Centenaire de la bataille de Vimy
Tout ce qu'il faut savoir sur les commémorations Par Quentin Vasseur Publié le 06/04/2017
Le site du Mémorial national du Canada est géré par le ministère canadien des Anciens
combattants. / © Paul Arps / Flickr
Que commémore-t-on le dimanche 9 avril ?
Du 9 au 12 avril 1917, les troupes canadiennes ont combattu l'armée allemande à Vimy.
L'offensive visait pour le haut-commandement britannique à faire bouger la ligne de front et à
récupérer les zones de charbons lensoises.
Après quatre jours de combat, les Canadiens récupèrent la crête de Vimy au prix de 3.598 morts et
de 7.104 blessés.
Il s'agit d'une victoire fondatrice pour la jeune nation canadienne : les quatre divisions du Corps
canadien combattaient ensemble pour la première fois.
Sa participation à la Grande guerre permet au Canada de signer le traité de Versailles en 1919.
Pour certains historiens, cette signature a pavé la voie vers l'indépendance du pays vis-à-vis de la
couronne britannique.
Quel est le programme ?
Le premier hommage aura lieu à 6h30 au mémorial de la carrière Wellington. Cent ans plus tôt, à
5h30 (heure anglaise), l'offensive canadienne démarrait.
L'œuvre monumentale de Marian Fountain The Earth remembers sera inaugurée, de même que le
mur mémorial dédié aux tunneliers néo-zélandais.
Cette première cérémonie sera suivie à 9h30 d'une commémoration écossaise au Cimetière du
Faubourg d'Amiens, à Arras. La cérémonie racontera, de façon théâtrale, l’histoire du Canada de la
Première Guerre mondiale présentée par des artistes, acteurs et musiciens canadiens renommés.
C'est à 12h qu'ouvrira le Mémorial Canadien de Vimy pour les spectateurs munis d'un ticket.
Selon le programme, "le spectacle préliminaire comprendra des prestations musicales et des
éléments commémoratifs et historiques" en attendant la commémoration officielle organisée par le
Canada.
Celle-ci débutera à 15h30, avec de nombreuses personnalités présentes et le survol du site par des
répliques d'avions anciens. "La cérémonie racontera, de façon théâtrale, l’histoire du Canada de la
Première Guerre mondiale présentée par des artistes, acteurs et musiciens canadiens renommés"
décrit le programme. Plusieurs artistes canadiens ont été conviés pour l'événement, parmi lesquels
Isabelle Boulay, Coeur de pirate, Loreena McKennitt ou encore Johnny Reid.
À 19h30, une parade écossaise intitulée "Beating Retreat Ceremony" se tiendra sur la place des
ros d'Arras en présence de la Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon.
Qui sera présent ?
- Le président François Hollande sera présent aux côtés du Premier ministre canadien Justin
Trudeau.
- Le prince Charles, le prince William et le prince Harry représenteront le Royaume-Uni.
- Le prince de Monaco Albert II viendra également à la cérémonie.
- Le Premier ministre Bernard Cazeneuve sera aux côtés du chef de l'État, tandis que le
Premier ministre canadien viendra accompagné du gouverneur général du Canada David
Johnston, du ministre de la Défense nationale Harjit Sajjan, du ministre des Anciens
combattants Kent Hehr et du général Jonathan Vance, chef d'état-major.
Comment s'organise la sécurité ?
Un président, deux premiers ministres, quatre princes...
Pour assurer la sécurité de ces personnalités et des nombreux spectateurs dans un contexte d'état
d'urgence, un important dispositif de sécurité a été mis en place.
Interrogée par nos confrères de La Voix du Nord, la préfecture du Pas-de-Calais a évoqué un
périmètre de sécurité au sein duquel des fouilles et palpations pourront être menées.
Le dispositif comptera en outre deux hélicoptères et un avion de surveillance, ainsi que 700
gendarmes, 150 policiers, 120 sapeurs-pompiers, des équipes de démineurs et 180 agents de
sécurité privée.
N'importe qui peut s'y rendre ?
N'importe qui muni d'un e-ticket peut se rendre à la commémoration au Mémorial national du
Canada.
Qu'est-ce que le Mémorial national du Canada de Vimy?
Le Mémorial national du Canada de Vimy est géré par le ministère canadien des Anciens
Combattants. Il est constitué de deux édifices de 40 mètres de haut symbolisant l'un la France,
l'autre le Canada.
Il s'agit du lieu de mémoire le plus visité dans le Nord-Pas-de-Calais, selon une étude franco-
belge. Entre juillet 2013 et juin 2014, 226 000 personnes s'y sont rendus.
Construit en pierre blanche, ce monument est l'œuvre de plusieurs artistes canadiens et notamment
Walter Allward. On y voit plusieurs sculptures de figures symboliques comme la Justice et la Paix
aux sommets. L'esprit du sacrifice ou le Canada en deuil sont également visibles depuis sa face
nord-est.
De sa face sud-ouest, on distingue la Connaissance et la Vérité à plusieurs mètres de hauteur, ainsi
que la Femme en deuil et l'Homme en deuil le long des marches.
