R. Lasserre, H. Stark et J. Wolff / Sortie de crise à l’allemande
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© Ifri
Unis en 2008. La croissance économique de l’Allemagne ne repose
pas uniquement sur le succès de ses exportations et sur sa politique
de modération salariale. La reprise dépend de nombreux éléments et
aussi de l’augmentation de la demande intérieure allemande. Après
plusieurs années de doutes sur l’économie sociale de marché
« made in Germany », l’idée d’un « modèle économique allemand »
est revenue au cœur des débats à Paris. Les Français sont donc
prêts à adopter en partie la culture allemande de stabilité, malgré les
dommages sociaux qu’elle a entraînés.
Mais la France commettrait une erreur si, après ses critiques
exacerbées contre le « comportement non coopératif » de
l’Allemagne, elle tombait dans l’autre extrême et ne cherchait une so-
lution aux problèmes économiques européens que chez son voisin.
Ce qu’on appelle le « modèle allemand » a ses atouts, mais aussi ses
faiblesses. À côté des grands progrès indéniables se trouvent aussi
de grands défis structurels. Le rôle des exportations dans la conjonc-
ture allemande est incontestablement positif. En outre, les structures
des coûts du travail et de la production en Allemagne peuvent être
adaptées à la mondialisation et empêcher ainsi des délocalisations
trop importantes. Par ailleurs, la capacité d’innovation de l’Allemagne
a augmenté grâce à d’importants investissements en recherche et
développement. Mais parallèlement, l’économie allemande souffre
déjà des conséquences de l’évolution démographique, qui constituera
au cours des prochaines années une charge importante pour le
système social et le marché du travail. Ce dernier est également
confronté au défi des migrations, dont les conséquences vont bien
au-delà du domaine économique et touchent aussi à l’identité et la
structure sociale du pays. La mondialisation et la crise ont aussi
affecté la classe moyenne allemande, qui a diminué sensiblement au
cours des dernières années.
Ces deux phénomènes, à savoir la surprenante reprise de
l’économie allemande en 2010 et les problèmes structurels auxquels
elle est confrontée, ont d’importantes conséquences sur le projet de
gouvernance de la zone euro. Ils se trouvent au cœur de l’étude
réalisée par le Comité d’études des relations franco-allemandes
(Cerfa) de l’Institut français des relations internationales (Ifri), le
bureau de la Fondation Konrad Adenauer en France et le Centre
d’information et de recherche sur l’Allemagne contemporaine (Cirac)
dans le cadre d’une conférence conjointe et de cette publication.
Cette étude comporte les contributions de chercheurs et de respon-
sables politiques français et allemands de renom sur les défis écono-
miques, technologiques, démographiques, sociaux et monétaires
auxquels l’Allemagne, mais aussi naturellement la coopération
franco-allemande et la zone euro dans son ensemble sont
confrontées.
Nous remercions les auteurs pour leurs contributions, aussi
intéressantes que précieuses, qui nous permettent de mieux com-
prendre les problèmes sur les deux rives du Rhin, ainsi que le
ministère allemand des affaires étrangères à Berlin, dont le soutien