Histoire de la France révolutionnaire Huitième cours : Le Second Empire et la Commune de Paris (1852-1870) 4.2 – La république conservatrice (1848-1851) • Le général Cavaignac, chef de l’exécutif, met en place un gouvernement composé de républicains conservateurs et la répression s’abat sur les meneurs des journées de juin. 3 000 insurgés sont emprisonnés ou déportés en Algérie, alors que des lois limitent la liberté des clubs et de la presse. • Les élections municipales et des conseils généraux de l’été donnent aux conservateurs une majorité importante, d'autant que légitimistes et orléanistes se sont unis contre les radicaux, pour la défense de l'ordre social, donnant naissance au « parti de l'Ordre ». • La constitution, adoptée le 4 novembre 1848 par 733 voix contre 42, donne le pouvoir exécutif à un président de la République, élu au suffrage universel pour quatre ans, et le pouvoir législatif à une assemblée unique élue pour trois ans. • Le remplacement du droit au travail par un droit à l'assistance donne une bonne idée du glissement vers la droite. • L'élection présidentielle de décembre, fait ressortir la division entre républicains conservateurs (Cavaignac obtient 20 %) et radicaux (Ledru-Rollin obtient 5 %), pendant que les socialistes peinent à rassembler 1 %. • Le courant populaire est exploité par les conservateurs en faveur de Louis Napoléon Bonaparte, qui triomphe avec près de 75 % des suffrages exprimés. • Cette victoire constitue un désaveu clair de la politique menée depuis février, confirmé par les élections du 13 mai 1849, qui voient le parti de l’ordre remporter 55 % des voix et obtenir un peu moins de 500 députés, alors que les démocrates socialistes, menés par LedruRollin, obtiennent 35 % des voix et 180 élus, surtout dans les régions industrielles. • À Paris, les sièges sont partagés par les deux camps, avec entre autres Victor Hugo pour les conservateurs et Ledru-Rollin pour les démocrates. • Les conservateurs sont inquiets du succès des démocrates et prendront prétexte des manifestations organisées par la Montagne en juin pour liquider cette opposition : menacé d’arrestation, Ledru-Rollin s'enfuit à Londres, pendant que d'autres députés sont poursuivis et emprisonnés. L'état de siège est proclamé à Paris et à Lyon et six journaux radicaux sont suspendus. • Le parti de l’Ordre profite de sa situation pour prendre un tournant conservateur en faisant voter diverses lois, l’une assurant la « liberté d’enseignement », une autre établissant une surveillance étroite des instituteurs suspects de propagande socialiste. • Surtout, après les élections de mars 1850, qui sont plus favorables aux démocrates, l’assemblée modifie la loi électorale en réduisant le suffrage universel. • Pour être électeur, il faut payer la taxe personnelle depuis trois ans dans la commune, ce qui permet d’éliminer les tiers des électeurs. • Fort de son appui, le président mène une politique personnelle, réunissant un groupe comprenant ses fidèles, des libéraux restés à l'écart du parti de l'Ordre et des représentants du milieu des d'affaires, • Le prestige de son nom et diverses mesures favorisent les relations entre l'armée et celui qu'on commence à appeler le « prince Louis Napoléon ». La Société du 10 Décembre apparaît comme le noyau d'un grand parti napoléonien comptant à Paris boutiquiers, petits rentiers et ouvriers, auquel se joignent des modérés du parti de l’Ordre, déçu par le tournant conservateur. • Celui-ci se trouve dominé par les partisans d’une autre restauration monarchique. Mais orléanistes et légitimistes continuent à s’opposer, favorisant la consolidation du parti napoléonien. • La situation était compliquée par la loi constitutionnelle, qui ne permettait pas à Louis Napoléon de voir son mandat renouvelé en 1852. • Du côté démocrate, on craint le pouvoir grandissant du « prince-président » et divers événements accentuent la pression révolutionnaire des radicaux tout au long de l’année 1851, suscitant bien sûr le retour d’une peur révolutionnaire. 4.3 – Vers le Second Empire • Le président canalise à son profit la peur de la révolution et entreprend une campagne pour réviser la Constitution, ce qui lui permettrait d'être rééligible. Une campagne de pétitions menée dans tout le pays permet de réunir un million de signatures. • Bien que la révision fût acceptée par une grande partie des légitimistes et des orléanistes, il n'y eut que 446 députés pour accepter la révision contre 270. • Ainsi, la majorité des trois quarts des voix (543), requise par la Constitution ne fut pas atteinte et l'article 45 interdisant la rééligibilité fut maintenu. • Pour rallier l’opposition démocrate et déconsidérer les conservateurs, Louis Napoléon demande l'abolition de la loi électorale de 1850 qui avait amputé le suffrage universel. • L'Assemblée s'y refusa, permettant au président de se présenter comme un démocrate et de rallier une majorité de modérés conservateurs et de modérés républicains. • Devant le regain d’agitation des socialistes et des radicaux, Louis Napoléon, qui peut compter sur le soutien des forces armées, fixe la date de son coup d'État au 2 décembre, anniversaire d'Austerlitz. • Des affiches, imprimées dans la nuit du 1er au 2 décembre, reproduisent un « appel au peuple et aux soldats » ainsi que deux décrets : l'un dissout l'Assemblée nationale, rétablit le suffrage universel et décrète l'état de siège ; l'autre appelle les Français à un plébiscite pour reconnaître l'autorité de Louis Napoléon. • Au matin, les députés républicains et monarchistes qui tentent de résister sont arrêtés. Un Comité de résistance républicain tente de soulever Paris et des barricades sont dressées, avant d’être rapidement démantelées. Il n’y eut pas de soulèvement populaire. • La résistance violente fut le fait de paysans et s'étendit du 3 au 8 décembre, un peu au nord et dans quelques régions du sud-ouest, mais surtout dans le sud-est. • L’opposition fut vite réduite : 32 départements furent mis en état de siège et 27 000 personnes furent arrêtées, dont 10 000 furent condamnées à la déportation et 259 envoyés aux travaux forcés. • Le mouvement républicain sortit de l’opération décapité, pendant que la propagande présenta les actions de Bonaparte comme une nécessité face à la subversion socialiste, ralliant conservateurs et clergé. • Un nouveau ministère est constitué le 4 décembre, et le plébiscite de décembre, qui demandait des pouvoirs constitutionnels pour Louis Napoléon, obtint l'approbation de 7,5 millions de personnes, le non réunissant 650 000 votants. À Paris, le vote fut plus serré, avec 132 000 « oui » contre 80 000 « non ». • Le 14 janvier 1852, une Constitution, reprenant les grandes lignes de la constitution napoléonienne de l'an VIII fut proclamée. Le prince-président obtenait le gouvernement de la République française pour 10 ans et disposait de l'initiative de la promulgation des lois. • La répression toucha la presse et la plupart des journaux républicains disparurent. De nouveaux décrets en février et mars 1852 retirèrent toute liberté à la presse, placée sous le contrôle d'un ministère de la Police. • Une grande campagne fut menée pour rétablir l’Empire : Louis Napoléon voyageant à travers la France à l’automne 1852 est accueilli par les cris, pas toujours spontanés, de « Vive l'Empereur! ». • Afin de rassurer les puissances étrangères, dont l’inquiétude est compréhensible, il déclare « L'Empire, c'est la paix. » Un décret approuvé par plébiscite les 21 et 22 novembre 1852 rétablit la dignité impériale. 