SORTIE DE CRISE À LALLEMANDE
Sous la direction de
René LASSERRE, Hans STARK et JÖRG WOLFF
Dynamisme économique
et fragilités structurelles dun modèle
COMITE D
ETUDES DES RELATIONS FRANCO-ALLEMANDES (CERFA)
L’Institut français des relations internationales (Ifri) est, en France, le principal centre
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Avec son antenne à Bruxelles (Ifri-Bruxelles), l’Ifri s’impose comme un des rares think tanks
français à se positionner au cœur même du débat européen.
Les opinions exprimées dans cette étude
n’engagent que la responsabilité des auteurs.
Traduction depuis l’allemand :
Anne-Lise Barrière (pour le chapitre de S. Kampeter), Stéphanie Bauer (pour le chapitre de M.
Grabka), Dorothée Cailleux (pour le chapitre d’A. Zenker), Anne-Céline Cornet (pour le chapitre
de Ch. Schröder), Mathilde Durand (pour le chapitre de S. Angenendt), et Adrien Maitrinal (pour
le chapitre de P. Steinpaß).
Droits exclusivement réservés – © Ifri, 2011
ISBN : 978-2-86592-596-4
ISSN : 1962-610X
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Sommaire
Préface
René Lasserre, Hans Stark et Jörg Wolff .......................................... 2
La structure des coûts du travail et de production en Allemagne :
la recette du succès ?
Christoph Schröder ........................................................................... 5
La politique d’innovation, facteur clé de l’économie allemande
Andrea Zenker ................................................................................ 19
Évolution démographique et marché du travail en Allemagne
Anne Salles ..................................................................................... 43
Problèmes, défis et enjeux du « modèle allemand »
à l’exemple de la classe moyenne
Markus M. Grabka ........................................................................... 60
Crise économique, besoin de main-d’œuvre
et gestion de l’immigration : pistes
pour une politique migratoire allemande durable
Steffen Angenendt .......................................................................... 74
La culture allemande de stabilité : condition ou obstacle
à une gouvernance de l’Union économique et monétaire ?
Patrick Steinpaß .............................................................................. 92
Vers un gouvernement économique de l’Union européenne ?
Denise Flouzat-Osmont d'Amilly .................................................... 105
L’Allemagne et la gouvernance de l’euro
Henrik Uterwedde ......................................................................... 119
Discours du Secrétaire d’État parlementaire au ministère fédéral
des Finances,
Steffen Kampeter .......................................................................... 130
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Préface
La crise économique et financière des deux dernières années a eu
d’importantes conséquences sur les relations franco-allemandes.
Début 2010, on entendait encore en France critiquer l’attitude appa-
remment hésitante du gouvernement allemand face à la crise de
l’euro et surtout son comportement économique non coopératif à
l’égard des autres pays de la zone euro. L’Allemagne était accusée
de s’octroyer des avantages concurrentiels dans l’Union européenne
grâce à un dumping salarial ciblé, de miser unilatéralement sur le
succès de ses exportations et donc de gliger sa consommation
intérieure, si importante pour les pays partenaires. La gestion hési-
tante de la crise financière par la chancelière allemande, pendant la
crise de la Grèce au printemps 2010, et son obstination à respecter
strictement les règles du pacte de stabilité et de croissance ont
suscité d’importants remous en France. Ces divergences non gli-
geables entre Paris et Berlin avaient néanmoins pu être surmontées
avant l’été 2010.
Afin de protéger la monnaie commune d’une éventuelle
catastrophe, les deux parties ne se sont pas uniquement accordées
sur le plan de sauvetage de la Grèce, puis du Portugal et de l’Irlande,
mais aussi sur la Facilité européenne de stabilisation financière
(EFSF) pour l’ensemble de la zone euro. En outre, le président du
Conseil européen, Herman Van Rompuy, a été chargé d’élaborer des
plans de réforme pour un renforcement de la surveillance des
politiques financières et économiques dans l’Union européenne et de
faire des propositions concrètes afin de mettre en place un cadre
durable de lutte contre les crises. Grâce aux importants efforts de la
chancelière allemande et du président français, notamment au
sommet bilatéral de Deauville, il a été possible de parvenir aux deux
accords susnommés. Les deux pays ont ainsi réalisé de grands
progrès sur la voie d’une stratégie commune à l’égard de l’euro.
