Présentation

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Histoire de la
France
révolutionnaire
Huitième cours :
Le Second Empire et la
Commune de Paris
(1852-1870)
4.2 – La république conservatrice (1848-1851)
• Le général Cavaignac, chef de l’exécutif, met en place
un gouvernement composé de républicains
conservateurs et la répression s’abat sur les meneurs
des journées de juin. 3 000 insurgés sont emprisonnés
ou déportés en Algérie, alors que des lois limitent la
liberté des clubs et de la presse.
• Les élections municipales et des conseils généraux de
l’été donnent aux conservateurs une majorité
importante, d'autant que légitimistes et orléanistes se
sont unis contre les radicaux, pour la défense de l'ordre
social, donnant naissance au « parti de l'Ordre ».
• La constitution, adoptée le 4 novembre 1848 par 733
voix contre 42, donne le pouvoir exécutif à un
président de la République, élu au suffrage universel
pour quatre ans, et le pouvoir législatif à une assemblée
unique élue pour trois ans.
• Le remplacement du droit au travail par un droit à
l'assistance donne une bonne idée du glissement vers
la droite.
• L'élection présidentielle de décembre, fait ressortir la
division entre républicains conservateurs (Cavaignac
obtient 20 %) et radicaux (Ledru-Rollin obtient 5 %),
pendant que les socialistes peinent à rassembler 1 %.
• Le courant populaire est exploité par les conservateurs
en faveur de Louis Napoléon Bonaparte, qui triomphe
avec près de 75 % des suffrages exprimés.
• Cette victoire constitue un désaveu clair de la politique
menée depuis février, confirmé par les élections du 13
mai 1849, qui voient le parti de l’ordre remporter 55 %
des voix et obtenir un peu moins de 500 députés, alors
que les démocrates socialistes, menés par LedruRollin, obtiennent 35 % des voix et 180 élus, surtout
dans les régions industrielles.
• À Paris, les sièges sont partagés par les deux camps,
avec entre autres Victor Hugo pour les conservateurs et
Ledru-Rollin pour les démocrates.
• Les conservateurs sont inquiets du succès des
démocrates et prendront prétexte des manifestations
organisées par la Montagne en juin pour liquider cette
opposition : menacé d’arrestation, Ledru-Rollin s'enfuit
à Londres, pendant que d'autres députés sont poursuivis
et emprisonnés. L'état de siège est proclamé à Paris
et à Lyon et six journaux radicaux sont suspendus.
• Le parti de l’Ordre profite de sa situation pour prendre
un tournant conservateur en faisant voter diverses lois,
l’une assurant la « liberté d’enseignement », une autre
établissant une surveillance étroite des instituteurs
suspects de propagande socialiste.
• Surtout, après les élections de mars 1850, qui sont plus
favorables aux démocrates, l’assemblée modifie la loi
électorale en réduisant le suffrage universel.
• Pour être électeur, il faut payer la taxe personnelle
depuis trois ans dans la commune, ce qui permet
d’éliminer les tiers des électeurs.
• Fort de son appui, le président mène une politique
personnelle, réunissant un groupe comprenant ses
fidèles, des libéraux restés à l'écart du parti de l'Ordre et
des représentants du milieu des d'affaires,
• Le prestige de son nom et diverses mesures favorisent
les relations entre l'armée et celui qu'on commence à
appeler le « prince Louis Napoléon ». La Société du 10
Décembre apparaît comme le noyau d'un grand parti
napoléonien comptant à Paris boutiquiers, petits
rentiers et ouvriers, auquel se joignent des modérés du
parti de l’Ordre, déçu par le tournant conservateur.
• Celui-ci se trouve dominé par les partisans d’une autre
restauration
monarchique.
Mais
orléanistes
et
légitimistes continuent à s’opposer, favorisant la
consolidation du parti napoléonien.
• La situation était compliquée par la loi
constitutionnelle, qui ne permettait pas à Louis
Napoléon de voir son mandat renouvelé en 1852.
• Du côté démocrate, on craint le pouvoir grandissant du
« prince-président » et divers événements accentuent
la pression révolutionnaire des radicaux tout au long
de l’année 1851, suscitant bien sûr le retour d’une peur
révolutionnaire.
4.3 – Vers le Second Empire
• Le président canalise à son profit la peur de la
révolution et entreprend une campagne pour réviser la
Constitution, ce qui lui permettrait d'être rééligible. Une
campagne de pétitions menée dans tout le pays permet
de réunir un million de signatures.
• Bien que la révision fût acceptée par une grande
partie des légitimistes et des orléanistes, il n'y eut
que 446 députés pour accepter la révision contre 270.
• Ainsi, la majorité des trois quarts des voix (543),
requise par la Constitution ne fut pas atteinte et
l'article 45 interdisant la rééligibilité fut maintenu.
• Pour rallier l’opposition démocrate et déconsidérer les
conservateurs, Louis Napoléon demande l'abolition
de la loi électorale de 1850 qui avait amputé le suffrage
universel.
• L'Assemblée s'y refusa, permettant au président de se
présenter comme un démocrate et de rallier une majorité
de modérés conservateurs et de modérés républicains.
• Devant le regain d’agitation des socialistes et des
radicaux, Louis Napoléon, qui peut compter sur le
soutien des forces armées, fixe la date de son coup
d'État au 2 décembre, anniversaire d'Austerlitz.
• Des affiches, imprimées dans la nuit du 1er au
2 décembre, reproduisent un « appel au peuple et aux
soldats » ainsi que deux décrets : l'un dissout
l'Assemblée nationale, rétablit le suffrage universel et
décrète l'état de siège ; l'autre appelle les Français à un
plébiscite pour reconnaître l'autorité de Louis Napoléon.
• Au matin, les députés républicains et monarchistes
qui tentent de résister sont arrêtés. Un Comité de
résistance républicain tente de soulever Paris et des
barricades sont dressées, avant d’être rapidement
démantelées. Il n’y eut pas de soulèvement populaire.
• La résistance violente fut le fait de paysans et
s'étendit du 3 au 8 décembre, un peu au nord et dans
quelques régions du sud-ouest, mais surtout dans le
sud-est.
• L’opposition fut vite réduite : 32 départements furent
mis en état de siège et 27 000 personnes furent
arrêtées, dont 10 000 furent condamnées à la
déportation et 259 envoyés aux travaux forcés.
• Le mouvement républicain sortit de l’opération
décapité, pendant que la propagande présenta les
actions de Bonaparte comme une nécessité face à la
subversion socialiste, ralliant conservateurs et clergé.
• Un nouveau ministère est constitué le 4 décembre, et
le plébiscite de décembre, qui demandait des pouvoirs
constitutionnels
pour
Louis
Napoléon,
obtint
l'approbation de 7,5 millions de personnes, le non
réunissant 650 000 votants. À Paris, le vote fut plus
serré, avec 132 000 « oui » contre 80 000 « non ».
• Le 14 janvier 1852, une Constitution, reprenant les
grandes lignes de la constitution napoléonienne de
l'an VIII fut proclamée. Le prince-président obtenait le
gouvernement de la République française pour 10 ans et
disposait de l'initiative de la promulgation des lois.
• La répression toucha la presse et la plupart des
journaux républicains disparurent. De nouveaux décrets
en février et mars 1852 retirèrent toute liberté à la
presse, placée sous le contrôle d'un ministère de la
Police.
• Une grande campagne fut menée pour rétablir
l’Empire : Louis Napoléon voyageant à travers la France
à l’automne 1852 est accueilli par les cris, pas toujours
spontanés, de « Vive l'Empereur! ».