5 – Politique étrangère (18301848) • Les Trois glorieuses ont provoqué l’inquiétude chez les partenaires européens, qui craignent le revanchisme. Cela étant, outre le fait que le républicanisme est minoritaire à ce moment, la France en 1830 n’est de toute façon pas en mesure de partir en guerre. • Passé ce premier moment de frayeur, les puissances européennes se rallieront au renversement de Charles X, qui fait place à un monarque constitutionnel posé et réfléchi. De 1830 à 1831, les gouvernements européens se rallient et reconnaissent la légitimité de Louis-Philippe. • La monarchie de juillet pourra poursuivre en Europe la politique de bonne entente, dont la révolution belge de 1830 constitue le premier test. • Une part significative de l’opinion belge et française se montre favorable à un rattachement de la Belgique à la France, mais il n'est pas question pour le roi de chercher à récupérer la Belgique, ce qui serait perçu comme un acte hostile par le Royaume-Uni. • Il va donc favoriser l’indépendance et la neutralité de la Belgique, refusant la couronne qui lui est proposée et participant avec les autres puissances à un ballet diplomatique qui aboutira à l’indépendance du pays. • En juin 1831, le congrès national belge porte au trône à une forte majorité Léopold de Saxe, prince de souche allemande proposé par les Anglais. • En faisant montre de son pacifisme, autant au moment de la proclamation de l’indépendance belge que lors de la guerre qui suivra et qui opposera la Belgique aux Pays-Bas, la France parviendra à s’imposer comme une puissance neutre et raisonnable, favorable au maintien de la paix en Europe. • Cette politique de neutralité bienveillante à l’endroit de certains mouvements insurrectionnels sera à la base de la politique française en Pologne, longtemps alliée de la France et qui en 1830 se soulève contre l’occupation de son territoire. • À la différence du cas belge, la distance géographique fera en sorte que, en dépit de violentes critiques, le gouvernement ne s’impliquera pas dans le règlement de la crise, qui se soldera par l’écrasement des insurgés. • Il en sera de même avec les troubles en Italie du début des années 1830, alors que Paris laissera les Autrichiens régler le problème par la force. Partout en Europe, la France s’en tient à la diplomatie de la Restauration. • La période voit aussi un rapprochement avec le Royaume-Uni, alors qu’apparaît pour la première fois l’expression d’Entente cordiale entre les deux grands rivaux, avec cependant des résultats mitigés. • Mais les relations oscillent continuellement au cours des deux décennies, pas tant à cause des problèmes européens que d'intérêts contradictoires dans le monde. • L’évolution de l’Alliance, d’abord triple (Royaume-Uni, Portugal et Espagne), devenant quadruple avec l’ajout de la France, témoigne de ces différentes phases des relations diplomatiques franco-britanniques. • Si la France demeure en retrait en Europe, c’est qu’elle est occupée à reconstituer un espace colonial, d’où les conflits avec Londres. Dès avant la chute de Charles X, l’opération visant à s’implanter de l’autre côté de la méditerranée avait été lancée et en juin 1830, Alger était tombé aux mains de l’Armée française. • Pendant dix-sept années, les efforts des Français pour s’implanter sur le territoire de l’actuelle Algérie se heurtent à la résistance des populations locales, menées par Abd el-Kader, dont la politique à l’endroit de la France oscille entre collaboration et franche hostilité. • Ce n’est que la reddition des forces d’el-Kader en 1847 qui permettra le début d’une pacification du territoire, première base d’expansion de la France en Afrique. • Avant même la fin de la lutte en Algérie, Paris se projette ailleurs sur le continent, par exemple en multipliant les implantations commerciales et militaires dans la région du golfe de Guinée à la fin des années 1830. • Toujours en Afrique, mais cette fois en direction de l’Asie, la France s’installe à Madagascar et à Mayotte, dans les Comores, qui devient un protectorat français en1841. • Plus loin dans l’est, la mise en place d’un protectorat sur Tahiti en 1843 constituera la base de développement de l’empire français en Asie et dans le Pacifique. Huitième cours : 1 – Évolution politique 2 – Économie et société 3 – Politique étrangère 4 – La commune de Paris 1 – Évolution politique 1.1 – L’empire autoritaire (1852-1860) • Louis-Napoléon Bonaparte, né le 20 avril 1808, est le fils de Louis Bonaparte et d'Hortense de Beauharnais, fille de Joséphine. Après la chute de l’Empire, il passe sa jeunesse sur la rive suisse du lac de Constance. • Son implication politique commence dans les années 1830, alors qu’il tente un soulèvement en 1836 à Strasbourg, mais la tentative échoue. Banni, il s’embarque pour les États-Unis, d’où il reviendra l’année suivante muni d’un faux passeport. • En 1840, il tente un nouveau coup d’État qui échoue et entraîne son incarcération et sa condamnation à la prison à perpétuité. • Il reste en détention jusqu’en 1846, mettant à profit cette période pour développer son programme politique, puis parvient à s’évader. Il se réfugie à Londres, d’où il reviendra à la faveur de la révolution de 1848. Il fédère alors autour de son nom une grande partie de la population, ce qui conduit à son élection. • Il est difficile de définir sa personnalité : bienveillant, plus conventionnel que son oncle et intelligent. Fils de son temps, il porte aux problèmes économiques et sociaux un grand intérêt. • Habile, il parvient rapidement à transformer sa popularité, qui s’appuyait d’abord sur son célèbre nom, en renommée personnelle. • Habitué des conspirations, il est peu disert sur ses objectifs, qu’il poursuit avec entêtement et habileté, sans toujours respecter la forme. Mais on lui a par ailleurs reproché une tendance à l’indécision, peutêtre à cause de la détérioration de son état de santé. • Sa conception de l’État le rapproche de son oncle et il croit en une démocratie limitée par le grand pouvoir du chef de l’exécutif et il se méfie du parlementarisme • Malgré une certaine gêne devant cette entorse aux principes libéraux qu’il admire, il se convainc de la légitimité de son coup de force de décembre 1851. • Pour lui, les restrictions à la liberté doivent disparaître lorsque les bases du régime seront solides : la liberté devra être différée et ne pourra s’étendre que lorsqu'elle ne mettra plus en danger la stabilité de l’État. • Célibataire au moment de son coup d’État, l'empereur épouse en janvier 1853 une jeune fille de noblesse espagnole, Eugénie de Montijo. • L'impératrice préside une cour cosmopolite peu fréquentée par la vieille aristocratie. Elle s’intéressera peu à peu à la politique et son influence s'exercera dans le sens des intérêts catholiques et conservateurs. • Les ministres des premières années sont surtout orléanistes, car il n’y a pas à ce moment de bonapartistes compétents. La plupart sont des bourgeois préoccupés du maintien de l'ordre. • L'empereur est à la fois chef d'État et du gouvernement. Pendant la première partie du règne, il ne permet pas au Conseil de discuter des affaires, traitées dans son cabinet avec le ministre compétent. • Mais son pouvoir n’est pas absolu, ses capacités n’étant pas celles de son oncle et n'ayant pas à sa disposition une équipe d'hommes partageant ses idées. • Il doit faire avec le Conseil d'État, maître du