L’Allemagne soutient désormais la demande, longtemps critiquée, de
la France de mettre en place un gouvernement économique euro-
péen, tandis que de son côté, Paris s’apprête à faire siennes les
règles du jeu allemandes reposant sur des politiques économique et
monétaire privilégiant la stabilité, et de les mettre en œuvre, avec
Berlin, dans la zone euro. Avant la crise de la Grèce, un tel accord
aurait été impensable.
Ces avancées sont aussi été dues à la réaction de la France
aux données économiques positives de l’Allemagne, qui a, en 2010,
définitivement surmonté la crise économique déclenchée aux États-
R. Lasserre, H. Stark et J. Wolff / Sortie de crise à l’allemande
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Unis en 2008. La croissance économique de l’Allemagne ne repose
pas uniquement sur le succès de ses exportations et sur sa politique
de modération salariale. La reprise dépend de nombreux éléments et
aussi de l’augmentation de la demande intérieure allemande. Après
plusieurs années de doutes sur l’économie sociale de marché
« made in Germany », l’idée d’un « modèle économique allemand »
est revenue au cœur des débats à Paris. Les Français sont donc
prêts à adopter en partie la culture allemande de stabilité, malgré les
dommages sociaux qu’elle a entraînés.
Mais la France commettrait une erreur si, après ses critiques
exacerbées contre le « comportement non coopératif » de
l’Allemagne, elle tombait dans l’autre extrême et ne cherchait une so-
lution aux problèmes économiques européens que chez son voisin.
Ce qu’on appelle le « modèle allemand » a ses atouts, mais aussi ses
faiblesses. À côté des grands progrès indéniables se trouvent aussi
de grands défis structurels. Le rôle des exportations dans la conjonc-
ture allemande est incontestablement positif. En outre, les structures
des coûts du travail et de la production en Allemagne peuvent être
adaptées à la mondialisation et empêcher ainsi des délocalisations
trop importantes. Par ailleurs, la capacité d’innovation de l’Allemagne
a augmenté grâce à d’importants investissements en recherche et
développement. Mais parallèlement, l’économie allemande souffre
déjà des conséquences de l’évolution démographique, qui constituera
au cours des prochaines années une charge importante pour le
système social et le marché du travail. Ce dernier est également
confronté au défi des migrations, dont les conséquences vont bien
au-delà du domaine économique et touchent aussi à l’identité et la
structure sociale du pays. La mondialisation et la crise ont aussi
affecté la classe moyenne allemande, qui a diminué sensiblement au
cours des dernières années.
Ces deux phénomènes, à savoir la surprenante reprise de
l’économie allemande en 2010 et les problèmes structurels auxquels
elle est confrontée, ont d’importantes conséquences sur le projet de
gouvernance de la zone euro. Ils se trouvent au cœur de l’étude
réalisée par le Comi d’études des relations franco-allemandes
(Cerfa) de l’Institut français des relations internationales (Ifri), le
bureau de la Fondation Konrad Adenauer en France et le Centre
d’information et de recherche sur l’Allemagne contemporaine (Cirac)
dans le cadre d’une conférence conjointe et de cette publication.
Cette étude comporte les contributions de chercheurs et de respon-
sables politiques français et allemands de renom sur les défis écono-
miques, technologiques, démographiques, sociaux et monétaires
auxquels l’Allemagne, mais aussi naturellement la coopération
franco-allemande et la zone euro dans son ensemble sont
confrontées.
Nous remercions les auteurs pour leurs contributions, aussi
intéressantes que précieuses, qui nous permettent de mieux com-
prendre les problèmes sur les deux rives du Rhin, ainsi que le
ministère allemand des affaires étrangères à Berlin, dont le soutien
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