• Afin de rassurer les puissances étrangères, dont
l’inquiétude est compréhensible, il déclare « L'Empire,
c'est la paix. » Un décret approuvé par plébiscite les
21 et 22 novembre 1852 rétablit la dignité impériale.
5 – Politique étrangère (18301848)
• Les Trois glorieuses ont provoqué l’inquiétude chez les
partenaires européens, qui craignent le revanchisme.
Cela étant, outre le fait que le républicanisme est
minoritaire à ce moment, la France en 1830 n’est de
toute façon pas en mesure de partir en guerre.
• Passé ce premier moment de frayeur, les puissances
européennes se rallieront au renversement de
Charles X, qui fait place à un monarque
constitutionnel posé et réfléchi. De 1830 à 1831, les
gouvernements européens se rallient et reconnaissent la
légitimité de Louis-Philippe.
• La monarchie de juillet pourra poursuivre en Europe la
politique de bonne entente, dont la révolution belge de
1830 constitue le premier test.
• Une part significative de l’opinion belge et française se
montre favorable à un rattachement de la Belgique à la
France, mais il n'est pas question pour le roi de
chercher à récupérer la Belgique, ce qui serait perçu
comme un acte hostile par le Royaume-Uni.
• Il va donc favoriser l’indépendance et la neutralité de
la Belgique, refusant la couronne qui lui est proposée et
participant avec les autres puissances à un ballet
diplomatique qui aboutira à l’indépendance du pays.
• En juin 1831, le congrès national belge porte au trône à
une forte majorité Léopold de Saxe, prince de souche
allemande proposé par les Anglais.
• En faisant montre de son pacifisme, autant au moment
de la proclamation de l’indépendance belge que lors de
la guerre qui suivra et qui opposera la Belgique aux
Pays-Bas, la France parviendra à s’imposer comme
une puissance neutre et raisonnable, favorable au
maintien de la paix en Europe.
• Cette politique de neutralité bienveillante à l’endroit de
certains mouvements insurrectionnels sera à la base de
la politique française en Pologne, longtemps alliée de
la France et qui en 1830 se soulève contre l’occupation
de son territoire.
• À la différence du cas belge, la distance géographique
fera en sorte que, en dépit de violentes critiques, le
gouvernement ne s’impliquera pas dans le règlement
de la crise, qui se soldera par l’écrasement des insurgés.
• Il en sera de même avec les troubles en Italie du
début des années 1830, alors que Paris laissera les
Autrichiens régler le problème par la force. Partout en
Europe, la France s’en tient à la diplomatie de la
Restauration.
• La période voit aussi un rapprochement avec le
Royaume-Uni, alors qu’apparaît pour la première fois
l’expression d’Entente cordiale entre les deux grands
rivaux, avec cependant des résultats mitigés.
• Mais les relations oscillent continuellement au cours
des deux décennies, pas tant à cause des problèmes
européens que d'intérêts contradictoires dans le monde.
• L’évolution de l’Alliance, d’abord triple (Royaume-Uni,
Portugal et Espagne), devenant quadruple avec l’ajout
de la France, témoigne de ces différentes phases des
relations diplomatiques franco-britanniques.
• Si la France demeure en retrait en Europe, c’est qu’elle
est occupée à reconstituer un espace colonial, d’où
les conflits avec Londres. Dès avant la chute de Charles
X, l’opération visant à s’implanter de l’autre côté de la
méditerranée avait été lancée et en juin 1830, Alger était
tombé aux mains de l’Armée française.
• Pendant dix-sept années, les efforts des Français pour
s’implanter sur le territoire de l’actuelle Algérie se
heurtent à la résistance des populations locales, menées
par Abd el-Kader, dont la politique à l’endroit de la
France oscille entre collaboration et franche hostilité.
• Ce n’est que la reddition des forces d’el-Kader en 1847
qui permettra le début d’une pacification du territoire,
première base d’expansion de la France en Afrique.
• Avant même la fin de la lutte en Algérie, Paris se
projette ailleurs sur le continent, par exemple en
multipliant les implantations commerciales et militaires
dans la région du golfe de Guinée à la fin des années
1830.
• Toujours en Afrique, mais cette fois en direction de
l’Asie, la France s’installe à Madagascar et à Mayotte,
dans les Comores, qui devient un protectorat français
en1841.
• Plus loin dans l’est, la mise en place d’un protectorat sur
Tahiti en 1843 constituera la base de développement de
l’empire français en Asie et dans le Pacifique.
Huitième cours :
1 – Évolution politique
2 – Économie et société
3 – Politique étrangère
4 – La commune de Paris
1 – Évolution politique
1.1 – L’empire autoritaire (1852-1860)
• Louis-Napoléon Bonaparte, né le 20 avril 1808, est le
fils de Louis Bonaparte et d'Hortense de Beauharnais,
fille de Joséphine. Après la chute de l’Empire, il passe sa
jeunesse sur la rive suisse du lac de Constance.
• Son implication politique commence dans les
années 1830, alors qu’il tente un soulèvement en 1836
à Strasbourg, mais la tentative échoue. Banni, il
s’embarque pour les États-Unis, d’où il reviendra l’année
suivante muni d’un faux passeport.
• En 1840, il tente un nouveau coup d’État qui échoue
et entraîne son incarcération et sa condamnation à la
prison à perpétuité.
• Il reste en détention jusqu’en 1846, mettant à profit
cette période pour développer son programme
politique, puis parvient à s’évader. Il se réfugie à
Londres, d’où il reviendra à la faveur de la révolution de
1848. Il fédère alors autour de son nom une grande
partie de la population, ce qui conduit à son élection.
• Il est difficile de définir sa personnalité : bienveillant,
plus conventionnel que son oncle et intelligent. Fils
de son temps, il porte aux problèmes économiques et
sociaux un grand intérêt.
• Habile, il parvient rapidement à transformer sa
popularité, qui s’appuyait d’abord sur son célèbre nom,
en renommée personnelle.
• Habitué des conspirations, il est peu disert sur ses
objectifs, qu’il poursuit avec entêtement et habileté,
sans toujours respecter la forme. Mais on lui a par
ailleurs reproché une tendance à l’indécision, peutêtre à cause de la détérioration de son état de santé.
• Sa conception de l’État le rapproche de son oncle et
il croit en une démocratie limitée par le grand pouvoir du
chef de l’exécutif et il se méfie du parlementarisme
• Malgré une certaine gêne devant cette entorse aux
principes libéraux qu’il admire, il se convainc de la
légitimité de son coup de force de décembre 1851.
• Pour lui, les restrictions à la liberté doivent
disparaître lorsque les bases du régime seront solides :
la liberté devra être différée et ne pourra s’étendre que
lorsqu'elle ne mettra plus en danger la stabilité de l’État.
• Célibataire au moment de son coup d’État, l'empereur
épouse en janvier 1853 une jeune fille de noblesse
espagnole, Eugénie de Montijo.
• L'impératrice préside une cour cosmopolite peu
fréquentée par la vieille aristocratie. Elle s’intéressera
peu à peu à la politique et son influence s'exercera dans
le sens des intérêts catholiques et conservateurs.
• Les ministres des premières années sont surtout
orléanistes, car il n’y a pas à ce moment de
bonapartistes compétents. La plupart sont des bourgeois
préoccupés du maintien de l'ordre.
• L'empereur est à la fois chef d'État et du
gouvernement. Pendant la première partie du règne, il
ne permet pas au Conseil de discuter des affaires,
traitées dans son cabinet avec le ministre compétent.
• Mais son pouvoir n’est pas absolu, ses capacités
n’étant pas celles de son oncle et n'ayant pas à sa
disposition une équipe d'hommes partageant ses idées.