mécanisme législatif, qu’il ne parvient pas toujours à convaincre. Le corps législatif est à ses débuts composé de notables loyaux plus que vraiment bonapartistes. • Les préfets deviennent des personnages puissants et prestigieux, petits empereurs dans leur département. • Ils déterminent grandement les résultats des élections en appuyant les candidats officiels, notamment auprès des maires nommés par eux et des fonctionnaires de toutes les administrations. • Comme les réunions politiques sont interdites, les candidats de l'opposition ne peuvent répondre efficacement à une telle pression. • La presse républicaine a été presque entièrement supprimée après le coup d'État par la mise en place d’un système de peines graduées, la contraignant à l’autocensure. • L'administration centralisée est l'armature du régime et les forces de l'ordre et l'Église en sont les appuis. La police du régime surveillent les centres urbains, alors que la gendarmerie assure ce rôle dans les campagnes. • Si l’armée a permis la réussite du coup d’État, elle n'en a pas pris l'initiative, qui est le fait de civils, et n'a fait qu'obéir aux ordres. • Napoléon III tient l’Armée en grande estime et va l’utiliser pour asseoir son pouvoir. Elle deviendra peu à peu bonapartiste, surtout dans la garde impériale. • Malgré l’opposition entre la doctrine de l'Église et les principes proclamés par l'Empire, le clergé estime avoir été sauvé d'une autre vague d’anticléricalisme et considère l’empereur comme son sauveur. • Jusqu'en 1860, l'opposition est nulle ou inefficace. Les monarchistes sont affaiblis par leur division, entre légitimistes traditionaliste et orléanistes. • Mais pour les uns et les autres, la défaite est compensée par l'impuissance des républicains, dont les organisations ont été décimées par la répression. • À Paris, ce qui reste du parti tente de rassembler le peuple autour d’obsèques d'hommes célèbres, alors qu’en province, quelques-unes des sociétés secrètes de la IIe République survivent, sans grand dommage. • Les complots contre l'empereur sont nombreux mais mal organisés et déjoués par les forces de sécurité. • Les élections législatives de 1852 ont permis l'élection de la quasi-totalité des candidats officiels, qui formeront un parti bonapartiste qui s’appuie sur trois fondements : gloire nationale attachée au nom de l’empereur, idéaux de 1789 et légitimité du chef de l’État. • C'est dans les campagnes que ces fondements se diffusent le mieux, la paysannerie se montrant reconnaissante des progrès dans son niveau de vie. • Pour encadrer cette masse rurale, un bourgeois d’un type nouveau apparaît dans les villages et les petites villes : peu intellectuel, il ne craint pas le peuple et veut un gouvernement ferme. S’il n'aime pas trop les curés, il respecte la religion. • Il y existe par ailleurs plusieurs bonapartismes : celui de Napoléon III, le bonapartisme jacobin et anticlérical, le bonapartisme libéral et le bonapartisme légitimiste. • Après les élections de 1857, l'opposition légitimiste disparaît du Corps législatif et l'opposition républicaine y apparaît, peu à peu consolidée par l’évolution de la société, de sorte que les promesses de Napoléon quant au caractère temporaire des mesures dictatoriales semblent fondées. • L’attentat de 1858 contre Napoléon III provoque un sursaut autoritaire (loi de sûreté générale, mise en place d’un Conseil privé qui centralise le pouvoir), mais la crise sera passagère et le cours vers la libéralisation reprendra une fois l’émotion calmée. 1.2 – L’empire libéral • Le vent tourne au cours des années 1860, alors que le clergé prend ses distances avec l’Empereur dans la foulée de la crise italienne et qu’industriels et propriétaires fonciers se plaignent des effets néfastes du traité de commerce de 1860 et de ceux qui suivent. • Cette opposition composite n'a pas le moyen de faire prévaloir ses vues, d’autant que si elle conteste la politique du régime, elle en respecte le principe. • C'est donc sans contrainte que Napoléon III procède à une première réforme libérale pour tenter de se rapprocher des hommes de gauche qui approuvent sa politique italienne et sa politique libre-échangiste. • D’abord un décret du 24 novembre 1860 donne au Corps législatif le droit de voter chaque année une adresse en réponse au discours du trône. • Par ailleurs, le gouvernement se fera représenter devant le Conseil législatif par des ministres sans portefeuille et le droit d'amendement est élargi. • Aux élections de 1863, légitimistes, orléanistes et catholiques se rassemblent en une Union libérale. Ils obtiennent 15 élus et les républicains, 32. • Napoléon III renvoie son ministre de l'Intérieur et nomme plusieurs libéraux au gouvernement, dont Duruy, qui devient ministre de l'Instruction publique et ouvre l’accès à l’éducation : il multiplie les écoles, étend la gratuité, rétablit les cours d'histoire contemporaine, fonde l'École des hautes études et va jusqu’à créer un enseignement secondaire pour les jeunes filles. • Au Corps législatif, Thiers réclame en 1864 l’élargissement des libertés : liberté individuelle et de la presse, liberté électorale, et liberté de la majorité. Il devient l'orateur de l'opposition modérée, dont les membres demeurent loyaux au régime. • Le personnel impérial est divisé : si certains veulent maintenir le caractère autoritaire de l'Empire, d’autres sont favorables à une évolution. • L’empereur hésite longtemps, mais finit par faire des concessions et le 19 janvier 1868, il accorde le droit d'interpellation et la participation des ministres aux débats parlementaires, tout en promettant des lois libérales sur la presse et les réunions. • Les bonapartistes autoritaires sont opposés à ces réformes, alors que les républicains les trouvent insuffisantes. La loi sur les réunions soulève moins de difficultés et autorise les réunions publiques tout en interdisant les sujets politiques et religieux • Malgré ces concessions, l'opposition républicaine ne cesse de se développer. À peine la loi sur la presse est-elle promulguée que les républicains multiplient les journaux critiques, de sorte que la presse bonapartiste est submergée par une presse hostile au pouvoir. • Une nouvelle constitution, ratifiée le 8 mai 1870, fait de l'Empire une monarchie parlementaire : les ministres deviennent responsables devant les chambres, qui ont toutes les deux l'initiative des lois. Cela étant, ils sont aussi responsables devant l'empereur. • L'empereur use aussitôt de la faculté qui lui est laissée de recourir au plébiscite pour asseoir à nouveau l'autorité dynastique et le plébiscite donne 7 336 000 « oui » contre 1 560 000 « non ». • Mais la situation sociale ne suit pas la même évolution et les syndicats, tolérés depuis 1866, se multiplient, de même que les grèves, dont la principale cause, la baisse du niveau de vie, est peu à peu évacuée au profit de revendications politiques. • En juin 1869, une grève à Firminy donne lieu à un affrontement entre la troupe et les grévistes. L'agitation s'étend à travers la France et au printemps 1870, l'élite du monde ouvrier est en pleine fermentation. • Après Sedan, une fois l'empereur prisonnier, l'Empire, régime militaire appuyé sur la paysannerie, n'a plus rien à opposer à la révolution parisienne. • La question est de savoir qui s'emparera du pouvoir, des républicains modérés ou des socialistes. Le 4 septembre, les socialistes ne dominent pas dans la foule qui, conformément au précédent de 1848, envahit le Corps législatif et se porte à l'Hôtel de Ville où est proclamée la République et constitué un gouvernement bourgeois, dit de Défense nationale, composé de députés de Paris. 