ÉTHIQUE ET DEONTOLOGIE EN OSP 6eme PC / Intervenant : M. Ahmed Sakhir NDIAYE / PC Maître d’application Année scolaire : 2008 / 2009 1. CLARIFICATION CONCEPTUELLE L’éthique : C’est une branche de la philosophie qui traite des problèmes fondamentaux de la morale. Elle est avant tout un questionnement, une remise en cause critique des normes et un ré interrogation des valeurs dictée, entres autres, par l’évolution de la société. La morale : Elle désigne, quant à elle, l’application des principes de l’éthique dans les actes particuliers de la vie. C’est la science du bien et des règles de l’action humaine. La déontologie : Elle se définit comme la " théorie des devoirs ". C’est l’ensemble des règles qui régissent les rapports de certains professionnels entre eux et/ou avec leurs " clients ". La déontologie se définit comme l’ensemble des devoirs qui s’imposent à des professionnels dans l’exercice de leur métier. Il existe un code de déontologie lié à l’activité de l’OSP adopté en 1995 par l’Association Internationale de l’Orientation Scolaire et Professionnelle (AIOSP). Il n’en n’existe pas présentement au Sénégal mais ce code pourrait faire référence dans notre pays. La déontologie et l'éthique visent le même objectif : réguler les comportements afin d'assurer des rapports harmonieux entre les personnes. La déontologie fait appel aux devoirs. C'est l'ensemble des règles qu'une organisation se donne, imposant des consignes et des obligations quant à la conduite de ses dirigeants et de ses employés. La déontologie fixe la limite entre ce qui est tolérable et ce qui est intolérable. Une dérogation à la déontologie est susceptible d'entraîner des sanctions. L'éthique fait appel à l'adhésion des personnes aux valeurs plutôt qu'à l'observance des devoirs. Face à une situation donnée, la décision part d'une réflexion sur les conséquences positives et négatives de l'action envisagée sur soi, sur autrui et sur l'environnement, et ce, par rapport aux valeurs que l'organisation préconise. Le secret professionnel : Le praticien de l’orientation est tenu au respect du secret professionnel. Ce respect doit être compris comme étant une obligation, " contractée " à l’égard du client, garantissant la confiance que ce dernier doit pouvoir trouver auprès de lui. 1 Le praticien de l’orientation est tenu au secret professionnel en ce qui concerne les informations portées à sa connaissance, les initiatives qu’il est amené à prendre dans le cadre des demandes de conseil qui lui sont adressées et le contenu de ses dossiers. Il garantit notamment ce secret à propos de l’organisation des entretiens, de leur teneur et de ce qui en résulte. 2. ETHIQUE ET DEONTOLOGIE EN ORIENTATION Les professionnels de l’OSP sont au service des personnes ou de leurs consultants. Il s’agit d’une relation d’aide fondée sur une philosophie humaniste qui doit néanmoins reposer sur un cadre éthique mais aussi législatif. Il faut également souligner que le cadre législatif n’est pas une panacée dans la mesure où il ne permet pas toujours de répondre à toutes les questions que posent les pratiques d’orientation. Il est donc important d’entretenir une réflexion permanente sur les intentions et les valeurs en rapport avec les pratiques effectives des conseillers. 2.1 Le Code et déontologie Le Sénégal ne dispose pas pour le moment d’un code de déontologie en orientation. Cependant les fondements des principes qui régissent les pratiques du conseiller d’orientation sénégalais et qu’il partage avec d’autres professionnels de la Psychologie se retrouvent dans le Code de la Société Française de Psychologie adopté en 1996 et dans le Code de déontologie de l’Association Internationale de l’Orientation Scolaire et Professionnelle (AIOSP) adopté en 1995. Dans son préambule le code de la SFP affirme que « le respect de la personne dans sa dimension psychique est un droit inaliénable » et que « sa reconnaissance fonde toute l’action des psychologues ». Sept principes sur lesquels doit reposer l’action des psychologues ont été abordés : - Respect des droits des personnes : respect des droits fondamentaux des personnes, de leur dignité, consentement libre des personnes avant toute intervention, préserver la vie des personnes et respect absolu du secret professionnel, etc. - Compétences : mise à jour des connaissances théoriques, formation continue, etc. - Responsabilité : le conseiller répond personnellement des choix et des conséquences de ses actions et des avis qu’il donne. - Probité : le conseiller se doit de préciser ses méthodes et préciser ses buts. - Qualité scientifique : les interventions du conseiller doivent pouvoir faire l’objet d’une explication raisonnée de leurs fondements théoriques et de leur construction. 2 - Respect du but assigné : les méthodes utilisées par le conseiller doivent être en adéquation avec les objectifs visés dans ses interventions. - Indépendance professionnelle : le conseiller ne peut en aucun cas aliéner son indépendance sous quelque forme que ce soit. 2.2 Quelques considérations éthiques en OSP Dans leur ouvrage intitulé Psychologie de l’orientation Guichard et Huteau engagent une réflexion éthique sur l’Orientation à partir de trois axes : l’évaluation, l’information et l’aide à l’orientation. 