• Il doit faire avec le Conseil d'État, maître du
mécanisme législatif, qu’il ne parvient pas toujours à
convaincre. Le corps législatif est à ses débuts composé
de notables loyaux plus que vraiment bonapartistes.
• Les préfets deviennent des personnages puissants
et prestigieux, petits empereurs dans leur département.
• Ils déterminent grandement les résultats des
élections en appuyant les candidats officiels,
notamment auprès des maires nommés par eux et des
fonctionnaires de toutes les administrations.
• Comme les réunions politiques sont interdites, les
candidats de l'opposition ne peuvent répondre
efficacement à une telle pression.
• La presse républicaine a été presque entièrement
supprimée après le coup d'État par la mise en place
d’un système de peines graduées, la contraignant à
l’autocensure.
• L'administration centralisée est l'armature du régime
et les forces de l'ordre et l'Église en sont les appuis. La
police du régime surveillent les centres urbains, alors
que la gendarmerie assure ce rôle dans les campagnes.
• Si l’armée a permis la réussite du coup d’État, elle
n'en a pas pris l'initiative, qui est le fait de civils, et n'a
fait qu'obéir aux ordres.
• Napoléon III tient l’Armée en grande estime et va
l’utiliser pour asseoir son pouvoir. Elle deviendra peu à
peu bonapartiste, surtout dans la garde impériale.
• Malgré l’opposition entre la doctrine de l'Église et les
principes proclamés par l'Empire, le clergé estime avoir
été sauvé d'une autre vague d’anticléricalisme et
considère l’empereur comme son sauveur.
• Jusqu'en 1860, l'opposition est nulle ou inefficace.
Les monarchistes sont affaiblis par leur division, entre
légitimistes traditionaliste et orléanistes.
• Mais pour les uns et les autres, la défaite est compensée
par l'impuissance des républicains, dont les
organisations ont été décimées par la répression.
• À Paris, ce qui reste du parti tente de rassembler le
peuple autour d’obsèques d'hommes célèbres, alors
qu’en province, quelques-unes des sociétés secrètes
de la IIe République survivent, sans grand dommage.
• Les complots contre l'empereur sont nombreux mais
mal organisés et déjoués par les forces de sécurité.
• Les élections législatives de 1852 ont permis l'élection
de la quasi-totalité des candidats officiels, qui
formeront un parti bonapartiste qui s’appuie sur trois
fondements : gloire nationale attachée au nom de
l’empereur, idéaux de 1789 et légitimité du chef de l’État.
• C'est dans les campagnes que ces fondements se
diffusent le mieux, la paysannerie se montrant
reconnaissante des progrès dans son niveau de vie.
• Pour encadrer cette masse rurale, un bourgeois d’un
type nouveau apparaît dans les villages et les petites
villes : peu intellectuel, il ne craint pas le peuple et veut
un gouvernement ferme. S’il n'aime pas trop les curés, il
respecte la religion.
• Il y existe par ailleurs plusieurs bonapartismes : celui
de Napoléon III, le bonapartisme jacobin et anticlérical,
le bonapartisme libéral et le bonapartisme légitimiste.
• Après les élections de 1857, l'opposition légitimiste
disparaît du Corps législatif et l'opposition
républicaine y apparaît, peu à peu consolidée par
l’évolution de la société, de sorte que les promesses de
Napoléon quant au caractère temporaire des mesures
dictatoriales semblent fondées.
• L’attentat de 1858 contre Napoléon III provoque un
sursaut autoritaire (loi de sûreté générale, mise en place
d’un Conseil privé qui centralise le pouvoir), mais la
crise sera passagère et le cours vers la libéralisation
reprendra une fois l’émotion calmée.
1.2 – L’empire libéral
• Le vent tourne au cours des années 1860, alors que le
clergé prend ses distances avec l’Empereur dans la
foulée de la crise italienne et qu’industriels et
propriétaires fonciers se plaignent des effets néfastes
du traité de commerce de 1860 et de ceux qui suivent.
• Cette opposition composite n'a pas le moyen de faire
prévaloir ses vues, d’autant que si elle conteste la
politique du régime, elle en respecte le principe.
• C'est donc sans contrainte que Napoléon III procède
à une première réforme libérale pour tenter de se
rapprocher des hommes de gauche qui approuvent sa
politique italienne et sa politique libre-échangiste.
• D’abord un décret du 24 novembre 1860 donne au
Corps législatif le droit de voter chaque année une
adresse en réponse au discours du trône.
• Par ailleurs, le gouvernement se fera représenter
devant le Conseil législatif par des ministres sans
portefeuille et le droit d'amendement est élargi.
• Aux élections de 1863, légitimistes, orléanistes et
catholiques se rassemblent en une Union libérale. Ils
obtiennent 15 élus et les républicains, 32.
• Napoléon III renvoie son ministre de l'Intérieur et nomme
plusieurs libéraux au gouvernement, dont Duruy, qui
devient ministre de l'Instruction publique et ouvre
l’accès à l’éducation : il multiplie les écoles, étend la
gratuité, rétablit les cours d'histoire contemporaine,
fonde l'École des hautes études et va jusqu’à créer un
enseignement secondaire pour les jeunes filles.
• Au Corps législatif, Thiers réclame en 1864
l’élargissement des libertés : liberté individuelle et de
la presse, liberté électorale, et liberté de la majorité. Il
devient l'orateur de l'opposition modérée, dont les
membres demeurent loyaux au régime.
• Le personnel impérial est divisé : si certains veulent
maintenir le caractère autoritaire de l'Empire, d’autres
sont favorables à une évolution.
• L’empereur hésite longtemps, mais finit par faire des
concessions et le 19 janvier 1868, il accorde le droit
d'interpellation et la participation des ministres aux
débats parlementaires, tout en promettant des lois
libérales sur la presse et les réunions.
• Les bonapartistes autoritaires sont opposés à ces
réformes, alors que les républicains les trouvent
insuffisantes. La loi sur les réunions soulève moins de
difficultés et autorise les réunions publiques tout en
interdisant les sujets politiques et religieux
• Malgré ces concessions, l'opposition républicaine ne
cesse de se développer. À peine la loi sur la presse
est-elle promulguée que les républicains multiplient les
journaux critiques, de sorte que la presse bonapartiste
est submergée par une presse hostile au pouvoir.
• Une nouvelle constitution, ratifiée le 8 mai 1870, fait de
l'Empire une monarchie parlementaire : les ministres
deviennent responsables devant les chambres, qui ont
toutes les deux l'initiative des lois. Cela étant, ils sont
aussi responsables devant l'empereur.
• L'empereur use aussitôt de la faculté qui lui est laissée
de recourir au plébiscite pour asseoir à nouveau
l'autorité
dynastique
et
le
plébiscite
donne
7 336 000 « oui » contre 1 560 000 « non ».
• Mais la situation sociale ne suit pas la même évolution et
les syndicats, tolérés depuis 1866, se multiplient, de
même que les grèves, dont la principale cause, la baisse
du niveau de vie, est peu à peu évacuée au profit de
revendications politiques.
• En juin 1869, une grève à Firminy donne lieu à un
affrontement entre la troupe et les grévistes. L'agitation
s'étend à travers la France et au printemps 1870, l'élite
du monde ouvrier est en pleine fermentation.
• Après Sedan, une fois l'empereur prisonnier, l'Empire,
régime militaire appuyé sur la paysannerie, n'a plus
rien à opposer à la révolution parisienne.