2 – Économie et société 2.1 – Évolution économique • Le Second Empire, malaimé dans l’historiographie, est fondamental dans l’histoire économique et sociale du pays. Peut-être que sous un autre régime les transformations que vit la France entre 1850 et 1870 seraient survenues, mais c’est bien sous la conduite du neveu de Bonaparte qu’elles se produisent. • Avant le Second Empire, la France est encore l'ancienne France, rurale à près de 75 %, enfermée dans son armature conservatrice et protectionniste. • Saint-simonien, Napoléon III comprend la nécessité de changer la situation, d’ouvrir la France sur le monde et de faire en sorte que les progrès économiques et sociaux s’entraînent mutuellement. • Il a la chance d'arriver au bon moment et ses collaborateurs dans le domaine économique partagent son souci de faire de la France un État moderne. • Cela doit passer par un système bancaire national. À ce moment, l’essentiel des banques privées est contrôlé par les banques suisses protestantes et les banques juives allemandes. Les nouveaux organismes financiers qui seront créés feront appel au grand public. • En 1852, les frères Pereire fondent le Crédit mobilier, première des grandes banques d'affaires françaises, forme moderne de la banque, dispensatrice des fonds nécessaires à la création et au fonctionnement d'entreprises gigantesques qui ne pourraient sans son concours trouver l’argent nécessaire. • Le Crédit mobilier commandite les sociétés industrielles avec son capital, leur consentant des prêts avec l'argent qu'il obtient par le biais d’émissions d'obligations. • Sa croissance trop rapide, les dividendes trop élevés qu’elle verse et ses spéculations boursières l’obligeront à réduire ses activités, mais entretemps, elle aura rempli son rôle en finançant des entreprises variées et en apprenant aux autres banques des méthodes de crédit adaptées à la révolution industrielle. • Le Crédit foncier est aussi fondé en 1852. Son objectif est avant tout le monde agricole, qu’il se propose de moderniser par les mécanismes du prêt hypothécaire. • Dans ce domaine, ses résultats seront décevants, mais il jouera un rôle fondamental dans le domaine immobilier, assurant le financement des nécessaire pour la transformation des grandes villes. • Si le Crédit mobilier et le Crédit foncier fournissent du crédit à long terme, d'autres établissements assurent le crédit à court terme : Comptoir d'escompte (1848), Crédit industriel et commercial (1859), Crédit Lyonnais (1863) et Société Générale (1864). • Au sommet de l’édifice bancaire trône la Banque de France, jouant un rôle de régulation et de refinancement pour les institutions privées. Elle a à ce moment absorbé les banques départementales, développe des succursales et triple ses avoirs entre 1851 et 1870. • La base institutionnelle au fonctionnement d'une économie moderne est ainsi constituée : les épargnants confient leurs épargnes aux établissements de dépôt, qui leur offrent en échange actions et obligations des sociétés industrielles et commerciales émises grâce aux banques d'affaires et qu’ils peuvent négocier en Bourse. L'État exerce un contrôle sur ces activités • La plus grande entreprise du règne concerne la construction ferroviaire. Les gouvernements précédents, de 1830 à 1852, avait commencé à s’intéresser au chemin de fer, mais sans grande passion et surtout, sans plan d’ensemble. • Sous l'égide de l'État et du Crédit mobilier, les compagnies fusionnent et en 1858, il ne reste plus que six entreprises. Cette centralisation aura des résultats remarquables, car si en 1852, le réseau ferroviaire français ne comptait que 3 000 kilomètres, en 1870, il comprendra plus de 18 000 kilomètres. • L'industrie dispose désormais des capitaux et connaît un essor parallèle au développement bancaire : la chimie transforme la fabrication des colorants et des parfums; la force des machines à vapeur et la consommation du charbon triplent, la production de la fonte aussi et celle de l'acier quadruple. Le secteur textile se mécanise. • L'État se fait entrepreneur de grands travaux. Car Paris est au début du siècle une ville pittoresque, mais chaotique. • Napoléon III pense que l'ordre sera plus facile à maintenir dans une capitale percée de larges avenues et veut s’inspirer de Londres pour que Paris soit une capitale moderne où la circulation sera facile. • Sous la conduite du préfet, le Baron Haussmann, la transformation de Paris prendra deux décennies : de vastes boulevards sont percés et des quartiers neufs s’élèvent à l’ouest de la ville. • La structure du Paris moderne est élaborée, le nombre d’arrondissements passant de 12 à 20. • À l’est et à l’ouest, deux grands parcs sont aménagés, de même que de nombreux espaces verts un peu partout dans la ville. Les transformations de surface se doublent de transformations souterraines par le percement d'un réseau d'irrigation et de drainage. • Des travaux du même genre modernisent les grandes villes de provinces, notamment Lyon • L’ampleur des travaux, les moyens financiers colossaux de l’entreprise et le climat économique et politique feront de l’aventure une gigantesque affaire de corruption. • L'agriculture en est encore au début de l'Empire aux procédés de culture et aux instruments aratoires du XVIIIe siècle. Compte tenu de la part fondamentale des activités agricoles dans l’économie du pays, c’est un problème qu’il faut résoudre pour permettre à la France de devenir une puissance économique moderne. • L’archaïsme du secteur est d’autant plus inacceptable que les techniques et les outils modernes sont disponibles, mais il manque de spécialistes pour les diffuser. C’est pourquoi des institutions d’enseignements spécialisés voient le jour un peu partout. • Le cadre réglementaire est aussi modifié et des lois sur le drainage et le défrichement sont votées. • Des crédits sont affectés à de grands travaux dans les Landes et en Sologne. La construction des grandes voies ferrées et l’amélioration du réseau routier assurent la diffusion des méthodes modernes de culture, tout en facilitant la circulation des produits. • Le protectionnisme traditionnel est aussi remis en question, en dépit du fait que l'industrie et l'agriculture demeurent attachées à ce régime protectionniste leur permettant de produire à l'abri des droits de douane et sans se soucier de la concurrence : cette situation entraîne une stagnation de la productivité, l’économie française demeurant paresseuse et peu innovante. • Napoléon III se contente d'abord de modifier certains tarifs, puis, après avoir négocié en secret, le RoyaumeUni et la France signent un traité commercial en 1860, qui abaisse les droits sur les matières premières et les produits fabriqués anglais, et réciproquement, sur les spécialités françaises (mode, soieries, vins). • Au cours des années suivantes, des conventions analogues sont signées avec la Belgique, la Prusse, l'Italie, la Suisse, la Suède, les Pays-Bas, l'Espagne, l'Autriche et le Portugal. • Imposée par la volonté de l'empereur, cette politique libre-échangiste n'entraîne pas les catastrophes craintes par les protectionnistes et contraint l'industrie française à se moderniser. 