2.2.1 L’évaluation Elle doit respecter l’intimité de la personne et lui donner des informations objectives et pertinentes qu’elle peut utiliser ultérieurement. Pour ce faire les épreuves doivent être fiables et équitables et répondre à des normes strictes dans leur construction et leur application. Une attention particulière est apportée aux biais culturels. On insiste également sur la fidélité des épreuves et sur leur validité (qualité des pronostics qu’elles formulent). Dans cette logique, il est absolument nécessaire de disposer d’étalonnages actualisés. Les informations qui sont données au sujet doivent lui être utiles et lui permettre d’évaluer ses chances de réussite dans tel ou tel domaine. Elles doivent également lui permettre de construire un projet de formation, d’insertion ou de reconversion. Le sujet doit bien connaître le contenu de l’évaluation qui doit donc lui être accessible pour la maîtrise de sa signification. La restitution joue ici un rôle important. 2.2.2 L’information Tout le monde doit bénéficier d’une information sur les études et les professions. Cela fait partie de la culture économique et sociale du citoyen. Les média et les disciplines scolaires permettent d’accéder à cette culture. Cependant, l’information à elle seule ne suffit pas pour fonder un conseil en orientation. L’information est en réalité un élément de la pratique d’aide à l’orientation. La question qui se pose, au-delà de la description des formations et des métiers, est le problème de l’objectivité de ces descriptions. Le conseiller ne pouvant se permettre d’entrer dans les détails de chaque formation et métier est obligé de trier 3 et donner les informations qu’il juge pertinentes. La question des choix et des traits saillants qu’il met en évidence est ici posée. Le problème de la régulation des flux est aussi posé à travers l’information. Il est souhaitable dans un souci d’équilibre social, dans un souci d’adéquation entre offre et demande d’emploi d’ajuster l’information à la réalité socio-économique. Cependant un souci d’objectivité peut manifestement conduire à aller à l’encontre des données de la réalité. Il se pose ainsi la question de la diffusion orientée de l’information. Le fait essentiel qui est posé est celui de l’engagement du conseiller du point de vue du sens qu’il donne aux finalités de sa pratique d’orientation. Dans un article intitulé Changements sociaux et pratiques d’orientation, Guichard aborde la question des finalités des pratiques d’orientation à partir des différentes postures que peut adopter le conseiller (expert, conseiller éducateur, sophiste, psychologue). Selon Guichard, la question idéologique est ici soulevée selon qu’on s’inscrive dans une perspective libérale ou social-démocrate. 2.2.3 L’Aide à l’information La question que posent les auteurs est la suivante : est-ce que la fonction réelle d’une pratique est bien celle qu’on lui attribue ? Il est vrai que l’élaboration d’un projet d’orientation passe par une réflexion sur soi. Cette clarification débouche sur des questions qui entraînent le sujet dans un processus dynamique. Cet exercice qui doit favoriser un développement personnel peut entraîner l’effet contraire. Il n’est pas forcement établi que toutes les pratiques d’orientation conduisent effectivement au développement de l’image de soi. A travers les outils qui sont utilisés aujourd’hui (questionnaire de personnalité ou d’intérêt) et au regard des traits généraux qu’ils mettent en exergue, le risque de confiner le sujet à des dimensions qui lui sont imposées est bien présent. Les auteurs soulignent avec ironie qu’il n’y a pas d’intérêt religieux dans la typologie de Holland. Les auteurs soulignent également la relation dialectique qui existe entre le développement de l’image de soi, nécessaire à l’enrichissement, et sa stabilisation aussi nécessaire à la prise de décision. Sur le plan scolaire, il est constaté par exemple que l’orientation en seconde et dans les universités repose essentiellement sur des critères faisant appel aux notes obtenues. D’ailleurs les enseignants et même les conseillers insistent beaucoup sur ces aspects. N’y a-t-il pas ici une volonté latente de diriger les aspirations individuelles voire de les réviser souvent à la baisse à l’aune d’un système qui a ses propres préoccupations ? 4 Des travaux sur l’évaluation de pratiques d’éducation à l’orientation ont pu montrer aussi que bien souvent les projets professionnels des jeunes sont ramenés dans leur dimension purement rationnelle au détriment des aspirations souhaitées. Pourtant, les conseillers déclarent souvent ne pas vouloir influencer leurs clients au nom de l’autonomie et de la liberté de la personne. Cependant, il est aussi nécessaire d’influencer le client pour l’amener à être libre. Il y a là un paradoxe qui pose également une question éthique. 3. LECTURE ET COMMENTAIRE DU CODE DE DEONTOLOGIE DE L’AIOSP DU 08 AOUT 1995 5