• La question est de savoir qui s'emparera du pouvoir,
des républicains modérés ou des socialistes. Le
4 septembre, les socialistes ne dominent pas dans la
foule qui, conformément au précédent de 1848, envahit
le Corps législatif et se porte à l'Hôtel de Ville où est
proclamée
la
République
et
constitué
un
gouvernement bourgeois, dit de Défense nationale,
composé de députés de Paris.
2 – Économie et société
2.1 – Évolution économique
• Le Second Empire, malaimé dans l’historiographie, est
fondamental dans l’histoire économique et sociale
du pays. Peut-être que sous un autre régime les
transformations que vit la France entre 1850 et 1870
seraient survenues, mais c’est bien sous la conduite du
neveu de Bonaparte qu’elles se produisent.
• Avant le Second Empire, la France est encore
l'ancienne France, rurale à près de 75 %, enfermée
dans son armature conservatrice et protectionniste.
• Saint-simonien, Napoléon III comprend la nécessité de
changer la situation, d’ouvrir la France sur le monde et
de faire en sorte que les progrès économiques et
sociaux s’entraînent mutuellement.
• Il a la chance d'arriver au bon moment et ses
collaborateurs dans le domaine économique partagent
son souci de faire de la France un État moderne.
• Cela doit passer par un système bancaire national. À
ce moment, l’essentiel des banques privées est contrôlé
par les banques suisses protestantes et les banques
juives allemandes. Les nouveaux organismes financiers
qui seront créés feront appel au grand public.
• En 1852, les frères Pereire fondent le Crédit mobilier,
première des grandes banques d'affaires françaises,
forme moderne de la banque, dispensatrice des fonds
nécessaires à la création et au fonctionnement
d'entreprises gigantesques qui ne pourraient sans son
concours trouver l’argent nécessaire.
• Le Crédit mobilier commandite les sociétés
industrielles avec son capital, leur consentant des
prêts avec l'argent qu'il obtient par le biais d’émissions
d'obligations.
• Sa croissance trop rapide, les dividendes trop élevés
qu’elle verse et ses spéculations boursières l’obligeront
à réduire ses activités, mais entretemps, elle aura rempli
son rôle en finançant des entreprises variées et en
apprenant aux autres banques des méthodes de
crédit adaptées à la révolution industrielle.
• Le Crédit foncier est aussi fondé en 1852. Son objectif
est avant tout le monde agricole, qu’il se propose de
moderniser par les mécanismes du prêt hypothécaire.
• Dans ce domaine, ses résultats seront décevants,
mais il jouera un rôle fondamental dans le domaine
immobilier, assurant le financement des nécessaire pour
la transformation des grandes villes.
• Si le Crédit mobilier et le Crédit foncier fournissent du
crédit à long terme, d'autres établissements assurent le
crédit à court terme : Comptoir d'escompte (1848),
Crédit industriel et commercial (1859), Crédit Lyonnais
(1863) et Société Générale (1864).
• Au sommet de l’édifice bancaire trône la Banque de
France, jouant un rôle de régulation et de refinancement
pour les institutions privées. Elle a à ce moment absorbé
les
banques
départementales,
développe
des
succursales et triple ses avoirs entre 1851 et 1870.
• La base institutionnelle au fonctionnement d'une
économie moderne est ainsi constituée : les
épargnants confient leurs épargnes aux établissements
de dépôt, qui leur offrent en échange actions et
obligations des sociétés industrielles et commerciales
émises grâce aux banques d'affaires et qu’ils peuvent
négocier en Bourse. L'État exerce un contrôle sur ces
activités
• La plus grande entreprise du règne concerne la
construction
ferroviaire.
Les
gouvernements
précédents, de 1830 à 1852, avait commencé à
s’intéresser au chemin de fer, mais sans grande passion
et surtout, sans plan d’ensemble.
• Sous l'égide de l'État et du Crédit mobilier, les
compagnies fusionnent et en 1858, il ne reste plus que
six entreprises. Cette centralisation aura des résultats
remarquables, car si en 1852, le réseau ferroviaire
français ne comptait que 3 000 kilomètres, en 1870, il
comprendra plus de 18 000 kilomètres.
• L'industrie dispose désormais des capitaux et connaît un
essor parallèle au développement bancaire : la chimie
transforme la fabrication des colorants et des parfums; la
force des machines à vapeur et la consommation du
charbon triplent, la production de la fonte aussi et
celle de l'acier quadruple. Le secteur textile se
mécanise.
• L'État se fait entrepreneur de grands travaux. Car
Paris est au début du siècle une ville pittoresque, mais
chaotique.
• Napoléon III pense que l'ordre sera plus facile à
maintenir dans une capitale percée de larges avenues
et veut s’inspirer de Londres pour que Paris soit une
capitale moderne où la circulation sera facile.
• Sous la conduite du préfet, le Baron Haussmann, la
transformation de Paris prendra deux décennies : de
vastes boulevards sont percés et des quartiers neufs
s’élèvent à l’ouest de la ville.
• La structure du Paris moderne est élaborée, le nombre
d’arrondissements passant de 12 à 20.
• À l’est et à l’ouest, deux grands parcs sont aménagés,
de même que de nombreux espaces verts un peu
partout dans la ville. Les transformations de surface
se doublent de transformations souterraines par le
percement d'un réseau d'irrigation et de drainage.
• Des travaux du même genre modernisent les grandes
villes de provinces, notamment Lyon
• L’ampleur des travaux, les moyens financiers colossaux
de l’entreprise et le climat économique et politique feront
de l’aventure une gigantesque affaire de corruption.
• L'agriculture en est encore au début de l'Empire aux
procédés de culture et aux instruments aratoires du
XVIIIe siècle. Compte tenu de la part fondamentale des
activités agricoles dans l’économie du pays, c’est un
problème qu’il faut résoudre pour permettre à la France
de devenir une puissance économique moderne.
• L’archaïsme du secteur est d’autant plus inacceptable
que les techniques et les outils modernes sont
disponibles, mais il manque de spécialistes pour les
diffuser.
C’est
pourquoi
des
institutions
d’enseignements spécialisés voient le jour un peu
partout.
• Le cadre réglementaire est aussi modifié et des lois
sur le drainage et le défrichement sont votées.
• Des crédits sont affectés à de grands travaux dans les
Landes et en Sologne. La construction des grandes
voies ferrées et l’amélioration du réseau routier assurent
la diffusion des méthodes modernes de culture, tout
en facilitant la circulation des produits.
• Le protectionnisme traditionnel est aussi remis en
question, en dépit du fait que l'industrie et l'agriculture
demeurent attachées à ce régime protectionniste leur
permettant de produire à l'abri des droits de douane et
sans se soucier de la concurrence : cette situation
entraîne une stagnation de la productivité, l’économie
française demeurant paresseuse et peu innovante.
• Napoléon III se contente d'abord de modifier certains
tarifs, puis, après avoir négocié en secret, le RoyaumeUni et la France signent un traité commercial en 1860,
qui abaisse les droits sur les matières premières et les
produits fabriqués anglais, et réciproquement, sur les
spécialités françaises (mode, soieries, vins).
• Au cours des années suivantes, des conventions
analogues sont signées avec la Belgique, la Prusse,
l'Italie, la Suisse, la Suède, les Pays-Bas, l'Espagne,
l'Autriche et le Portugal.
• Imposée par la volonté de l'empereur, cette politique
libre-échangiste n'entraîne pas les catastrophes
craintes par les protectionnistes et contraint l'industrie
française à se moderniser.