2.2 — Société • La production des matières premières et la création de manufactures nécessitent une abondante maind'œuvre et aboutissent à un accroissement des flux migratoires des campagnes vers les villes, comme Paris et Lyon, mais aussi vers les centres industriels et miniers du Haut-Rhin, du Nord et du Pas-de-Calais. • La population urbaine, qui représentait en 1846 le quart de la population en constitue les trois septièmes en 1876, ce qui change la nature et la structure des villes, alors que des quartiers ouvriers se créent. • À Paris, la construction dans le centre d’habitations bourgeoises contraint les travailleurs manuels à émigrer dans les quartiers périphériques. • La répartition très inégale des revenus contribue à accentuer la stratification sociale et la lutte des classes. • La bourgeoisie d'affaires est la première à bénéficier du développement de la fortune mobilière, qui double en vingt ans. Le profit du capitaliste augmente beaucoup, alors que le salaire réel de l'ouvrier ne varie guère. • L'éventail des rémunérations est très ouvert. En haut de l’échelle, les revenus d'un sénateur s'élèvent à 30 000 francs annuellement et d'un ministre sont, au minimum, de 50 000 francs. La loi autorisant le cumul des mandats, certains hauts dignitaires touchent des émoluments dépassant 250 000 francs annuellement. • Dans la classe moyenne, composés surtout de membre de professions libérales, les salaires sont plus faibles. Le salaire des professeurs des classes de rhétorique dans les lycées varie en province de 2 800 à 4 800 francs, alors qu’à Paris, ils touchent de 4 800 à 7 500 francs. • Ces chiffres sont à mettre en rapport avec le salaire d’un ouvrier spécialisé, qui en 1853 touche environ 1 000 francs, et vingt ans plus tard, environ 1 300 francs. • La bourse et la spéculation permettent à des audacieux de tenter leurs chances et les fortunes se font et se défont. La période est riche en scandales financiers, montages douteux, conflits d’intérêts, etc. L’argent gagné facilement se dépense avec la même légèreté et une vie de plaisir et de frivolité agite les grandes villes. • La Cour donne exemple par sa manière de s'amuser et les milieux mondains suivent le mouvement. Les restaurants à la mode, les théâtres offrent le spectacle d'une société insouciante, prodigue et de mœurs libres, que l’historiographie a qualifié de fête impériale. • Cette fête a commencé à se manifester à la fin de la monarchie de Juillet et continuera tout au long de la IIIe République. Elle est le fait d'une petite minorité de quelques milliers de personnes, alors que pour les quelques autres 35 millions d’habitants, les comportements ne changent guère. • Expression d'un capitalisme jeune et sans frein, elle est illustrée par les deux expositions universelles du règne, en 1855 et 1867. • Envers les ouvriers, le gouvernement fait preuve de réalisme et adopte une politique de la main tendue, comme en fait foi la loi sur les coalitions de 1864, qui permet une certaine forme d’association au monde ouvrier, politique confirmée au cours des années suivantes par la tolérance en matière de réunion et d'association dont fait preuve le gouvernement. • La politique de Napoléon III a contribué à la naissance du mouvement ouvrier, mais ne l’a pas l’empêché de s'orienter vers la lutte contre le régime. Malgré tout l'empereur persévère dans cette voie. • Plusieurs banques sont créées pour financer les associations ouvrières et la loi de 1867 sur les sociétés leur donne un cadre juridique approprié. • C'est surtout à l'occasion de l'Exposition de 1867 que le gouvernement tente un nouvel effort social d'envergure, alors que des délégués ouvriers élisent une commission qui siège pendant deux ans comme un parlement du travail. • Son activité aboutit à la multiplication des chambres syndicales, à la création de caisses d'assurances facultatives sur la vie et contre les accidents du travail et à des projets de loi visant à créer une inspection du travail et à organiser des retraites ouvrières, dont plusieurs ne verront pas le jour, pour cause d’effondrement du régime. 2.3 – Idées • Le romantisme n'est pas mort seulement dans la vie politique et sociale, car les progrès de la science favorisent le positivisme de Renan, Comte et Littré, qui se proposent d’organiser la société scientifiquement, en appliquant les méthodes des sciences naturelles. • L'histoire et la critique deviennent aussi scientifiques, avec Fustel de Coulanges et SainteBeuve. Même la littérature se trouve contaminée, malgré les protestations des derniers romantiques. • L'observation sociale se substitue au culte du moi et l’époque de la poésie apparait dépassée. Les genres en vogue sont le roman, la comédie de mœurs, l'opérette. • On constate la même évolution dans les arts, mais elle échappe à la bourgeoisie régnante, qui en reste au romantisme ou au classicisme le plus académique. • Malgré l’essor de l’impressionnisme à la fin du règne, la bonne société demeure imperméable à ce retour du sujet. D’où le Salon des refusés, qui permettra à ces peintres novateurs de se faire connaître du grand public. • Le réalisme littéraire apparaît comme une menace contre la société, les mœurs, la morale, la religion. Baudelaire est condamné à trois mois de prison, Flaubert est traîné en justice. • En matière de philosophie politique, deux courants se partagent la période. L'histoire du XIXe siècle est celle du libéralisme et les intellectuels de l'époque estiment que l'Empire constitue simplement une parenthèse à cette évolution débutée en 1789. • Les grands noms de l'orléanisme trouvent refuge dans les universités et les recherches historiques, de sorte que les principaux ouvrages de doctrine politique sont l'œuvre de ces républicains libéraux. • Au début de l'Empire, les ouvriers, déçus par l'échec du socialisme utopique et par la politique répressive du gouvernement, se cantonnent dans leurs préoccupations professionnelles. L'influence de Proudhon à ce moment n'est pas été étrangère à cette orientation. • Au lendemain du coup d'État, Napoléon III a tenté la mise en place d’une politique « socialisante », mais qui était vouée à l’échec, la gauche rejetant le coup d'État. Napoléon III se contente de favoriser le développement des sociétés de secours mutuel et de prendre des mesures sociales à caractère paternaliste. • En 1864, un ouvrier rédige le « manifeste des Soixante », qui affirme le droit des ouvriers d'être représentés en tant qu'ouvriers et la même année une loi supprime le délit de coalition, ouvrant la voie à une reconnaissance des associations ouvrières jusqu’alors illégales. • Malgré ses importantes limites (le droit d'association et le droit de réunion sont toujours interdits), cette loi permet une tolérance qui conduit à la reconnaissance du droit d'association en1868. • La propagation du socialisme conduit à la création en 1864 de la première Association internationale des travailleurs. Elle tient un congrès chaque année en septembre : Genève (1866), Lausanne (1867), Bruxelles (1868). Peu à peu, les théories mutuellistes de Proudhon y sont écartées au profit des théories collectivistes de Marx ou anarchistes de Bakounine. • L'Internationale prend un caractère hostile aux États bourgeois, évolution qui est accélérée, en ce qui concerne sa section française, par les poursuites que lui intente le gouvernement. Elle est deux fois condamnée en 1868 et elle le sera de nouveau en 1870. • En dehors de l'Internationale, le blanquisme constitue la force socialiste la plus importante en France. • S’inspirant du jacobinisme, du babouvisme et de la tradition révolutionnaire, Blanqui croit à l'action de minorités actives dans les milieux populaires et parmi la bourgeoisie radicale. Son objectif est de s'emparer du pouvoir, puis d'exercer une dictature pour procéder à l'éducation du peuple et à la réorganisation de la société. • Enfin, il y existe un courant particulièrement radical au sein de la jeunesse républicaine, qui s’inspire des grands ancêtres révolutionnaires • Ces jeunes radicaux établissent des contacts avec les membres de l'Internationale et les blanquistes, notamment à un congrès de la Paix et de la Liberté qui se tient à Genève en septembre 1867, ce qui aboutit à un rapprochement avec les ouvriers, qui favorise la radicalisation de ces derniers et leur implication dans l’action politique, et non plus seulement syndicale. 