceaux le 2 août 1994: « j’ai l’honneur de vous confirmer que la responsabilité des médecins et personnels soignants dans l’exercice de leur pratique médicale et infirmière comme les indications qu’ils seront susceptibles de donner en matière d’hospitalisation échappent à la subordination de l’administration pénitentiaire et des magistrats… » Pierre MEHAIGNERIE 7 Et aussi des préfets Lettre du 12 avril 1992 après un retard de 48 heures ( week-end) à une levée d’HO suite au CM « J’ai pris bonne note de vos observations et j’ai demandé à mes services qui assurent les permanences pendant les week-end de prendre toutes les mesures nécessaires pour que les confirmations ou annulations des mesures provisoires ou les levées de placement d’office puissent être effectuées dans les plus brefs délais… » 8 Les années 2010 9 Quand un président de la république parle de psychiatrie Antony 2 décembre 2008: « Quand un patient hospitalisé d’office sort du périmètre autorisé par son médecin, l’équipe soignante doit en être immédiatement informée. Certains patients hospitalisés sans leur consentement seront équipés d’un dispositif de géo-localisation … » Nicolas SARKOZY 10 De nouvelles directives aux préfets Circulaire du 11 janvier 2010 (ministère de l’intérieur et ministère de la santé) « les considérations qui doivent être prises en compte pour apprécier l’opportunité d’octroyer une sortie d’essai ne sont pas uniquement d’ordre médical… il vous appartient d’apprécier les éventuelles conséquences en termes d’ordre et de sécurité que peut emporter une telle décision…» 11 L’honneur des psychiatres français Henri Ey, congrès mondial de Mexico (1971) : « L’Association mondiale de psychiatrie, en affirmant que la psychiatrie est et ne peut être qu’une des principales branches de la médecine appliquée à la prophylaxie et au traitement des « maladies » mentales, recommande expressément à toutes les Sociétés qui la composent d’attirer l’attention de chacun de ses membres, celle de l’opinion publique et celle du Gouvernement de leur pays sur le caractère essentiellement médical et l’usage exclusivement thérapeutique de l’action et des institutions psychiatriques. L’Association mondiale de psychiatrie condamne toute exploitation politique qui aurait été ou pourrait être faite des concepts, méthodes et institutions propres à l’exercice de la psychiatrie au service des seuls malades mentaux… » 12