2.2 — Société
• La production des matières premières et la création de
manufactures nécessitent une abondante maind'œuvre et aboutissent à un accroissement des flux
migratoires des campagnes vers les villes, comme
Paris et Lyon, mais aussi vers les centres industriels
et miniers du Haut-Rhin, du Nord et du Pas-de-Calais.
• La population urbaine, qui représentait en 1846 le quart
de la population en constitue les trois septièmes en
1876, ce qui change la nature et la structure des villes,
alors que des quartiers ouvriers se créent.
• À Paris, la construction dans le centre d’habitations
bourgeoises contraint les travailleurs manuels à
émigrer dans les quartiers périphériques.
• La répartition très inégale des revenus contribue à
accentuer la stratification sociale et la lutte des classes.
• La bourgeoisie d'affaires est la première à bénéficier
du développement de la fortune mobilière, qui double en
vingt ans. Le profit du capitaliste augmente beaucoup,
alors que le salaire réel de l'ouvrier ne varie guère.
• L'éventail des rémunérations est très ouvert. En haut
de l’échelle, les revenus d'un sénateur s'élèvent à
30 000 francs annuellement et d'un ministre sont, au
minimum, de 50 000 francs. La loi autorisant le cumul
des mandats, certains hauts dignitaires touchent des
émoluments dépassant 250 000 francs annuellement.
• Dans la classe moyenne, composés surtout de membre
de professions libérales, les salaires sont plus faibles. Le
salaire des professeurs des classes de rhétorique dans
les lycées varie en province de 2 800 à 4 800 francs,
alors qu’à Paris, ils touchent de 4 800 à 7 500 francs.
• Ces chiffres sont à mettre en rapport avec le salaire d’un
ouvrier spécialisé, qui en 1853 touche environ 1 000
francs, et vingt ans plus tard, environ 1 300 francs.
• La bourse et la spéculation permettent à des
audacieux de tenter leurs chances et les fortunes se font
et se défont. La période est riche en scandales
financiers, montages douteux, conflits d’intérêts, etc.
L’argent gagné facilement se dépense avec la même
légèreté et une vie de plaisir et de frivolité agite les
grandes villes.
• La Cour donne exemple par sa manière de s'amuser et
les milieux mondains suivent le mouvement. Les
restaurants à la mode, les théâtres offrent le spectacle
d'une société insouciante, prodigue et de mœurs libres,
que l’historiographie a qualifié de fête impériale.
• Cette fête a commencé à se manifester à la fin de la
monarchie de Juillet et continuera tout au long de la
IIIe République. Elle est le fait d'une petite minorité de
quelques milliers de personnes, alors que pour les
quelques autres 35 millions d’habitants, les
comportements ne changent guère.
• Expression d'un capitalisme jeune et sans frein, elle est
illustrée par les deux expositions universelles du
règne, en 1855 et 1867.
• Envers les ouvriers, le gouvernement fait preuve de
réalisme et adopte une politique de la main tendue,
comme en fait foi la loi sur les coalitions de 1864, qui
permet une certaine forme d’association au monde
ouvrier, politique confirmée au cours des années
suivantes par la tolérance en matière de réunion et
d'association dont fait preuve le gouvernement.
• La politique de Napoléon III a contribué à la naissance
du mouvement ouvrier, mais ne l’a pas l’empêché de
s'orienter vers la lutte contre le régime. Malgré tout
l'empereur persévère dans cette voie.
• Plusieurs banques sont créées pour financer les
associations ouvrières et la loi de 1867 sur les
sociétés leur donne un cadre juridique approprié.
• C'est surtout à l'occasion de l'Exposition de 1867 que le
gouvernement tente un nouvel effort social d'envergure,
alors que des délégués ouvriers élisent une
commission qui siège pendant deux ans comme un
parlement du travail.
• Son activité aboutit à la multiplication des chambres
syndicales, à la création de caisses d'assurances
facultatives sur la vie et contre les accidents du
travail et à des projets de loi visant à créer une
inspection du travail et à organiser des retraites
ouvrières, dont plusieurs ne verront pas le jour, pour
cause d’effondrement du régime.
2.3 – Idées
• Le romantisme n'est pas mort seulement dans la vie
politique et sociale, car les progrès de la science
favorisent le positivisme de Renan, Comte et Littré,
qui se proposent d’organiser la société scientifiquement,
en appliquant les méthodes des sciences naturelles.
• L'histoire
et
la
critique
deviennent
aussi
scientifiques, avec Fustel de Coulanges et SainteBeuve. Même la littérature se trouve contaminée, malgré
les protestations des derniers romantiques.
• L'observation sociale se substitue au culte du moi et
l’époque de la poésie apparait dépassée. Les genres
en vogue sont le roman, la comédie de mœurs,
l'opérette.
• On constate la même évolution dans les arts, mais elle
échappe à la bourgeoisie régnante, qui en reste au
romantisme ou au classicisme le plus académique.
• Malgré l’essor de l’impressionnisme à la fin du règne,
la bonne société demeure imperméable à ce retour du
sujet. D’où le Salon des refusés, qui permettra à ces
peintres novateurs de se faire connaître du grand public.
• Le réalisme littéraire apparaît comme une menace
contre la société, les mœurs, la morale, la religion.
Baudelaire est condamné à trois mois de prison,
Flaubert est traîné en justice.
• En matière de philosophie politique, deux courants se
partagent la période. L'histoire du XIXe siècle est celle
du libéralisme et les intellectuels de l'époque
estiment que l'Empire constitue simplement une
parenthèse à cette évolution débutée en 1789.
• Les grands noms de l'orléanisme trouvent refuge
dans les universités et les recherches historiques, de
sorte que les principaux ouvrages de doctrine politique
sont l'œuvre de ces républicains libéraux.
• Au début de l'Empire, les ouvriers, déçus par l'échec du
socialisme utopique et par la politique répressive du
gouvernement,
se
cantonnent
dans
leurs
préoccupations professionnelles. L'influence de
Proudhon à ce moment n'est pas été étrangère à cette
orientation.
• Au lendemain du coup d'État, Napoléon III a tenté la
mise en place d’une politique « socialisante », mais
qui était vouée à l’échec, la gauche rejetant le coup
d'État. Napoléon III se contente de favoriser le
développement des sociétés de secours mutuel et de
prendre des mesures sociales à caractère paternaliste.
• En 1864, un ouvrier rédige le « manifeste des
Soixante », qui affirme le droit des ouvriers d'être
représentés en tant qu'ouvriers et la même année une
loi supprime le délit de coalition, ouvrant la voie à une
reconnaissance des associations ouvrières jusqu’alors
illégales.
• Malgré ses importantes limites (le droit d'association
et le droit de réunion sont toujours interdits), cette loi
permet une tolérance qui conduit à la reconnaissance
du droit d'association en1868.
• La propagation du socialisme conduit à la création en
1864 de la première Association internationale des
travailleurs. Elle tient un congrès chaque année en
septembre : Genève (1866), Lausanne (1867), Bruxelles
(1868). Peu à peu, les théories mutuellistes de Proudhon
y sont écartées au profit des théories collectivistes de
Marx ou anarchistes de Bakounine.
• L'Internationale prend un caractère hostile aux États
bourgeois, évolution qui est accélérée, en ce qui
concerne sa section française, par les poursuites que lui
intente le gouvernement. Elle est deux fois condamnée
en 1868 et elle le sera de nouveau en 1870.
• En dehors de l'Internationale, le blanquisme constitue
la force socialiste la plus importante en France.
• S’inspirant du jacobinisme, du babouvisme et de la
tradition révolutionnaire, Blanqui croit à l'action de
minorités actives dans les milieux populaires et parmi la
bourgeoisie radicale. Son objectif est de s'emparer du
pouvoir, puis d'exercer une dictature pour procéder
à l'éducation du peuple et à la réorganisation de la
société.