3 – Politique étrangère 3.1 – La France et l’Europe • Napoléon III éveille de mauvais souvenirs en Europe et la Russie, l'Angleterre, l'Autriche et la Prusse négocient une coalition défensive, dans laquelle la Russie constitue la pièce maîtresse, pour se prémunir contre la répétition de l'épopée napoléonienne. Et c'est la Russie qui va offrir à l’empereur l'occasion de briser l’alliance. • Nicolas Ier cherche le moyen de profiter de la faiblesse de l’Empire ottoman pour gagner par Constantinople une porte sur la Méditerranée, ce qui ne peut pas plaire aux Européens, qui comptent utiliser la Sublime Porte pour contrer l’expansionnisme russe. • Personne ne veut la guerre, mais lorsque la Russie, en conflit avec l’Empire ottoman, pénètre en mars 1854 dans les provinces roumaines de celui-ci, Vienne s’en inquiète et trouve à Paris et Londres un appui. • La Confédération germanique refuse de prendre part à une opération contre la Russie, mais cela n’empêche pas la France et l’Angleterre de porter secours à la Sublime porte dans la Dobroudja, puis en Crimée. • Les combats font rage autour de Sébastopol et l’Armée russe résiste, mais après un long siège, et alors que les forces russes se préparent à une offensive autrichienne, Sébastopol tombe en septembre 1855. • Même si la Russie pourrait résister encore, Alexandre II décide qu’il vaut mieux signer la paix et se préoccuper de la situation intérieure. En mars 1856, la signature du traité de Paris met fin à la guerre, dont la France sort grandie et qui fait d’elle le principal allié de la Turquie sur le continent. • En échange, de son aide, la France exige l’autonomie pour les provinces serbes et roumaines sous la suzeraineté du sultan et sur le conseil de l'empereur, la Moldavie et la Valachie s'uniront en 1861. • Cette politique des nationalités motive l’empereur en Italie. Mais il ne désire pas tant l’unification italienne qu’une confédération analogue à la Confédération germanique : un royaume septentrional, un royaume de l'Italie centrale, le royaume des Deux-Siciles et ce qui resterait des États pontificaux. La France recevrait pour sa part Nice et la Savoie. • Cette vision des choses est couchée par écrit dans un traité secret conclu entre la France et Camillo Cavour, chef de file du mouvement national italien, en janvier 1859 et après diverses provocations, l’Autriche déclare la guerre au Piémont le 3 mai, entraînant l’entrée en guerre de la France. • Malgré le manque de préparation de l’armée française, elle s’impose à ses adversaires autrichiens dans divers combats, dont la bataille de Solferino (24 juin 1859) constitue le point d’orgue, et la paix est signée à Villafranca le 11 juillet : l'Autriche cède la Lombardie et permet la formation de la confédération italienne. • Cela ne suffit pas aux nationalistes italiens et, avec le Piémont en avant-garde, un processus d’unification des terres italiennes se déploie. Des assemblées votent le rattachement des territoires du nord au Piémont, lequel se tourne vers les provinces pontificales. • Grâce aux chemises rouges de Garibaldi, l’influence du Piémont s’étend sur l’ensemble de la péninsule italienne, rendant caduc le projet français de confédération. • Se pose alors la question des États pontificaux, difficile pour l’empereur, qui comprend que l’unification italienne aura pour conséquence la fin de ces États, perspective que rejettent les catholiques français. • Mais l’influence de la France sur les événements d’Italie est de moins en moins grande. À terme, l’Italie procédera à son unification sous la conduite du roi Victor-Emmanuel, mais après la chute de Napoléon III. Rome deviendra la capitale italienne en juin 1871. • Car la prépondérance française en Europe est battue en brèche. Après avoir arraché à l'Autriche sa place à la tête de la Confédération germanique, Bismarck entreprend l’unification allemande. • Après avoir ravi au Danemark en 1864 les duchés de Schleswig et de Holstein, la Prusse se retourne contre l’Autriche, obligeant celle-ci à se rapprocher de la France, qui reste neutre, espérant l’épuisement des forces prussiennes et autrichiennes. • Les calculs de l’empereur furent erronés : en juillet 1866, l'armée prussienne, après avoir détruit les armées allemandes des États du Sud, alliés à l’Autriche, écrasent celle-ci à Sadowa. • Envisageant de prendre les armes, l'empereur se contente d'une médiation et obtint la promesse que la confédération allemande engloberait seulement les États situés au nord de la ligne du Main et ne menacera pas les frontières françaises, • Mais le prestige de la Prusse et l’inquiétude des États allemands frontaliers de la France poussent ceux-ci à accepter une alliance sous l’égide de la Prusse. • La Prusse ne pouvant réaliser l'unité allemande qu'à l'issue d'une guerre contre la France, la guerre devint inévitable, d’autant qu’empêtrée dans les affaires italiennes, la France est affaiblie diplomatiquement et ne peut compter sur l’appui d’aucune puissance. En fait, les relations ne sont bonnes qu’avec l’Autriche, qui n’est plus que l’ombre d’elle-même après la crise de 1867. • La crise de succession en Espagne provoque l’étincelle que cherchait Bismarck. • Le refus poli de la part de la Prusse d’abandonner la candidature du prince Léopold est transformé par le chancelier dans le télégramme officiel en un rejet cassant et hautain. • Les Français, très remontés contre la Prusse et ses intrigues, réclament le châtiment de la prétentieuse Prusse et lui déclare la guerre le 19 juillet 1870. • L'armée française est moins nombreuse que l'armée allemande et l’artillerie allemande lui est supérieure. Les forces allemandes sont mieux organisées, plus mobiles et plus expérimentées et les généraux prussiens, sont très supérieurs aux généraux français. • Les défaites s’accumulent, jusqu’à la catastrophe finale, alors qu’à Sedan, l’empereur, qui s’était chargé en partie du commandement, préside à l’écrasement de son armée et est fait prisonnier, entraînant l’effondrement du régime. La paix sera signée l’année suivante, mais par un gouvernement républicain. 