Altrix, -> Nourrice
profare quid feras -> dis moi ce que tu rapportes
quonam in loco est regina? -> Où donc est la reine ?
Ecquis est modus -> Est-ce qu'il existe une limite à (ecquis, adj indéfini, accordé à modus)
Saevis flammis? -> ces flammes cruelles?
Spes nulla -> Aucun espoir
Tantum Malum -> qu'un si grand mal.
Posse leniri -> puisse être adouci
Nullus finisque -> Et Aucune issue
erit -> ne mettra un terme
flammis insanis. -> à ces flammes insensées.
Torretur aestu tacito -> Elle est brûlée par une chaleur tacite
et inclusus quoque -> et enfermée en elle même
quamvis -> bien que (quamvis pour exprimer l'opposition, avec subjonctif)
tegatur furor -> sa fureur soit cachée,
Proditur vultu -> elle se trahit sur son visage.
Jonathan GAZON & Félix BOUCHARD
ignis erumpit oculis --> du feu jaillit de ses yeux
et lessae genae lucem recusant --> et ses paupières épuisées refusent la lumière
nil dubiae placet --> rien ne plait à la reine hésitante ( dubiae=adj qui est au datif, désigne la
reine)
incertus dolor --> et une douleur incertaine
artusque jactat varie--> agite ses membres de diverses manières
nunc labitur soluto gradu --> tantôt elle vacille à cause de sa démarche relâchée
ut moriens --> mourante
et vix sustinet caput, --> et elle supporte a peine sa tête
labante collo --> sur son cou vacillant
nunc se queti reddit --> tantôt elle succombe au repos
et somni inmmemor --> et oublieuse de sommeil
noctem querelis ducit --> elle passe la nuit en lamentations
Nicolas et Marion
jubet atolli corpus --> elle ordonne qu'on lève son corps (discours indirect = verbe jubeo +
proposition infinitive)
iterumque poni --> et de nouveau qu'on la pose
et solvi comas --> et qu'on détache ses cheveux
rursusque fingi --> puis de nouveau qu'on arrange sa chevelure
impatiens sui --> mécontente d'elle même
semper mutatur habitus -->elle change toujours d'aspect (MUTATUR =PASSIF)
jam nulla Cereris cura --> désormais (=jam), aucun souci de nourriture (Démeter = déesse de
l'agriculture, donc métonymie)
aut salutis --> ou bien de santé
subit--> ne se présente
vadit => elle va
incerto pede, => d'un pas incertain,
jam viribus defuncta => déjà dépourvue de force :
non idem vigor => ni la même force vitale,
non purpureus rubor => ni la rougeur de pourpre
ora tiguens nitida; => colorant son visage resplendissant ;
populatur cura artus => le souci ravage ses membres
jam gressus tremunt => déjà ses pas tremblent
tenerque decor => et la tendre beauté
nitidi corporis => de son corps resplendissant
cecidit => est tombée
Et qui oculi ferebant => Et ses yeux qui portaient
signa Phoebeae facis => les signes de la torche de Phoebus
micant => ne brillent plus
nihil gentile nec patrium. => en rien de familial, ni de paternel.
Lacrimae cadunt => Les larmes tombent
per ora => le long du visage
et genae irrigantur => et les joues sont baignées
assiduo rore, => de la rosée continue
qualiter => comme
Tauri jugis => dans les monts du Taurus,
nives => les neiges
tepido imbre percussae => frappées par la pluie tiède
madescunt. => fondent.
Sed en patescunt => Mais voici que s'ouvre
regiae fastigia => le fronton du palais royal:
ipsa reclinis toro => elle même couché sur un coussin
sedis auratae => de son lit en or;
mente non sana => dans son esprit égaré
solitus amictus abnuit => elle refuse les vêtements habituels.
Relire les commentaires du vocabulaire donné
SEANCE 8
PROBLEMATIQUE: Comment la nourrice parvient-elle à montrer les ravages du furor
amoureux chez la Reine.
I. Le rôle de la nourrice (aussi du point de vue théâtral)
Profare quid feras ->redondance ; insistance sur le rôle de la parole et le point de vue de la
nourrice, décalage avec la réalité + extériorisation du furor, elle raconte et décrit ce qu'elle
voit. Aspect concret du furor, pas de psychologie
Assure la mise en scène : "quonam in loco est", "regiae festigia" ; les accessoires "toro",
"sedis auratae" ; les costumes ; "Solitus amictus abnuit" -> = la nourrice remplace les
didascalies
"modus" / "spes nulla" -> exprime la volonté du public représenté par le chœur de savoir si la
progression de "l'exclusion de Phèdre" du monde "sensé" va se poursuivre, comme si elle
n’était qu'un objet de narration théâtrale : la nourrice est chargée d'évaluer l'évolution du
personnage. En fait la nourrice s'adresse au public.
Ecquis est modus ->
Saevis flammis? ->
solitus amictus abnuit --> la nourrice fait aussi son travail habituel en se préoccupant de ses
vêtements, et elle souhaite ramener Phèdre à l'humanité car le refus signifie qu'elle s'éloigne
de l'humanité > "non sana", "saevis" puis "insanis", "furor" = c'est la nourrice qui instaure
l'état de furor
Valeur du temps:
Impression que la Nourrice la décrit, comme si elle était là, devant elle, même si elle ne l'est
pas.