• Enfin, il y existe un courant particulièrement radical au
sein de la jeunesse républicaine, qui s’inspire des
grands ancêtres révolutionnaires
• Ces jeunes radicaux établissent des contacts avec
les membres de l'Internationale et les blanquistes,
notamment à un congrès de la Paix et de la Liberté qui
se tient à Genève en septembre 1867, ce qui aboutit à
un rapprochement avec les ouvriers, qui favorise la
radicalisation de ces derniers et leur implication
dans l’action politique, et non plus seulement
syndicale.
3 – Politique étrangère
3.1 – La France et l’Europe
• Napoléon III éveille de mauvais souvenirs en Europe
et la Russie, l'Angleterre, l'Autriche et la Prusse
négocient une coalition défensive, dans laquelle la
Russie constitue la pièce maîtresse, pour se prémunir
contre la répétition de l'épopée napoléonienne. Et c'est
la Russie qui va offrir à l’empereur l'occasion de briser
l’alliance.
• Nicolas Ier cherche le moyen de profiter de la faiblesse
de l’Empire ottoman pour gagner par Constantinople une
porte sur la Méditerranée, ce qui ne peut pas plaire
aux Européens, qui comptent utiliser la Sublime Porte
pour contrer l’expansionnisme russe.
• Personne ne veut la guerre, mais lorsque la Russie, en
conflit avec l’Empire ottoman, pénètre en mars 1854
dans les provinces roumaines de celui-ci, Vienne s’en
inquiète et trouve à Paris et Londres un appui.
• La Confédération germanique refuse de prendre part à
une opération contre la Russie, mais cela n’empêche
pas la France et l’Angleterre de porter secours à la
Sublime porte dans la Dobroudja, puis en Crimée.
• Les combats font rage autour de Sébastopol et l’Armée
russe résiste, mais après un long siège, et alors que les
forces russes se préparent à une offensive autrichienne,
Sébastopol tombe en septembre 1855.
• Même si la Russie pourrait résister encore, Alexandre II
décide qu’il vaut mieux signer la paix et se préoccuper
de la situation intérieure. En mars 1856, la signature
du traité de Paris met fin à la guerre, dont la France
sort grandie et qui fait d’elle le principal allié de la
Turquie sur le continent.
• En échange, de son aide, la France exige l’autonomie
pour les provinces serbes et roumaines sous la
suzeraineté du sultan et sur le conseil de l'empereur, la
Moldavie et la Valachie s'uniront en 1861.
• Cette politique des nationalités motive l’empereur en
Italie. Mais il ne désire pas tant l’unification italienne
qu’une confédération analogue à la Confédération
germanique : un royaume septentrional, un royaume de
l'Italie centrale, le royaume des Deux-Siciles et ce qui
resterait des États pontificaux. La France recevrait
pour sa part Nice et la Savoie.
• Cette vision des choses est couchée par écrit dans un
traité secret conclu entre la France et Camillo
Cavour, chef de file du mouvement national italien, en
janvier 1859 et après diverses provocations, l’Autriche
déclare la guerre au Piémont le 3 mai, entraînant
l’entrée en guerre de la France.
• Malgré le manque de préparation de l’armée française,
elle s’impose à ses adversaires autrichiens dans
divers combats, dont la bataille de Solferino (24 juin
1859) constitue le point d’orgue, et la paix est signée à
Villafranca le 11 juillet : l'Autriche cède la Lombardie et
permet la formation de la confédération italienne.
• Cela ne suffit pas aux nationalistes italiens et, avec le
Piémont en avant-garde, un processus d’unification
des terres italiennes se déploie. Des assemblées
votent le rattachement des territoires du nord au
Piémont, lequel se tourne vers les provinces pontificales.
• Grâce aux chemises rouges de Garibaldi, l’influence du
Piémont s’étend sur l’ensemble de la péninsule italienne,
rendant caduc le projet français de confédération.
• Se pose alors la question des États pontificaux,
difficile pour l’empereur, qui comprend que l’unification
italienne aura pour conséquence la fin de ces États,
perspective que rejettent les catholiques français.
• Mais l’influence de la France sur les événements d’Italie
est de moins en moins grande. À terme, l’Italie
procédera à son unification sous la conduite du roi
Victor-Emmanuel, mais après la chute de Napoléon III.
Rome deviendra la capitale italienne en juin 1871.
• Car la prépondérance française en Europe est battue
en brèche. Après avoir arraché à l'Autriche sa place à la
tête de la Confédération germanique, Bismarck
entreprend l’unification allemande.
• Après avoir ravi au Danemark en 1864 les duchés de
Schleswig et de Holstein, la Prusse se retourne contre
l’Autriche, obligeant celle-ci à se rapprocher de la
France, qui reste neutre, espérant l’épuisement des
forces prussiennes et autrichiennes.
• Les calculs de l’empereur furent erronés : en juillet
1866, l'armée prussienne, après avoir détruit les armées
allemandes des États du Sud, alliés à l’Autriche,
écrasent celle-ci à Sadowa.
• Envisageant de prendre les armes, l'empereur se
contente d'une médiation et obtint la promesse que la
confédération allemande engloberait seulement les États
situés au nord de la ligne du Main et ne menacera pas
les frontières françaises,
• Mais le prestige de la Prusse et l’inquiétude des États
allemands frontaliers de la France poussent ceux-ci à
accepter une alliance sous l’égide de la Prusse.
• La Prusse ne pouvant réaliser l'unité allemande qu'à
l'issue d'une guerre contre la France, la guerre devint
inévitable, d’autant qu’empêtrée dans les affaires
italiennes, la France est affaiblie diplomatiquement et
ne peut compter sur l’appui d’aucune puissance. En fait,
les relations ne sont bonnes qu’avec l’Autriche, qui n’est
plus que l’ombre d’elle-même après la crise de 1867.
• La crise de succession en Espagne provoque
l’étincelle que cherchait Bismarck.
• Le refus poli de la part de la Prusse d’abandonner la
candidature du prince Léopold est transformé par le
chancelier dans le télégramme officiel en un rejet
cassant et hautain.
• Les Français, très remontés contre la Prusse et ses
intrigues, réclament le châtiment de la prétentieuse
Prusse et lui déclare la guerre le 19 juillet 1870.
• L'armée française est moins nombreuse que l'armée
allemande et l’artillerie allemande lui est supérieure. Les
forces allemandes sont mieux organisées, plus
mobiles et plus expérimentées et les généraux
prussiens, sont très supérieurs aux généraux français.
• Les défaites s’accumulent, jusqu’à la catastrophe finale,
alors qu’à Sedan, l’empereur, qui s’était chargé en
partie du commandement, préside à l’écrasement de son
armée et est fait prisonnier, entraînant l’effondrement
du régime. La paix sera signée l’année suivante, mais
par un gouvernement républicain.
3.2 – L’empire colonial
• Napoléon III ne borne pas son horizon à l'Europe et a
une vue mondiale du rôle de la France, qui tient à
plusieurs causes : prestige personnel, politique libreéchangiste, désir de satisfaire les catholiques et de
compenser sa politique italienne par une projection
religieuse.
• Les possessions lointaines sont soumises au pacte
colonial, limitant le commerce à la seule France, ce qui
est inconciliable avec les traités de commerce signés
à partir de 1860 et la liberté d'exportation est
progressivement appliquée à partir de 1861.
• Des motifs religieux et commerciaux expliquent la
politique française en Extrême-Orient. Les concessions
aux barbares blancs ont provoqué en Chine des
révoltes au cours desquelles des missionnaires et
commerçants européens ont été massacrés.
