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Pourquoi cette enquête ?
Assistant depuis de nombreuses années à la cérémonie au monument dédié aux résistants du groupe
Ognon-Doubs, à Mazerolles le Salin, nous avons déploré l'absence de la jeunesse. Nous nous sommes
demandé si drapeaux, gerbes, discours, musique militaire étaient un registre susceptible d'interpeler la
nouvelle génération. Avec le Souvenir Français, nous avons émis une proposition :" Redonner de la vie à
ces jeunes gens morts pour la France, dire qui ils étaient et comment ils sont tombés".
Commence alors une enquête passionnante mais difficile comme l'affirme le journaliste-historien Franck
Ferrand dans l'émission "l'ombre d'un doute": "Cette période est une matière infiniment complexe qu'on
ne peut traiter sans nuance. "
Rencontre avec les derniers témoins de l'époque, consultation de nombreux ouvrages, visites au musée de
la citadelle et aux archives départementales, contacts avec des historiens professionnels ou amateurs, avec
des généalogistes...Chaque étape donne un indice qui nous envoie à une autre recherche : bouteilles à la
mer lancées vers les mairies, les personnes susceptibles d'avoir connu les victimes ou leur famille...
surprise et joie de recueillir quelques "pépites".
L'absence des archives de l'Amicale Ognon-Doubs, récemment dissoute, ne facilite pas nos recherches.
Beaucoup de questions resteront sans réponse. Pourquoi 17 noms sur le monument alors que nous ne
recenserons "que" 10 personnes tuées aux environs de Mazerolles ?
Les événements de début septembre 44, la bataille de Vaux-les-Prés, le 8 septembre, ont été difficiles à
reconstituer. Les témoignages oraux ,les différents exemplaires de journal de marche, ou les écrits de
Raymond Métadieu, ne relatent pas tous les mêmes épisodes. On peut expliquer ces incertitudes par la
culture, vitale à l'époque, du secret. L'organisation, décrite par le Colonel Maurin, est très explicite :
"Il était nécessaire qu'un cloisonnement soit établi pour que les défaillances individuelles ne puissent
entraîner l'écroulement de tout l'édifice. Pour cette raison le recrutement et les contacts indispensables
devaient être assurés de la façon suivante : l'équipe, cellule élémentaire du groupe de résistance se
composait de 4 hommes et d'un chef d'équipe. Les hommes se connaissaient entre eux (pour créer une
indispensable camaraderie il était même recommandé de tenir compte de cette nécessité avant de
constituer les équipes -personnes déjà unies par des liens d'amitié-habitant le même quartier, le même
hameau...) mais ne connaissaient et ne pouvaient connaître que leur chef d'équipe...."
D'où les nombreuses questions qui demeurent posées à l'issue de cette enquête menée conjointement
par:
- Madeleine Tourné, Présidente du Souvenir Français pour le canton d'Audeux
- Claudie Maréchal, correspondante de presse pour la commune de Mazerolles-le-Salin.