II. La dégradation physique de Phèdre
Champ lexical du corps puis évocation du corps entier vers 378
Toutes les parties du corps sont nommées:
1. vultu v363: le furor passe par le visage, premier contact. Vultu est complément de
furor. Visage aussi mentionné: non ora v376: le visage n'est plus rouge (nitida:
brillante, resplendissante) alors --> une pâleur remarquable? Anaphore non ora
tinguens / non idem vigor : elle n'est pas/plus
1. Les yeux: oculis ignis v364: présence du feu dans les yeux (toujours très
concret);
2. oculi facis v 380: Phèdre=petite fille du Soleil, comme si elle quittait sa
famille, la lignée s'arrête, la race du soleil est en train de s'éteindre.
3. lassae genae v364: Les paupières tombent, comme une fenêtre sur notre
intériorité, expression de la perte de la vie, le corps est en train de se vider de
sa substance (noter différence de fatigue au début comparé à maintenant)
2. v381 genae irrigantur: référence orientale, de la fonte des neiges, dans un pays
lointain, --> favorise détachement du personnage de la ville d'Athenes, de la vie
sociale, de la collectivité, de la société. Comparaison à une pluie tiède, avec
l'allitération en r, impression d'entendre bruit de la pluie, qui s'adoucit
ensuite. Lacrimae: dans cette image, on voit bien que Phèdre a disparu, il ne reste
qu'un tableau d'un paysage lointain, mais éternel, car renvoi à des montagnes. Il ne
reste plus que la métaphore. Passif irrigantur --> ses joues sont irriguées / les joues
deviennent un paysage. Comme si elle se fixait dans cette éternité
3. Cou: caput v368, collo v368, labante v368
4. Les cheveux:
1. cheveux noués --> fait partie de la société rursusque fingi / rursus= la folie,
répéter toujours la même chose
2. dénouées --> signe d'ivresse et solvi comas
5. Les membres: artusque v366 / artus v377 / tremunt v377: dans le travail du corps,
on est passé du haut au bas
6. Finit par corps entier: viribus v375, vigor v375, corporis v378, détaché de son corps,
n'est plus maître de son corps
7. Le furor est un mal incurable qui s'attaque au corps d'abord, et qui entraîne un certain
nombre de manifestations physiques, en rapport avec un affaiblissement général et une
perte de contrôle, comme si le sujet était dépossédé de sa capacité d'agir, de son
jugement et de sa volonté
On observe aussi un état d'incertitude:
III. L'état d'incertitude // transitif de Phèdre (=état intermédiaire entre deux phases /// état
transitif)
description au présent à travers la voix de la nourrice, ce qui la détache du reste du monde, car
ne s'exprime pas par elle même; est déjà dans un état transitif
1. Beaucoup de termes négatifs:
2. État incertain de la reine (la reine essaye de rester humaine, elle essaye encore de
cacher son mal, mais son visage le trahit, ça ce voit désormais, et vu qu'elle essaye
toujours de le cacher, elle fait des mouvements incohérents
1. v364: genae lucem recusant v364: antithèse, les yeux lancent du feu/se
ferment
2. Même incertitude v365-6: dubiae, varie, jactat, incertus v366
3. Rursus - le redoublement
4. v367: balancement nunc-nunc (tantôt tantôt), v371: iterum (a nouveau) -->
montre l'incohérence des gestes. Un coup envie de dormir/insomniaque,
opposition du sommeil la veille, et insomnie, les cheveux, les vêtements,
tremblement des jambes
5. Verbe chancelant v367-8 labitur, labante. Le fait qu'elle tremble vient du
manque de force, moriens/viribus defecta, vigor, rubor, decor= la vie
6. Autre opposition: Chaud/froid, feu/neige, la neige chaude est un état
intermédiaire nives / ignis
Synthèse: Cette état d'incertitude traduit les derniers sursauts d'une femme qui est en train de
quitter le monde des hommes. Il s'agit d'un état intermédiaire entre la vie et la mort, entre la
civilisation et la sauvagerie, d'autant plus qu’ on peut noter qu'elle apparaît à la fin de la tirade
dans la pièce du haut, où elle apparaît comme une femme isolée, arrachée des hommes. Elle
n'a pas les mêmes habits ( passage suivant, vêtements de reine, mais veut s'habiller comme
une Amazone, et ainsi une femme guerrière, comme Hippolyte, rf passage précédent avec
allusion à la chasse )
Problème d'identité, statut de reine remis en cause.
BILAN:
La parole de la nourrice révèle l'incapacité de Phèdre à rendre compte de son état,
d'ailleurs, on observe une séparation entre son corps et son esprit, le premier contrôlant le
deuxième. On assiste de manière indirecte, à la perte de l'identité de reine de Phèdre qui est en
train de devenir progressivement une créature mythologique, une sorte de femme paysage,
incarnation du chagrin statufié, mais également une femme guerrière qui rejoint le rang des
Amazones, et donc d'une certaine manière Hippolyte.
Séance 9 : traduction
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