• L'envoi d'une escadre franco-anglaise aboutit en 1858 à
la signature du traité de Tien-t'sin qui n'a pas été
ratifié, suscitant une nouvelle expédition francoanglaise en 1860. Les Chinois capitulent et ouvrent six
nouveaux ports aux nations européennes.
• La persécution en Indochine contre les religieux
français servit de prétexte au bombardement et à
l'occupation de Tourane en 1858 et de Saigon en 1859,
avant de se transformer en expédition aboutissant en
1861 à l'occupation de la basse Cochinchine, que TuDuc cède à la France en 1863, en même temps qu'il lui
accorde le protectorat du Cambodge. En Océanie, la
Nouvelle-Calédonie avait été occupée dès 1853.
• En Afrique, l'effort principal porte sur l'Algérie. L'armée
française procède à l'occupation progressive des oasis
sahariennes et soumet la Kabylie en 1857. Elle
organise la colonisation des Français et donne des
garanties aux indigènes.
• La France s'établit en Méditerranée, alors que plus à
l’est, ses bonnes relations avec la Turquie lui permettent
de reprendre son rôle de protectrice de l'Église.
• L'application d'un article du traité de Paris qui assure aux
sujets chrétiens du sultan les mêmes droits qu'aux
musulmans entraîne, en 1860, au Liban, le massacre
de douze cents maronites et la France se fait
mandater pour une opération de police, permettant
l’installation de troupes françaises en Syrie et au Liban.
• En Égypte, Ferdinand de Lesseps entreprend le
percement du canal de Suez grâce à l’appui
diplomatique et financier de l'empereur. Le canal est
inauguré le 17 novembre 1869.
• Le plus important effort français outre-mer, en dehors de
l'Algérie, est accompli au Mexique et se solde par un
grave échec, alors que les puissances européennes
tentent de profiter du chaos régnant au pays depuis
l’indépendance pour reprendre le contrôle du territoire.
• Si l’Angleterre a des motivations commerciales et
l’Espagne des motivations politiques, Napoléon III a de
plus vastes projets. Outre le percement d'un canal au
Nicaragua, il rêve d'une nation latine et catholique qui
ferait contrepoids aux États-Unis.
• Ces objectifs parviennent aux oreilles des alliés anglais
et espagnols, qui rappellent leurs troupes, laissant
les Français seuls, qui occupent Mexico en mai 1863.
L'archiduc Maximilien d’Autriche se voit proposer la
couronne.
• Mais le parti conservateur ne dispose pas d'appuis
populaires et, la guerre de Sécession terminée, les
États-Unis envoient des armes à Juarez.
• Il ne reste à l'empereur qu'à prendre prétexte, pour
retirer ses troupes, de ce que Maximilien n'a pas
respecté ses engagements financiers. Maximilien
refuse d'abdiquer. Il est pris et fusillé par Juarez en
1867.
4 – La Commune de Paris
4.1 – Origine et contexte
• La chute de l’empire ne met pas fin à la guerre et
Paris, assiégé à partir du 19 septembre, supporte le
froid, la faim et les bombardements. Le gouvernement
dit de la Défense nationale cherche à sortir de la
guerre, alors que Paris réclame la guerre à outrance,
s’appuyant sur les 380 000 hommes de la Garde
nationale.
• Le volontarisme parisien de l’époque révolutionnaire
renait devant le péril. Deux pouvoirs commencent à
s'opposer : celui de l'État bourgeois, représenté par le
gouvernement du 4 septembre et celui du peuple,
encore vague et incontrôlé.
• Quand Paris apprend la capitulation de Metz et les
négociations de paix, les gardes nationaux demandent la
déchéance du gouvernement.
• Le 7 janvier, L'Affiche rouge, rédigée au nom de la
commune, réclame une attaque en masse, la
réquisition générale, le rationnement gratuit et le
gouvernement du peuple.
• Le 29 janvier, on apprend la conclusion d'un armistice
qui doit permettre l'élection d'une assemblée nationale.
Les conditions en sont draconiennes : désarmement de
l'enceinte fortifiée de Paris, occupation des forts,
paiement de deux cents millions en quinze jours.
• La province veut la paix et élit une assemblée
réactionnaire, tandis qu'à Paris, la majorité penche en
faveur d’un programme socialiste et révolutionnaire :
une république qui donnerait aux ouvriers leurs
instruments de travail et qui réaliserait à la fois la liberté
politique et l'égalité sociale.
• Soutenu par l’Assemblée, le chef du pouvoir exécutif,
Thiers, a les mains libres pour traiter avec l'Allemagne.
La France devra payer un tribut de cinq milliards,
abandonner l'Alsace et le tiers de la Lorraine. Le
1er mars, l'Assemblée ratifie le traité, malgré la
protestation des députés alsaciens et lorrains.
• Délivrée de la guerre extérieure, l'Assemblée n'a plus
devant elle qu’ouvriers, artisans et petits-bourgeois de
Paris, socialistes, républicains et patriotes.
• Des mesures sont prises contre Paris afin de
l’étouffer économiquement, mais en vain. Des journaux
sont suspendus et la répression s’abat sur ceux que le
gouvernement peut atteindre. Thiers laisse entendre qu’il
aura recours à la force si nécessaire.
• Dans la nuit du 17 au 18 mars, les troupes régulières
reçoivent l'ordre de reprendre les canons des Parisiens,
mais l’opération échoue, femmes, enfants et gardes
fédérés fraternisant avec les soldats.
• Devant son impuissance, Thiers se réfugie à Versailles
et donne aux troupes l'ordre d'abandonner Paris.
• Victoire remportée presque sans violence, sans
combat, et par une foule anonyme. Nulle organisation
ne l'a préparée et des hommes issus de différents
mouvements, poussés par la foule anonyme, ont pris
des initiatives individuelles et non coordonnées.
• Le 19 au soir, des hommes mandatés par le Comité
central de la garde nationale siègent à l'Hôtel de Ville.
Deux proclamations sont publiées, l'une remercie
l'armée de n'avoir pas utiliser la force et appelle Paris
et la France à jeter les bases d'une véritable république
démocratique, l'autre appelle à organiser de
nouvelles élections.
• Le Comité central ne se considère pas comme un
gouvernement révolutionnaire, mais comme un
intermédiaire en attendant les élections, fixé au
22 mars.
• Entre temps, il assume le gouvernement de Paris : il
lève l'état de siège, rétablit la liberté de la presse, abolit
les conseils de guerre, accorde l'amnistie à tous les
condamnés politiques et assure leur libération et envoie
des représentants dans les différents ministères
abandonnés par leurs titulaires
• Par ces mesures, le Comité central agit comme un
gouvernement, le gouvernement de Paris, face à
celui de Versailles.
• Mais il ne prend pas d'initiatives militaires ni ne
s'attaque aux puissances d'argent, décrétant des
emprunts à M. de Rothschild et à la Banque de France.
• Dès lors, Paris commence à se gouverner de façon
autonome, se proposant de rétablir l’ordre et de
réorganiser le travail sur de nouvelles bases, afin de
mettre fin à la lutte des classes.
4.2 – Le programme et l’organisation des communards
• Le programme proposé est ambitieux et radical :
organisation du crédit, de l'échange et de l'association,
afin d'assurer au travailleur la valeur intégrale de son
travail, instruction gratuite et laïque, complètes libertés
des citoyens et organisation sur le plan communal de la
police et de l'armée.