3.2 – L’empire colonial • Napoléon III ne borne pas son horizon à l'Europe et a une vue mondiale du rôle de la France, qui tient à plusieurs causes : prestige personnel, politique libreéchangiste, désir de satisfaire les catholiques et de compenser sa politique italienne par une projection religieuse. • Les possessions lointaines sont soumises au pacte colonial, limitant le commerce à la seule France, ce qui est inconciliable avec les traités de commerce signés à partir de 1860 et la liberté d'exportation est progressivement appliquée à partir de 1861. • Des motifs religieux et commerciaux expliquent la politique française en Extrême-Orient. Les concessions aux barbares blancs ont provoqué en Chine des révoltes au cours desquelles des missionnaires et commerçants européens ont été massacrés. • L'envoi d'une escadre franco-anglaise aboutit en 1858 à la signature du traité de Tien-t'sin qui n'a pas été ratifié, suscitant une nouvelle expédition francoanglaise en 1860. Les Chinois capitulent et ouvrent six nouveaux ports aux nations européennes. • La persécution en Indochine contre les religieux français servit de prétexte au bombardement et à l'occupation de Tourane en 1858 et de Saigon en 1859, avant de se transformer en expédition aboutissant en 1861 à l'occupation de la basse Cochinchine, que TuDuc cède à la France en 1863, en même temps qu'il lui accorde le protectorat du Cambodge. En Océanie, la Nouvelle-Calédonie avait été occupée dès 1853. • En Afrique, l'effort principal porte sur l'Algérie. L'armée française procède à l'occupation progressive des oasis sahariennes et soumet la Kabylie en 1857. Elle organise la colonisation des Français et donne des garanties aux indigènes. • La France s'établit en Méditerranée, alors que plus à l’est, ses bonnes relations avec la Turquie lui permettent de reprendre son rôle de protectrice de l'Église. • L'application d'un article du traité de Paris qui assure aux sujets chrétiens du sultan les mêmes droits qu'aux musulmans entraîne, en 1860, au Liban, le massacre de douze cents maronites et la France se fait mandater pour une opération de police, permettant l’installation de troupes françaises en Syrie et au Liban. • En Égypte, Ferdinand de Lesseps entreprend le percement du canal de Suez grâce à l’appui diplomatique et financier de l'empereur. Le canal est inauguré le 17 novembre 1869. • Le plus important effort français outre-mer, en dehors de l'Algérie, est accompli au Mexique et se solde par un grave échec, alors que les puissances européennes tentent de profiter du chaos régnant au pays depuis l’indépendance pour reprendre le contrôle du territoire. • Si l’Angleterre a des motivations commerciales et l’Espagne des motivations politiques, Napoléon III a de plus vastes projets. Outre le percement d'un canal au Nicaragua, il rêve d'une nation latine et catholique qui ferait contrepoids aux États-Unis. • Ces objectifs parviennent aux oreilles des alliés anglais et espagnols, qui rappellent leurs troupes, laissant les Français seuls, qui occupent Mexico en mai 1863. L'archiduc Maximilien d’Autriche se voit proposer la couronne. • Mais le parti conservateur ne dispose pas d'appuis populaires et, la guerre de Sécession terminée, les États-Unis envoient des armes à Juarez. • Il ne reste à l'empereur qu'à prendre prétexte, pour retirer ses troupes, de ce que Maximilien n'a pas respecté ses engagements financiers. Maximilien refuse d'abdiquer. Il est pris et fusillé par Juarez en 1867. 4 – La Commune de Paris 4.1 – Origine et contexte • La chute de l’empire ne met pas fin à la guerre et Paris, assiégé à partir du 19 septembre, supporte le froid, la faim et les bombardements. Le gouvernement dit de la Défense nationale cherche à sortir de la guerre, alors que Paris réclame la guerre à outrance, s’appuyant sur les 380 000 hommes de la Garde nationale. • Le volontarisme parisien de l’époque révolutionnaire renait devant le péril. Deux pouvoirs commencent à s'opposer : celui de l'État bourgeois, représenté par le gouvernement du 4 septembre et celui du peuple, encore vague et incontrôlé. • Quand Paris apprend la capitulation de Metz et les négociations de paix, les gardes nationaux demandent la déchéance du gouvernement. • Le 7 janvier, L'Affiche rouge, rédigée au nom de la commune, réclame une attaque en masse, la réquisition générale, le rationnement gratuit et le gouvernement du peuple. • Le 29 janvier, on apprend la conclusion d'un armistice qui doit permettre l'élection d'une assemblée nationale. Les conditions en sont draconiennes : désarmement de l'enceinte fortifiée de Paris, occupation des forts, paiement de deux cents millions en quinze jours. • La province veut la paix et élit une assemblée réactionnaire, tandis qu'à Paris, la majorité penche en faveur d’un programme socialiste et révolutionnaire : une république qui donnerait aux ouvriers leurs instruments de travail et qui réaliserait à la fois la liberté politique et l'égalité sociale. • Soutenu par l’Assemblée, le chef du pouvoir exécutif, Thiers, a les mains libres pour traiter avec l'Allemagne. La France devra payer un tribut de cinq milliards, abandonner l'Alsace et le tiers de la Lorraine. Le 1er mars, l'Assemblée ratifie le traité, malgré la protestation des députés alsaciens et lorrains. • Délivrée de la guerre extérieure, l'Assemblée n'a plus devant elle qu’ouvriers, artisans et petits-bourgeois de Paris, socialistes, républicains et patriotes. • Des mesures sont prises contre Paris afin de l’étouffer économiquement, mais en vain. Des journaux sont suspendus et la répression s’abat sur ceux que le gouvernement peut atteindre. Thiers laisse entendre qu’il aura recours à la force si nécessaire. • Dans la nuit du 17 au 18 mars, les troupes régulières reçoivent l'ordre de reprendre les canons des Parisiens, mais l’opération échoue, femmes, enfants et gardes fédérés fraternisant avec les soldats. • Devant son impuissance, Thiers se réfugie à Versailles et donne aux troupes l'ordre d'abandonner Paris. • Victoire remportée presque sans violence, sans combat, et par une foule anonyme. Nulle organisation ne l'a préparée et des hommes issus de différents mouvements, poussés par la foule anonyme, ont pris des initiatives individuelles et non coordonnées. • Le 19 au soir, des hommes mandatés par le Comité central de la garde nationale siègent à l'Hôtel de Ville. Deux proclamations sont publiées, l'une remercie l'armée de n'avoir pas utiliser la force et appelle Paris et la France à jeter les bases d'une véritable république démocratique, l'autre appelle à organiser de nouvelles élections. • Le Comité central ne se considère pas comme un gouvernement révolutionnaire, mais comme un intermédiaire en attendant les élections, fixé au 22 mars. • Entre temps, il assume le gouvernement de Paris : il lève l'état de siège, rétablit la liberté de la presse, abolit les conseils de guerre, accorde l'amnistie à tous les condamnés politiques et assure leur libération et envoie des représentants dans les différents ministères abandonnés par leurs titulaires • Par ces mesures, le Comité central agit comme un gouvernement, le gouvernement de Paris, face à celui de Versailles. • Mais il ne prend pas d'initiatives militaires ni ne s'attaque aux puissances d'argent, décrétant des emprunts à M. de Rothschild et à la Banque de France. • Dès lors, Paris commence à se gouverner de façon autonome, se proposant de rétablir l’ordre et de réorganiser le travail sur de nouvelles bases, afin de mettre fin à la lutte des classes. 