
27 novembre 2012 Page 5 sur 8
Ce ne sont pas les quelques mesures telle la modification du précompte qui y change quelque chose : on ne touche
pas aux tabous des entreprises et des gros investisseurs : pas d’impôt sur les grosses fortunes, pas d’impôt sur les
plus-values des particuliers, pas d’augmentation des boni de liquidation, pas de démantèlement de l’usage abusif de
la déduction des intérêts notionnels, pas d’impôt des sociétés minimum, pas de cotisations majorées pour les
indépendants, pas de taxe sur les billets d’avion en classe business
Le gouvernement a décidé de réduire le taux des intérêts notionnels. Ce n’est qu’une application de l’accord de
gouvernement intervenu l’an dernier. Cette mesure est clairement insuffisante tant les intérêts notionnels sont un
système couteux pour l’Etat. Ils visaient à la base à consolider les fonds propres des entreprises mais très vite, des
abus de grandes entreprises sont apparus. Au final, ce système n’est qu’un produit d’ingénierie fiscale. L’exemple
le plus flagrant est Arcelor Mittal qui, en 2011, a payé 936€ d’impôts pour les 35 millions de bénéfice du site
liégeois. Et aucune création d’emplois ; au contraire, cette entreprise est aujourd’hui grande pourvoyeuse de
chômage…
Outre les mesurettes sur l’épargne et la faible réforme des intérêts notionnels, le gouvernement persiste dans une
politique fiscale injuste par le biais d’une nouvelle DLU (déclaration libératoire unique). Elle permet aux grands
fraudeurs (sauf blanchiment d’argent, terrorisme ou fraude grave) de rapatrier l’argent au pays moyennant un
prélèvement de l’ordre de 30%, sans poursuites pénales. Cette mesure n’a rien d’ « unique » et elle a déjà été
appliquée. Le signal donné au citoyen est clair : frauder n’est pas un problème, il suffira de régulariser lorsque cela
vous semble profitable.
La fiscalité est un levier puissant pour redistribuer les richesses ou favoriser un comportement au sein d’une
économie. Des mesures fiscales beaucoup plus efficaces peuvent être mises en œuvre à divers niveau :
Alléger la fiscalité du travail en la transférant vers le capital : taxer les plus-values comme c’est le cas
dans la plupart des pays européens
Faire contribuer les autres types de revenus que le travail de manière progressive et juste : il faut
instaurer un impôt sur la fortune (progressif, hors habitation propre, pour les fortunes de plus d’un
million d’euros, …). Ou encore, taxer le revenu du patrimoine mobilier ou immobilier. Et enfin, lutter
contre les niches fiscales qui permettent à certains d’éluder l’impôt.
Lutter contre la fraude fiscale en levant le secret bancaire et en mettant en place un cadastre des
revenus.
5.
« Contrairement à ce que certains disent, il n’y a pas de gel des salaires vu que tant
l’indexation que les augmentations barémiques restent d’application ».
Le gouvernement a décidé également de relancer l’économie par une amélioration de notre compétitivité. Cette
amélioration passe par une réduction de l’handicap salarial par rapport à nos trois voisins (Pays-Bas, Allemagne,
France). L’écart est estimé à 5.2% brut (hors subventions qui allègent les cotisations sociales). En prenant en
compte ces allègements, on arriverait à 3.4% d’écart. Le gouvernement souhaite réduire cet écart. La première
mesure consiste à jouer sur le salaire :
Pas d’augmentation collective des salaires (exception pour le salaire minimum, CCT n°43 et les salaires
jeunes CCT n°50).
Maintien de l’indexation automatique
Progression barémique des salaires maintenue
Cette mesure permettrait de réduire l’écart salarial avec nos voisins de 0.9% selon le gouvernement.
Cette mesure est une attaque en règle contre les travailleurs. Et ce à plusieurs niveaux :
C’est une attaque contre
le pouvoir d’achat
: en effet, les salaires sont bloqués pour six ans dans les faits,
il y a clairement un gel des salaires. L’indexation des salaires n’est pas une augmentation. C’est un
mécanisme de rattrapage par rapport au coût de la vie. Quand les prix augmentent, l’index compense
partiellement ces augmentations (index santé). En fait il s’agit pour beaucoup d’une perte de pouvoir
d’achat. Par exemple, quand on est pas propriétaire de son logement, chaque index correspond à une
diminution du pouvoir d’achat. En effet le loyer est très mal impacté dans le calcul de l’inflation. Idem
pour ceux qui fument boivent du vin ou roulent en voiture : depuis l’instauration de l’index santé, ces
produits ne sont plus pris en compte pour le calcul de l’inflation.
C’est une stratégie qui mène à la récession : Modérer les salaires constant (ou les tirer vers le bas) détruit