• Le principe associatif doit gouverner la société et on
rejette toute autorité imposée du dehors, au profit d’un
contrôle de tous les élus, qui dans ce contexte ne sont
que des délégués et non des décideurs.
• Les élections ont lieu le 26 mars et 229 000 Parisiens
sur 485 000 inscrits se rendent aux urnes, taux de
participation très élevé compte tenu du fait qu’une partie
significative de la population parisienne n’est pas
présente dans la ville, à cause de la guerre et du siège.
• Sans surprise, le taux de participation est plus important
dans les quartiers populaires et ouvriers.
• Le 28 mars, à l'Hôtel de Ville, les membres du Comité
central remettent leur pouvoir à la Commune, puis
l'on proclame la liste des élus, d’origines sociales
diverses : grands bourgeois qui seront rapidement
remplacés,
employés,
instituteurs,
médecins,
journalistes, républicains de longue date et qui
constituent la majorité des élus, mais aussi 25 ouvriers.
• Plusieurs tendances s'expriment : blanquistes,
jacobins et républicains radicaux forment la majorité.
Minoritaires, les ouvriers ne forment pas un bloc
idéologique. Artisans plus qu'ouvriers de la grande
industrie, ils appartiennent surtout au courant
proudhonien.
• Mais c’est la population en entier qui dirige, par le
biais des chambres syndicales, des coopératives, des
comités d'arrondissement et des clubs.
• Dans ces derniers, on discute des problèmes
d'organisation, mais aussi de questions générales,
comme les relations entre patrons et ouvriers, le rôle
social des femmes, etc.
• Celles-ci sont très actives : groupées dans l'Union des
femmes pour la défense de Paris et les secours aux
blessés, on les voit aussi dans les comités de vigilance,
dans les clubs, et comme cantinières, ambulancières ou
soldats.
• À côté de tout cela, le Comité central de la Garde
nationale continue à tenir ses séances et à diriger la
lutte, créant ainsi à côté de la Commune un second
pouvoir suscitant une confusion croissante.
• Fin mars, la Commune forme dix commissions jouant
le rôle de ministères et devant former le noyau
gouvernemental d’une république décentralisée et
fédérative qui regrouperait toutes les communes de
France.
• La commune s’octroie le vote du budget communal,
l’organisation de la magistrature, de la police, de
l'enseignement, le recrutement des fonctionnaires, etc.
• Elle se porte garante de la liberté individuelle, de la
liberté du commerce, de la liberté du travail, du droit
d’intervention permanente des citoyens dans les affaires
de la commune et dans l’organisation de la garde
nationale, par l'élection des chefs.
• Il s'agissait de détruire la société et le gouvernement
traditionnels, pour les remplacer par une société
nouvelle visant, non plus à gouverner les hommes, mais
plutôt à permettre aux citoyens d’administrer les choses.
• Peut-être que la province française aurait approuvé
au moins partiellement ce projet si elle avait pu en être
informée, mais malgré les tentatives de Paris d’envoyer
des émissaires en région, la domination du
gouvernement demeura totale et la province resta
hostile à Paris.
• Une Commission des subsistances prend des
mesures de taxation du pain et de la viande et assure le
contrôle des halles et marchés. Le service des Postes
est rétabli en 48 heures. Un service de l'Imprimerie
nationale imprime les affiches de la Commune. Dans les
arrondissements, les bureaux de bienfaisance sont
remplacés par l'assistance communale.
• La Commune décrète la gratuité du recours aux juges
et le principe de leur élection, mais elle doit remettre à
plus tard l'exécution de ce décret.
• Elle supprime la vénalité des charges de notaires,
d'huissiers et autres officiers publics, qui deviendraient
alors fonctionnaires, ces mesures ayant pour objectifs
d'enlever à la justice son caractère de classe.
• Pour forger la société de demain, il fallait des hommes et
des femmes échappant à l'emprise cléricale, d'où la
nécessité de créer un enseignement gratuit, laïque et
obligatoire.
• La commune accorda à l’organisation du travail
beaucoup d’énergies et fit preuve d’un grand sens de
l’innovation. C’est un ami personnel de Marx qui dirige la
Commission du travail, de l'industrie et des échanges.
• Une première série de mesures de caractère social
concerne les loyers, les échéances et les dépôts au
Mont-de-piété. Le travail de nuit des boulangeries est
aboli le 20 avril, de même que la pratique des amendes
et retenues sur les salaires par les patrons.
• D'autres mesures sont beaucoup plus radicales, comme
la création d’une commission d'enquête chargée de
faire la liste des ateliers abandonnés et de faciliter
leur remise en marche dans un cadre coopératif, quitte à
payer une indemnité aux propriétaires.
• L'Union des femmes suscite un projet d'organisation
du travail des femmes et convie les ouvrières à
participer à l'élection des déléguées qui constitueront la
Chambre fédérale des travailleuses.
4.3 – L’échec
• La Commune gouverna dans le désordre, oscillant
entre dictature et anarchie, éprouvant les plus grandes
difficultés à faire de son programme une réalité. Les
responsables des commissions changèrent à plusieurs
reprises, surtout celle concernant les affaires militaires.
• Avec la détérioration de la situation, certains membres
de la commune, s’inspirant du passé jacobin, firent voter
la formation d'un Comité de salut public, dont
l'intervention dans les affaires de la guerre fut nuisible.
• La lutte entre majorité et minorité et les conflits de
personnalités minèrent la Commune et l'ingérence
continuelle du Comité central de la Garde nationale dans
les affaires militaires paralysait son pouvoir.
• La Commune se méfiait des militaires qu'elle avait
délégués à la guerre et si les gardes nationaux étaient
d’ardents révolutionnaires, ils répugnaient à la discipline.
• Paris n'eut jamais plus de 40 000 combattants, alors
que Thiers, qui avait, avec l'appui de Bismarck,
reformé son armée, comptait sur 63 500 hommes,
auxquels
s'ajoutèrent
éventuellement
130 000
prisonniers libérés d'Allemagne.
• En mars, les combats se limitent à des escarmouches,
mais avril voit une recrudescence des accrochages. Du
11 avril au 21 mai, la lutte se poursuit autour de Paris
et les forces parisiennes reculent. À partir du 1er mai
commence le bombardement systématique de Paris.
• Le dimanche 21 mai, les troupes gouvernementales
entrent dans Paris par la porte de Saint-Cloud et
pendant la « semaine sanglante » les versaillais fusillent
ceux qu'ils prennent les armes à la main. On voit aussi à
ce moment les premières exécutions massives.
• Des incendies ravagent la ville en plusieurs points
dont
la
responsabilité
incombe
surtout
aux
bombardements intensifs menés par les Versaillais.
• Aux massacres des habitants de Paris par les troupes, la
Commune répond en exécutant 52 otages. Le 26 mai, la
résistance est à son comble, tandis que les exécutions
sommaires par les Versaillais se multiplient à mesure
qu'ils avancent dans Paris. Le 27 mai, c'est le massacre
des fédérés au milieu des tombes du Père-Lachaise et
le 28, la dernière barricade tombe.
• Les jours suivants, les cours martiales continuent à
condamner à mort. Si les Versaillais ont perdu près de
900 soldats, on ne sait pas exactement combien
d'hommes, de femmes et d'enfants furent massacrés au
cours des combats ou sur l'ordre des cours martiales. La
plupart des sources évoquent 30 000 victimes,
• À ce nombre, il faut ajouter 14 000 autres condamnés à
mort par la suite. 25 000 prisonniers furent déportés
et d'autres réussirent à gagner la Belgique, la Suisse et
l'Angleterre. L’amnistie, votée en 1880, permit aux
survivants de rentrer en France.
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