4.2 – Le programme et l’organisation des communards • Le programme proposé est ambitieux et radical : organisation du crédit, de l'échange et de l'association, afin d'assurer au travailleur la valeur intégrale de son travail, instruction gratuite et laïque, complètes libertés des citoyens et organisation sur le plan communal de la police et de l'armée. • Le principe associatif doit gouverner la société et on rejette toute autorité imposée du dehors, au profit d’un contrôle de tous les élus, qui dans ce contexte ne sont que des délégués et non des décideurs. • Les élections ont lieu le 26 mars et 229 000 Parisiens sur 485 000 inscrits se rendent aux urnes, taux de participation très élevé compte tenu du fait qu’une partie significative de la population parisienne n’est pas présente dans la ville, à cause de la guerre et du siège. • Sans surprise, le taux de participation est plus important dans les quartiers populaires et ouvriers. • Le 28 mars, à l'Hôtel de Ville, les membres du Comité central remettent leur pouvoir à la Commune, puis l'on proclame la liste des élus, d’origines sociales diverses : grands bourgeois qui seront rapidement remplacés, employés, instituteurs, médecins, journalistes, républicains de longue date et qui constituent la majorité des élus, mais aussi 25 ouvriers. • Plusieurs tendances s'expriment : blanquistes, jacobins et républicains radicaux forment la majorité. Minoritaires, les ouvriers ne forment pas un bloc idéologique. Artisans plus qu'ouvriers de la grande industrie, ils appartiennent surtout au courant proudhonien. • Mais c’est la population en entier qui dirige, par le biais des chambres syndicales, des coopératives, des comités d'arrondissement et des clubs. • Dans ces derniers, on discute des problèmes d'organisation, mais aussi de questions générales, comme les relations entre patrons et ouvriers, le rôle social des femmes, etc. • Celles-ci sont très actives : groupées dans l'Union des femmes pour la défense de Paris et les secours aux blessés, on les voit aussi dans les comités de vigilance, dans les clubs, et comme cantinières, ambulancières ou soldats. • À côté de tout cela, le Comité central de la Garde nationale continue à tenir ses séances et à diriger la lutte, créant ainsi à côté de la Commune un second pouvoir suscitant une confusion croissante. • Fin mars, la Commune forme dix commissions jouant le rôle de ministères et devant former le noyau gouvernemental d’une république décentralisée et fédérative qui regrouperait toutes les communes de France. • La commune s’octroie le vote du budget communal, l’organisation de la magistrature, de la police, de l'enseignement, le recrutement des fonctionnaires, etc. • Elle se porte garante de la liberté individuelle, de la liberté du commerce, de la liberté du travail, du droit d’intervention permanente des citoyens dans les affaires de la commune et dans l’organisation de la garde nationale, par l'élection des chefs. • Il s'agissait de détruire la société et le gouvernement traditionnels, pour les remplacer par une société nouvelle visant, non plus à gouverner les hommes, mais plutôt à permettre aux citoyens d’administrer les choses. • Peut-être que la province française aurait approuvé au moins partiellement ce projet si elle avait pu en être informée, mais malgré les tentatives de Paris d’envoyer des émissaires en région, la domination du gouvernement demeura totale et la province resta hostile à Paris. • Une Commission des subsistances prend des mesures de taxation du pain et de la viande et assure le contrôle des halles et marchés. Le service des Postes est rétabli en 48 heures. Un service de l'Imprimerie nationale imprime les affiches de la Commune. Dans les arrondissements, les bureaux de bienfaisance sont remplacés par l'assistance communale. • La Commune décrète la gratuité du recours aux juges et le principe de leur élection, mais elle doit remettre à plus tard l'exécution de ce décret. • Elle supprime la vénalité des charges de notaires, d'huissiers et autres officiers publics, qui deviendraient alors fonctionnaires, ces mesures ayant pour objectifs d'enlever à la justice son caractère de classe. • Pour forger la société de demain, il fallait des hommes et des femmes échappant à l'emprise cléricale, d'où la nécessité de créer un enseignement gratuit, laïque et obligatoire. • La commune accorda à l’organisation du travail beaucoup d’énergies et fit preuve d’un grand sens de l’innovation. C’est un ami personnel de Marx qui dirige la Commission du travail, de l'industrie et des échanges. • Une première série de mesures de caractère social concerne les loyers, les échéances et les dépôts au Mont-de-piété. Le travail de nuit des boulangeries est aboli le 20 avril, de même que la pratique des amendes et retenues sur les salaires par les patrons. • D'autres mesures sont beaucoup plus radicales, comme la création d’une commission d'enquête chargée de faire la liste des ateliers abandonnés et de faciliter leur remise en marche dans un cadre coopératif, quitte à payer une indemnité aux propriétaires. • L'Union des femmes suscite un projet d'organisation du travail des femmes et convie les ouvrières à participer à l'élection des déléguées qui constitueront la Chambre fédérale des travailleuses. 4.3 – L’échec • La Commune gouverna dans le désordre, oscillant entre dictature et anarchie, éprouvant les plus grandes difficultés à faire de son programme une réalité. Les responsables des commissions changèrent à plusieurs reprises, surtout celle concernant les affaires militaires. • Avec la détérioration de la situation, certains membres de la commune, s’inspirant du passé jacobin, firent voter la formation d'un Comité de salut public, dont l'intervention dans les affaires de la guerre fut nuisible. • La lutte entre majorité et minorité et les conflits de personnalités minèrent la Commune et l'ingérence continuelle du Comité central de la Garde nationale dans les affaires militaires paralysait son pouvoir. • La Commune se méfiait des militaires qu'elle avait délégués à la guerre et si les gardes nationaux étaient d’ardents révolutionnaires, ils répugnaient à la discipline. • Paris n'eut jamais plus de 40 000 combattants, alors que Thiers, qui avait, avec l'appui de Bismarck, reformé son armée, comptait sur 63 500 hommes, auxquels s'ajoutèrent éventuellement 130 000 prisonniers libérés d'Allemagne. • En mars, les combats se limitent à des escarmouches, mais avril voit une recrudescence des accrochages. Du 11 avril au 21 mai, la lutte se poursuit autour de Paris et les forces parisiennes reculent. À partir du 1er mai commence le bombardement systématique de Paris. • Le dimanche 21 mai, les troupes gouvernementales entrent dans Paris par la porte de Saint-Cloud et pendant la « semaine sanglante » les versaillais fusillent ceux qu'ils prennent les armes à la main. On voit aussi à ce moment les premières exécutions massives. • Des incendies ravagent la ville en plusieurs points dont la responsabilité incombe surtout aux bombardements intensifs menés par les Versaillais. • Aux massacres des habitants de Paris par les troupes, la Commune répond en exécutant 52 otages. Le 26 mai, la résistance est à son comble, tandis que les exécutions sommaires par les Versaillais se multiplient à mesure qu'ils avancent dans Paris. Le 27 mai, c'est le massacre des fédérés au milieu des tombes du Père-Lachaise et le 28, la dernière barricade tombe. • Les jours suivants, les cours martiales continuent à condamner à mort. Si les Versaillais ont perdu près de 900 soldats, on ne sait pas exactement combien d'hommes, de femmes et d'enfants furent massacrés au cours des combats ou sur l'ordre des cours martiales. La plupart des sources évoquent 30 000 victimes, • À ce nombre, il faut ajouter 14 000 autres condamnés à mort par la suite. 25 000 prisonniers furent déportés et d'autres réussirent à gagner la Belgique, la Suisse et l'Angleterre. L’amnistie, votée en 1880, permit aux survivants de rentrer en France.