Vimy 1917
Depuis le début de la guerre de position, en octobre 1914, la crête de Vimy, au nord d’Arras, qui
culmine à 145 mètres, a constitué un point fort du dispositif défensif mis en place par les Allemands
: elle leur permet de contrôler l’ensemble du champ de bataille, à la fois vers Arras, demeuré aux
mains des Alliés, et vers la partie occidentale du bassin minier qui a échappé à leur occupation ; des
batteries de canons, installées à contre-pente mais commandées depuis le sommet du plateau, tirent
sur les lignes alliées du secteur d’Arras avec une quasi impunité. En raison de son importance
stratégique, la crête a été massivement fortifiée, avec des lignes de tranchées ponctuées d’abris
bétonnés et, surtout, des installations souterraines de grande ampleur, permises par la nature
crayeuse du terrain.
De la fin de l’année 1914 à la fin de 1916, toutes les tentatives alliées pour s’emparer de ce verrou
ont échoué, qu’il s’agisse des attaques françaises de mai 1915 ou des tentatives britanniques à partir
de la plaine de Gohelle, dans le secteur de Loos, autour de la « colline 70 ».
Réunies pour la première fois en corps d’armées homogène au sein de l’armée britannique, les
quatre divisions canadiennes ont été incluses dans le dispositif d’attaque programmé pour le début
d’avril 1917 dans le secteur d’Arras : il s’agit d’une offensive britannique destinée à fixer des unités
allemandes, quelques jours avant l’effort principal, dévolu à l’armée française, sur le Chemin des
Dames. Alors que les unités anglaises doivent porter leur avance à l’est d’Arras, le long de la
Scarpe, les Canadiens ont mission de s’emparer du plateau de Vimy.
Les préparatifs canadiens sont caractérisés par leur extrême minutie et par l’importance accordée à
la logistique de l’offensive. Des secteurs entiers des lignes allemandes ont été reconstitués à
l’arrière, afin d’y entraîner les hommes dans des conditions proches du réel ; les tâches ont été
définies de façon rigoureuse, jusqu’au niveau de la compagnie. Une grande attention a été accordée
à la couverture photographique aérienne, afin de connaître très en détail le dispositif allemand.
Surtout, un effort considérable est réalisé, pendant plusieurs mois, pour creuser et aménager un
vaste réseau de 12 tunnels, sur différents niveaux (au minimum à 10 mètres sous terre pour éviter
les effets de l’artillerie adverse), les plus longs mesuraient presque un kilomètre ; pour la plupart
perpendiculaires à la ligne de front, ils doivent permettre un accès protégé des troupes d’assaut à la
première ligne et le contact rapide vers l’arrière pour le rapatriement des blessés, le ravitaillement et
les renforts. Éclairés, équipés pour certains de chemins de fer à voie étroite et de canalisations
d’eau, ces tunnels aboutissent aussi à de vastes casemates où sont entreposés des stocks de
nourriture et de munitions. Enfin, des galeries ont été forées sous le no man’s land afin d’y placer
des mines, à l’aplomb de la première ligne ennemie ; leur explosion doit donner le signal de
l’assaut. Au soir du 8 avril, 30 000 hommes du Corps d’armées canadien commencent à monter vers
la première ligne.
La préparation d’artillerie débute à la mi-mars : 600 canons pilonnent les positions allemandes, à
raison d’un quota quotidien moyen de 2 500 tonnes. À 5 heures 30, le 9 avril, lundi de Pâques, le
pilonnage est intensifié et peu après, sous des bourrasques de neige, synchroniquement avec
l’attaque anglaise lancée à partir des carrières souterraines d’Arras, l’infanterie canadienne part à
l’assaut, précédée d’un barrage d’artillerie, parfaitement chronométré, qui avance devant les
fantassins et les chars. En 30 minutes, les Canadiens se rendent maîtres d’une partie de la première
ligne allemande, puis de segments de la seconde après seulement une heure de combats.
En milieu d’après-midi, malgré les pertes importantes infligées aux premières vagues par les
mitrailleuses qui ont échappé aux obus notamment pour s’emparer du « tunnel Schwaben », ils
contrôlent la majeure partie du plateau ; après un arrêt pendant la nuit, ils poursuivent leur avance et
s’emparent de la cote 145 (où se dresse, depuis 1936, le magnifique mémorial) dans la matinée du
10 ; deux jours plus tard, toute la crête est sous contrôle, ce qui contraint les Allemands à se replier
dans le bassin minier et à retirer les batteries de canons désormais exposées au feu de l’artillerie
alliée. Les Canadiens ont fait 3 400 prisonniers en 3 jours, sur un secteur de 14 km de front. Cette
victoire incontestable, obtenue rapidement, a toutefois eu un coût humain élevé : on dénombre 10
602 victimes canadiennes, dont 3 598 tués.
Tranchant avec les batailles confuses, meurtrières et inutiles qui jalonnent l’histoire du front ouest
de 1914 à 1917, le succès de Vimy a immédiatement un écho considérable au Canada, alors que la
participation à la guerre se trouvait remise en cause par une bonne partie de l’opinion publique,
notamment au Québec, en rupture avec l’enthousiasme des débuts du conflit lorsque de nombreux
volontaires s’étaient engagés. Vimy est bien un lieu et un moment fondateurs de la jeune nation
canadienne.
Yves LE MANER
Directeur de La Coupole,
Centre d'Histoire et de Mémoire du NordPas-de-Calais
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